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Les titres signalent une aumônerie en Quilly avec des biens au village du Pont, sans indiquer le patron (1).

D'après une déclaration faite à l'assemblée du clergé en 1726, la chapelle Saint-Jacques du Bourg-Chevreuil en Riaillé, abandonnée pendant 19 ans par ses patrons, avait été dépouillée de ses archives et d'une partie de son temporel, de sorte qu'elle avait plus de charges que de revenus. Le bail passé par le titulaire comprenait, en 1726, la maison de la chapellenie au Bourg-Chevreuil avec un jardin, deux pièces de terre aux Lionnières et un pré, le tout affermé 36 livres (2). En dehors il restait au bailleur un journal de pré et un journal de terre valant 15 livres de rente. Les anciens lui avaient rapporté que la métairie voisine dépendait du même bénéfice, mais le défaut de titres l'empêchait de s'en assurer.

A Saint-Colombin, le village de Pont-James bâti sur les deux rives de la Logne, a pris son nom de l'aumônerie Saint-Jacques fondée près du pont, au lieu marqué par le moulin de la chapelle. Il est à présumer qu'elle dépendait de Geneston, puisque les moines de cette abbaye percevaient au Pont-James un droit de coutume sur toutes les marchandises (3). Le pré du Paradis dont jouissait le curé, en 1790 était le cimetière de l'hôpital.

Au village de Breca, en Saint-Lyphard, il y avait outrefois une chapelle dédiée à saint Jacques et à saint Philippe, près de laquelle se tenait une assemblée consi

(') Estimations. (Arch. départ. Q.) Son revenu est porté à 30 livres en 1790.

(2) Déclarations du Clergé. (Arch. départ., G.)

(3) Estimations. (Arch. départ., Q.) Terrier de la sénéch. de Nantes.

Aveu de l'abbé.

dérable le 1er mai et le 25 juin de chaque année. Les chanoines de Guérande en avaient la collation (1).

Saint-Jacques de Sucé, nommé Saint-Jacques de BrefChalan dans les anciens actes, appartenait au XIIIe siècle aux moines de Saint-Gildas (2). L'évêque en devint propriétaire par échange. Sa chapelle, convertie en cellier, se voit à la limite de Sucé et de Saint-Mars-du-Désert sur le grand chemin de Châteaubriant.

Au Nord du bourg des Touches, il y a une ancienne chapelle de Saint-Jacques, sur le bord du grand chemin de Joué (3). Une aumônerie n'était pas superflue dans cette contrée, puisque la première hôtellerie des Touches est de 1638.

La chapelle de Saint-Jacques bâtie au village de la Gréc-Saint-Jacques de Vritz, a été démolie en 1834. Elle était près de deux ruisseaux et d'un pont qui forment la limite de la Bretagne à l'Est, sur la route de Candé. « La foire qui se tient à Saint-Jacques, dit le » maire en 1849, est la conséquence du voyage que » beaucoup de personnes faisaient à la chapelle. »> Les seigneurs de Challain (Anjou) l'avaient dotée d'un canton de dîmes valant 45 livres de rente. Le prieur de Vritz, qui en était le chapelain ordinaire, jouissait d'une maison affermée 12 livres et se plaignait, en 1755, que ses prédécesseurs avaient laissé périmer plusieurs rentes assises sur les terres voisines de Saint-Jacques (4).

(1) Terrier de la sénéch. de Guérande, vol. X, fo 2407. (2) Hist. de Bretagne, D. Morice, I, 953.

(3) Aveu de 1683, série B.- Déclarations de bénéfices de 1554, fo 211.Livre des mandements royaux de 1638. On y lit une franchise d'hôtellerie. (*) Brevet de 1755. (Arch. départ., G.) Liasses des foires, série M. (Ibid.)

CHAPITRE IV.

AUMONERIES

de Saint-Julien.

Avant de parler des aumôneries qui ont été placées sous l'invocation de saint Julien, il y a une question préalable qui s'impose à nous et que le lecteur ne manquerait pas de nous adresser si nous cherchions à l'éviter. C'est celle-ci quel est le saint Julien qui a été adopté de préférence dans le diocèse de Nantes? Il y a saint Julien du Mans, évêque; il y a saint Julien le pauvre de Rome, saint Julien d'Antioche, saint Julien de Brioude, saint Julien l'hospitalier, de la Légende dorée (1). Lequel a été choisi pour patron des voyageurs et des infirmes ?

