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ment était réservé par les religieux de Notre-Dame-du-Charnier, lorsqu'ils cédèrent la moitié de la seigneurie de Dixmont à Philippe-Auguste en 1187 (1). De chaque côté, les pieds-droits sont formés de trois colonnes en retrait l'une sur l'autre et couronnées de chapiteaux à crosses on sent que ce travail a été fait à la fin du douzième siècle. Le dessus de la porte est un tympan complètement nu, enveloppé par un arc plein-cintre formé de trois boudins d'un vigoureux reiief, qui retombent sur les chapiteaux des colonnes. Si le bascôté sur lequel cette porte donnait accès, était jadis de même style, il devait contribuer à un ensemble très beau dans sa simplicité.

Treizième siècle. La porte du collatéral sud, murée également, est du treizième siècle; si elle était ornée de moulures et de sculptures, celles-ci ont complètement disparu, noyées dans la maçonnerie qui ferme cette porte.

Entre les deux et répondant à la nef principale, s'élève en avancement la haute tour carrée du clocher; elle est flanquée de robustes contreforts d'appareil moyen. Jadis, elle était ajourée de longues baies géminées à lancettes et à chanfreins; malheureusement ces ouvertures ont été démunies de leurs abat-vent, puis aveuglées, ce qui donne au monument un aspect lourd et massif. Une corniche et probablement une balustrade devaient couronner cette partie de l'édifice il n'en reste rien; peut-être même cette tour ne fut-elle jamais achevée. A une époque relativement moderne, on l'a terminée par une œuvre de charpenterie peu élancée, couverte en ardoises, et dans laquelle sont abritées les cloches.

Au pied de la tour s'ouvre le portail principal de l'église, de la fin du treizième siècle. Malgré les mutilations qu'il a subies, il demeure certainement un délicieux morceau de sculpture. De chaque côté, entre deux fines colonnettes, se trouve une statue très bien traitée, haute de 1 m. 30, et placée sous un dais à pinacle la statue de droite (par rapport au spectateur) représente la sainte Vierge; celle de gauche l'ange Gabriel, tenant un phylactère sur lequel sont écrits ces mots en onciale gothique Ave. Maria. gracia. plena. Sur le tympan qui surmonte cette porte, on a figuré le Couronnement de la sainte Vierge, sujet demi-nature le Christ assis pose sur le front de sa Mère également assise, une couronne que soutient une main sortant d'un nuage; de chaque côté, deux anges sont

(1) Pièces justificatives, n° 2.

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Ces deux statues sont de chaque côté du grand portail de l'église de Dixmont.

agenouillés. Ce charmant tableau, fort bien exécuté, est encadré dans une ogive dont la voussure est remplie par un cor

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Portail principal de l'église ._

(Fin du XIIIe siècle)

don d'anges, six de chaque côté, qui encensent, et portent des

parfums.

La grande nef est en partie aussi de cette même fin du treizième siècle; à la suite, et d'une époque peut-être un peu antérieure, se trouvent le chœur et l'abside droite, percée de cinq lancettes, trois au fond et une de chaque côté; celle du midi est aveuglée par les combles de la sacristie. Les quatre travées de la nef sont séparées par un faisceau de trois belles colonnes partant de fond et couronnées de chapiteaux à feuilles de chêne et à tailloir octogonal la première de ces colonnes, du côté nord, a été entaillée pour loger une statue de sainte Anne, en bois. La nef communique avec les bascôtés par quatre arcades ogives dont les archivoltes à bandeaux retombent sur un pilier carré qui n'est autre chose que le contrefort contrebutant la poussée des voûtes; seulement, pour masquer un peu le nu de ce contrefort, on a muni d'une bordure de feuillage remplaçant le chapiteau, le point de retombée des arcades.

Quatorzième siècle. Au-dessus de ces quatre ogives s'ouvrent de larges baies éclairant l'intérieur de l'église; elles sont divisées par un meneau et surmontées d'une rose à segments. Jusqu'à ces dernières années, ces fenêtres avaient conservé des restes de vitraux historiés du quatorzième siècle, tellement brisés, remaniés, que les scènes représentées étaient absolument méconnaissables (1).

Seizième siècle. Les voûtes de la grande nef ont été refaites au seizième siècle. Leurs arcs-doubleaux retombent sur les colonnes du treizième siècle qui n'ont pas été retouchées alors, pas plus que les fenêtres dont nous venons de parler; les nervures, comme les arcs-doubleaux, sont d'une facture régulière et portent tous les caractères du style ogival de cette époque. Il faut noter, comme étant bien aussi dans le goût d'alors, le pendentif finement sculpté qui est accroché à la clé de voûte de la quatrième travée. Ces voûtes ont été construites, et d'autres travaux exécutés en l'an 1500, comme le prouve le compte de la Fabrique, rendu en cette année par les marguilliers dont nous avons déjà rencontré les noms dans l'historique de notre maladrerie, Pierre Regnart et Germain Gomas, en présence de Pierre Pains, substitut du

(1) L'une de ces fenêtres, la quatrième au nord, était encadrée d'une bordure dans laquelle alternaient les fleurs de lis et les tours de Castille l'artiste de l'époque avait évidemment voulu transmettre à la postérité le souvenir de Blanche de Castille et de saint Louis, son fils, anciens seigneurs châtelains de Dixmont.

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