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N° 11

ÉTABLISSEMENT DE NOUVELLES POMPES ÉLECTRIQUES

POUR LE

SERVICE DES EAUX DE BORDEAUX

Par M. LIDY,

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.

La plus ancienne des usines du Service des eaux de Bordeaux dite de Paulin » a été établie en 1853-54. Elle élève en ville les eaux des sources du Taillan amenées par la gravité dans un aqueduc en maçonnerie de 11.800 mètres de longueur.

Cet aqueduc a une section moyenne constituée par un rectangle de 1,20 de largeur, 1m,00 de hauteur recouvert d'une voûte en plein cintre; sa pente est très faible, six centimètres par kilomètre.

Le débit moyen des sources est de 250 litres-secondes ; le minimum observé a été de 180 litres-secondes, le maximum de 320 litressecondes. Les variations de débit sont très lentes et assez faibles; elles atteignent dans la même année au plus 15 % du débit moyen.

A l'arrivée les eaux sont reçues dans un réservoir souterrain de 6.660 mètres carrés de surface et de 13.720 mètres de capacité, d'où elles sont conduites par un canal maçonné aux puisards d'aspiration des pompes.

Celles-ci sont, au nombre de deux, placées parallèlement dans la même salle; elles sont desservies par trois appareils évaporatoires multi-tubulaires à retour de flamme. Les machines et les chaudières font alternativement le service par périodes de vingt jours.

Ce service est resté aujourd'hui ce qu'il était il y a soixante ans ;

à cette époque on considérait comme un progrès considérable de fournir de l'eau en permanence à des bornes fontaines ou au rez-dechaussée des maisons; on n'aurait pas osé envisager les frais jugés très élevés à cette époque, qu'aurait entraînés le pompage sous pression toute la journée. Le niveau de refoulement de la distribution a donc été établi à la cote 22,00 au-dessus de l'étiage de la Garonne, ce qui suffisait alors pour assurer le service du point le plus haut de la ville, la place Dauphine (cote 17,00). Les réservoirs intérieurs établis au nombre de trois à cette cote peu élevée (en moyenne radier cote 19,30 maximum de retenue 22) furent répartis en ville de façon à régulariser la pression en emmagasinant l'eau pompée pendant la nuit ou pendant les moments de la journée où la consommation était faible. Cette solution simple et économique ne suffisait cependant pas complètement et l'Administration jugea nécessaire d'établir dans un certain nombre d'édifices municipaux, des bassins placés à un niveau plus élevé et destinés à servir de secours principalement pour l'incendie. On fit donc dès le début un service spécial dit « Service surélevé »: à une certaine heure de la soirée, les réservoirs bas sont séparés des conduites par la fermeture du robinet de communication, les pompes continuent à marcher et comme elles refoulent dans un réseau fermé, la pression de refoulement augmente petit à petit; l'eau remplit successivement les bassins placés dans les immeubles, on atteint ainsi la cote 39 soit 17 mètres de plus qu'au refoulement de jour; à ce moment, tous les bassins sont pleins et on reprend le service sur les réservoirs bas.

La maison Farcot qui a construit les pompes en 1854 avait obtenu la variation de pression au refoulement de la manière suivante : la tige du piston-vapeur commande au moyen de biellettes la tête d'un balancier pendant, qui oscille autour d'un tourillon placé à sa partie inférieure ; ce balancier porte dans sa partie centrale un évidement dans lequel est logée une forte vis, qui commande un coulisseau sur lequel s'assemble la bielle de commande des pompes: en modifiant la distance du coulisseau au tourillon on, augmente ou on diminue la course des pompes et par conséquent le volume d'eau refoulée par un coup de piston; tout en produisant le même travail, on peut donc

augmenter ou diminuer la pression de refoulement, le produit de volume par la hauteur devant rester constant.

