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celui-ci lui a laissé un papier précieux, qui n'est autre chose qu'un chiffon, et qu'il rendra le même office à quiconque lui adressera la mème prière.

6. Saint Mihiel (Meuse.) - Hier, en faisant des réparations à la toiture de l'église de Rupt, on enlevait les solives placées au-dessus de la nef, lorsque tout à coup une pluie d'or tomba de l'une des poutres sur le pavé de l'église. On pense bien que, sans s'occuper d'abord de la cause de cette espèce de prodige, le premier soin des ouvriers et des curieux fut de se précipiter sur ce précieux métal. On a reconnu que les pièces d'or, dont op porte le nombre à mille environ, avaient été introduites dans cette poutre par trois trous pratiqués avec une tarière.

Ces pièces sont d'anciens écus d'or de France, pesant chacun 64 grains; il y en a de Louis XII et de François Ier.

9. Lunéville (Meurthe.) Effets de la foudre. Hier, le nommé Pierre Geary, vigneron, a été frappé mortellement par le tonnerre au moment où il cherchait un abri contre l'orage. Cet événement malheureux a présenté divers phénomènes. Le gilet de ce vigneron, qui était de laine, était intact, mais la chemise, sur laquelle l'e lectricité s'est fait passage,était roussie dans une largeur de deux pouces, se dirigeant du haut en bas et à gauche; de là, la foudre, prenant la cuisse pour conducteur, et après avoir fait un petit trou à la culotte, a glissé sous le bras, et, étant arrivée à la plante du pied, a fait éclater le soulier et brûlé les poils dans son trajet. La narine gauche était remplie d'un sang vermeil et écumeux; ce qui prouve que l'individu est mort d'une forte commotion et d'asphixie.

somme entière qu'il y avait mise,
montant à plus de 30,000 francs en
or. Ce militaire (belge) est de re-
tour d'un voyage qui, comme on le
voit, ne lui a pas
été inutile.

11. Berne. Le grand conseil de cette
ville a décrété, dans la séance d'au-
jourd'hui, à la majorité de 173 voix
contre 31, que le professeur Haller
devait être éliminé du tableau des
membres formant le grand conseil;
et, à la majorité de 160 et quelques
Voix contre 4o, qu'il était déclaré iné-
ligible. (On sait que M. de Haller ve-
nait de se convertirà la foi catholique.)
15. Rome. Brigandages.
Les dé-
sordres continuent dans l'Etat romain.
Le prieur et cinq autres religieux ca-
maldules ont été enlevés de leur cou-
vent, à deux milles de Rome, par des
brigands, qui demandent pour leur
délivrance une rançon de 385,000 fr.
L'ordre des camaldules se trouvant
hors d'état de payer la rançon, les
prisonniers ont eu recours à l'assis-
tance du gouvernement. Un peintre
flamand a été aussi attaqué à peu de
distance de la ville. On le dépouilla
entièrement et on le jeta à la rivière.
Il échappa en nageant. Un pauvre
prètre, qui disait la messe, a été vic-
time d'nn zèle par trop actif des gen-
darmes : un pauvre homme, qu'ils
poursuivaient, se réfugia dans une
eglise, et chercha une protection près
de l'autel et à l'abri des ornemens du
prètre, mais les coups de plat de sa-
bre qui lui furent prodigues entre les
bras du prêtre, dont il n'avait pas
voulu se dessaisir, ont tellement effrayé
le pauvre curé, qu'il a fallu le saigner.

10. Bruxelles. - Un militaire revenu depuis quelques mois de la Rus sie, où il avait été prisonnier de guerre, ne pouvant trouver d'occupa tion analogue à son état, partit pour Barcelonne (Espagne), afin de chercher une forte somme d'argent qu'il avait enterrée non loin de cette ville en 1809. Arrivé sur les lieux, il reconnut aisément la place, et bientôt retrouva le sac de cuir et la

16. Aubenas (Ardèche ).—Un événement extraordinaire a eu lieu dans nos environs hier à dix heures du ma

tin. Un bruit épouvantable se fit en-
tendre pendant plus de cinq à six mi-
nutes, et retentit à plus de six lieues
à la ronde. On ne savait à quoi l'at-
tribuer, lorsqu'au même instant une
très-haute montagne, dite Gerbier-
de-Jonc, au pied de laquelle la Loire
prend sa source, s'affaise, disparaît,
et ne présente plus qu'un lac. Cette
montagne était si élevée que l'on ne
parvenait qu'avec beaucoup de peine
à son sommet, qui se terminait en
pointe, et à l'extrémite de laquelle se
trouvait une fontaine. La commotion

Annuaire historique vour 1821.

