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te espèce d'attaque publique ou privée contre ses dogmes ou ses principes sera punie avec une sévérité proportionnée au scandale qu'elle aura occasionné. Les autres cultes chrétiens sont tolérés, mais nul ne peut exercer de fonctions publiques s'il ne professe la religion de l'Etat (§ I). Le suprême pouvoir dirigeant des départemens libres du Pérou réside dans la personne du protecteur. «Il émane de l'empire de la nécessité, de la force de la raison, de l'exigence des intérêts publics.» Le protecteur du Pérou est généralissime des forces de terre et de mer, et son principal devoir étant de donner la liberté à toutes les villes qui font partie du territoire de l'Etat, il peut augmenter ou diminuer la force armée comme il le juge convenable. Il a le pouvoir d'imposer des contributions, d'établir des taxes, de contracter des emprunts, de conclure les traités, de déclarer la guerre, avec l'avis de son conseil d'Etat...., etc.... ll a le titre d'Excellence, qui ne sera donné à aucun autre individu ( § II ). Les ministres d'Etat sont les chefs de leurs départemens : leurs ordres sont donnés au nom du protecteur (§ III). — Il y a un conseil d'Etat composé des trois ministres et de neuf autres dignitaires (nommés par le protecteur (SIV) et une haute chambre de justice ( § VII). — D'autres dispositions concernent la liberté, la sûreté des citoyens, la liberté de la presse sous des restrictions qui seront définies : la naturalisation des individus qui se sont déclarés pour l'indépendance, et la reconnaissance des dettes du gouvernement espagnol, à l'exception de celles qui auraient été contractées pour maintenir l'esclavage du Pérou, ou combattre l'indépendance de l'Amérique..... (SS VIII, IX, X ).—Le présent statut restera en vigueur jusqu'à ce que l'indépendance soit déclarée dans toute l'étendue du Pérou, lequel cas arrivant, il sera convoqué un congrès général pour l'établissement de la constitution et de la forme de gouvernement qui sera jugée convenir à l'Etat.

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En attendant cette constitution, on voit que le protecteur s'était fait une puissance qui ne le cède en rien à celle des monarques absolus, et fort supérieure au pouvoir consulaire qui mena la France au despotisme impérial.

De jour en jour l'exercice du pouvoir éloignait Saint-Martin des liens qui l'attachaient aux gouvernemens de Buenos-Ayres et du Chili déjà fort dépopularisé parmi les naturels du pays, il avait permis à ses soldats des excès qui les rendaient odieux, et qui forcèrent l'archevêque et un grand nombre de notables citoyens à quitter Lima. La mésintelligence se manifestait entre Tui et ses généraux. Néanmoins, sur la fin de décembre, après avoir fait une levée considérable en hommes et en argent, il préparait une expédition pour attaquer l'armée espagnole qui occupait le haut Pérou, et dont les divisions répandues dans les provinces de Xauja, de Cusco, où le vice-roi La Serna avait porté le siége du gouvernement, composaient encore un total de 10 à 12,000 hommes, qui menaçaient à la fois Lima et le Chili.

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BUENOS-AYRES,

La nouvelle de la prise de Lima, annoncée à Santiago comme le terme de la lutte avec l'Espagne, y avait été reçue avec des transports de joie et célébrée par des réjouissances publiques qui durèrent plusieurs jours. Mais les divisions qui s'élevèrent entre lord Cochrane et Saint Martin y jetèrent ensuite le gouvernement dans quelqu'embarras. D'ailleurs le directeur O'higgins, triomphant de la faction des Carrera, jouissait de sa victoire et de son autorité avec modération; il respectait les principes de la liberté et de l'égalité, et son gouvernement, quoique provisoire, inspirait de la confiance.

A Buenos-Ayres, travaillée si long-temps par des factions, on venait de terminer la guerre des Monténéros. On se rappelle les causes de cette guerre suscitée entre les provinces de l'EntreRios et celle de Buenos-Ayres par l'ambition de leurs chefs, la divergence de leurs vues sur le gouvernement fédéral, et surtout relativement à l'occupation de Montévideo par les Portugais, avec qui Buenos-Ayres voulait rester en paix, tandis que les chefs de l'Entre-Rios, Artigas, et ensuite Ramirez, ne voulaient pas d'autre accommodement avec eux que leur expulsion complète du pays.

Dans les premiers mois de l'année, Ramirez menaçait BuenosAyres; mais après quelques actions peu décisives, au mois de juillet, il fut battu, et perdit la vie dans le combat qui termina la guerre. Sa tête fut envoyée à Buenos-Ayres, pour ne laisser aux habitans de cette ville aucun doute sur la mort d'un homme qui les avait tenus long-temps dans la terreur.

Trois semaines après la défaite et la dispersion des Monténéros, il arriva à Buenos-Ayres des commissaires envoyés par les autorités d'Entre-Rios, afin de négocier un traité de paix définitif, et convenir, de concert avec les autres provinces de l'ancienne viceroyauté, des bases d'une confédération républicaine entre toates les provinces, à l'exception de celle de Montévideo, qu'on laisserait maîtresse de décider son sort, et dont la confédération ne s'occuperait que dans le cas où elle demanderait à en faire partie. (On a vu, pag. 50s, que dans ce temps-là même, une assemblée convoquée par le général Le Cor demandait l'incorporation de Montévideo au Brésil.)