Les machines donnent pendant le jour un travail effectif de 45 chevaux, mesuré en eau montée; elles devraient produire le même travail au service surélevé du soir, elles font en réalité beaucoup plus. La consommation a en effet rapidement augmenté dans des proportions d'autant plus considérables que les Administrations municipales n'ont pas voulu jusqu'à présent rendre obligatoire l'emploi du compteur; celui-ci est placé uniquement chez les industriels; dans les immeubles particuliers c'est le robinet libre qui est de règle et actuellement sur 28.000 concessions en nombre rond, il n'y en a que 4.700 qui soient munies de compteurs.

Le nombre des bassins d'immeubles que doit remplir le service surélevé a donc augmenté proportionnellement au nombre des concessions, mais en outre le volume d'eau à élever est beaucoup plus grand que la capacité de ces bassins, car les concessionnaires ne payant pas l'eau qu'ils consomment laissent leurs robinets ouverts, ne réparent pas ceux qui ferment mal et n'entretiennent pas les robinets flotteurs qui doivent fermer les bassins quand ils sont pleins. Pour satisfaire aux besoins, on a augmenté petit à petit le débit du service surélevé et on a demandé aux machines un travail plus considérable que celui pour lequel elles sont faites, environ 85 chevaux. Comme elles sont très robustes, elles ont supporté vaillamment cet effort assez longtemps, mais depuis quelques années des avaries importantes se sont produites et ont montré la nécessité d'un remplacement. On s'est heurté malheureusement à des difficultés de service et on hésitait à entreprendre le travail, lorsque le développement en ville du réseau de distribution d'énergie électrique est venu donner une solution d'attente.

Ce développement du réseau s'est produit en 1909 à la suite de l'introduction en ville de l'énergie produite par l'usine hydroélectrique de Tuilières. Cette usine a été construite à environ cent kilomètres de Bordeaux : un barrage établi en travers de la Dordogne dans une partie resserrée entre des berges rocheuses permet de produire environ 12.000 kilowatts-heures. La plus grande partie de cette énergie est distribuée aux grands centres voisins, Bordeaux, Périgueux, Angoulême."

En ville, la tension est abaissée de 50.000 à 5.000 volts et distribuée par un réseau souterrain soit à des postes de transformateurs soit directement aux industriels.

On décida donc en 1911 d'établir à côté de la salle des machines à vapeur deux pompes électriques susceptibles de les remplacer, soit à titre permanent si les conditions de prix et de rendement permettaient une marche économique, soit à titre de secours dans le cas contraire. La fourniture des pompes fit l'objet d'un concours dont le programme laissait aux constructeurs une grande latitude. Après leur avoir donné les conditions de marche de l'usine actuelle on leur demandait deux pompes centrifuges répondant à l'une des combinaisons suivantes: soit deux pompes pouvant fournir séparément pendant le jour un débit d'environ 350 litres par seconde sous une pression (aspiration comprise) de 16 mètres et susceptibles d'être accouplées en tension pour donner ensemble 350 litres sous 32 mètres le soir, soit deux pompes de même puissance pour le service de jour mais pouvant fournir chacune un débit plus faible au refoulement de 32 mètres et être associées en quantité.

Six constructeurs prirent part au concours en présentant douze projets et le bénéfice de l'adjudication fut acquis à la Compagnie française Thomson-Houston, associée pour la fourniture des pompes á la maison Farcot.

Le local dans lequel sont logées les pompes est une partie de l'atelier dont on reconstruit une face et la toiture; celle-ci qui était en appentis a été refaite en terrasse plate, de manière à porter des rails aériens pour la manutention des machines. Contre le mur de l'ancienne salle des machines se trouvent les puisards d'aspiration d'une des pompes å vapeur et en avant une dérivation du canal d'amenée des eaux qui permet d'envoyer directement les eaux des sources dans le réseau d'un quartier bas de la ville. C'est contre ce canal de dérivation qu'a été fait le nouveau puisard des pompes électriques qui mesure 1,50 de large sur 6 mètres de longueur et 4TM,20 de profondeur. Sa jonction avec les anciens puisards a été réalisée sous le canal de dérivation au moyen d'un tuyau en fonte de 1 mètre de diamètre muni d'une vanne de fermeture.

Cette vanne est d'un type particulier adopté par le Service il y a

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES, 1914-II.

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