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munes.

CHAPITRE XI.

Harangues Nomination

GRANDE-BRETAGNE. Elections générales pour le parlement. des deux partis. - Désordres. — Résultat des élections. d'une commission pour préparer une réforme de l'Église en Angleterre. -Réunion du parlement. - Election de l'orateur de la Chambre des comÉchec pour le ministère. Ouverture de la session. - Discours du roi. — Débats sur l'adresse dans la Chambre des lords. Débats sur l'adresse dans la Chambre des communes. Échec pour le ministère. Réponse du roi à l'adresse de la Chambre des communes. Menace dé refuser l'impôt. - Motion pour la suppression de la taxe sur la drèche. - Débats sur la nomination du marquis de Londonderry à l'ambassade de Saint-Pétersbourg. Objets divers.-Discussion sur l'application d'une partie des revenus de l'Eglise irlandaise à des objets non ecclésiastiqués,

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Triomphe de l'opposition.- Démission du ministère présidé par sir Robert Peel.-Formation d'un nouveau ministère sous la présidence de lord Melbourne. Déclaration de lord Melbourne.—Elections partielles.- Discussion et adoption par la Chambre des communes d'un bill pour la réforme des corporations municipales. - Pétitions contre ce bill présentées à la Chambre des lords. — Cette Chambre entend à sa barre deux conseils des anciennes corporations. Elle entend des témoins en leur faveur. Discussion et adoption définitive du bill. Bill relatif à l'Eglise d'Irlande adopté par les communes et rejeté par les lords. — Discussion sur les loges orangistes. - Objets divers. Budget. Affaires étrangères. Clôture de la session. - Attaques contre la Chambre des lords. — Prédications de M. O'Connell contre cette Chambre.- Déclarations ministérielles à propos de ces prédications. Elections municipales. Colonies.

Quoiqu'il s'en fallût de beaucoup que l'excitation des esprits eût été portée par le renvoi du ministère whig pour faire place à un ministère tory, et par la dissolution de la Chambre des communes à la fin de l'année dernière, au même point qu'en 1831, alors qu'il s'agissait de la question vitale de la réforme parlementaire, les élections n'en furent pas moins vivement disputées. Elles commencèrent le 5 janvier et occupèrent une grande partie du mois. Elles furent, comme d'ha bitude, un véritable combat à coups de harangues, souvent

même à coups de poing, et quelquefois à coups de pierres ou d'autres projectiles qui, pour n'être pas aussi offensifs, étaient peut-être d'un effet encore plus désagréable.

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Les harangues sur les hustings ne pouvaient avoir généralement que deux objets attaquer son adversaire et se justifier soi-même des imputations qu'on avait essuyées de sa part, Pour l'opposition, qui comprenait les whigs, les radicaux, et les catholiques irlandais, étroitement coalisés contre l'ennemi commun, l'attaque consistait à dire que le nouveau ministère formé par sir Robert Peel était contraire à l'esprit de la réforme, au projet de mettre le gouvernement des bourgs dans les mains du peuple, c'est-à-dire de lui rendre l'élection des municipalités, et de corriger les abus des Églises d'Irlande et d'Angleterre. Pourquoi, demandaient-ils, le parlement a-t-il été dissous? Uniquement parce que les ministres avaient la conviction qu'ils ne pouvaient avoir de confiance en lui, reconnaissant ainsi qu'ils n'étaient pas un ministère réformateur; car autrement auraient-ils redouté un parlement qui s'était distingué comme réformateur? On ajoutait que le précédent ministère, présidé par lord Melbourne, n'avait été renvoyé que parce qu'il se préparait à présenter d'efficaces mesures de réforme. Toutes ces mesures seraient maintenant supprimées, et l'acte de réforme lui-même courrait des dangers. Sir Robert Peel avait bien déclaré qu'il n'y toucherait pas; mais si quelque autre personne attaquait cet acte, le premier ministre seconderait sans aucun doute l'assaillant de toute l'influence de sa position officielle. Quant au duc de Wellington, il avait pro. testé contre l'acte de réforme, le regardant comme dangereux pour la couronne; et puisque telle était son opinion, il devait, s'il était un honnête homme, faire tous ses efforts pour en hâter le rappel. Le renvoi des derniers ministres avait été une inconstitutionnalité à laquelle participaient ceux qui leur avaient succédé. Ces ministres avaient obtenu toute la confiance d'une des branches de la législature et la soumis

sion de l'autre ; le peuple n'avait point pétitionné contre eux, et le roi avait donné son assentiment à toutes les mesures qu'ils avaient proposées. Et alors même que les nouveaux ministres seraient disposés à présenter des mesures de réforme, ce ne serait qu'une raison de plus pour les renvoyer; car ils ne seraient, dans ce cas, que des renégats sans principes, dénués de toute probité politique, et dignes de la réprobation de tout honnête homme. Enfin les anciens ministres auraient aussi bien, si ce n'est mieux, que leurs successeurs, présenté ces mêmes mesures.