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a été si forte, qu'elle a produit un tremblement de terre à cinq lieues de circonférence, jusqu'au Champ-Raphaël, canton d'Antraigues.

Le même jour, vers les trois heures après midi, il est tombé du ciel une pierre météorique, du poids de deux cent vingt livres, dans un champ de pommes de terre situé au village du Cros de Libonès, commune de Juinas, qui s'est enfoncée à environ six pieds. On assure que l'on a vu sortir le nuage ou la trombe qui la contenait du côté du Gerbier-du-Jonċ, se dirigeant du côté du midi avec un grondement continu. Au moment où cette pierre allait tomber, il y eut deux detonations successives qui furent entendues à plus de dix lieues. Ces détonations furent accompagnées d'un grondement semblable à celui d'un grand éboule

ment.

a Depuis cinq jours il faisait un vent du nord frais dans notre contrée, ét trés-froid dans la montagne, mais en même temps serein. Beaucoup de personnes furent effrayées de ce phénomène. Cette pierre, dans son entier, eût été sans doute une chose précieuse pour le cabinet d'histoire naturelle de Paris; mais les habitans de Libonès, en la tirant de la terre, Font brisée; chacun a voulu en avoir sa part. Il en est resté un bloc du poids de cent huit livres, que M. Aleysson, orfèvre, a achete des homines qui s'en étaient emparés.

18. Paris.-M. lec hevalier Julien Leroy, artiste attaché à la chambre du Roi, a eu l'honneur de présenter aujourd'hui à S. M. un fauteuil mécanique, au moyen duquel, avec le seul appui des coudes, on peut facilement avancer, reculer et tourner sur place, et faire les divers mouvemens que l'on désire. Ce fauteuil a, de plus, l'avantage de pouvoir, en se développant, former un lit de repos des plus élégans. Cette ingénieuse invention a mérité à son auteur un accueil favorable de la part de S. M., qui lui en a témoigné sa satisfaction.

19. Troyes. Crime puni par un crime. La justice recherchait depuis quelques jours les traces d'une fille que toutes les apparences accusaient d'avoir noyé, pour s'approprier la plus modique somme, deux mal

heureux enfans qu'elle avait été chatgée de porter à un hospice. Cette mème fille a été trouvée assassince sur la route de Paris, au lieu dit le Pont-Aubry, près Romilly, et l'individu arrêté comme soupçonné du meurtre est son propre père, le nommé Berthier, instituteur à Saint-Aubin.

20. Paris. Theatre. Troubles. — La troisieme représentation d'Oreste, qui devait avoir lieu hier, a éprouve de la part du parterre une si forte opposition, que, dès le premier mot de la première scène, les acteurs ont été contraints de se retirer. On a pour lors demandé le Voyage à Dieppe ; mais ceux des comédiens qui devaient jouer dans cette dernière pièce ne s'étant pas attendu à paraître sitôt, n'ont pas été en état de satisfaire sur-lechamp au désir du public; et le spertacle a été interrompu pendant pres de deux heures, durant lesquelles les spectateurs se sont bruyamment répandus dans les foyers et dans les corridors. Enfin le Voyage à Dieppe a été représenté, et le caline s'est retabli avec la gaieté.

21. Londres. Superstition des Siamois. - Les dernières nouvelles de Calcutta annoncent que le choleramorbus fait des ravages terribles dans le royaume de Siam. Cette maladie a enlevé quarante mille personnes dans la capitale. En conséquence, le roi consulie ses nobles, ses prètres, ses astrologues, pour connaitre la cause de cette maladie. Ceux-ci, suivant leur usage, l'ont attribuée a un esprit malfaisant, qui était sous la forme d'un poisson, et ont déclaré que le seul moyen de l'éloigner était de l'effrayer à coups de canon, de fusil, en battant la caisse, etc....... Cette étrange cérémonie a eu lien le long des côtes de la mer; mais loin d'avoir le résultat qu'on s'en promet:ait,, lorqu'elle a été terminée, sep; mille personnes sont mortes du choleramorbus sur le rivage.