J'avoue que je serais très-embarrassé pour me prononcer si personne avant moi n'avait tenté de percer ce mystère; mais il y a un document capital qui me semble bien fait pour dissiper toutes les incertitudes, du moins en ce qui touche le saint Julien honoré dans notre pays, c'est la relation de l'abbé Desprez, recteur de Saint-Julien de

(1) La Légende dorée est un recueil de vies de saints publié au XVIe siècle par le dominicain J. de Voragine. Il y a une édition en 2 vol. in-12, de 1843. Paris.

Vouvantes. Ce vénérable prêtre, qui vivait au commencement du siècle dernier, était un zélé conservateur des traditions religieuses.

Il s'affligeait de voir que la statue de Saint-Julien, autrefois entourée des hommages d'une foule innombrable de pèlerins qui venaient chaque année prier dans son église, était de son temps délaissée, et afin de ranimer cette dévotion, il entreprit des recherches très-instructives pour nous, car elles renouent la chaîne des faits à une époque où il était encore facile de recueillir des informations sérieuses. Par les renseignements qui lui arrivèrent de différents côtés, il fut amené à penser que saint Julien de Vouvantes était le même que saint Julien de Brioude (1). Sa conviction était telle, qu'il n'hésita pas à faire le voyage. d'Auvergne pour s'éclairer davantage en contrôlant les témoignages, et quand il eut conversé avec les chanoines. de Saint-Julien de Brioude, il obtint la faveur d'emporter des reliques de ce saint pour sa paroisse.

Toutes les circonstances du voyage sont relatées dans un manuscrit conservé au presbytère de Vouvantes. Bien que l'abbé Desprez ne se soit pas livré à une enquête régulière, son récit est empreint d'une telle bonne foi et son désir de connaître la vérité paraît si sincère, que, pour ma part, je me sens tout disposé à lui pardonner ce défaut de forme. On ne peut pas alléguer que les documents lui manquaient pour guider sa critique : les vitraux, les peintures ou les tableaux, les ex-voto, les attributs du saint, ne pouvaient-ils pas lui fournir des termes de comparaison ?

M. Hucher, le célèbre numismate du Mans, qui recueille

() Voyez le manuscrit de 1720 conservé au presbytère de Saint-Juliende-Vouvantes.

avec tant de soin les pièces métalliques, a trouvé des enseignes de pèlerinage au nom d'un saint Julien, qui est précisément le nôtre, comme l'a démontré sans réplique M. Bizeul (1). Les pèlerins de tous les temps se ressemblent ceux d'autrefois emportaient avec eux des médailles, comme ceux d'aujourd'hui, en souvenir des sanctuaires qu'ils avaient visités. La médaille qui se frappait pour être vendue à Saint-Julien-de-Vouvantes était, suivant la description de M. Hucher, « une plaque de

plomb circulaire pourvue à l'envers d'un annelet destiné » à la fixer à l'habit. C'est littéralement un grand bouton. » Au centre, un chevalier armé de toutes pièces portant » la croix sur son armure et sur le pennon de sa lance. » A la circonférence, la légende: Sainct Julian de » Vovant. (2)......... La dévotion de saint Julien, fort » répandue au XVe siècle, a donné naissance à un grand » nombre d'images de ce saint; nous en connaissons en » émail et en verre peint. Voici une enseigne portant tous » les caractères de la fin du XVe siècle, qui consacre le

souvenir d'un pèlerinage accompli à cette époque. » Les traits sous lesquels notre saint est représenté sur cette médaille, sont conformes à ce que nous savons de sa vie. Il est dit dans ses biographics que saint Julien de Brioude descendait de l'une des principales familles de Vienne, en Dauphiné, et qu'il se sanctifia dans la profession des armes (3). Dioclétien ayant ordonné de persécuter les chrétiens, il s'enfuit en Auvergne dans l'espoir d'y être

(') Il était facile de prouver que le pèlerinage de Saint-Julien était bien dans le diocèse de Nantes et non en Poitou, à Vouvent, puisque l'église de cette dernière paroisse est sous le vocable de Notre-Dame. (Revue des provinces de l'Ouest, t. VI, p. 5.)

(2) Bulletin monumental de M. de Caumont, 1853, p. 505.

(3) Voyez dans les Bollandistes, au 28 août, deux récits anonymes.

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