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ingénieurs de service, parcourut à cheval les parties de la ville qui avaient le plus souffert.

Sa Majesté visita les brèches faites aux deux digues du Rhône, et par lesquelles le fleuve avait fait irruption, l'avenue de Saxe, le cours Lafayette et le cours Bourbon jusqu'à la Guillotière.

Dans ce long trajet, l'Empereur dut traverser plusieurs parties des chaussées couvertes par les eaux. C'était un spectacle émouvant et sublime que celui de ces populations réunies autour des débris de leurs habitations renversées, et se livrant à des transports d'enthousiasme et de reconnaissance pour la généreuse pensée qui avait amené leur Souverain au milieu d'elles. Les maisons se trouvèrent pavoisées comme par miracle, et Sa Majesté, profondément émue, distribua personnellement de nombreux secours.

L'Empereur, par un décret du 1er juin, ordonna qu'une somme de trois cent mille francs serait affectée sur-le-champ aux victimes de l'inondation.

Il remit, en outre, à M. le sénateur Vaïsse,

chargé de l'administration du département du Rhône, une somme de cent mille francs, prise sur sa cassette particulière, pour être distribuée aux familles pauvres qui avaient le plus souffert.

Vingt-cinq mille francs furent également donnés par Lui au préfet de l'Isère, pour secourir les inondés de ce département.

Entre Lyon et Valence, l'Empereur s'arrêta dans toutes les villes frappées par l'inondation.

Il remit à Vienne dix mille francs; aux Rochesde-Condrieu, deux mille; à Tain, cinq mille; à Tournon, deux mille; à Valence, vingt mille; et vingt mille pour les inondés du département de la Drôme.

De Valence, Sa Majesté gagna Avignon; mais Elle ne put y pénétrer qu'en bateau. Là aussi, Elle laissa les traces de son inépuisable générosité, et les sommes ainsi distribuées, avec autant de discernement que de bonté, s'élèvent à plus d'un million.

Pendant que l'Empereur portait ses consolations et ses secours, l'Impératrice, émue

comme Lui de tant d'infortunes, fit ouvrir immédiatement une souscription pour les soulager, et envoya vingt mille francs en son nom, et dix mille francs pour le Prince Impérial. Grâce à cette puissante initiative, la France entière, et même les souverains et les nations étrangères adressèrent de précieuses offrandes aux nombreuses victimes des inondations.

La plus grande partie d'Avignon était couverte par les eaux; l'Empereur voulut tout visiter, et dut monter dans un bateau, malgré de véritables dangers. Il en fut de même à Tarascon, où Sa Majesté parcourut en bateau cinq kilomètres de champs submergés au milieu d'arbres, de murs écroulés qui menaçaient de briser sa frêle embarcation.

Les habitants étaient refugiés dans les étages supérieurs de leurs maisons baignées par les eaux. Nous renonçons à décrire l'enthousiasme et la reconnaissance excitées dans cette population par la visite inattendue de l'Empereur.

Rentré à Saint-Cloud le 5 juin, Sa Majesté le quitta le 6 pour porter d'autres secours et

l'appui moral de sa présence aux inondés de la Loire.

Elle visita Orléans, Blois, Tours, puis Nantes, Laval, Angers, où les ouvriers des ardoisières, leurs femmes et leurs enfants, groupés sur les hauteurs, accueillirent son passage aux cris enthousiastes de Vive l'Empereur!

La visite de Sa Majesté dans les départements inondés produisit sur les populations désolées une impression que nous sommes impuissants à pouvoir rendre.

Le cœur de Napoléon III ne le trompait pas en lui inspirant la pensée de courir spontanément sur le théâtre des désastres pour y exercer la plus douce prérogative de la puissance, celle de consoler le malheur.

Aussitôt l'Empereur de retour, Leurs Majestés Impériales quittèrent Saint-Cloud pour venir s'établir pendant quelques jours aux Tuileries, d'où Elles se rendirent à Notre-Dame à l'occasion du baptême de S. A. le Prince Impérial, né le dimanche 16 mars 1856, à trois heures du matin. Leurs Majestés revinrent au

palais de Saint-Cloud aussitôt après cette auguste cérémonie.

En 1857, S. M. le Roi de Bavière, arrivé à Fontainebleau le 17 mai et logé aux Tuileries, fit une courte apparition le 4 juin au château de Saint-Cloud, et le 5 août suivant, S. M. l'Empereur quittait cette belle résidence avec l'Impératrice pour aller à Osborne rendre visite à S. M. la Reine d'Angleterre.

Le 12 août 1857, paraissait, daté de SaintCloud, un décret qui remplissait de joie les survivants de la merveilleuse épopée impériale en instituant la médaille de Saint-Hélène.

Ce décret est ainsi conçu :

« Voulant honorer, par une distinction spéciale, les militaires qui ont combattu sous les drapeaux de la France dans les grandes guerres de 1792 à 1815,

« Avons décrété et décrétons ce qui suit :

« Art. 1er. Une médaille commémorative est donnée à tous les militaires français et étran

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