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ce qui empêchait les alimens de s'échapper. Excepté une légère irritation que l'on devait attendre dans cette partie du foie qui se trouvait en contact avec la partie malade, il était sain, et ne montrait aucun des symptômes qu'avait annonces M. O'Meara ; il avait une légère blessure à la tête, qu'il avait reçue de la hallebarde d'un sergent anglais à Tou ́lon; au-dessus du genou, une seconde blessure reçue à Ratisbonne, que lui avait faite une balle morte, et enfin une troisième à la cheville du pied, reçue en Italie.

Son crâne n'a pas procuré aux crânologistes la satisfaction qu'ils attendaient. Les docteurs Mitchell et Burton se sont donné beaucoup de peine pour avoir la forme de son crâne et de sa figure; mais malheureusement le gypse qu'ils se procurèrent dans l'ile était tel, que tous leurs efforts furent inutiles. Voyez 5 septembre.)

Quelque temps avant sa mort, il fit, avec un canif, un N sur une tabatière dont il fit cadeau au docteur Arnott; il lui a laissé, en outre, 500 napoléons. Il a élevé au rang de comte, Marchand, son domestique, qu'il a en outre comblé de biens, et a fait promettre à Bertrand et à Montholon de le traiter comme tel. Ses effets sont, dit-on, restés à ces deux messieurs; ils sont très-précieux, et consistent particulièrement en vaisselle plate et en très-belle porcelaine de Sèvres.

Il a laissé à lady Holland une trèsbelle tabatière de camée antique, que lui avait donnée le pape. Il a renfermé dans la tabatière un petit morceau de papier sur lequel il avait écrit luimême, pour remercier cette dame de

ses attentions. Le reste du testament de Bonaparte a été tenu secret à SainteHélène.

Extrait d'une autre lettre. - Napoléon, pendant les années qu'il a passées à Sainte-Hélène, écrivait beaucoup; sa vie était réglée; il se levait etise couchait de très-bonne heure. Le matin, après une promenade, il dictait tantôt à M. de Lascases, avant qu'il eut quitté l'ile, tantôt à M. de Montholon; il aimait beaucoup à causer sur les événemens auxquels il avait pris part, et sur les hommes qu'il avait

employés. On assure que ces messieurs écrivaient tous les soirs les conversations qu'ils avaient recueillies dans la journée. S'ils les rendent publiques, elles exciteront vivement l'interet, comme tout ce qui se rattache à cet homme extraordinaire.

Ses entretiens roulaient souvent sur la situation actuelle de l'Europe. Iln'avait, dans les deux premières années, que des notions imparfaites, car il ne recevait que de loin en loin quelques numéros du Courrier. C'est à cette époque qu'il avait étudié l'anglais avec beaucoup d'ardeur, et qu'en peu de temps il était parvenu à le lire assez facilement. Depuis, on avait fait droit à sa demande, et il recevait d'Europe des journaux et des livres français. Il en est qui sont couverts de notes marginales de sa main : quelques-uns sont à Londres, et ont été vendus extremement cher. L'ambassade à Varsovie de M. de Pradt, dont l'original est chargé de notes de Napoleon, est, dit-on, en France depuis quelque temps. Après son diner, il faisait encore une heure de promenade; elle était suivie d'une lecture à haute voix, qui durait environ une heure. C'etait presque toujours une tragédie de Cor neille, l'un des auteurs pour lesquels ilent toujours une grande prédilection. 11 se faisait aussi lire de temps en temps la Mort d'Hector, de Luce de Lancival, qu'il avait si constamment protégé pendant qu'il était à la tête du gouvernement français. Un des mots qu'il répétait le plus souvent dans ses conversations, était celui-ci : l'avenir est dans le sein de Dieu.

