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VII.

L'ARRIVÉE A FONTAINEBLEAU.

"Theirs was true happiness—no passing ray—

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Not love that Time would wither; whilst the earth

Forgets her empires with a just decay,
The high, the mountain-majesty of worth,
Doth from its immortality look forth
In the sun's face, like yonder Alpine snow,
Imperishably pure beyond all things below."

CHILDE HAROLD.

Laissant à des plumes plus habiles le soin de dépeindre le voyage à Genève, je me contente de souhaiter à mes lecteurs la même félicité dont Charles et Hélène de Macis jouirent en cette occasion. En réfléchissant à leur bonheur une sphère en crayon s'offre à ma mémoire :

"Shade, unperceived, so softening into shade,

And all so forming an harmonious whole."*

Convenons que ce beau globe représente la félicité des nouveaux mariés et les lignes à gauche si fortement tracées, nous assurent que c'est un bonheur sans ennui.

Trois semaines se sont écoulées et le voyage approche à sa fin. M. et Madame de Macis sont à Versailles; ils se reposent un instant dans le Bosquet de la Reine.

*Thomson's Hymn to the Seasons."

Chère Hélène, dit le medecin, nous avons été bien loin pour chercher des nouveautés, sans rien trouver de plus beau que ce magnifique palais; notre chateau à Fontainebleau te paraîtra triste après tout ce luxe.

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Oh! je ne suis pas ambitieuse des grandeurs, au contraire, je me félicite de ce que j'appartiens à la classe intermédiaire de la société qu'il doit être ennuyeux de poursuivre toujours les plaisirs; entouré de serviteurs empressés.... que de formalités ! que de soins cérémonieux! à peine se trouve-t-on libre arbitre ou de ses paroles ou de ses actions.. au reste, à Fontainebleau, nous

nous trouverons chez nous.

..

En disant ces mots, un éclair d'indicible plaisir brilla dans les yeux de la jeune femme.

Il est vrai, répondit M. de Macis, un heureux chez-soi est entouré d'un rayon de félicité qu'on ne voit pas ailleurs. Eprouves-tu, Hélène, la moindre envie de retracer nos pas?

J'aimerais revoir un jour la belle route de Dijon à Genève.

La région méridionale de la France offre un riche tableau, surtout les plateaux du Jura, ses sapins, ses buis, ses génévriers, ses carrières de marbre, ses côteaux tapissés de vignes, enfin, les plaines couvertes de terres arables qui servent de base à cet amphithéâtre.

Et l'aspect varié encore par les couches de neige sur les Basses-Alpes. Mais il me semble qu'il y a dans ce que l'on voit pour la première fois un charme qui se perd après. Hélène, dis-tu cela aussi des personnes ?

Quelquefois..... mais quant à une personne, dit Madame de Macis en souriant, c'est précisément le contraire.

Il y a dix mois aujourd'hui que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

- Je m'en souviens parfaitement ; j'étais dans la Bibliothèque de mon oncle; croyant son maître seul, le domestique t'y avait introduit. Les manuscrits, dont la table était couverte, trahis

saient une occupation littéraire, aussi à peine fus-tu asssis, que mon oncle te dit : "Mon ami, ma nièce et moi avons écrit un petit roman Français; mais quelquefois des difficultés se présentent, que nous ne pouvous résondre. Veux-tu venir de temps en temps nous aider de tes conseils ? Cette petite rêve déjà un grand triomphe, mais sans le secours d'un Français je trouve notre succès fort douteux."

Tu répondis: "Avec grand plaisir ; c'est presque un regret pour moi de me trouver parfaitement libre; la vie champêtre pèse quelquefois, la vie du régiment est une distraction continuelle." Mon oncle avait fait un déménagement et il t'invita à faire le tour du jardin.

—Ah! oui, je m'en souviens; en allant il se retourna vers toi. Hélène, te dit-il, voilà les rayons du soleil, qui t'invitent à sortir; viens avec nous!-et avec beaucoup de simplicité tu levas les yeux vers ton oncle en lui repondant : Ce serait pour moi un plaisir, mais ma tante m'attend à Roseville." Frappé de ton regard

"Un rayon éclipsé du beau royaume des cieux," me dis-je, dans les mots de Lamartine.

Tu pense à l'Exilé du Paradis et la Visite d'Adieux à Dartmoor..... Deux de ces lignes me reviennent constamment à la pensée

"Du nectar idéal sitôt qu'il a goûté,

Sa nature répugne à la réalité.”

Je dirai plutôt que lorsqu'on se trouve heureux, on se résigne de meilleure grâce aux contrariétés de la vie.

Mais le poète parle du bonheur imaginaire et ses vers sont si beaux.

- Un mot que tu laissas échapper ce jour-là m'impressionna vivement.

Lequel donc? demanda le médecin.

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Tu me dis que les méchants ne sont pas elairvoyants, que l'erreur est comme un nuage devant les yeux, de sorte que la vertu même est méconnaissable.

-On ne la reconnait pas dans ce monde, mais ma croyance est que dans la vie future, la pleine appréciation de l'excellence sera une des punitions des méchants.

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Il y a quelques vers dans l'evangile qui justifie cette idée.

Le passage se trouve dans les livres apocryphes de la Bible, tâche Hélène de tén souvenir.

"Then shall the righteous stand in great boldness before the face of such as have afflicted him, and made no account of his labours.

When they see it they shall be troubled with terrible fear, and shall be amazed at the strangeness of his salvation, so far beyond all that they looked for.

And they repenting and groaning for anguish of spirit shall say within themselves, This was he whom we had sometimes in derision and a proverb of reproach;

We fools accounted his life madness, and his end to be without honour :

How is he numbered among the children of God, and his lot is among the saints!

Therefore have we erred from the way of truth, and the light of righteousness hath not shined unto us, and the sun of righteousness rose not upon us.

We wearied ourselves in the way of wickedness and destruction: yea, we have gone through deserts, where there lay no way: but as for the way of the Lord we have not known it.

What hath pride profited us? or what good hath riches with our vaunting brought us?

All these things are passed away like a shadow, and as a post that hasted by ;

And as a ship that passeth over the waves of the water, which when it is gone by, the trace thereof cannot be found, neither the pathway of the keel in the waves;

Or as when a bird hath flown through the air, there is no token of her way to be found, but the light air being beaten with the stroke of her wings is passed through, and therein afterwards no sign where she went is to be found.

Or like as when an arrow is shot at a mark, it parteth the air, which immediately cometh together again, so that a man cannot know where it went through:

Even so we in like manner as soon as we were born, began to draw to our end and had no sign of virtue to show; but were consumed in our own wickedness;

For the hope of the ungodly is like dust that is blown away with the wind; like a thin froth that is driven away with the storm; like as the smoke which is dispersed here and there with a tempest, and passeth away as the remembrance of a guest that tarrieth but a day.

But the righteous live for evermore; their reward also is with the Lord, and the care of them is with the Most High.

Therefore shall they receive a glorious kingdom, and a beautiful crown from the Lord's hand: for with his right hand shall he cover them, and with his arm shall he protect them.

Then shall the right aiming thunderbolts go abroad; and from the clouds, as from a well-drawn bow, shall they fly to the mark. And hail-stones full of wrath shall be cast as out of a stone bow, and the water of the sea shall rage against them, and the floods shall cruelly drown them.

Yea, a mighty wind shall stand up against them and like a storm shall blow them away: thus iniquity shall lay waste the whole earth and ill-dealing shall overthrow the thrones of the mighty.*"

*Wisdom of Solomon, v.

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