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après (11 janvier) le ministre des finances vint faire un rapport où il exposait que, dans l'année qui venait de s'écouler, les dépenses s'étaient accrues de .....

et que les recettes avaient diminué de

d'où il résultait un déficit de .....

....

sur lequel on ne pouvait espérer se couvrir que de

4,084,000

2,916,000

7,000,000

150,000

au moyen de l'emprunt de Paris, dont les conditions étaient dures et le recouvrement difficile.

Quant à la situation militaire, M. Morici annonçait au parlement (2 janvier) que l'armée de ligne dépassait en effectif le nombre annoncé par l'ex-ministre Carascosa; qu'elle était de plus de 54,000 hommes ; que les places étaient suffisamment approvisionnées de vivres et de munitions de guerre, les fortifications terminées, et le royaume entier en bon état de défense. Les vendette, ou loges carbonariennes et la salle du parlement retentissaient de discours patriotiques, d'offrandes d'hommes et d'argent, et cependant on se plaignait du despotisme, du mécontentement qui se manifestaient dans plusieurs corps de l'armée, surtout dans les régimens de la garde royale. On attribuait ce mécontentement aux préférences et prérogatives accordées à la garde nationale, qui jouissait du droit de nommer ses officiers, de n'être punie que par la censure, de prendre le pas en toute occasion sur les troupes de ligne, et de fournir exclusivement les commandans de places. préférences qui choquaient l'armée sans exciter de beaucoup l'empressement de la milice nationale à se porter sur les fron

tières.

La Sicile était encore un peu agitée de ses premiers mouvemens et du désir d'avoir son indépendance, sa législation, son existence politique particulière, et toujours mécontente de n'avoir plus d'après la constitution hispano-na politaine, ni sa cour des comp

ni sa cour suprême de justice. On y avait pourtant supprimé les cours martiales.

A Naples même, sous les yeux du parlement et des loges carbonariennes, il se manifestait des divisions déjà très-prononcées. Le 5 janvier, un particulier dénonça l'archevêque de Naples ( car

dinal Ruffo), comme ayant, dans ses sermons publics, blâmé les actes du parlement, attaqué son autorité, cherché à soulever les citoyens les uns contre les autres, et à détruire la constitution par la guerre civile. Cette dénonciation fut accueillie par le parlement, qui dénonça par la même occasion au prince-régent les évêques d'Aversa, de Termoli et de la Cava, comme parlant avec mépris de la révolution. De son côté, le ministre de grâce et de justice se plaignait des machinations ourdies contre la sûreté publique, et des suggestions criminelles pratiquées dans les corps militaires pour y former des associations, affaires dont le jugement fut pourtant laissé aux tribunaux ordinaires. Enfin une foule d'officiers de l'armée donnaient leur démission, à l'exemple du général Filangieri, sous divers prétextes, par une raison commune dont l'effet se fit voir bientôt plus clairement; démissions que le prince-régent refusa en masse par un ordre du jour spécial du 12 janvier.

Mais dans ces embarras politiques et financiers, le parlement poursuivait, comme au sein d'une paix profonde, le cours de ses délibérations et de ses réformes. Il avait aboli, à la fin de l'année dernière, la féodalité en Sicile; il décréta, au commencement de celle-ci, l'abolition des majorats dans tout le royaume, et les redevances qu'on payait aux manses épiscopales, soit en argent, soit en nature, et la suppression des jeux de hasard; mesures qui reçurent sans difficulté la sanction du prince-régent.