Il n'avait vu qu'une fois ou deux le gouverneur sir Hudson Lowe; il avait pour lui une aversion insurmontabir, et il avait fini par lui déclarer qu'il aimerait mieux mourir sur-le-champ que d'ètre condamné à subir sa pre

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On ajoute qu'il a laissé des mémoires, un testament, et plusieurs codiciles, qui seront incessamment portés en Europe par ses exécuteurs testamentaires, MM. de Montholon, Bertrand et Marchand. (V. 10 décemb.) 14. Paris. Ouverture du canal de Saint-Denis. Toutes les nouvelles qui arrivent des départemens donnent des détails sur les fêtes données à l'occasion du baptême de Mgr le duc de Bordeaux. Il serait trop long de les reproduire. A Bordeaux, elles ont duré plusieurs jours, pendant lesquels les ateliers ont été fermés. Dans quelques ports de mer elles ont été célébrées d'une manière particulière. A Brest, à Lorient, on a lancé les deux frégates l'Amazone et l'Armide. —A Cherbourg, les troupes de la marine et de la garnison entourerent, dans la matinée du 1er mai, un vaisseau de 118 en construction. Le curé de la pa roisse, assisté de son clergé, fit la bénédiction du vaisseau; et au même instant une inscription portant le nom de Duc de Bordeaux fut découverte et saluée par les batteries des forts ainsi que par les bâtimens en rade. A Paris, les fêtes dont on a vu le tableau ont été suivies, le 5 mai, d'un bal offert aux princes, dans la salle de l'Odéon, par MM. les officiers de la garde royale, de la maison du roi et de MONSIEUR; et le 9, d'un repas donné aux maires des bonnes villes, par la ville de Paris.

La clôture de ces fetes a eu lieu hier dimanche, par l'ouverture du canal de Saint-Denis; et quoique le temps n'ait pas été favorable, elle a été très-brillante: une partie de la population de Paris, et une grande quantité d'équipages et de voitures s'étaient portés sur ce point. Le bassin de la Villette était couvert d'embarcations élégamment pavoisées, et les deux côtes bordés de loges garnies de spectateurs. A 2 heures, LL. AA. RR. MONSIEUR, MADAME, madame la duchesse de Berri et Mgr le duc d'Angoulème, sont arrivés; les princes ont été reçus par M. le comte de Chabrol, prefet du département, et par MM. les membres du conseil municipal, puis conduits à la tente qui

avait été préparée à la tête du bassin, en avant de la barrière Saint-Martin. Les jeux et les courses sur l'eau ont aussitôt commencé. A trois heures moins un quart, les princes sont montés dans le canot d'honneur; ils ont traversé le bassin aux cris de vive le roi! vivent les Bourbons! Le canot s'est porté à la première écluse, qui a été franchie à l'instant par deux bateaux chargés qui sont entrés dans le bassin. A quatre heures, les princes sont remontés en voiture. Le canal de Saint-Denis est d'une grande importance pour la prospérité de la ville de Paris.

Ce canal, d'une construction trèsrécente, est alimenté par les eaux de la rivière d'Ourcq, qui sont amenées dans un grand réservoir situé près de l'une des barrieres de Paris, dans le faubourg de la Villette. La pente du canal Saint-Denis, depuis ce réservoir jusqu'à son embouchure dans la Seine, est de 27 mètres; elle est rachetée par douze écluses; la largeur du canal est de 20 mètres, et sa profon deur de 2 metres. Les écluses ont des dimensions qui permettront le passage aux grands bateaux de la Seine et de la rivière d'Oise.

L'objet de ce canal, commencé en 1811, est d'abréger de plusieurs jours la durée du transport des marchandises qui remontent de Saint-Denis, en suivant le cours de la Seine. En effet, la longueur développée du cours de ce fleuve, depuis le Pont-Neuf à Paris, jusqu'au pont de la Briche, au-dessous de Saint-Denis, est d'environ trente mille mètres. Les bateaux qui remontent de Rouen ou qui viennent de la rivière d'Oise emploient pour faire ce trajet, suivant les saisons et l'état de la rivière, un temps dont la durée moyenne peut être fixée à trois jours. 15. Caen. Mathurin Bruneau.

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Depuis long-temps on ne parlait plas de Mathurin Bruneau, qui se prétendait fils de Louis XVI et se faisait passer pour Louis XVII. (Voyez l'Annuaire pour 1818, page 527.) Nous dirons à ceux qui veulent savoir des nouvelles de ce personnage, qu'il est entré dans la prison de Caen le 14 de ce mois, et qu'il en est parti aujourd'hui pour se rendre au Mont Saint-Michel. Il veut toujours jouer

le même role; mais sa dignité royale

est bien ravalée. Il couche à l'infirme Fic avec les autres détenus, et prépare lui-même les légumes que l'on doit inettre dans sa soupe. On ajoute qu'il est extrêmement grossier et d'ane malpropreté insigne.

