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N° 1

GÉNÉRAL

LES VICE-PRESIDENTS DU CONSEIL GENERAL

DES PONTS ET CHAUSSÉES

(1854-1914)

PAR

M. DE PRÉAUDEAU,

Inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite.

M. Jozon, ancien vice-président du Conseil général des Ponts et Chaussées ayant offert, pour être placée dans la salle du Conseil général des Ponts et Chaussées, une collection des portraits des anciens vice-présidents, il a été procédé, dans la séance du 8 avril 1914, à la remise de ce tableau.

M. Jozon, invité à remettre lui-même au Conseil le don généreux qu'il lui destinait, avait préféré se dérober aux remerciements de ses camarades et leur avait fait part de sa détermination par la lettre suivante qui a été lue au Conseil.

Paris, le 4 avril 1914.

A Monsieur de PRÉAUDEAU, Vice-Président du Conseil.

Mon cher Vice-Président,

J'ai réuni dans un tableau les portraits des inspecteurs qui se sont succédé, jusqu'à ce jour, à la vice-présidence du Conseil général des Ponts et Chaussées et j'ai l'honneur d'offrir cette collection à l'Assemblée dont je m'enorgueillis d'avoir dirigé les travaux pendant près de cinq ans et à laquelle m'attachent tant de précieux souvenirs.

Je vous prie, mon cher Vice-Président, de vouloir bien faire à nos camarades la remise de ce tableau, en les priant de l'accepter

comme l'hommage d'un camarade dont le cœur est toujours parmi eux et qui ne peut se rappeler sans émotion les années qu'il a passées dans la salle de vos délibérations.

Vous voudrez bien les prier de m'excuser si, obligé de m'absenter, je ne leur fais pas moi-même la remise de ma collection, et vous leur transmettrez mes plus affectueux sentiments, dont vous garderez une bonne part pour vous-même.

M. JOZON,

Inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite
Ancien Vice-Président du Conseil général
des Ponts et Chaussées.

Après cette lecture, le Vice-Président s'est fait l'interprète des sentiments de gratitude du Conseil et de l'Administration des Travaux publics et le Directeur du personnel a exprimé les regrets de M. le Ministre, empêché par d'impérieuses obligations de présider cette séance.

Il a paru intéressant que le souvenir en fût conservé par les lecteurs des Annales des Ponts et Chaussées en leur rappelant à quelle époque remontent le titre et la fonction de Vice-Président du Conseil général des Ponts et Chaussées et en leur résumant sommairement les titres des ingénieurs qui ont été appelés à cette charge.

L'article 3 de la loi du 19 janvier 1791, relative à l'organisation des Ponts et Chaussées, a créé l'« Assemblée des Ponts et Chaussées »>, et la loi du 18 août 1791, plaçant l'Administration centrale des Ponts et Chaussées « dans la main et sous la responsabilité du Ministre de l'Intérieur » a décrété dans son article 2:

L'assemblée des Ponts et Chaussées sera présidée par le Ministre de l'Intérieur et pourra l'être en son absence par un commissaire nommé par le Roi, sur la présentation et sous la responsabilité du Ministre.

C'est seulement dans le décret du 7 fructidor an XII (25 août 1804) contenant organisation du Corps des ingénieurs des Ponts

et Chaussées qu'il est parlé pour la première fois du Conseil général des Ponts et Chaussées (art. 15), présidé par le Directeur général et, en son absence, par un inspecteur général nommé pour un an par le Ministre de l'Intérieur sur la présentation du Directeur général.

L'ordonnance du 13 mars 1831 ayant fait passer l'administration des Ponts et Chaussées du Ministère de l'Intérieur à celui du Commerce et des Travaux publics, l'ordonnance du 8 juin 1832 la réorganisa et décida dans son article 5:

Le Conseil général des Ponts et Chaussées sera présidé par le Ministre du Commerce et des Travaux publics, en l'absence du Ministre, par le Directeur général de l'Administration; en l'absence de ce dernier par un inspecteur général désigné par le Ministre sur la proposition du Directeur.

Le décret du 13 octobre 1851, réglant le service des Ponts et Chaussées par des dispositions dont un grand nombre sont encore en vigueur, ne renferme rien qui concerne le Conseil général des Ponts et Chaussées, dont l'organisation ne paraît avoir été modifiée de nouveau que par le décret du 17 juin 1854, dont l'article 3 est ainsi conçu :

Le Conseil général des Ponts et Chaussées est présidé par le Ministre et, en l'absence du Ministre, par un vice-président, choisi parmi les inspecteurs de première classe : le vice-président est nommé pour un an et peut être continué dans ses fonctions.

Ces dispositions, restées en vigueur depuis cette époque, ont créé au Conseil le titre et la fonction de vice-président.

