Page images
PDF
EPUB

de milice suédoise arrêtèrent dans un des passages une escadre russe qui faisait voile vers le port de Stockholm, avec des troupes de débarquement.

. Sortis de cette espèce d'archipel, nous vîmes quelques bras de la haute mer, et nous découvrîmes les îles d'Aland, qui étaient vis-à-vis du port où nous devion's entrer. En avançant nous touchâmes les plus rapprochées, et nons nous y arrêtâmes quelque temps. Ces îles sont placées entre la Suède et la Finlande, sur les limites de la Baltique proprement dite, et du golfe de Botnie. La plus grande a une longueur de huit lieues et une largeur de sept. Elles sont toutes entourées de ressifs, el ne forment ellesmêmes qu'une suite de rochers grani tiques, qui se lient et se rattachent sous les eaux. Quoique le sol soit inégal, pierreux et marécageux, il produit des grains pour la nourriture des habitans, et donne des fourrages assez abondaus pour qu'on puisse élever une grande quantité de

bétail : mais c'est la pêche qui enrichit sur-tout les habitaus, et qui leur donne occasion de faire un commerce considé rable avec Stockholm. En hiver, le grand golfe qui sépare les îles de la terre ferme de l'Upland se couvre souvent de glaces, ainsi que les détroits, et l'on passe en traîneau de Suède en Finlande.

La population de toutes ces îles est de trente mille ames, répandues dans plusieurs villages et dans un grand nombre d'habitations isolées. Les insulaires parlent la langue suédoise, et ont les mœurs des Suédois, bien qu'ils se trouvent plus rapprochés de la Finlande. Ils sont connus par leur intrépidité sur la mer, et par la chasse, souvent dangereuse, qu'ils font aux phocas.

Gustave Vasa se rendit à la grande île d'Aland pour recevoir les députés des Livoniens qui venaient lui offrir des secours contre les Russes. Ce voisin fut alors arrêté dans ses projets, et il se trouva réduit, sous les règnes suivans,

à ne plus y songer. Mais les circonstances changèrent, et Pierre Ier créa une marine dans la Baltique. Ce fut dans les eaux d'Aland qu'il en fit les premiers essais. Il prit lui-même, l'année 1714, le commandement d'une flotte de près de trente vaisseaux de ligne, accompagnée d'un grand nombre de chaloupes. Ayant rencontré une escadre suédoise, il l'attaqua dans un golfe entre la terre ferme et les îles. L'escadre résista long-temps, quoique très-inférieure en nombre; mais elle dut enfin succomber, et Pierre s'empara de plusieurs vaisseaux, qu'il conduisit en triomphe dans le port de Cronstadt (1).

Lorsque les deux héros du nord se rapprochèrent, une des îles Aland fut

(1) On frappa, dans la ville de Nuremberg, une médaille à l'occasion de ce combat. Elle porte la figure et le nom du czar, et les mots suivans : Classis Russiæ primitiæ; victoria navalis propė Alandiam.

choisie pour y conduire les négociations. On construisit en bois de vastes bâtimens pour recevoir les ambassadeurs des deux monarques et leur suite nombreuse. Ils discutèrent de grands projets dans un coin de terre inconnu, et des révolutions, qui auraient changé la face d'une partie de l'Europe, furent méditées près du golfe de Botnie. Mais Charles XII tomba; Goertz, qui avait été l'ame du congrès, fut entraîné dans cette chute, et peu après les négociations cessèrent.

CHAPITRE XXII.

Norlande. Sol. Phénomènes.

Productions. — Villes.

LES limites septentrionales de la province d'Upland touchent à cette grande division de la Suède qui porte le nom de Norlande, et qui est subdivisée en plusieurs provinces. Elle s'étend depuis le 60 degré jusqu'au 65°, où elle ren contre la Laponie, et s'élève de l'est à l'ouest depuis le golfe de Botnie jusqu'à la Norwège. Toute cette division est montueuse, et les montagnes qui l'ombragent forment, avec celles de Norwège, la partie la plus étendue de la grande chaîne scandinave. Leur hauteur est entre deux et trois mille pieds; elles sont granitiques; mais on voit sur leurs cimes de grands amas de pierres roulées et des restes de substances mari

« PreviousContinue »