23. Paris. Mort de madame la duchesse douairière d'Orléans. — Ma

dame la duchesse donairière d'Orléans est morte aujourd'hui à quatre heures dix minutes, dans la maison de campagne qu'elle habitait à Ivry-surSeine, près Paris. Elle était née le 23 mars 1753, du mariage du ver

teenx due de Penthièvre avec MarieThérèse-Félicité d'Est; elle avait épousé, en 1769, le duc de Chartres, depuis duc d'Orléans, père de Mgr le duc d'Orléans actuel, ainsi que de madame la duchesse de Bourbon.

Les malheurs de cette princesse ne sont pas moins connus que ses vertus; elle avait hérité du duc de Penthièvre son esprit religieux, sa charité, ses mours irréprochables, et une éléva tion de sentimens digne de son illustre origine. Sa figure rappelait d'une manière sensible les traits de son bisaïeur Louis XIV; mais ces traits étaient adoucis par l'expression de la bonté la plus touchante. Les pauvres perdent dans madame la duchesse douairière d'Orléans une mère attentive à tous leurs besoins; les personnes constituées en dignité, un modèle de noblesse et de bienfaisance; la France entière, l'objet de sa respectueuse admiration.

Peu de temps avant sa mort, madame la duchesse douairière d'Orleans a dicté un testament qui offre le plus touchant accord des sentimens de la religion, de la nature et de l'amitié.

Ses premières affections se portent d'abord sur celui qu'elle appelle à plusieurs reprises son cher fils, et sur sa chère fille.

Elle legue à Mgr le duc d'Orléans le tiers de ses biens par preciput; mais elle prend soin d'expliquer à sa fille la cause de cette libéralité. Cela ne tient point à une préférence injuste: la testatrice cherit également ses enfans. Mais M. le duc d'Orléans est père d'une nombreuse famille, dit la Lestatrice, et la tendresse de mademoiselle d'Orléans pour son frère est telle, qu'elle aurait elle-même conseillé cette disposition.

24. Paris. Scène de Théatre. Hier soir on donnait au Gymnase la premiere représentation du Comédien d'Etampes. La pièce, fort gaie et fort applaudie, avait fourni les deux tiers de sa course, lorsqu'il a plu à Perlet de ne point chanter un air écossais dont l'orchestre avait commencé la ritournelle. Cette fantaisie bizarre a excité les murmures du parterre, lesquels ont redoublé lorsque Perlet a quitté la scène, après s'être permis

des gestes et des mouvemens de tête d'une insolence très-significative. Le rideau s'est baissé; Perlet a reparu, mais a persisté dans son refus. Alors les cris et les murmures l'ont oblige de quitter une seconde fois la scène, et le calme ne s'est rétabli que lorsque le commissaire de police est venu annoncer que Perlet était envoyé à la préfecture, et qu'il ne reparaîtrait sur le théa re qu'après avoir fait au public une réparation convenable.

27. Hier soir, Perlet, sorti de sa prison et d'une affaire d'honneur avec un des auteurs du Comédien d'Etampes, mais qui heureusement n'a cu aucun résultat fâcheux, était annoncé comme devant jouer dans le Parrain. Le bruit de sa rentrée avait attiré une foule immense sur le boulevard. Au lever du rideau, Perlet, croyant devoir prévenir le public par des soumissions, entre avant la scène où il doit paraitre. Sa presence est le signal d'un bruit confus d'applaudissemens et de sifflets qui long-temps l'empėchent de se faire entendre. Il y parvient enfin, et après de nombreux saluts : « Messieurs, dit-il, jamais je n'ai eu le dessein de manquer au public.....» Des bravos forcenés, des sifflets perçans lui cospent la parole. Le tumulte se prolonge; il pálit, se trouve ma!, et ses camarades l'emportent dans leurs bras.

Cependant des gens modérés s'interposent entre les parties bellige rantes. Le commissaire de police fait lui-même observer que Perlet vient, par sa démarche, de témoigner son respect pour le public. It invite à la modération. Perfet reparaît, soutenu par plusieurs de ses camarades. Nouveau tumulte, nouveau combat entre les applaudissemens et les sifflets; cependant les derniers sont déjà en minorité. Il essaie de commencer son role; quelques voix erient : Des excuses! Il répète la phrase déjà citée. On lui coupe encore la parole par des bravos, des cris, quelques sifflets. Ses camarades le soutiennent, et l'aiden t à rentrer dans la coulisse.

