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m'abuse, toutes les apparences d'une léprosérie dédiée à la Madeleine, qui aurait occupé de vastes terrains. Outre la Mezaizellière, qui garde le radical de Mezel, je trouve les champs de la Croix (1), et dans les landes de Sion la pièce du Cimetière. Les anciens du pays répètent qu'on y a enterré d'abord les druides, puis les huguenots.

Le prieuré double du val de Morière, fondé vers 1135 dans l'ermitage de Haute-Courbe, paroisse de Touvois, sur le passage de plusieurs routes, avait choisi pour patronne la Madeleine. Il n'est pas invraisemblable de croire qu'à l'exemple de l'abbaye-mère de Fontevrault, de laquelle elle dépendait, cette maison religieuse avait soin des lépreux et des lépreuses de la contrée. Le couvent contenait vingt religieuses en 1689 (2).

La ferme de la Lardière, aux Touches, est près de la route de Joué et du Tertre, à côté d'un ancien étang, et contient un champ nommé la pièce de la Croix. N'est-ce pas là le signalement des ladreries appelées Madeleine? On en trouverait sans doute une autre aux Masures, près la route de Petit-Mars, sur les terres de la Chapellerie et de l'Abbaye, vulgairement la Bouie (3).

A Varades, sur ce magnifique coteau qui regarde SaintFlorent, nous retrouvons, comme à Barbechat, les ruines d'une Madeleine, à côté des murs renversés d'une forteresse féodale; les restes de la chapelle sont séparés seulement par un fossé des constructions que les châtelains de Varades élevèrent au XIIe siècle. Les briques

(1) Liasse des Dimes. (Arch. départ., Q.)

(2) Livre des visites du climat de Retz, fo 112.

(3) Je signale ce point aux chercheurs; il est tout-à-fait obscur; on y signale un cimetière. (Cadastre, E, 121, 128, 141, 145, 147, 148.) Le presbytère ancien était adossé au Mont-Juillet, et le grand chemin de Nantes venait de Petit-Mars s'y croiser avec celui de Nort aux Touches.

romaines que le propriétaire a trouvées dans la vigne voisine attestent que cet emplacement serait intéressant à fouiller pour les archéologues. On reconnaît parfaitement à la noirceur du terrain quelle était la pièce du cimetière elle se trouvait à l'angle du chemin venant de Belligné au vieux château par le pont de la Boucherie (1). Le chemin qui passe devant la chapelle et suit la rive droite de la Loire, depuis Anetz, n'est autre que l'ancienne route d'Ancenis à Ingrandes, par Montrelais (2). Le domaine annexé à la Madeleine de Varades, comprenait la métairie de la Hairière contenant en prés, vignes, jardins et terres labourables, quatre boisselées de terre, de plus, deux quartiers de pré, dans la prairie de Varades, un demi-quartier de vigne dans le clos de la Clôture, et des rentes foncières montant en total à 73 sous (3).

Sur le domaine de la Sinerais ou Seignerais, en Vay, près du bourg, il existe le pré de la Maladrie, sans que rien n'indique aux environs s'il appartient à la classe des léproseries de la Madeleine. Son ruisseau est celui de la Moulinée qui alimente l'étang de Clegreuc, et son chemin, celui des villages de Sabhel, du Cormier et de la Ballerie.

Vertou possédait une léproserie que je range volontiers parmi les Madeleine. Il est facile de préciser sa situation,

(*) « La Hairière, joignant, vers Orient, le chemin qui conduit du pont » de la Boucherie au vieux château, vers Occident, au bois de Rieux, d'un » côté au chemin qui conduit de Varades à Montrelais. » (Terrier de la réformation de 1680, vol. XVI, p. 85.)

(2) Il y avait sur le territoire de Varades, plusieurs chemins royaux allant de Nantes à Paris. On en cite un entre autres, d'Ingrandes à Nantes, par les prairies de la Becavinière et de l'Audace. (Acte de 1729, dossier Besson de la Vieuville, Arch. départ., série E.)

(3) Terrier de la sénéch. de Nantes de 1680, vol. XVI, p. 85. Voir aussi série G, paroisses.

grâce au nom de la Maladrie qu'a conservé une ferme exploitée sur la grande route de Clisson, à la limite de Saint-Sébastien et de Haute-Goulaine. Le chemin du Pont de Louan à Portillon se croisait là avec le grand chemin Clissonnais qui descendait au bac royal de la Ramée (1). Voici la description que donnent les prieurs de Saint-Jacques de Pirmil, de ce domaine : « Item la » tenue de la Maladerye en ladite paroisse de Vretou » en laquelle est compris le lieu du Bois-Rigaud, » toute en un tenant et séparée et bournée par des » chemins, l'un appellé le grand chemin Clissonnais et » deux autres chemins, l'un qui conduit dudit grand » chemin à la maison des Trois-Métairies et un autre qui » conduit et traverse au bas de ladite tenue, etc. (2). »

A Vieillevigne, la léproserie de la Madeleine était au lieu nommé la Lardière, sur le bord du vieux chemin des Ambarres, près du ruisseau du Marseau. La pièce de la Madelon, nom vulgaire de la Madeleine, indique l'emplacement de la chapelle. Suivant la tradition du pays, ce pré était autrefois un bois qu'on nommait aussi le bois de la Madelon.

