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ses ministres, et ce voyage était appelé Ericsgata.

Upsal ne fut sans doute long-temps qu'un bourg, et ne prit la forme de ville qu'après l'établissement du culte chrétien, qui lui fit obtenir d'abord un évêque, et ensuite un archevêque primat du royaume. Les rois quittèrent cependant la ville pour se fixer à Stockholm; mais le siége du primat y fut conservé, et, dans le quinzième siècle, l'administrateur Sture-l'Ancien y fonda une université.

A quelque distance de la ville est un endroit nommé Vieux-Upsal, qui ne renferme qu'une église, le presbytère et quelques cabanes de laboureurs. Les antiquaires ont écrit des volumes sur cet endroit; ils out représenté les murs de l'église comme des restes de l'ancien temple d'Odin; ils ont découvert un tronc informe dont ils ont fait le dieu Thor, et leur zèle infatigable a même retrouvé le bois sacré qui entourait le

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temple, les sources où l'on purifiait les victimes, et les lieux où elles étaient immolées. Des yeux moins pénétrans ne voient qu'une église de village construite comme les autres, un morceau de bois n'ayant aucune forme qui puisse indiquer une divinité quelconque, des taillis de sapin très-communs en Suède, et quelques ruisseaux serpentant dans le sable.

On observe avec plus d'intérêt cette suite de hauteurs en forme de tertres, qui s'étendent entre le Vieux-Upsal et la ville proprement dite; elles couvrent sans doute les cendres des anciens rois et de leurs plus fameux guerriers: l'herbe a cru sur plusieurs, et leur donne un air de jeunesse, de fraîcheur qui contraste avec le souvenir de cette haute antiquité et les tableaux funèbres dont l'imagination les entoure.

La ville d'Upsal est située à seize lieues environ de Stockholm, et communique avec le Méler par une petite rivière.

Elle a une population de trois à quatre mille ames. Les rues sont droites et larges, les maisons la plupart en bois, mais construites avec goût et symétrie. Les édifices publics, et les habitations de quelques riches propriétaires de la province, ont été élevés en briques. Le temple principal, appelé l'église cathédrale, a de l'étendue et de la majesté; il fut bâti dans le treizième siècle, sur le modèle de Notre-Dame de Paris, par un architecte français que le roi Magnus-Ladulas fit venir en Suède. Les tombeaux de Gustave Vasa, de Jean III son fils et de plusieurs princes, décorent ce temple où, depuis peu, un autre monument se fait observer des voyageurs : c'est un très-beau groupe en marbre d'Italie, sculpté à Rome, et placé sur le tombeau de l'archevêque Mennander. Il représente la religion, le prélat qui la servit, les vertus qui le distinguèrent, et les sciences qu'il cultiva. Ce monument a été érigé aux frais d'un fils de l'arche

vêque qui avait séjourné quelque temps en Italie.

L'université doit son origine à Sture; mais ce fut Gustave-Adolphe qui lui procura les moyens de prospérer. Il lui fit don de tous les domaines de la famille Vasa dont il était l'héritier, et qui avaient une étendue considérable. En même temps il appela de l'étranger plusieurs maîtres babiles, qui attirèrent des disciples et répandirent le goût de l'étude. La reine Christine se rendait souvent à Upsal, pour assister aux leçons des professeurs et pour s'entretenir avec eux. Elle nomma professeur d'éloquence Jean Scheffer, de Strasbourg, alors un des plus habiles littérateurs de l'Allemagne. Quand il fut arrivé en Suède, la reine l'accueillit d'abord avec beaucoup de distinction à sa cour, et le conduisit quelques jours après à Upsal, dans une chaloupe royale. Ce fut Scheffer qui introduisit à l'université les meilleures

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méthodes, et qui épura par une saine

critique l'érudition de Rudbeck, de Verelius, de Messenius, et de plusieurs autres, dont un patriotisme aveugle ou le manque de discernement avait rendu les ouvrages aussi volumineux que bizarres.

A des époques plus modernes, et surtout au milieu du dernier siècle, l'université d'Upsal a possédé un grand nombre d'hommes du mérite le plus éminent, Linné, Celsius, Vallerius, Bergman, Ihre, Klingerstiern, Linné seul suffisait pour attirer l'attention de tous les pays, et il arrivait annuellement des étrangers désirant de s'entretenir avec lui ou de suivre ses cours. Sa carrière fut glorieuse; la considération du public, le dévouement de la jeunesse, des distinctions flatteuses émanées du trône, les applaudissemens de l'Europe, le récompensèrent de ses pénibles travaux. Mais son début avait été peu encourageant; il eut à lutter contre l'envie, qui fut sur le point de triompher, et de

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