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transférée dans la rue qui porte encore son nom, quand les négociants de Nantes prirent le parti de reconstruire la salle de leurs réunions (1). Si nous en croyons Albert de Morlaix, la première église élevée à la Fosse de Nantes sous l'invocation de saint Julien, remonterait à l'évêque Didier, qui vivait de 387 à l'an 409, et s'y fit enterrer. Cette tradition ne va pas contre ce que j'ai dit au début de ce chapitre sur la renommée de saint Julien de Brioude; elle enlèverait seulement aux évêques venus de l'Auvergne le mérite d'avoir importé son culte dans le diocèse de Nantes.

(1) Carton de la Bourse. (Arch. municipales.)

CHAPITRE V.

AUMONERIES

de Saint-Nicolas.

La dévotion à saint Nicolas, évêque de Myre, mort en 324, est récente parmi les Occidentaux; elle ne s'est répandue chez nous qu'après la translation de ses reliques à Bari, près de Naples, vers 1087. Sa réputation de patron des navigateurs, bien antérieure à cette date, remonte au jour où des marins en péril furent ramenés sains et saufs au port par le secours de ses prières. Les traits de bienfaisance ne sont pas rares dans sa vie, mais celui-là seul suffit à expliquer les hommages innombrables dont ses statues furent entourées dans tous les ports, aussi bien sur les rivières que sur le bord de la mer. En s'embarquant pour la Palestine, nos croisés ne manquaient pas de l'invoquer, leurs lèvres répétaient son nom quand la tempête grondait, et à leur retour leur reconnaissance se manifestait par l'érection d'une chapelle sous son invocation. Les biographes de saint Nicolas le représentent aussi comme un saint compatissant et ils en donnent comme preuve les approvisionnements inespérés qui arrivèrent de Sicile à Myre dans un temps de famine. Il ne fallait pas d'autres raisons pour que les générations du Moyen-Age, si versées dans la

connaissance des grands modèles de l'humanité, fussent amenées à fonder des asiles charitables à côté de ses sanctuaires. Aux marins qui attendaient le vent favorable et aux affligés qui imploraient neuf jours le retour d'un navire trop lent à reparaître, elles voulaient offrir un abri hospitalier.

On croit que le siége primitif du bénéfice de saint Nicolas d'Arthon était sur la route de Princé de Bourgneuf, à l'endroit nommé la Chapellerie. Après la destruction des édifices, dont l'époque est antérieure à 1645, le service religieux fut transféré à l'église paroissiale et le titulaire continua de jouir de quelques pièces de terre estimées 400 livres en 1790 (1). La foire de la saint Nicolas était la plus renommée du pays.

La commune actuelle de Saint-Nicolas-de-Redon n'a pas un siècle d'existence, son centre s'est formé sur une partie du territoire d'Avessac, autour d'un prieuré desservi par les moines de Redon, en tête de la chaussée faite à travers les marais de la Vilaine. D'après Ogée, il est certain que la chapelle existait en 1137. Un arrêt du 25 juin 1677, émanant de la Chambre de réformation des hôpitaux, condamna les bénédictins de Redon à se désister de la possession de l'hôpital et aumônerie de Saint-Nicolas de Redon, au profit de l'ordre de Saint-Lazare (2). Cet acte est une preuve que l'établissement ne méritait plus le nom d'hôpital. Au Nord d'Avessac, le même prieur possédait le couvent de Penfaut, bâti, lui aussi, sur une chaussée qui conduit directement à Renac (3).

A Besné, les titres font mention, non-seulement d'un

(1) Estimations. (Arch. dép., Q.)

(2) Arch. nat., Z 7607.

(3) Terrier de 1680, vol. V, fo 509.

*

bénéfice doté de 178 livres de revenus, mais encore d'une confrérie sous le vocable de saint Nicolas (1). Le moulin du Temple pourrait servir d'indice à ceux qui voudraient rechercher l'emplacement de la chapelle.

Le siège de l'aumônerie de Saint-Nicolas de Bourgneuf est aussi à découvrir. J'incline à croire qu'il était près du port dans une maison dépendant du fief des Hospitaliers et non pas à l'Hôpitau, sur la grande route (2). Un acte d'estimation porte à 54 livres ce qui restait de revenus à ce bénéfice en 1790.

Cordemais avait autrefois son port et son aumônerie de Saint-Nicolas, comme Coueron et Robars de Bouée. C'est un souvenir vivant dans le pays, car la destruction de la chapelle ne remonte qu'à 1844. Le prieur de Saint-Nicolas du Port était un des mieux partagés de la contrée; il jouissait de droits d'ancrage, de quillage, de voilage, de péage et de pontonnage dont la concession remontait au XIIe siècle, du produit de la foire de Saint-Nicolas et de revenus fonciers qu'il n'affermait pas moins de 1,000 livres en 1785. On assure que l'eau de la fontaine voisine passait pour avoir la vertu de faire marcher les enfants en retard quand on leur en frottait les reins. Il n'y a pas longtemps qu'on y venait puiser pour obtenir ce succès (3).

De l'autre côté de la Loire, en face de Cordemais, dans la paroisse de Frossay, se voyait un autre port nommé le Migron, qui, lui aussi, avait sa chapelle Saint-Nicolas, dont les ruines ont été dispersées de notre temps.

(1) Estimations. (Arch. dép., Q.)

(2) Terrier de la réform. de 1680, vol. V, p. 88. dép., Q.)

(3) Dict. de Bretagne d'Ogée, nouvelle édition. paroisses. Arch. dép., série G. Voir aussi série Q.

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Estimations. (Arch.

Décimes du clergé et

Bien que la Loire ait une largeur considérable en cet endroit, il ne serait pas surprenant que ces deux ports aient été surtout destinés aux voyageurs qui passaient de Bretagne en Vendée. Nos aïeux préféraient, comme nous, la ligne droite à la ligne courbe, quand ils franchissaient de grands espaces (1).

Je passe sur l'autre rive pour vous signaler, à Donges, un bénéfice de saint Nicolas qui valait 280 livres de revenu (2). L'édifice a disparu depuis si longtemps qu'on ignore son emplacement.

Au bourg de Gorges sur la Sèvre, les titres du XVIe siècle signalent une maison dite des Pèlerins, dont les seigneurs de l'Oiselinière et de la Bâtardière se disputaient la possession. Sachant qu'il existait un chapelain de SaintNicolas, on est tout naturellement porté à supposer que cette habitation était l'aumônerie (3).

Je trouve encore une chapelle de Saint-Nicolas, près d'un autre cours d'eau l'Isac, au village de Passac, en la commune d'Hèric, non loin de la route de Blain à Nort (4).

L'aumônerie de Saint-Nicolas de Machecoul était dans la paroisse suburbaine de Sainte-Croix, près d'une des portes de la ville à laquelle elle donnait son nom. Son chapelain reçut, en 1284, du seigneur Girard Chabot, un legs de 40 sous de rente contre une quittance qui nous fournit le premier acte de son existence. Il faut passer ensuite au XVe siècle pour la retrouver expressément

(1) Pouillé des bénéfices du diocèse. (Bibl. de Nantes.)

(2) Titres de la paroisse (Arch. dép., G.) Livres de visites de 1573. (Ibid.)

(3) Titres du château de l'Oiselinière, notes de M. l'abbé Grégoire. (") Estimations des biens du clergé. (Arch. dép., Q.)

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