La Madeleine de Vigneu est en ruines depuis des siècles. Le châtaignier de 3 mètres de circonférence qui s'est développé entre ses murs l'affirmerait si les documents se taisaient. La pièce de terre voisine nommée le Carcan, contenait des pierres disposées en piédestal et des excavations profondes à l'entour dont j'ignore la destination. Ce sont sans doute les derniers témoins des fourches

(1) Le chemin du Pont de Louan à Portillon est indiqué dans un acte du XVIIe siècle. (Arch. dép., E, 1406).

Aveu

(2) Terrier de la sénéch. de Nantes de 1680, vol. V, fo 277. de 1623, série H, Fonds de Pirmil. Le clos de la Strée, au village des Mor

tiers, indique bien le passage de la voie. (Ibid., série Q, Fermiers.)

patibulaires de la haute justice dont jouissait le commandeur de la Madeleine. Cette léproserie était, comme le village qui a gardé son nom, aux confins des communes de Treillières et de Vigneu, près du pont jeté sur le ruisseau de Gesvres et sur la voie romaine qui conduisait de Nantes à Blain (1).

A Vue, les vieillards seuls se souviennent que le petit ponceau sur lequel passait l'ancienne route de Paimbœuf en longeant la propriété de la Blanchardaie se nommait le pont de la Maladrie (2). Il est à présumer que la léproscrie se trouvait au village même de la Tournerie, puisqu'il est bâti à la rencontre des routes de Paimbœuf et d'Arthon entre la Croix-Blanche du carrefour et la pièce du Champfleury qui est à la Boirie (3). Les terrains qui sont à gauche du chemin de Chemeré s'appellent le bois de la Tournerie; rien ne manque donc à cette maladrerie. Elle était, au moyen-âge, assez loin de Vue, car la partie nommée la ville, à tort, est un faubourg récent qui ne justifie pas son titre. La vraie ville de Vue est au bourg, sur ce terrain élevé que les eaux enveloppaient de toutes parts et près duquel on a trouvé dernièrement les restes d'une enceinte gauloise. Les rentes que percevaient les barons de Retz au XVe siècle sur les tenanciers de cette Maladerie, font penser qu'ils en étaient les fondateurs (4).

(1) La voie très-bien reconnue en cet endroit et ailleurs, séparait les paroisses d'Orvault, de Trellières et de Vigneu. (Bizeul, Voies romaines.) (2) Arch. départ., S, dossier de la Route nat. no 23, de 1825. (3) Cadastre B, 594-599 et 676-678.

(4) « Jean Bouyer sur sa prinse de la Maladerie doit 11 sous 1 denier. »> 1477, fo 87. (Ibid., série B, Aveu des sires de Retz.)

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Sur le débat qui par la court de céans estoit entre le procureur de ceste court parlant et stipulant pour et ou nom des malades de la Maladrie de Saint-Ladre hors ceste ville de Nantes, d'une partie et monsieur Jehan Bernard, recteur d'Orvault ou nom et comme chapelain d'une chapellenie fondée en l'église dudit lieu de Saint-Ladre d'autre partie, touchant ce que ledit procureur ès dits noms avoit dict que certains debvoirs lesquelz l'on liève ès portes de ceste ville de Nantes et ailleurs environ scavoir est :

Par chacune charretée de buche amenée conduicte et charroyée en ceste ville de Nantes et pareillement sur chacune somme de buche y amenée et conduicte à cheval passans par devant l'ostel desdits malades audict lieu de Saint-Ladre une bûche tant sur ladite charretée que sur chacune somme et mesmes sur toutes et chacune les charretées et sommes de bûche amenées charrées et conduictes en ceste ville de Nantes passant par le Gué Moreau ;

Item pareillement sur chacune desdictes charretées et sommes amenées en ceste ville de Nantes tant par les portes de SaintNicola, la porte Sauvetour, la porte Saint-Pierre ;

Item sur chacune challandée de bûche amenée par eaue en ceste dite ville de Nantes par les portes du Port Brient Maillard, le Port Poysonnier, le Port Communau sur chacun des dits challans et vesseaux le debvoir ainsi qu'on a accoustumé le lever;

Item sur chacun vesseau amené et conduit au port de Nantes ayant sèches et morgadons à vendre au temps de quaresme et

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