Au bout d'un certain temps, il revient une troisième fois. Le parti de l'opposition a sensiblement diminué; cependant, au milieu de nombreux applaudissemens, on entend encore

plusieurs voix réclamer des excuses. Alors Perlet, avec une très-forte émotion, s'avance, et dit : « Messieurs, je vous répète, pour la troisième fois, que je n'ai point voulu manquer au public; mais des ce moment je cesse d'être comédien. » Il se retire, et la toile se baisse.

Cette déclaration inattendue a calmé le tumulte; une foule de conversations s'engagent pendant l'entr'acte: on blâme, on loue sa démarche. Enfin la toile se lève pour le Colonel. On ne veut point l'écouter, on vent Perlet. Les acteurs l'amènent en habit de ville; il salue trois fois le public, mais garde le silence. On le rappelle à grands cris; une foule de voix deman dent qu'il promette de rejouer, pas quitter le théâtre.

de ne

Dormeuil annonce que Perlet, quoi que souffrant, fera tous ses efforts pour se rendre aux voeux du public à la fin du Colonel. En effet, on annonce, au moment où il se termine, que Perlet va jouer le Parrain, et la satisfaction des spectateurs n'est pas équivoque.

La pièce commence. Perlet entre, et cette fois on n'entend que des applaudissemens nombreux et réitérés. Il fait quelques pas en avant, et en répétant qu'il n'a jamais voulu manquer au public, il ajoute qu'il lui fait des excuses...... Les applaudissemens partent de tous les points de la salle; ils l'accompagnent à chaque mot de la pièce; on saisit toutes les allusions en sa faveur, ses camarades cherchent tous les moyens de lui té moigner leur joie, et sa réconciliation avec le public est complète.

JUILLET.

3. Wurtzbourg (Bavière.) Cures miraculeuses. On ne parle ici et dans tout le pays que des prodiges opérés par le prince abbé Alexandre de Hohenlohe. Il agit tantôt seul, tantôt de concert avec le paysan Martin. Laguérison de la princesse de Schwartzenberg et du prince royal est attestée par bien des gens comme s'ils l'avaient ne. Suivant d'autres, le prince Alexandre seul a guéri, dans la cour du chanoine B. de Reinach, le 29 du mois passé, une huitaine de personnes,

des aveugles, des boiteux, des sourds, etc. Pour le moment il n'est plus ici, sa santé ayant exigé du repos. Le prince royal doit lui avoir donne un local qui puisse recevoir les malades pour y operer les guérisons, etc. ; et ce n'est pas seulement dans un peuple ignorant et crédule que le prince thaumarturge trouve des croyans, on peut en juger par la pièce qui suit :

Lettre de la princesse Maurice de Lichtenstein à la princesse Clotilde de Hohenlohe-Bartenstein, bellefille de S. A. S. le prince Louis de Hohenlohe, lieutenant-général, résidant à Lunéville en date de Wurtzbourg, le 28 juin 1821.

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« Vous me demandez, chère amie, mon opinion sur la guérison de la princesse Mathilde de Schwartzemberg: c'est une chose difficile et prèsque impossible; car, comment donner son opinion sur une chose à lquelle l'intelligence humaine ne peut atteindre? Je me bornerai donc à vous faire l'exposition des faits, comme j'en ai été témoin. Il est sûr que Mathilde, d'après les machines de Heyne, était parvenue à être debout dans son lit, mais toujours soutenue et attachée par la tête; mais elle ne pouvait faire án pas, et, en détachant la tête, elle avait de telles douleurs dans les reins, qu'elle ne pouvait se soutenir sur ses jambes. Quelques jours avant l'événement que je vais vous raconter, Heyne me disait qu'il avait l'espoir de faire marcher Mathilde, au commencement à l'aide d'une machine et ensuite avec des béquilles. J'ai bien vu que son espoir allait jusque-là, et pas plus Join. Le 20 juin au matin, le prince Alexandre de Hohenlohe - Schillingsfurst, qui est préire, s'est fait aunoncer chez elle, et lui a demandé si elle avait une foi entière, une conviction totale que Dieu pourrait et voulait l'aider. Sur sa réponse affirmative, il fit monter un homme chez elle, un simple paysan, dont vous avez deja entendu parler, nommé Martin Michel, qui, après lui avoir répété la même question, s'est mis ensuite à prier, et après une courte oraison lui a commandé de marcher au nom de Jésus-Christ. Effectivement, elte s'est levée de son lit; et elle a mar

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che, non pas comme une personne privée depuis huit ans de l'usage de ses jambes, mais d'un pas ferme et assuré, descendant et montant les escaliers, courant, et ayant fait l'essai de danser, etc. (V. l'Histoire, page 264.)