Le premier titulaire fut CAVENNE, qui était en même temps directeur de l'École des Ponts et Chaussées; né en 1773, inspecteur général divisionnaire depuis 1825, il avait été délégué à la présidence du Conseil de 1844 à 1847 et de 1848 à 1854; il avait 81 ans lorsque le titre de vice-président lui fut officiellement conféré par application du décret de 1854. Il ne conserva ces fonctions que peu de temps et fut remplacé par MALLET

(1855-1857), inspecteur général depuis 1842, admis à la retraite par limite d'âge en 1857. Nommé sénateur peu après, MALLET avait 79 ans lorsqu'il fut chargé d'une mission en Égypte, concernant un arbitrage relatif au canal de Suez; il reçut au retour le titre de comte.

Son successeur GAYANT (1857-1870) a exercé la plus longue présidence de cette série. Son père, le créateur du canal de Saint-Quentin, était inspecteur général; gendre de Bérigny, parent ou allié de Lamandée, de Lamblardie et de Poirée, il avait suivi les traces de ces ingénieurs éminents et avait mérité d'être nommé inspecteur divisionnaire à 47 ans, vice-président du Conseil à 57 ans ; il conserva cette charge jusqu'à l'époque de sa retraite en 1870. Il avait été le premier président de la Société amicale de Secours des ingénieurs des Ponts et Chaussées fondée en 1863; la grande situation que sa valeur personnelle et son caractère lui avaient faite dans notre Corps le maintint dans cette présidence jusqu'en 1883.

Une décision ministérielle du 10 août 1870 lui avait donné DE FRANQUEVILLE Comme successeur à la vice-présidence du Conseil.

DE FRANQUEVILLE a été l'une des personnalités qui ont exercé sur l'administration des Travaux publics en France la plus grande influence dans le milieu du XIXe siècle et, dans une lettre qu'il adressait à son fils, M. Thiers disait de lui :

<< Il a été, selon moi, dans le demi-siècle auquel j'ai assisté, l'un des personnages qui ont rendu à la France les services les plus réels et les plus sérieux. >>

Directeur des Ponts et Chaussées en 1853, Directeur général des Ponts et Chaussées et des chemins de fer en 1855 DE FRANQUEVILLE a présidé, pendant vingt et un ans, au développement des chemins de fer en France. Par les conventions de 1859, il a institué le régime de la garantie d'intérêt. Chargé depuis 1857 comme Conseiller d'État hors section de soutenir devant les Chambres les projets de loi présentés par l'Administration des Travaux publics, il a pris une part importante à la discussion des lois de 1858 sur les inondations et de 1865 sur les chemins de fer d'intérêt local.

Les fatigues de ses multiples fonctions avaient déterminé DE FRANQUEVILLE à demander la succession de GAYANT à la viceprésidence du Conseil général des Ponts et Chaussées, au moment de la retraite de celui-ci, et il y fut nommé le 10 août 1870. Mais les opérations de la guerre avaient tristement commencé et le maintien à son poste de Directeur général des Ponts et Chaussées et des chemins de fer s'imposait. DE FRANQUEVILLE n'a peut-être pas présidé en fait le Conseil général des Ponts et Chaussées où il a été d'abord suppléé, puis remplacé par COLLIGNON. Délégué à Tours, puis à Bordeaux, par le Gouvernement de la Défense Nationale, rentré à Paris le 16 mars 1871, appelé le 19 à Versailles il a pris pendant toute cette période une part des plus actives à l'organisation des transports militaires, puis après la paix, dans le Conseil supérieur de la guerre, à la réorganisation de l'armée.

Maintenu dans ses fonctions de Directeur général, il les conserva jusqu'à sa mort en 1876 et sa famille reçut alors les témoignages les plus chaleureux des hommes d'État et des administrateurs avec lesquels ce grand citoyen avait été en relations.

Je m'excuse d'avoir parlé de lui si longuement, mais lorsque, dans une famille on évoque le souvenir d'un grand ancêtre, on se plaît à rappeler les services qu'il a rendus et à renouveler les témoignages d'admiration et de reconnaissance auxquels il a droit.

La présidence de COLLIGNON (1871-1872), suppléant, puis successeur de de Franqueville a été précédée et suivie de brillants états de service ingénieur de la construction du canal de la Marne au Rhin et des sections voisines du chemin de fer de Paris à Strasbourg, Directeur général de la grande Société des chemins de fer russes, Inspecteur général des travaux au Ministère de la Marine, il fut, après sa retraite comme Inspecteur général de première classe des Ponts et Chaussées, nommé Conseiller d'État et prit jusqu'en 1879 une part fort active aux délibérations de la section des Travaux publics.

COMOY, vice-président de 1872 à 1874, avait consacré toute sa

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