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De même si les coupes sont à cheval sur un thalweg, cette situation offre l'inconvénient de créer sur le bas des deux versants une lisière de jeunes bois qui devront être traversés pour accéder au chemin du fond, tandis qu'en arrêtant la coupe au chemin du fond on ne nuit pas à la vidange du versant opposé.

Pour des raisons semblables les coupes doivent, si possible, être arrêtées contre des chemins, couloirs, lançoirs, moyens de vidange quelconques, toujours en vertu du principe qu'il faut mettre le plus grand nombre possible de parquets en contact immédiat avec les voies de vidange. Les chemins carrossables suivant à peu près les courbes de niveau, il en résulte que souvent les coupes seront délimitées vers le haut ou le bas par des lignes de niveau ou approximativement de niveau.

Les coupes devront aussi, dans des régions accidentées, être limitées par des lignes de plus grande pente, et non pas par des lignes en écharpe sur le versant (à moins que celles-ci ne soient des chemins de schlitte ou des lançoirs), parce que le débardage des bois se fait forcément, au moins pour les pièces de fortes dimensions, suivant les lignes de plus grande pente jusqu'aux chemins ou jusqu'aux lançoirs les plus rapprochés.

Enfin, il est évident qu'il convient d'arrêter les coupes aux lignes infranchissables, comme des barres de rochers, cours d'eau, ravins, etc.

Les coupes ainsi délimitées par des ligues naturelles, lignes de crète, thalwegs, lignes de niveau (chemins), lignes de plus grande pente (ravins, ou lignes spécialement ouvertes), auront une forme, sinon régulière, du moins simple, bien adaptée à la forme du terrain, comme il convient.

EN PLAINE, les coupes seront, comme en montagne, délimitées par des chemins ou par des obstacles infranchissables aux voitures, tels qu'un gros ruisseau, un canal, une ligne de chemin de fer, etc. Les lignes séparatives des coupes seront perpendiculaires aux voies de vidange; on arrivera ainsi à faire aboutir le plus de parquets possible sur une route donnée et l'on évitera aux voituriers toute tentation d'emprunter le terrain de

la coupe voisine pour aller de la coupe en usance sur la route. Délimitées par des perpendiculaires aux routes, les coupes prennent souvent une forme rectangulaire, le petit côté du rectangle étant formé par la route. (Voir fig 1, page 30.)

Nous aurons l'occasion de revenir sur cette question de la forme à donner aux parquets de coupes lorsque nous nous occuperons, dans les Etudes suivantes, de la division des forêts et du parcellaire, particulièrement à propos des aménagements par contenance et des taillis.

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Origine du mot possibilité; son emploi ancien, sa définition actuelle. La notion de possibilité est inséparable de celle d'un règlement d'exploitation. Les trois modes de possibilité.

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Ancienneté de la possibilité par contenance. Forme d'exploitation qu'elle suppose et qu'elle établit ; elle ne convient qu'aux exploitations de peuplements. Facilité de son calcul. Elle conduit la forêt à l'état normal. Ses avantages: simplicité, clarté, facilité du contrôle. Ses inconvénients: elle suppose la coupe à blanc étoc et peut entrainer de grands sacrifices d'exploitabilité.

$3.

La possibilité par pieds d'arbres Ancienneté de la possibilité par pieds d'arbres, abus qu'elle entraînait. Les coupes d'arbres interdites dans les forêts du roi dès le xvie siècle n'ont, en réalité, jamais cessé d'être pratiquées. La possibilité par pieds d'arbres dans les sapinières. Forme d'exploitation qu'elle suppose et qu'elle établit; elle n'a été appliquée, en fait, qu'aux sapinières jardinées et aux arbres réservés de taillis-sous-futaie. Elle conduit la forêt à l'état normal. Difficulté de son calcul, surtout lorsqu'on veut l'appliquer aux produits intermédiaires. Elle donne des revenus qui peuvent être fort variables d'une année à l'autre. Abandon de la possibilité par pieds

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Origines de la possibilité par volume, Réaumur, Buffon, Duhamel, Varenne de Fenille, Perthuis, en France; Beckmann, Hartig, en Allemagne. Méthode des caméralistes en Autriche.