-

21. Paris. Funérailles de M. Camille Jordan. Les obsèques de M. Camille Jordan ont eut lieu ce matin à neuf heures dans l'église de SaintThomas-d'Aquin. Huit voitures de deuil et environ cent cinquante voitures bourgeoises formaient le cortege, qui s'est mis en marche à onze heures pour le cimetière du Père-Lachaise. M. le ministre des affaires étrangères et M. le président de la chambre des députés faisaient partie de ce cortége. Un très-grand nombre de pairs de France, de membres de la chambre des députés, de conseillersd'Etat, de personnes décorées, et deux à trois mille jeunes gens et autres citoyens, suivaient le convoi; et avant son arrivée, le cimetière était déjà rempli d'une affluence considérable.

La dépouille mortelle de M. Camille Jordan a été inhumée près des tombeaux de La Fontaine et de Molière. Deux députés, MM. de Saint-Aulaire et M. Rambaud (ce dernier en qualité de maire de Lyon, patrie de M. Jordan), ont payé tour à tour un juste tribut de regrets aux vertus, aux lumières et à la fin prématurée de cet homme estimable, qui n'était âgé que de 5 ans.

M. Royer Collard s'est contenté de prononcer d'une voix entrecoupée par ses sanglots, et quelquefois interrompue par les pleurs de l'assemblée, ce peu de mots :

Adieu, mon cher Camille! nous sommes entres ensemble, il y a vingtquatre ans, dans la carrière publique; et pas un seul jour, dans une si longue route, nous n'avons été désunis: même but, mêmes pensées, mêmes efforts, même fortune! La mort seule a pu nous séparer pour un temps! Adieu, ô le plus aimable des amis ! Adieu, noble esprit, cœur généreux, orateur éminent, député fidèle à la religion, au Roi, au peuple! adieu! Ta mémoire sera chère à la patrie. Que le Dieu de paix te reçoive dans son sein!»

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24 Verdun. Femme à deux maris.

- Une cause singulière vient d'occu per le tribunal civil de Verdan. La femme du nommé Jean Suisse, de Manheulles, près de cette ville, recut, il y a plusieurs années, l'extrait mortuaire de son mari, qui servait dans le royaume de Naples; ledit extrait avait été délivré par un directeur d'hôpital. Elle se remaria, en toute sûreté de conscience, avec un cordonnier nomme Mare; et depuis 1814, ils vivoient dans la meilleure intelligence, lorsque tout à coup Jean Suisse a reparu dans le pays. Tout le monde, et même son ancienne femme, l'a parfaitement reconnu; mais il parait que le cordonnier Marc ne voulait pas du moins reconnaitre ses droits. Jean Suisse les a réclamés auprès da trībanal, qui, tout en reconnaissant que le second hymen avait été contracté de bonne foi, l'a déclaré nul et non avenu. Heureusement il n'en était point né d'enfans.

26. Compiègne. Pélerinage.—L'après un vou que madame la duchesse de Berri avait fait durant sa grossesse, de faire le fameux pélerinage de Notre Dame de Liesse, S. A. R. s'est rendue le 22 de ce mois à Laon, où elle a été reçue par le regiment des cuirassiers de Berri, et par les magistrats et les membres de l'administration publique réunis à l'hôtel de la préfecture. Les dames ont été admises aupres de S. A. R., et une députation du conmerce de Saint-Quentin étant venue lui offrir les produits de diverses manufactures, S. A. R. a examiné tous ces objets avec beaucoup d'intérêt, et elle en a acheté une partie. MM. les sous-préfet et maire de Vervins étaient à la tète de cette dépa tation. S. A. R. a quitté Laon le même jour, pour aller coucher à Marchais; le lendemain 23, elle a fait son pélerinage à Liesse. Le 24, elle a couché à Saint-Gobain, et aujourd'hui à Compiègne.

La princesse a recueilli sur son pas sage des témoignages et un empresse ment dont elle a paru satisfaite. Les personnes qui ont eu l'honneur d'approcher S. A. R. ont toutes éprouvé le charme de l'affabilité la plus touchante. 26. Bruxelles. Jugement remarqueLe procès intenté dans les

ble.

