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qu'il a plu au roy la rétablir, il soit pris la somme de deux cent cinquante livres pour employer en meubles et ustensiles de la ditte demoiselle de Linne et ses successeures en la ditte

qualité.

Et pour faire homologuer et agréer le présent à mondit seigneur évêque de Nantes, le dit seigneur de Coëlmadeuc, donne pouvoir et procuration à vénérable et discret missire Pierre Meignen, prêtre sieur recteur de la paroisse de Savenay, présent devant nousdits notaires, de lui en faire toutes les réquisitions et supliques nécessaires, veut qu'il soit délivré, trois copies du présent, une à mondit seigneur évêque de Nantes, pour mettre en ses archives, l'autre au dit sieur recteur pour mettre aux archives de la paroisse et la troisième pour les archives de la baronie de Savenay.

Et pour le payement et exécution du présent, ledit seigneur de Coëtmadeuc a affecté, obligé, et hipotéqué tous les fruits, rentes et revenus de la ditte terre et baronnie de Savenay et terre du Mats, y située, pour être sur iceux procédé par toutes voyes et rigueurs de justice, soumission et prorogation expresse au présidial de Rennes.

Fait en l'hôtel de mondit seigneur de Coëtmadeu, sous son seing, celui dudit recteur de Savenay et les nôtres, mis en la minutte, veu de ledit Gohier. Signé René de Lopriac, P. Meignen, recteur de Savenay, Morinaye et Gohier notaires royaux. La minutte, controlée par Bourgeois, signée à l'expédition sur veslin Morinaye notaire royal et Gohier, notaire royal apostolique. En marge est écrit: scellé à Rennes le 3 avril 1699, reçu treize sols, signé Bourgeois (1).

(1) Copie conservée aux Archives départementales, série H.

CHAPITRE III.

AUMONERIES

de Saint-Jacques ou de Saint-James.

Il est superflu d'insérer ici une notice sur le culte dont l'apôtre saint Jacques a été l'objet pendant le cours du moyen-âge dans tous les pays de la chrétienté. On sait que l'église érigée en son honneur en Galice (Espagne) était le rendez-vous universel des pèlerins (1). Il était d'usage de se mettre sous sa protection quand on entreprenait un long voyage, et si l'on faisait un vœu au saint pour obtenir un heureux retour, il était facile de le renouveler dans les innombrables sanctuaires qui lui étaient dédiés le long des routes et à la porte de toutes les grandes villes.

Les aumôneries de Saint-Jacques, ainsi que tous les hôpitaux destinés aux voyageurs, étaient placées dans la banlieue des villes et ont donné naissance partout à des faubourgs qui gardent encore leur nom. Dans les campagnes, on verra que leur situation est à peu près la même dans tous les lieux, c'est-à-dire à proximité des ponts et des gués. La légende de saint Christophe qui

(1) Pillage d'un navire chargé de pèlerins à destination de Saint-Jacques de Compostelle. Trésor des Chartes, E., 201.

voulut gagner le ciel en passant les voyageurs sur ses épaules témoigne que ce mode d'assistance était hautement apprécié. Les hospitaliers de Saint-Jacques du Haut-Pas ou de Luques s'étaient constitués en corporation, comme les frères pontifes, pour établir des bacs de transport, aider les voyageurs au passage des rivières, affranchir les pauvres des exactions de péage, et loger ceux qui avaient besoin d'être secourus. Leur premier établissement se fit sur la rivière de l'Arno, au diocèse de Luques (Italie), en un endroit dangereux nommé le Haut-Pas. C'est de là qu'est venue l'habitude de les nommer les hospitaliers de Saint-Jacques du Haut-Pas (1).

La commanderie ouverte par eux à Paris en 1286 étendit-elle ses rameaux jusqu'en Bretagne ? Je n'ai pu le savoir. Ogée, dans son Dictionnaire de Bretagne, cite une enquête de l'année 1206 dans laquelle le prieuré de Saint-Jacques de Pirmil, au bout des ponts de Nantes, est mentionné comme une dépendance de l'abbaye de Vertou (2). L'abbé Travers, malgré ses recherches dans les titres, n'a rien pu découvrir sur son origine; il pensait seulement que cette église avait été paroissiale, parce qu'on y voyait de son temps deux cimetières et des fonts. baptismaux (3). Je ne nie pas que les moines de Pirmil aient exercé les fonctions curiales, mais je crois qu'ils ont été appelés dans le principe pour assister les nombreux voyageurs qui, en tout temps, affluaient sur la rive gauche de la Loire.

