sculpture. Cet établissement s'est étendu depuis, et a formé un assez grand nombre d'élèves. On compte parmi les professeurs des peintres habiles, Marrelier, Breda, Kraft, et le célèbre sculpteur Sergel, associé étranger de l'institut de France. Ce grand artiste, dont le groupe de Psyché et de l'Amour est le chefd'œuvre, a séjourné long-temps à Rome, et se serait probablement fixé dans cette ville, si Gustave III, par les propositions les plus flatteuses, et des sollicitations réitérées, ne l'eût engagé à retourner dans sa patrie. Il s'est aussi formé des sociétés savantes et littéraires dans quelques autres villes, à Upsal, à Gothenbourg, à Lund, et ces sociétés se sont appliquées avec succès à faire fleurir différentes parties des sciences et de la littérature. Les bibliothèques ont augmenté tant dans la capitale que dans les provinces. Outre le musée qui se trouve dans le palais du roi, il y a plusieurs collections de ta : bleaux et de gravures dans les villes principales. La bibliothèque royale de Stockholm a quarante mille volumes et quelques manuscrits. Elle fit des pertes sensibles à la fin du dix-septième siècle, pendant un incendie qui consuma l'ancien palais dix-huit mille volumes imprimés et quatre mille manuscrits devinrent la proie des flammes; entre ces derniers, on regretta sur-tout les mémoires de la vie de Gustave-Adolphele-Grand, écrite par ce prince luimême, et dont il n'échappa que deux ou trois feuilles. L'art typographique s'est perfectionné dans les derniers temps. Les lettres gothiques commencent à faire place aux lettres latines, et on a donné quelques éditions soignées des meilleurs ouvrages suédois. La capitale a dix à douze imprimeries, et les autres villes ensemble seize à vingt. CHAPITRE XX. Savans. LA A plupart des savans que la Suède a produits sont connus dans toute l'Europe, et leurs ouvrages ont été traduits en français, en allemand, en anglais. Les travaux de Linné, de Vallérius, de Cronstedt, de Bergman, de Scheèle, de Wilke, de Solander, de Thunberg, ont obtenu des applaudissemens universels. Dans aucun pays on n'ignore que ces travaux ont reculé les limites de la chimie, de la physique et de l'histoire naturelle. Mais la Suède peut compter plusieurs autres savans qui ne jouissent pas d'une réputation aussi étendue, quoiqu'ils aient des droits à l'estime générale, et qui se sont distingués dans des genres différens. Il y en a deux sur-tout, Klingenstiern et Vargentin, dont la carrière présente plusieurs traits intéressans à recueillir. Samuel Klingenstiern, né en 1698', s'était d'abord voué aux affaires; mais il eut l'occasion de lire les Elémens d'Euclide, et les sciences mathématiques captivèrent son attention. Après les avoir étudiées à Upsal, il entreprit un voyage pour s'entretenir avec les géomètres les plus fameux de l'Europe. Il se rendit d'abord à Marbourg, où enseignait le célèbre Wolf; de Marbourg il passa à Bâle, où il trouva Jean Bernoulli, qui lui proposa plusieurs problèmes, dont il donna la solution avec une grande facilité. Arrivé à Paris, le voyageur se lia avec Mairan, Clairaut, Maupertuis, Fontenelle. Celui-ci lui fit présent des Elémens de Géométrie de l'infini, qu'il venait de publier, et le pria d'en dire son sentiment. Le géomètre suédois com. muniqua à l'auteur de plusieurs observa tions importantes, et lui montra qu'il s'était égaré quelquefois. Fontenelle, qui avait trop d'esprit pour se croire infaillible, rendit justice à la pénétration du savant, et le combla d'éloges. Après avoir vu la France, Klingenstiern passa en Angleterre. Newton était mort, mais il avait laissé plusieurs disciples fameux, Halley, Hirling, Moivre, Pemberton, qui reçurent le voyageur suédois avec empressement, lui firent part de leurs découvertes, et l'invitèrent à partager leurs travaux. Klingenstiern leur remit la solution d'un problème que Moivre et Pemberton avaient cherchée inutilement depuis des années. La place de professeur des mathématiques à Upsal étant devenue vacante, il n'y eut qu'une voix pour la donner à Klingenstiern; il retourna en Suède, et commença ses cours, qui obtinrent de justes applaudissemens, et formèrent |