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ETIOLOGIE.

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La malaria est une maladie parasitaire produite par la pullulation dans le sang humain de sporozoaires (hématozoaires ou plasmodies), qui font dans ce sang leur évolution asexuée (schizogonie), tandis qu'ils font leur évolution sexuée (sporogonie) dans le corps de certains moustiques, de la classe des Anophélines principalement l'homme est donc l'hôte temporaire du parasite, alors que le moustique en est l'hôte définitif. Cette évolution est figurée ci-contre (fig. 2).

Il résulte de là que la maladie n'est pas contagieuse directement d'homme à homme (il faudrait pour la transmission directe inoculer du sang infecté dans les vaisseaux de l'homme sain), mais qu'elle l'est indirectement par l'intermédiaire des Anophélines. Les femelles de ces invertébrés, ayant besoin, pour la réussite de leurs œufs, d'absorber le sang d'un vertébré, piquent l'homme et s'il est paludéen sucent avec son sang les hématozoaires; ceux-ci, après s'être multipliés dans le corps du moustique, infectent ses organes et notamment les glandes salivaires et l'estomac de leurs corps reproducteurs (sporozoïtes), et quand l'anophéline pique à nouveau, et cette fois un homme sain, ce dernier se trouve inoculé par le déversement simultané dans la piqûre du contenu des glandes salivaires et des diverticules œsophagiens.

La dissémination de la maladie dans un pays dépend donc de deux facteurs la présence d'hommes déjà paludéens, qui deviennent les sources ou réservoirs de virus où les moustiques puisent les germes parasitaires; l'existence et la multiplication des anophélines eux-mêmes, qui se font les vecteurs des parasites et en infectent les hommes sains. On conçoit, dès lors, pourquoi la marche et l'extension de la malaria sont sous la dépendance directe de la pullulation des anophélines, et pourquoi toute la prophylaxie consiste presque dans la suppression de ces moustiques: aussi est-il indispensable de connaître les mœurs et le mode de reproduction de ces êtres.

L'attitude et les transformations des anophélines et des culicines (ces derniers propagent la fièvre jaune) sont représentées par la figure 3, qui permet de les différencier. Les adultes sont des animaux nocturnes qui voltigent et piquent depuis un peu avant le coucher du soleil jusqu'au matin (cependant quelques-uns, sans doute des

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Fig. .2

Chez l'HOMME, hôte intermédiaire.

Evolution du parasite du paludisme (d'après M. Sergent).

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femelles fraîchement écloses, piquent parfois en plein jour); ils passent le jour dans des endroits obscurs (hangars, écuries, arbres et broussailles, grandes herbes, etc.). La copulation se fait au crépuscule. La femelle peut piquer plusieurs fois, à huit jours d'intervalle : elle peut vivre plusieurs mois et même hiverner et ne pondre qu'au printemps. C'est pourquoi dans les pays tempérés, ce n'est qu'à la saison chaude que se fait la multiplication des moustiques; dans les pays tropicaux, elle dure toute l'année et ne subit que des variations résultant des pluies ou de la sécheresse.

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Les œufs des moustiques sont des ovoïdes allongés, de 0mm,6 à 0mm,8 de long sur 0mm,15 de plus grande largeur diamétrale, qui, à raison de 200 à 300 par ponte, sont déposés sur une surface d'eau dans les premières heures de la matinée: ceux des culicines sont accolés en paquets (en forme de radeau), tandis que ceux des anophélines sont pondus isolés et sont en séries linéaires. Ils éclosent deux à cinq jours après, et donnent des larves qui vivent dans l'eau, mais doivent venir respirer l'air à la surface, avec cette différence que celles des culicines étant munies d'un siphon respiratoire peuvent être presque entièrement immergées, tandis que celles des anophélines ne peuvent respirer qu'en tenant leur corps entier à fleur d'eau. Les larves ne peuvent pas respirer quand la surface de l'eau est fortement agitée ou quand elle est recouverte d'une couche d'huile, même très mince: de là l'innocuité des eaux courantes et le moyen de détruire les larves par le pétrolage des eaux stagnantes.

Les larves mettent dans les pays tempérés 15 à 20 jours à se développer leur taille passe ainsi de 1 à 10 millimètres. Elles deviennent alors des nymphes, qui restent de 4 à 7 jours (sans se nourrir) et se transforment en insectes adultes (imago). Il résulte de là que de l'eau qui resterait moins d'une quinzaine sur le sol (comme dans l'irrigation par submersion) ne serait pas dangereuse, les œufs ne pouvant arriver à la fin du développement; mais il faut tenir compte que dans les pays tropicaux, comme à Panama, la durée de ces deux évolutions est singulièrement réduite (parfois de moitié). Les herbes aquatiques, en empêchant l'agitation de l'eau, sont très favorables aux moustiques; les grandes surfaces, comme

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les lacs, agitées par le vent ne leur conviennent pas. Enfin, les poissons sont de grands destructeurs des larves et des nymphes.

Il y a, suivant les pays, plusieurs variétés d'anophélines qui véhiculent les germes de la malaria. En Europe et en Algérie, c'est A. maculipennis qui est la plus répandue; à Panama, d'après Le Prince, c'est A. albamanus qui prédomine, puis A. argyratarsus, A. tarsimaculatus, A. malefactor et A. pseudopunctipennis. En Afrique, en Chine et dans l'Inde, on trouve plutôt les espèces Myzomyia et Nyssorhynchus.

Quant aux parasites eux-mêmes, y en a-t-il plusieurs espèces ou, comme le soutient Laveran, une seule avec plusieurs variétés? Ce point n'est pas encore fixé; mais on distingue d'ordinaire les trois espéces ou variétés: Plasmodium præcox (tierce maligne), Plasmodium vivax (tierce bénigne) et Plasmodium malariæ (quarte), correspondant aux trois principaux processus de la maladie. Outre la durée de l'évolution schizogonique, la principale différence consiste dans la formation, pour la tierce maligne seule, de corps en croissants (gamètes accolés à un reste d'hématie). Dans tous les cas, comme le montre la figure ci-dessus, il se fait dans le sang une attaque et une destruction des globules rouges envahis par les sporozoïtes ou les mérozoïtes, l'éclatement des globules qui libère les mérozoïtes et leur toxine correspondant au début de l'accès un peu avant le frisson, et l'envahissement de nouveaux globules par les mérozoïtes au stade de chaleur. Les formes sexuées (macrogamète et microgametocyte) qui se rencontrent aussi dans le sang n'y continuent jamais leur évolution : elles doivent passer pour cela dans le corps du moustique, où le macrogamète fécondé par l'élément mâle engendre les zygotes, mettant eux-mêmes en liberté les sporozoïtes, qui infectent les glandes salivaires de l'insecte et sont inoculés par la piqûre à l'homme sain (Il faut 8 à 10 jours pour cette évolution chez le moustique et la piqûre n'est dangereuse, dès lors, que plus d'une semaine après la succion).

Symptômes et diagnostic. - Le diagnostic de la malaria est généralement facile. Après une incubation d'une dizaine de jours (suivant la piqûre infectante), le malade subit des accès intermittents selon

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