Les deux catégories de procédés pour le calcul de la possibilité par volume sont basées sur la conception d'une durée de révolution ou sur celle du capital normal. Dans les deux cas, la possibilité par volume, correctement calculée et appliquée, conduit à l'état normal d'une forêt aménagée; qu'il s'agisse d'une exploitation de peuplements ou d'une exploitation d'arbres.

Avantages de la possibilité par volume: sa grande souplesse qui la rend utilisable dans toutes les formes d'exploitation et dans tous les états de la forêt. Elle réduit au minimum les sacrifices d'exploitabilité, les variations du revenu annuel. Inconvénients de la possibilité par volume: elle suppose une connaissance assez approfondie des lois de l'accroissement et du matériel normal correspondant à l'état aménagé qu'on veut réaliser dans la forêt. Elle est d'une application moins commode sur le terrain, se prête moins bien que la possibilité par contenance au contrôle des exploitations effectuées. Appliquée, sans qu'on ait soin de procéder à des inventaires fréquents pour contrôler ses résultats, elle peut entraîner un appauvrissement ou un enrichissement indéfiniment progressif du matériel d'exploitation.

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Le mot de possibilité apparaît pour la première fois, à notre connaissance, dans le langage forestier, dans le texte de l'ordonnance de 1376. On y lit (art. 30) que les usagers ne seront soufferts que « selon la possibilité des forêts ». On le retrouve, toujours à propos des délivrances usagères, dans les ordonnances de 1402, 1515 et 1583. Cette dernière donne dans son article 10 une définition de la possibilité que nous reproduisons ici: « Et pour ce que nos forêts sont venues en la ruine et le dégât où l'on les voit... de sorte qu'elles ne peuvent à présent porter les chauffages et pâturages qui ont été concédés et octroyés par nos prédécesseurs, nous voulons qu'IL SOIT INFORMÉ... DE LA POSSIBILITÉ et impossibilité DE NOS FORÊTS... ET DE CE FAIT états et RÈGLEMENTS PARTICULIERS suivant les avis des grands maîtres, leurs lieutenants et maîtres particuliers, gruyers verdiers et gardes du marteau, ET LESDITS RÈGLEMENTS SUIVIS ET OBSERVÉS. » La possibilité est ici ce que les forêts peuvent fournir eu égard à leur état, « ce qu'elles peuvent porter sans notable préjudice et diminution de nos revenus, » dit l'article 5 du titre XX de l'ordonnance de 1669.

Le texte de 1583 nous montre la possibilité fixée par un règlement particulier à l'établissement duquel collaborent tous les officiers des maîtrises d'alors. Ce terme a conservé exactement sa signification ancienne, et de nos jours encore nous ne défini

rons pas autrement la possibilité qu'elle ne l'est dans l'ordonnance de Henri III: elle est la quotité du revenu assigné à la forêt par l'aménagement, ou, si l'on préfère, par le « règlement particulier » établi pour l'exploitation.

La notion de possibilité est donc inséparable de celle d'un règlement d'exploitation, d'un aménagement. Sa détermination, comme nous le verrons bientôt, constitue la partie la plus essentielle, la plus caractéristique, et aussi la plus difficile de cet ensemble complexe de dispositions qui constitue nos aménagements actuels.

La possibilité exprime la quotité du revenu. Celle-ci peut se mesurer avec diverses unités, d'où divers modes de possibilité. Les seuls usités dans la pratique sont les modes par contenance, par pieds d'arbres, et enfin par volume.

§ 2. La possibilité par contenance.

L'emploi de la possibilité par contenance, que nos prédécesseurs appelaient la coupe par aire, ou par arpents, ou encore par assiette, est certainement de beaucoup le plus ancien ; son origine ne saurait être précisée. Fixer l'importance de la coupe en indiquant l'étendue du terrain qu'elle parcourra est une idée tellement naturelle qu'elle a dû venir immédiatement à l'esprit des premiers hommes qui aient songé à assigner une règle à l'exploitation.

Pendant longtemps, on ne l'a appliquée qu'aux taillis, aux sylvæ cæduæ, sylvæ minutæ, où les exploitations revenaient périodiquement, à de très courts intervalles, sur le même point (1).

Les futaies n'ont été mises en coupes réglées que dans la période moderne : jusqu'au xvi° siècle, nous les voyons soumises au régime des coupes extraordinaires. Celles-ci se faisaient

(1) Ces taillis s'appelaient, au moyen-âge, en français des taillis revenants, ce qui est synonyme de taillis aménagés.

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