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l'intérêt qu'ils lui portent et auquel elle doit être si sensible. Je ne dois pas oublier la Société des Beaux-Arts et son digne Président, qui mettent à notre disposition, avec un si gracieux désintéressement, leur belle salle, sans laquelle nous ne pourrions recevoir nos invités avec les égards et les honneurs qui leur sont dus. Notre gratitude est bien acquise aussi à MM. le Président et le Secrétaire du cérémonial, si bien secondés par notre zélé Trésorier et tous les Commissaires qui leur prêtent leur concours.

Dans le courant de l'année académique qui vient de s'écouler, notre Compagnie a été reconnue d'utilité publique, titre qu'elle avait mérité depuis longtemps et qui est la consécration des services qu'elle a rendus. En témoignant envers M. le Ministre la reconnaissance qui lui est si bien due, pour la bonne grâce avec laquelle il a voulu accueillir et faire sanctionner notre requête par M. le Président de la République, permettez-moi, mes chers Collègues, de vous rappeler que ce titre impose à notre Compagnie le devoir de redoubler de zèle dans le travail, afin de justifier ainsi que son présent restera toujours digne de son passé. Le travail, vous le savez, ennoblit l'homme et lui procure mieux que quoi que ce soit les satisfactions du devoir accompli. Dans notre association pour le progrès des sciences, des lettres et des arts, chacun de nous doit se considérer comme solidaire de la prospérité de notre Compagnie, dont l'influence au dehors grandira toujours en raison des services qu'elle aura rendus. Que les travailleurs qui nous ont habitués aux jouissances procurées par l'audition des œuvres si recommandables qu'ils nous ont communiquées, continuent dans l'avenir à apporter à notre Société des éléments si précieux pour enrichir nos Annales. Mais leur exemple doit être un stimulant pour nous tous, surtout pour cette

jeune génération, que nous sommes si heureux d'admettre dans nos rangs, et qui nous apportera les aperçus nouveaux, résultant des nombreuses découvertes qui, chaque jour, sont la récompense des investigations de l'esprit humain.

Notre titre d'utilité publique nous a obligé à remanier notre règlement intérieur, dont quelques dispositions réclamaient des modifications conformes aux circonstances actuelles ou aux données de l'expérience. C'est après un examen approfondi d'une Commission spéciale et de votre Comité central, que vous avez sanctionné par vos votes le libellé du règlement qui nous régit.

L'honorable Président que vos suffrages ont appelé à me succéder est assez connu de vous tous, pour que je n'aie pas ici à faire son éloge: son dévouement à notre Compagnie, son expérience et sa propre autorité sont des titres qui lui appartiennent et qui nous sont un sûr garant que notre direction ne pouvait être placée en de meilleures mains.

ALLOCUTION DE M. BIOU

NOUVEAU PRÉSIDENT.

MESSIEURS,

Je n'avais point aspiré à l'honneur d'être nommé votre Président.

Je le redoutais plutôt, car j'en comprends les devoirs et je sens ma faiblesse.

Je sais combien il me sera difficile de succéder à ceux qui ont occupé avec tant d'autorité la place que je dois surtout à votre bienveillance.

Je n'ai donc point la prétention de les égaler par le mérite, mais j'ai la conscience de ne rester inférieur à aucun par le zèle et par la volonté.

J'ai suivi, depuis que vous m'avez accueilli parmi vous, avec attention, je dirai plus, avec sollicitude, le mouvement laborieux de votre Société.

Qu'on consulte ses Annales, on la voit recueillir avec empressement les progrès de la science, s'emparer des découvertes, s'en inspirer, les élucider et rechercher les moyens de les rendre pratiques.

Souvent même vos collègues, en produisant dans cette

enceinte le résultat de savantes investigations, ont signalé des points scientifiques jusqu'alors ignorés.

La littérature, l'histoire, les arts, ont été l'objet de vos préoccupations.

Des livres qui ont fait époque portent la signature de noms qui vous sont chers.

Je n'ai pas besoin de nommer les auteurs.

Beaucoup ne vivent plus que dans vos souvenirs accompagnés de regrets; pour d'autres, je n'ai qu'à lever les yeux pour les rencontrer dans vos rangs.

La Société a prouvé son énergie et sa vitalité.

C'est bien ! mais est-ce assez?

Ne serait-il pas possible que de l'effort commun, c'està-dire de l'association des facultés et des intelligences, sortît un travail collectif, d'une importance reconnue, qui portât l'empreinte de votre Académie.

Les sujets d'étude ne manquent pas.

Les idées neuves sont à l'état de germe partout: N'est-ce pas la mission des compagnies d'élite d'en activer la fécondation et le développement dans le sens du bon et de l'utile?

N'y aurait-il pas un glorieux monument à élever aux hommes qui, à Nantes et dans la Loire-Inférieure, se sont distingués, quelquefois illustrés, par leurs talents, par leurs services, par leurs écrits?

Un dictionnaire biographique résumant le XIXe siècle, comblerait déjà une lacune.

Le cercle, étroit d'abord, s'élargirait peu à peu.

Le difficile est de commencer.

Je fais appel à tous.

Notre terrain est neutre.

A l'inspiration jeune et ardente qui tend à créer, et à la pensée devenue plus calme par l'expérience mais restée

non moins soucieuse du progrès, la liberté est égale pour se manifester.

Insensés ceux-là, et il n'en existe pas ici, qui croiraient qu'après eux il n'y a rien à faire.

Il faut préparer l'avenir.

Ne négligeons donc point les occasions de nous ren

contrer.

Que nos séances deviennent de plus en plus actives et fréquentées !

N'oublions jamais que le travail a besoin d'encouragement et d'émulation.

Ainsi nous provoquerons des productions nées de l'initiative et de l'esprit de chacun; ainsi, peut-être arriverons-nous à obtenir le concours de membres résolus à entreprendre et à mener à fin quelque œuvre vraiment grande, capable d'honorer la Société et de lui assurer une place plus marquée dans l'opinion publique.

Je serais trop heureux si l'idée que j'émets pouvait être accueillic et recevait un commencement de réalisation.

J'aurais presque payé ma dette.

Quoiqu'il arrive je compte sur vous, Messieurs, pour m'aider à remplir la haute fonction que vous m'avez confiée.

Avec votre appui je réussirai.

Nantes, le 4 décembre 1878.

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