4. Paris. Procès du Miroir.

MM. Arnaut, Dupaty, de Jouy, Gosse et Cauchois-Lemaire, auteurs du Miroir, ont comparu hier devant la cour royale, chambre des appels de police correctionnelle, sur l'appel interjeté par M. le procureur du Roi, du jugement qui avait reconnu que le Miroir n'était pas un journal politique, et qu'en conséquence ses auteurs n'avaient pas contrevenu à la loi sur la censure en le publiant.

α

Le rapporteur, M. Dameuve, a donné lecture de 16 passages du Miroir, sur lesquels le ministère public s'est appuyé pour soutenir que ce journal était une feuille politique. Ces passages consistent « en une romance piemontaise, une anecdote >> sur les parapluies uniformes, « un article » sur les divers sens de ces mots : faire des brioches, « un vocabulaire» à l'usage des gens du monde; un bon mot « sur un monsieur qui porte un nom en us, et qui non-seulement est romain, mais de plus catholique et apostolique; un autre bon mot sur un orateur qui aurait pu avoir des succès, s'il eût été curé; « un article» sur les fêtes publiques» et sur 25,000 petits pâtés donnés à 25,000 indigens qui n'ont pas de pain, etc. » M. Deglos, substitut de M. le procureur-général, prenant la parole pour soutenir l'accusation, examinant, après un exorde sur les abus de la presse, si le Miroir n'était pas consacré en tout ou en partie aux nouvelles et matières politiques, et si les auteurs de cet écrit périodique n'avaient pas dû le soumettre à la censure, aux termes de la loi du 31 mars 1820, a posé ensuite en principe: que, pour savoir si un écrit est politique, il faut non-seulement s'arreter aux expressions et au sens naturel qu'elles présentent, mais chercher si elles n'ont pas un sens allégorique, entrer dans l'intention et dans la pensée de l'auteur, et faire surtout attention au sens dans lequel les mats peu

vent être interprétés par les lecteurs ; et sous ce rapport il démontre que les articles incriminés sont sous le voile transparent d'une allégorie facile à saisir, de vraies satires politiques.

Me Dupin, défenseur des accusés, contestant la définition trop étendue que M. l'avocal-général vient de donner du mot politique, fait observer que ces articles ne renferment que des allusions, des allégories. Or, ditil, la loi ne défend pas de faire des allusions, des allégories; elle défend la politique, la politique directe, ouverte, réellement digne de ce nom et nullement une politique d'interprétation et de commentaire, une politique de gloses, où la pensée de l'accusé est pervertic par le sens qu'il plait à l'accusateur d'y attacher.

discours. Elle n'autorise pas l'indaga«La loi punit les faits, les écrits, les tion des sentimens et de la pensée.

« Le mot de sarcasme politique, dont on se sert pour qualifier les articles du Miroir, prouve l'embarras où l'on est pour les incriminer. Ce mot en effet prouve seulement le déplaisir que ces articles causent à quelques hommes. C'est le nom de la blessure qu'ils ont reçue; mais ce n'est pas le nom d'un délit que la loi punisse.......... »

Me Dupin discute ensuite chacun des articles. Il montre qu'on est obligé de les refaire pour leur donner le sens qu'on leur prète; que le mal n'est pas dans ce qu'ont dit les auteurs, mais dans le sens que le commentaire s'efforce de leur attribuer.

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Rien, dit-il, ne pourrait résister à ce genre d'argumentation. En matière criminelle, tout doit être clair, précis, et il ne faut pas que, dans les délits de la presse, les réquisitoires ressemblent au chef-d'œuvre d'un inconnu, où, à propos de la plus mince chanson, on fait arriver les applications les plus doctes et les plus étran gères au sujet.

Me Dupin conclut de sa discussion, que les auteurs du Miroir n'ont point contrevenu aux lois de la censure.....

Après une heure et demie de délibération, la cour a rendu un arrêt par lequel elle a confirmé le jugement

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