Pays-Bas, par le ministere public, aux vicaires généraux de Gand, MM. Goetals et Martens, ainsi qu'à M. Boussen, secrétaire de l'évêche de Gand, a excité le plus vif intérêt à Bruxelles et dans toute la Belgique. Les accusés étaient prévenus d'avoir publié, avec intention de troubler l'ordre public, une lettre pastorale de M. l'évêque de Gand, M. de Broglie, dans laquelle ce prélat était censé avoir excité à la désobéissance au gouvernement. Leur défense consistait à soutenir qu'ils n'avaient donné aucune publicité à cette lettre, recue confidentiellement de celui qu'ils doivent toujours considérer comme leur véritable évéque, malgré le jugement qui l'a banni. Le procureur-general, ayant abordé des questions générales, et ayant, entre autres, parle d'un memoire que le clergé belge avait envoye au congrès de Vienne, pour de mander le rétablissement du culte catholique exclusif dans la Belgique, les avocats de la défense ont égale ment traité les plus hautes questions de droit public, tant sous le rapport du culte, que sous celui de l'épiscopat; ils ont soutenu avec beaucoup de force et d'éloquence la liberté religieuse des catholiques des Pays-Bas, que la présente accusation semblait menacer; ils ont donné des eclaircissemens sur le mémoire présenté à Vienne par quelques membres du clergé ; ils se sont surtout attaches à démontrer que le fidèle attachement des catholiques à la religion de leurs pères est un gage de leur fidélité en vers le gouvernement sous lequel la providence les a placés.

Nous regrettons de ne pouvoir donner de plus amples détails sur ces importans plaidoyers, qui remplissent depuis une semaine les journaux de Bruxelles. Nous dirons seulement que, le 25, la cour souveraine de Bruxelles a déclaré « que les faits contenus dans l'acte d'accusation ne sont pas prouvés », et a par conséquent acquitté les accusés; jugement qui a eté accueilli, malgré les injonctions du président, par de nombreux ap¬ plaudissemens. Les acquittés sont par tis aujourd'hui pour Gand, où on leur prépare une réception triomphale.

29 Birmingham. (Angleterre.)

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Revenant prétendu. Ces jours ders niers, on trouva le corps d'un jeune homme qui s'était noyé dans le canal de Faseley; le jury fit un rapport qui portait que le defunt était inconnu.' Effectivement, pendant et après l'enquête, un grand nombre de personnes avaient vu le corps sans le reconnaître; mais le lendemain, un habitant d'Aston le reconnut pour son ne veu qui avait quitté sa maison depuis quelque temps; la tante du jeune homme, plusieurs de ses amis le vi rent, le reconnurent, et l'oncle hit enlever le corps, qu'il fit enterrer à ses frais. Toute la famille prit le deuil.

Jeudi dernier, le neveu lui-même parut chez son oncle; sa tanie se trouvait seule, et en voyant son neveu qu'elle croyait mort et enterré, elle eut une telle frayeur qu'elle tomba sans connaissance; il fallut beaucoup de temps pour lui faire reprendre ses sens et l'engager à regar-t der le jeune homme, qui, ignorant ce qui s'était passé, ne pouvait expliquer la sensation singulière qu'avait produite sa présence. Il serait difficile de décrire l'étonnement et l'incrédulité: de la famille; enfin il y eut une explication, et la surprise fut remplacée par la joie sincère d'avoir retrouvé le jeune homme. Ce qui rend cet événement remarquable, c'est que le cadavre était très défiguré lorsque l'oncle le vit pour la première fois, et qu'ayant eu alors quelque doute sur l'identité, il avait lui-même cherche une marque qu'une brûlure avait laissée sur le pied de son neveu; l'ayant trouvée sur le pied du défunt, il n'eut plus de doute sur sa mort.

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31. Paris. MADAME, duchesse d'Angoulême, est partie aujourd'hui à deux heures pour Vichy. S. A. R. est accompagnée de M. le vicomte d'Agoult, et de madame la marquise de Rougé.

Mgr le duc d'Angoulême n'est point parti avec S. A. R. MADAME. Le prince est légèrement indisposé depuis deux jours.

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JUIN.

1. Cowes (ile de Wight.) Chiens de Terre-Neuve. Un fait qui vient d'avoir ici cinq cents personnes pour témoins a donné une nouvelle preuve

de l'intelligence et de l'utilité des chiens dits de Terre-Neuve.