S. A. R. avait fait quelques observations à l'égard des modifica tions proposées par le parlement à la constitution; mais, comme on l'a dit, ces modifications peu importantes ne portaient que sur la tolérance et l'exercice privé des religions autres que la catholique, sur des points d'intérêt local, administratif ou secondaire. D'après un nouveau rapport, le parlement déclara qu'il ne pouvait revenir sur les déterminations prises, et le prince-régent y donna sa sanction le 29 janvier « comme une preuve éclatante du désir qu'il << avait de voir, sans nouveau retard, en pleine vigueur la cons«titution qui doit assurer le bonheur commun. » Elle fut proclamée dès le lendemain (30), et la journée se passa dans les réjouissances. On n'avait reçu de Laybach qu'une lettre du roi

(du 13 janvier), où S. M. se louait beaucoup des intentions des deux empereurs, sans parler de leurs dispositions sur les affaires de Naples.

Le 31 janvier, le prince-régent fit la clôture de la session par un discours où l'on doit remarquer les éloges que S. A. R. donne aux travaux et à la modération de l'assemblée, et surtout les raisons qui doivent retenir les députés à Naples. Elles n'étaient que trop bien fondées.

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Il arriva le 7 février un courrier apportant la lettre du roi, du 28 janvier, au prince-régent, qui la fit communiquer à l'instant à la députation permanente du parlement. Dès le lendemain on publia que toute espérance d'un accommodement pacifique avec Laybach était perdue, et qu'un message royal adressé de cette ville au prince-régent déclarait, dans les termes les plus positifs, que les monarques alliés avaient pris la résolution irrévocable de ne pas reconnaître la nouvelle constitution napolitaine. L'effet de cette publication fat terrible. Il parut en même temps divers décrets relatifs à l'organisation ou plutôt à la mise en campagne de l'armée. L'un mettait à la disposition du ministre de la guerre 50,400 hommes de la garde nationale, sous le nom de miliciens provinciaux et de légionnaires; un autre mettait en activité la réserve des vieux soldats, avec des avantages proportionnés à leurs services; un troisième réglait le mode à suivre pour le jugement des délits militaires en temps de guerre...

D'autres courriers étaient arrivés de Laybach aux ministres des puissances alliées et médiatrices. On connaît les dépêches dont ils étaient porteurs pour MM. de Stackelberg, de Ramdhor et de Mens, envoyés de Russie, de Prusse et d'Autriche (Voyez Annuaire pour 1820, p. 692-697). A la réception de ces dépêches, ils demandèrent au prince-régent une audience particulière, à laquelle ils furent admis le 9 en présence du ministre des affaires étrangères ad interim, le commandeur Pignatelli, qui en rendit compte Is 18 février à la députation permanente, en ces termes :

⚫ Dans la journée du 9 courant, les envoyés de Russie et de Prusse, avec le chargé d'affaires d'Autriche, ont obtenu de S. A. R. l'audience qu'ils lui avaient

demandée. Par ordre du prince, je m'y suis trouvé présent, et voici ce qui s'y est passé :

⚫ Ces agens étrangers ont présenté les instructions que chacun d'eux avait reçues de sa cour, et contenant des résolutions prises dans le congrès de Laybach, relativement au royaume des Deux-Siciles.

Ils y ont ajouté la déclaration que l'armée autrichienne en Italie avait reçu l'ordre de se mettre en marche, et qu'elle s'avançait, ou pour occuper le royaume amicalement, ou pour y pénétrer par la force.

«Ils ont ajouté qu'en cas de guerre, les Russes marcheraient derrière les Autrichiens, si ceux-ci étaient repoussés.

« On a supposé le cas où le parlement voudrait consulter le vœu de la nation; ils ont fait observer que cela n'arrêterait pas les troupes, qui devaient toujours marcher, soit comme amies, soit comme ennemies. Finalement, ils ont conclu en disant que les puissances alliées se confiaient à la prudence et aux talens de S. A. R., pour ramener la nation à l'ordre de choses désiré.

Le prince régent a répondu qu'il remerciait les puissances alliées de l'estime qu'elles voulaient bien lui porter, mais qu'il ne pouvait voir avec indifférence qu'elles le destinassent à être l'instrument destructif de notre système constitutionnel.

