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arma en guerre avec une grande diligence. Toute la flotte mit en mer, longeant en partie les côtes et en partie se répandant du côté du golfe de Finlande. Ayant pu sortir des ports plus tôt que la flotte russe qui était encore arrêtée à Revel ou à Cronstadt par les glaces, elle protégea les navires marchands de Suède qui devaient passer la Baltique, et fit plusieurs prises sur les Courlandais et les Livoniens; mais elle fut gênée dans ses opérations par des ordres supérieurs qui changeaient les plans et les combinaisons des amiraux.

Il avait d'ailleurs été nécessaire de détacher plusieurs vaisseaux pour agir du côté de la Scanie et du Sund, et pour observer les Danois. Cette frontière occupait également une partie de l'armée de terre, et l'attention devait se porter sans cesse de la Finlande aux montagnes de Norwège, et des montagnes de Norwège à la Scanie et à l'île de Seland. Le théâtre était immense, et il fallait,

pour l'embrasser, d'un côté, des forces très-considérables; de l'autre, une activité infatigable et une grande intelligence des combinaisons militaires.

CHAPITRE XXVIII.

Evénemens de la guerre. Conti

nuation.

On avait annoncé depuis long-temps une flotte anglaise devant venir au secours de la Suède avec des troupes de débarquement, et destinée à changer la face des affaires dans le nord de l'Europe. Cette flotte arriva vers le milieu de l'été à la rade de Gothenbourg, et le général Moore qui commandait les troupes fit un voyage à Stockholm pour avoir une conférence avec le roi; mais les propositions qu'il fit ne furent point acceptées, et il éprouva même plusieurs désagrémens. Moore partit peu satisfait retourna à Gothenbourg, et se rembarqua. La flotte disparut, et ce grand projet n'eut aucun résultat. Il ne

passa dans la Baltique, pour agir avec les Suédois, que trois ou quatre vaisseaux de ligne, qui arrivèrent assez lentement et qui se dirigèrent vers le golfe de Finlande.

Les projets et les résolutions variaient beaucoup; mais enfin le roi se détermina pour le plan qui lui parut le plus convenable. Au lieu d'envoyer les troupes dont on pouvait disposer comme renforts à l'armée de Finlande, il fut résolu qu'on les emploierait principalement le long des côtes de ce pays pour faire des attaques sur plusieurs points. Gustave IV se rendit lui-même à bord d'une chaloupe canonnière, et prit le commandement d'une flottille près des îles d'Aland. La grande flotte eut ordre de se combiner avec l'escadre anglaise et de chercher la flotte russe.

Au commencement de l'automne, la situation de la Suède sembla devenir moins critique, des succès ayant été obtenus tant sur terre que sur mer. Par

la bravoure et l'activité du général Adlercreutz, et par les efforts extraordinaires des soldats, l'armée de Finlande était parvenue à repousser les Russes; les vaisseaux ennemis, poursuivis par la flotte suédoise et l'escadre anglaise, avaient été forcés de se rendre à Baltischport (1), où ils étaient bloqués. Ce fut à cette époque de la guerre que Gustave IV écrivit à l'empereur de Russie une lettre où il l'engageait à mettre fin aux malheurs de la guerre, puisque la plus grande partie de la Finlande était reprise et que sa flotte ne pouvait échapper.

Mais les brillantes espérances qu'on avait conçues s'évanouirent bientôt. Les attaques projetées le long de la côte de Finlande ayant été trop partielles et trop faibles, l'ennemi les avait facilement repoussées, et il n'en était résulté

(1) Ou Roggerswik, c'est un port peu sûr, à quelque distance de Revel.

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