Dans l'un des derniers ouragans, trois bateaux pêcheurs allaient périr dans cette baie, la mer étant si grosse, que les plus intrépides marins n'osaient porter secours à ces infortunes. Quelqu'un proposa d'aller chercher un chien de Terre-Neuve. L'animal, amené sur le rivage, regarde avec attention, et dès qu'il aperçoit un bateau rempli de monde, il s'éLance, plonge et disparait plusieurs fois. Enfin on le voit saisissant avec les dents le bord du bateau; les pêcheurs ont l'idée de lui mettre un bout de corde dans la gueule ; le chien, par un instinct indéfinissable, regagne la terre sans lâcher la corde; on y attache un câble, et les trois bateaux sont successivement sauvés par le même moyen.

2. Bruxelles. Homicide. Un événement fàcheux, mais dont les exemples sont assez rares, vient de produire une vive impression ici. Un particulier ayant surpris son épouse adultere en flagrant délit, a tué le séducteur à l'instant même, et a en même temps blessé grièvement sa femme, relevée de couche depuis six semaines seulement. L'époux outrage s'est de suite constitué prisonnier. L'art. 324 du Code pénal range ces sortes de meurtres au nombre des homicides excusables.

3. Paris. Troubles. On devait célébrer aujourd'hui, à Saint-Eustache, un service funèbre du bout de l'an, pour le repos de l'âme du jeune Lallemant, tué le 3 juin 1820. Tous les élèves des écoles de Droit et de Médecine y étaient invités. Mais, ce matin, un avis inséré dans plusieurs journaux et affiché à la porte de l'église Saint-Eustache, prévenait les personnes invitées que le service était ajourné (par ordre) indéfiniment. Malgré cet avis, un très-grand nombre de jeunes gens se sont rendus à l'église. Quelques-uns d'entre eux, à qui les affiches annonçant la remise du service ne convenaient pas, les ont arrachées, et ont tenu des propos très-répréhensibles; plusieurs ont été

arrêtés.

Les autres se sont réunis au nombre de deux à trois mille sur les bou

levards de Bonne-Nouvelle, et se sont dirigés vers le cimetière du P. Lachaise. L'autorité avait placé des gendarmes à l'issue de chaque barrière, et, quand ces jeunes gens se sont présentes, des magistrats les ont invités à se retirer. Ils ont obéi sur-le-champ. Il n'y a eu aucune espèce de trouble ni d'insubordination.

4. Charité-sur-Loire. ( Nièvre ). Meurtre par démence. — La maison de refuge et de correction établie dans cette ville a été, hier, le théâtre d'un événement tragique.

Le sieur Mangue, pharmacien à Sancerre, et le sieur Léonard Poussereau, manœuvre à Lucry-le-Bourg, avaient été placés dans cette maison comme atteints d'aliénation mentale.

Entre autres manies, le sieur Mangue ne cessait de manifester le plus absolu dégoût de l'existence; il proposait même à tous les nouveaux venus de le tuer.

Jusqu'au 15 de ce mois, aucun n'avait répondu à ce vœu coupable; malheureusement le sieur Poussereau, qui n'avait été admis que le 14 mai, et qui est atteint de la démence la plus fortement caractérisée, ayant recu la même proposition, répondit: Très-volontiers.

Tout aussitôt les deux fous prennent un escalier qui descend à la cuisine; ils rencontrent un chevalet qui leur parait très-commode pour l'execution de leur projet; le sieur Mangue s'arrête, quitte froidement sa rédingotte et sa cravatte, arrange sa chemise, et pose sa tête sur le chevalet. Restait à se procurer un instrument le sieur Mangue indique le couperet de la cuisine; Poussereau se hâte de l'aller chercher; il revient; trouve Mangue dans la même attitude, et le décolle d'un seul coup, sans que qui que ce soit ait vu les préparatifs ni entendu les suites de cette horrible exécution.

L'événement une fois découvert par les gens de la maison, M. le juge de paix est prévenu, et s'y transporte. Poussereau, reconnu par les traces du sang qui couvrait ses habits, est interrogé, et déclare, sans la plus legère émotion, qu'il a cédé aux instances réitérées du sieur Mangue; que

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