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Sur ces propositions, le directeur Rodriguez répondit, après s'être consulté avec la junte de gouvernement, que la première constitution fédérale, qui avait établi la république des provincesunies de la Plata, devait être provisoirement regardée comme la règle des nouvelles relations entre elles; et il fut convenu qu'elles nommeraient incessamment des députés pour former un congrès qui s'assemblerait à Cordoue, serait chargé de revoir l'ancienne constitution, et, en conservant le caractère fédéral, y ferait les modifications jugées nécessaires, avant de la soumettre à l'acceptation des provinces.

A la suite de cette victoire et de cette pacification, tout sembla prospérer au gouvernement de Buenos-Ayres. Son armée rouvrit, avec des villes importantes, des communications qui n'existaient plus depuis quinze à dix-huit mois. Salta et Tucuman adhérèrent à la confédération : le dernier des Carrera, proscrits par la faction d'O'higgins au Chili, et qui s'était depuis allié à Ramirez, fut défait (24 août) du côté de Mendoza, et l'indépendance des provinces de Rio de la Plata, officiellement recounue par un en

voyé du Portugal (don J. Manuel do Figueiredo), parut plus solidement établie que jamais. Le gouvernement de Buenos-Ayres avait donné les ordres les plus sévères pour faire cesser les pirateries qui se commettaient sous son pavillon: il commençait à payer ses dettes en espèces; il exerçait une influence salutaire sur ses confédérés; mais il restait deux grandes questions à décider : le sort de Montévideo et la Constitution fédérale à délibérer au congrès de Cordoue.

C'est à regret que nous nous bornons à cette esquisse. Les événemens que nous venons de parcourir sont moins importans par la force numérique des parties belligérantes que par l'étendue et la richesse du pays dont ils ont déjà changé l'aspect, et peutêtre sont-ils plus graves à considérer dans leurs conséquences que toutes les agitations et les querelles de l'Europe.

Un grand spectacle va s'offrir à nos regards; un monde nouveau sort de la création, enveloppé de nuages. Le soleil de l'indépendance vient de se lever sur toute l'Amérique mais dissipera-t-il les vapeurs anarchiques qu'exhale long-temps la terre livrée aux révolutions? Le temps nous l'apprendra.

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DOCUMENS HISTORIQUES.

PREMIÈRE PARTIE.

DISCOURS prononcé par LE ROI, à l'ouverture de la session de 1820, au Louvre, le 19 décembre 1820.

MESSIEURS,

Parvenus au terme d'une année marquée d'abord par les plus douloureux événemens, mais si féconde depuis en consolations et en espérances, nous devons, avant tout, rendre grâce à la divine Providence de ses nouveaux bienfaits.

Le deuil était dans ma maison; un fils a été accordé à mes ardentes prières: la France, après avoir mêle ses larmes aux miennes, a partagé ma joie et ma reconnaissance avec des transports que j'ai vivement ressentis. Le Tout-Puissant n'a pas borné là sa protection: nous lui devons la continuation de la paix, cette source de toutes les propérités. Le temps n'a fait que resserrer l'Alliance dont la France fait partie. Cette alliance, en même temps qu'elle écarte les causes de guerre, doit rassurer contre les dangers auxquels l'ordre social ou l'équilibre politique pourraient encore être exposés.

Ces dangers s'éloignent chaque jour de nous. Toutefois je ne tairai pas, dans cette communication solennelle avec mon peuple, les faits graves qui, durant le cours de l'année, ont affligé mon cœur heureux cependant de pouvoir dire que, si l'Etat et ma famille ont été menacés par un complot trop voisin des désordres qui l'avaient précédé, il a été manifeste que la nation française, fidèle à son roi, s'indigne à la seule pensée de se voir arracher à son sceptre paternel, et de de

venir le jouet d'un reste d'esprit perturbateur qu'elle a hautement détesté.

Aussi cet esprit n'a t-il point arrêté le mouvement qui reporte la France aux jours de sa prospérité. A l'intérieur, des succes toujours croissans ont couronné les efforts de cette acti

vité laborieuse qui s'applique également à l'agriculture, aux arts et à l'industrie.

L'amélioration des revenus de l'Etat, les économies que j'ai prescrites, et la solidité éprouvée du crédit permettent de vous proposer dans cette session même une nouvelle diminution des impôts que supportent directement les contribuables. Cet allégement sera d'autant plus efficace, qu'il produira une répartition plus égale des charges publiques.

De tels succès me rendent plus chers les devoirs que la royauté m'impose.

Perfectionner le mouvement des grands corps politiques créés par la charte, mettre les différentes parties de l'administration en harmonie avec cette loi fondamentale, inspirer une confiance générale dans la stabilité du trône et dans l'inflexibilité des lois qui protégent les intérêts de tous, tel est le but de mes efforts. Pour l'atteindre, deux conditions sont nécessaires, le temps et le repos. Nous ne devons pas demander à des institutions naissantes ce qu'on ne peut altendre que de leur entier développement et des mœurs qu'elles sont des

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