Les ponts de Nantes ont été jusqu'à notre époque le

(1) Hist. des ordres religieux et militaires, du P. Helyot, t. II, p. 280 et suiv.

(2) Dict. de Bretagne, art. Saint-Sébastien.

(3) Hist. de la ville et du comté de Nantes, II, 153.

passage le plus commode et le plus sûr pour se rendre de Vendée en Bretagne. Plusieurs routes venaient aboutir à chacune de leurs extrémités; il n'est donc pas admissible que Pirmil ait été dépourvu d'une aumônerie. Cet endroit présente de si grands avantages et sa salubrité est telle, qu'on l'a choisi de nos jours, en 1836, pour y fonder un hôpital général.

L'île de Bouin, dont les sels étaient recherchés par les navires de toutes les nations, avait une aumônerie dite de Saint-Jacques des Burelles, annexée à l'abbaye de BlancheCouronne. Son chapelain jouissait d'une rente de 36 sous, de plus du revenu de 3 journaux de pré et de 260 aires de marais (1).

Le bénéfice de Saint-Jacques de Boussay, qu'il fant sans doute placer près du passage de la Sèvre, se composait d'une maison avec jardin, d'un pré d'une rente de 5 livres, et de 5 setiers de seigle.

Je ne vois pas de cours d'eau près de Saint-James d'Erbrée, mais les quatre grands chemins qui se croisaient là sont très-reconnaissables, malgré les modifications de la voirie dans cette commune. La chapelle fut interdite cn 1677 (2). Le délégué de l'évêché relate dans son procèsverbal que le temporel de ce bénéfice avait été vendu par des particuliers.

Fégréac possédait, en 1456, un pont à péage sur la Vilaine, qui lui attirait beaucoup de passants, el à côté une chapelle Saint-Jacques, avec cimetière, ruinée depuis

() Arch. dép., G. Bénéfices.

(2) Livre des visites de 1677, climat de Châteaubriant. (Arch. du chapitre.) Dans le dénombrement, on cite le clos des Murailles et le cloteau de la BonneVierge, près le grand chemin. (Arch. dép., Q. Estimations.)

plusieurs siècles (1). Les Trinitaires de Rieux en étaient les chapelains. La voie romaine qui aboutit là, les monnaies antiques et l'oppidum de Braud, les débris de construction accumulés sur la butte Saint-Jacques, prouvent que ce passage remonte aux conquêtes de Jules-César.

Bien que saint Jacques de Fresnay soit à l'église paroissiale, il y a tout lieu de croire que sa première place fut au village de l'Aumônerie, près de la route de Machecoul au Port-Saint-Père (2).

Le pâtureau Saint-Jacques ou Dom Jacques, « borné » par le chemin qui va du village de la Fontaine au bourg » de Lavau, » ne peut être qu'une dépendance du bénéfice de l'aumônerie indiqué dans la même paroisse en 1790 et estimé en revenu 407 livres (3).

Le prieuré de Saint-Jacques de Prigny, compris aujourd'hui dans la commune des Moûtiers, se trouvait à l'entrée du petit port de cette châtellenie des sires de Retz, sur le sommet opposé au côteau qui portait le donjon. Il relevait de l'abbaye d'Angers. Tout a disparu, sauf la fontaine vénérée.

Saint-Jacques de Pannecé n'est plus connu que par le moulin à vent qui tourne sur la hauteur où s'élevait jadis la chapelle, cependant les anciens se souviennent que de nombreux pèlerins allaient visiter ce lieu. La fontaine a été détruite par une carrière et le bois a fait place à des champs cultivés. Cet établissement pouvait être une maladrie aussi bien qu'une aumônerie. Le bourg était à la Bourdinière au XIIIe siècle.

(1) Arch. dép., E, 1240. mont. Br. in-8°. Nantes, 1872.

Romains et Venètes, de M. Nicolazo de Bar

(2) Le prieuré de Saint-Jacques de Fresnay est cité dans le pouillé du diocèse.

(3) Arch. dép., Q. Estimations.

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