«Que constamment fidèle aux sermens qu'il a prétés, et décidé à ne point se séparer de la nation, il lui ferait tout connaitre sans réserve, afin qu'elle pût décider elle-même de ses intérêts;

Qu'il ne se dissimulait pas toute les graves conséquences qui pouvaient dériver de l'état actuel des choses, mais qu'il suivrait le sort de la nation, plutôt que de tergiverser dans la route entreprise, et de varier dans ses résolutions;

⚫ Que comme fils, comme père et comme chef de la nation, il avait trois devoirs à remplir; mais que s'il déviait de la ligne de conduite qu'il était déterminé à suivre, il perdrait non-seulement tout droit à l'estime de la nation, mais même à celle des puissances étrangères. Ces diplomates ont répondu qu'il était bien douloureux que, dans le cas actuel, le pouvoir exécutif se montrat passif, et qu'il n'eût pas la force suffisante pour se mettre au niveau des circonstance. S. A. R. a répliqué que, quand même elle aurait toute la puissance qu'ils supposaient nécessaire, elle ne l'emploierait jamais contre la nation, mais plutôt en sa faveur et pour son soutien.

« Le régent a terminé en déclarant qu'il ne pouvait manquer à ses sermens, ni changer sa résolution de faire tout connaitre loyalement à la nation, afia qu'elle pût apprécier ses véritables intentions.

« Qu'enfin il se tiendrait toujours uni à elle, d'autant plus que, depuis sept mois que le changement politique avait eu lieu (et les étrangers eux-mêmes doivent lui rendre cette justice), elle avait agi avec la plus grande modération et le plus grand respect envers la famille royale. »

Dans une autre audience accordée le même jour, le chargé d'affaires de France, M. le chevalier de Fontenay, déclara verbalement au prince que les ministres plénipotentiaires du roi son maître à Laybach lui avaient fait connaître qu'ils avaient adhéré

aux instructions communes envoyées aux ministres d'Autriche, de Prusse et de Russie, dans l'espérance de pouvoir éloigner les périls qui menaçaient la nation napolitaine; et il ajouta qu'il lui avait été prescrit d'unir ses démarches à celles des mêmes ministres, toutes les fois qu'elles tendraient à aplanir les voies de conciliation en faveur du roi et du royaume de Naples, et d'épargner à ce pays les maux inévitables qu'entraîneraient la guerre et une résistance inutile.

A la suite de ces audiences, il fut décidé en conseil des ministres qu'on donnerait communication au parlement, assemblé extraordinairement, des dépêches officielles des puissances alliées, et S.A. R. fit au roi son père une réponse dans laquelle il était dit que la lettre du 28 janvier ne pouvait être émanée de sa libre volonté,

que, dans tous les cas, S. A. R. était décidée « à partager les dangers et les destinées de la nation, à exposer sa propre vie, et, ce qui lui était encore plus cher, celle de sa famille, pour défendre les droits, l'indépendance et l'honneur de la nation.»

Il ne fallait pas moins que ces protestations pour calmer l'effervescence des esprits dominés par la terreur d'une invasion étrangère. Les ministres de Russie, d'Autriche et de Prusse ne tardèrent pas à quitter Naples, où leur présence irritait les Carbonari. Les chargés d'affaires d'Angleterre et de France même n'y étaient vus qu'avec méfiance. La présence des escadres de leurs nations, en croisière dans la baie de Naples (1), excitait des inquiétudes telles, que le ministre Pignatelli crut devoir leur demander des explications positives à cet égard. Ils y répondirent tous deux à peu près dans les mêmes termes, que ces escadres, destinées à garantir la sûreté des personnes et des sujets britanniques ou français, se borneraient à remplir les devoirs pacifiques qui leur étaient prescrits; « autant toutefois, dit le chargé d'affaires de France, que la sécurité et la dignité de la famille royale

(1) L'escadre française était forte de dix bâtimens de guerre de toute grandeur. L'escadre anglaise de huit bâtimens de quarante-deux à quatrevingts canons.

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