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témoignait encore l'espérance de la conservation de la paix, de la neutralité qu'il entendait garder envers toutes les nations. Que si la position géographique des Etats pontificaux y rendait le pasdes troupes étrangères indispensable, « S. S. aimait à croire qu'elles ne mettraient aucun obstacle à l'exercice des autorités ecclésiastiques, civiles et militaires, qu'elles respecteraient scrupuleusement les personnes et les propriétés de ses sujets, et que la capitale du monde catholique serait du moins exempte de ce passage. » La même déclaration portait « qu'une conduite diverse des troupes étrangères donnerait au saint-père le droit de ne plus les envisager comme amies, de les empêcher par tous les • moyens qui sont en son pouvoir de passer par ses États, et d'avoir « recours à la protection des hautes puissances... -» Mais elle recommandait d'ailleurs aux autorités de surveiller les esprits turbulens qui chercheraient dans les événemens actuels l'occasion d'ourdir'des desseins coupables.

En effet, les troupes autrichiennes n'entrèrent pas à Rome, elles passèrent le 28 février et le 1er mars en dehors de la porte Flaminia pour se porter sur Tivoli, Frascati et Albano.

Les pressentimens annoncés dans le dernier paragraphe de la déclaration pontificale n'étaient que trop fondés, « Quoique dans ses actes officiels le gouvernement napolitain eût désa voué l'idée d'exciter ou mêine de favoriser l'insurrection de ses voisins, qu'il eût paru rejeter récemment, comme dans l'origine, les offres qu'avaient faites les autorités nouvelles de Bénévent de participer à la défense commune, les principes de la révolution napolitaine fermentaient dans toute l'Italie.

Le 15 février, une bande de trois à quatre cents réfugiés italiens, s'étant réunie à l'extrémité de l'Abruzze ultérieure, sur la rive droite du Tronto, entra à main armée sur le territoire pontifical, dans Ancarnano, où elle leva des contributions, arbora le drapeau des Carbonari, et proclama la constitution d'Espagne, répandit, au nom de l'union patriotique pour l'État romain, diverses proclamations par lesquelles elle appelait les sujets de S. S. « à se ranger sous les étendards de la liberté dans l'un des quatre

Annuaire hist. pour 1821.

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camps désignés par ladite union, à Pezzaro, Macerata, Spolète, Frosinone. Cette bande, ne trouvant d'abord aucune résistance, se porta d'Ancarnano sur Offida et jusqu'à Ripatranzone, où elle fut attaquée et dispersée par un petit corps petit corps de troupes que le délégué pontifical d'Ascoli avait rassemblées. Cette tentative dangereuse, qui pouvait être appuyée sur l'insurrection napolitaine, n'eut d'autre suite que la saisie des proclamations révolutionnaires, et de trois à quatre de ces malheureux insurgés, qui furent jetés dans les prisons d'Ascoli. Les autres parvinrent à regagner les Abruzzes, et le gouvernement pontifical publia cet événement comme une preuve du bon esprit de ses sujets.

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Le roi des Deux-Siciles était resté à Laybach pour y attendre l'effet de sa lettre du 28 janvier. S., M. répondit à la déclaration da gouvernement napolitain par une déclaration royale datée du 23 février, où, déplorant l'aveuglement des hommes qui exerçaient niomentanément le pouvoir à Naples, elle annonçait que, voulant répondre à la vaine et coupable imputation (qu'elle était en état de contrainte à Laybach), elle allait reprendre la route de ses États pour faire juger de ses royaux et paternels sentimens ; en attendant, elle ordonnait à ses sujets, à ses armées de terre et de mer, de considérer et accueillir l'armée qui s'avançait vers Naples << en amie, comme une force qui n'agit que pour le véritable inté «rêt du royaume, et qui, loin d'être envoyée pour les soumettre « et les châtier par une guerre inutile, était au contraire auto« risée à se réunir aux armées napolitaines pour assurer la tranquillité et pour protéger les vrais amis du bien et de la patrie, qui sont les fidèles sujets de leur roi. »

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A la suite de cette déclaration, et après avoir nommé le lieutenant-général D. Ricardo Church, comme chargé de ses pouvoirs près l'armée destinée à rétablir l'ordre dans le royaume des DeuxSiciles, le roi de Naples quitta les souverains réunis à Laybach, et reprit en effet la route de ses États par Florence et Rome, suivi d'un nouveau corps diplomatique où il faut distinguer MM. le comte Pozzo di Borgo et le duc de Blacas, qui, pour cette circonstance, avaient été nommés ambassadeurs de Russie et de France près S. M. silicienne.

Le 27 février, M. le général en chef baron de Frimont, arrivé à Foligno, à quelques lieues des frontières napolitaines, y publia une proclamation pour inviter les Napolitains à se rendre à la voix paternelle de leur roi, protestant qu'en franchissant les limites du royaume, aucune intention hostile ne guidait les pas de l'armée autrichienne, qu'elle observerait la plus stricte discipline, et qu'elle ne traiterait en ennemis que ceux qui s'opposeraient à sa marche; qu'il ne serait levé aucune contribution de guerre, n'est sur les provinces et sur les lieux qui se comporteraient contre la volonté de leur roi, contre leur propre intérêt, et que ces contributions seraient employées à indemniser les provinces tranquilles.

