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Fig. 13. FAÇADE D'ARRIÈRE DES MAISONS OUVRIÈRES ET COURS (PATIOS) PAVÉES.

POSTE D'EAU ET RÉCIPIENTS POUR ORDURES MÉNAGÈRES.

avec cette différence qu'ici l'incubation est très courte (toujours moins de 4 jours).

Mais la peste comporte d'autres mesures spéciales résultant de son mode de transport, lequel se fait par l'intermédiaire des rats et de leurs puces. La destruction de ces deux sortes d'animaux (en y ajoutant les punaises qui peuvent aussi inoculer la peste à l'homme) est donc poursuivie énergiquement dans les bateaux arrivants, dans les égouts des villes, dans l'intérieur des maisons.

Les bateaux venant d'un port suspect doivent être dératisés, ce qui se fait, comme on sait, au moyen du gaz sulfureux (appareil Clayton). Pendant ce temps, tout le personnel, passagers et équipage, doit être envoyé au lazaret pour y voir passer tous les linges, hardes, habits, etc., une demi-heure à l'étuve à 80-90°, afin d'y tuer toutes les puces (en même temps d'ailleurs que le bacille d'Yersin, véhiculé par les puces). Il n'est pas d'ailleurs nécessaire pour qu'un navire soit dangereux qu'il ait eu des cas de peste humaine; il arrive souvent aujourd'hui que les rats seuls du bâtiment sont atteints, ce pourquoi les médecins du bord doivent surveiller s'il ne s'est pas produit une mortalité inusitée de la population murine.

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De même, une brusque mortalité des rats des égouts ou des maisons est un signe dangereux : les rats une fois morts de la peste, leurs parasites les quittent et viennent piquer l'homme (c'est pour même raison qu'un pestiféré est plus dangereux après son décès qu'avant). On arrive à dératiser les égouts quand on peut les isoler en tronçons étanches, soit au moyen du gaz Clayton, soit au moyen du chlore qu'on obtient en versant par les bouches une dilution de chlorure de chaux au tiers, puis une demi-heure après de l'acide chlorhydrique (1). Quant aux maisons, la meilleure précaution consiste à les construire pour que les rats n'y aient pas accès: pour cela on exige dans l'Isthme soit que les maisons reposent sur une couche continue de béton, soit qu'on les élève sur pilots d'au moins trois pieds au-dessus du sol. Cette dernière précaution permet aussi

(1) Le procédé au gaz Clayton est appliqué à Rio-de-Janeiro et celui au chlore à Constantine.

aux Inspecteurs de s'assurer qu'il ne stagne pas de flaque d'eau sous la maison.

Enfin, on réussit bien en faisant une vraie chasse aux rats, en leur tendant des pièges (les plus grands sont les meilleurs), enfin en les empoisonnant (au moyen d'une pâte phosphorée notamment). Perry dit qu'à Panama le virus Danitz n'a pas bien réussi. Il faut d'ailleurs varier sans cesse les pièges et les appâts, parce que les rats ne se font plus prendre là où un de leurs congénères a succombé, et il faut soigneusement nettoyer le piège après capture. Tous les rats pris ou trouvés morts sont immergés dans une solution de larvacide à 3 %, enveloppés d'un drap imprégné de cette solution et envoyés au laboratoire du Board of Health aux fins d'examen bactériologique.

Quant aux puces, outre l'étuve et le gaz sulfureux pour en débarrasser les linges et effets, on peut se servir de la poudre de pyrèthre (mais il faut un contact assez prolongé) et mieux d'une solution de crésyl, ou encore de benzine, térébenthine, etc. : si on a à pénétrer dans un local infecté de puces, il est bon de s'imprégner les vêtements et la peau de crésyl.

Rappelons en terminant que la peste, qui prend la forme bubonique dans l'Amérique centrale, affecte souvent la forme pneumonique dans les pays plus froids (dernière épidémie de Mandchourie) et que, comme telle, elle peut être contagieuse d'homme à homme par les crachats ou particules de salive (indépendamment bien entendu du mode de contagion par les puces des rats, ou, en Mandchourie, des tarabaganes, et dans l'Inde des écureuils). Le microbe de la peste est un coccobacille découvert par Yersin : heureusement le même savant a aussi découvert le moyen de tirer des cultures chauffées ou du sérum des chevaux immunisés des vaccins de grande valeur thérapeutique et surtout préventive.

4o Lutte contre la fièvre typhoïde et la dysenterie. Alimentation en eau potable et évacuation des eaux usées.

Chacun sait qu'une bonne alimentation en eau potable et un bon mode d'évacuation des matières fécales et des eaux usées constituent les meilleurs moyens de supprimer les deux grandes maladies

d'origine hydrique dont il s'agit ici (le choléra n'a jamais pénétré dans l'Isthme) et dont je suppose connues les principales données étiologiques. Aussi les Américains s'occupèrent-ils, dès leur arrivée, de ces deux points d'autant plus importants que la création d'une distribution d'eau et d'un réseau d'égouts permit de supprimer les récipients d'eaux pluviales et les cloaques d'eaux stagnantes et contribua ainsi puissamment, comme nous l'avons vu, à la lutte contre les moustiques (1).

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ALIMENTATION EN EAU POTABLE. Dès le début, courant au plus pressé, on installa des appareils de distillation; mais le mode d'alimentation adopté en principe et réalisé progressivement fut la création de barrages-réservoirs dans les régions hautes, avec filtration par filtres rapides, c'est-à-dire avec emploi de sulfate d'alumine comme coagulant (New York Continental pressure filters, fig. 14). Les barrages-réservoirs actuels sont indiqués par le

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(1) On sait qu'il y a aujourd'hui d'excellents procédés de vaccination contre la fièvre typhoide. Les rapports des médecins de l'Isthme n'en parlent pas encore, mais j'ai appris que la vaccination antityphique se pratique couramment dans l'armée aux Etats-Unis.

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