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D'après le plan de campagne arrêté à Naples dans un conseil militaire, il avait été convenu de diviser l'armée en deux grands corps destinés, soit à envahir le territoire étranger, soit à défendre le territoire napolitain par une ligne de défense non interrompue de Fundi, dans la terre de Labour, jusqu'à l'embouchure du Tronto, à l'extrémité des Abruzzes ultérieures. Le premier de ces corps, ayant sa position principale à San-Germano, devait garder la route de Naples à Rome, coupée en divers endroits de manière à la rendre impraticable; il s'appuyait à gauche sur Gaëte, dont la garnison était forte de quatre à cinq mille hommes sous le général Bégani, et à droite sur les Apennins.. Ce corps était composé de soixante-dix bataillons de troupes de ligne ou milices, de trente escadrons de cavalerie, et d'une artillerie proportionnée; le prince régent en avait confié le commandement au général Carascosa, ayant sous ses ordres les généraux Ambrosio, Arcovito, Filangieri, le duc de Rocca-Romana, commandant la cavalerie, Pedrinelli, l'artillerie, et pour major-général le général Florestan Pépé. Là se trouvaient les meilleurs régimens, la garde royale, l'élite et la force réelle de l'armée... Il est probable qu'on avait calculé que les Autrichiens dirigeraient leur marche par la route la plus courte et la plus facile.

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L'autre corps, chargé de la défense des Abruzzes, et confié au général Guillaume Pépé, ayant sous ses ordres les généraux Va

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letti, Verdinosi, Russo, etc., ne se composait d'abord que de quarante bataillons, de quelques escadrons, et de peu d'artillerie légère. Il avait à défendre un pays coupé de torrens et de montagnes, des positions fortes par la nature... On y avait envoyé l'escadron sacré de Monteforte, et les trois cents Bruttiens, et d'autres corps volontaires qui s'étaient offerts avec tant de zèle. Quatre-vingts bataillons de milice étaient encore en route pour se rendre, de leurs provinces, aux deux corps d'armée. On ne leur en laissa pas le temps.

Tout en arrivant à son quartier-général d'Aquila ( 20 février), Guillaume Pépé résolut de prendre l'offensive, et, sans doute dans l'espérance de soulever la population des Etats romains, se porta par une marche rapide sur Riéti, qu'il occupa :-il poussa jusqu'à Terni, et menaçait même le pont d'Otricoli, lorsqu'un corps de 2,500 hommes de cavalerie autrichienne, venu à marches forcées de Viterbe, occupa le pont et poursuivit les Napolitains, qui abandonnèrent Terni et même la belle position de Riéti sans coup férir.

Alors se développa le plan du général autrichien, et toutes ses divisions s'avancerent; la gauche commandée par le comte Walmoden, venue d'Ancône, la droite, arrivée à Otricoli, sous le baron de Stutterheim, formant autour des Abruzzes une ligne dont le point central était, le 24 février, au quartier-général de Foligno.

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Plusieurs jours se passèrent pendant lesquels on répandait dans les bataillons napolitains les proclamations de leur monarque et du général Frimont, auxquelles le général Pépé répondait par des adresses aux Autrichiens, pour les détourner « d'une guerre entreprise contre l'indépendance et la liberté des peuples. Celles-ci ne produisirent aucun effet; les autres ébranlèrent la constance et le zèle des milices napolitaines, déjà découragées par le dénûment de munitions, de vivres et de vêtemens contre la rigueur du froid : quelques bataillons commençaient à se débander. Dans cette extrémité, le général Pépé, qui demandait inutilement du secours au général Carascosa, voyant qu'une plus lon

gne inaction ruinerait son armée; que les Autrichiens, filant sur les derrières, allaient l'attaquer par la route de Leonessa, résolut lui-même, pour relever le courage des siens, de prendre l'initiative.

En conséquence, ayant concentré la plus grande partie de ses forces entre Aquila et Civita-Ducale, tandis qu'il faisait faire par trois bataillons, sortis de Leonessa, une attaque auprès de Pié-deLugo, sur le colonel Schneider, qui la repoussa vigoureusement, il se porta de sa personne, avec un corps de dix mille hommes (5,000 de ligne et 7,000 légionaires), dans le dessein de surprendre à Riéti l'avant-garde de l'armée autrichienne, commandée par le major-général Geppert. Il était près de midi lorsque les deux partis furent en présence. Une fusillade très-vive s'engagea. Les troupes de ligne napolitaines la soutinrent avec vigueur, les tirailleurs même eurent avec les hussards autrichiens un engagement où ils leur tuèrent plusieurs hommes. Mais sur le soir, le général Walmoden ayant mis en mouvement sa réserve, qui était placée en arrière de Riéti, sur la droite des napolitains, leur première ligne, formée de troupes régulières, fut forcée de se retirer, culbutée sur les légionnaires, où la peur, la confusion et le plus grand désordre se mirent incontinent, malgré la bravoure personnelle et les efforts du général Pépé pour les retenir et ensuite pour les rallier. Ce fut moins une retraite qu'une déroute. Soldats et généraux, tout se sauva pêle-mêle dans les montagnes; et les Autrichiens, poursuivant les fuyards, entrèrent le même jour à dix heures du soir dans Civita-Ducale, sans avoir perdu qu'une soixantaine d'hommes dans cette journée qui décida du sort de Naples et de la révolution napolitaine.

Le lendemain, le centre de l'armée autrichienne, sous les ordres du lieutenant-général de Mohr, se dirigea sur Aquila, tandis que sur la gauche la division Walmoden devait prendre à revers les gorges de Borghetto et d'Antrodoco. Ces mouvemens s'exécutèrent dans la journée da 9 avec rapidité.

Les Napolitains, délogés d'une bonne position sur le Velino, ne fentèrent pas de se défendre dans Borghetto. Ils se jetèrent dans les montagnes voisines aux environs d'Antrodoco. L'avant-garde

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