Les tories demandaient ce que c'était que cette réforme qu'on disait mise en péril par le renvoi du dernier ministère. Le mot lui seul ne signifiait rien; il pouvait exprimer une idée très-bonne ou très-mauvaise, suivant l'opinion de celui qui l'employait. Entendait-on par là le vote au scrutin secret, les parlemens annuels, une extension de la franchise électorale, des changemens dans la Chambre des lords, et une abolition immédiate ou graduelle des Églises établies? Toutes ces choses ou quelques unes constituaient-elles les élémens de la réforme qu'on déclarait en danger, par cela seul que le ministère actuel resterait au pouvoir? Si c'était là ce que l'opposition voulait dire, il fallait qu'elle l'exprimât franchement, hautement, et comme elle avait raison de soutenir que les nouveaux ministres refuseraient cette réforme, elle devait poser aux anciens la question de savoir s'ils l'accorderaient. On savait que lord Melbourne s'était aussi fortement prononcé contre ces mesures que sir Robert Peel. Pourquoi donc préférait-on l'ancien ministère au nouveau? C'était sans doute parce qu'on trouverait en lui moins d'obstacles pour mettre ces doctrines en pratique, bien qu'il les eût désavouées. Si telle n'était pas la réforme pour laquelle on prétendait demander le renvoi du nouveau ministère, avant de l'avoir vu à l'oeuvre, sans même l'entendre, quel prétexte avait-on d'attaquer avec une pareille violence la prérogative de la couronne de choisir ses ministres ? Les hommes qui com

posaient le ministère actuel étaient entrés les premiers dans la carrière de l'économie; les prédécesseurs des ministres whigs avaient maintenu la paix pendant quinze ans; le duc de Wellington avait été le premier à reconnaître le roi des Français porté au trône par une révolution; il avait également reconnu dona Maria ; il n'eût pas souffert que le despote de la Russie augmentât encore sa puissance gigantesque en subjuguant virtuellement la Turquie, et il ne lui eût pas donné des fonds pour écraser la révolution polonaise. Quant aux lois sur les grains, l'ancien ministère avait résisté à toutè tentative pour les changer. Sir Robert Peel disait qu'il n'accorderait jamais l'abolition des dîmes; mais lord Melbourne avait dit la même chose. Sir Robert Peel déclarait qu'il ne consentirait pas à appliquer le surplus des revenus de l'Église irlandaise à des objets qui lui seraient étrangers; mais l'ancien ministère avait perdu ses membres les plus distingués parce qu'ils étaient de la même opinion. On voulait une suffisante réforme des corporations municipales: lorsque cette question serait soulevée, il serait temps, si les ministres refusaient d'apporter aux abus les remèdes jugés nécessaires par le parlement, de les forcer à se retirer ou à se soumettre à sa volonté. Avant tout, il fallait attendre et examiner les mesures que proposerait le nouveau ministère.

Ainsi parlaient les deux partis extrêmes. Entre eux se plaçait la nuance à laquelle appartenaient sir James Graham et lord Stanley, dont les discours prononcés devant leurs commettans formaient une profession de foi à l'usage des hommes d'état, anglais ou autres, qui veulent se retrancher dans une prudente neutralité, ménager en même temps le ministère et ne pas heurter l'opinion qui le repousse, faire enfin flotter au vent la bannière de la réforme, tout en ayant soin qu'elle ne touche qu'aux plus énormes abus. M. Stanley avait promis, au besoin, son appui aux ministres, dans le cas où leurs mesures seraient réellement dictées par le bien public.

par

Sur différens points, on ne se contenta pas de cette fuţle oratoire; on en vint à la violence matérielle. C'est ainsi, exemple, qu'à Westminster, le candidat tory, sir Thomas Cochrane, excita, par son apparition sur les hustings, une effroyable explosion de huées et de sifflets; et bientôt après il se vit en butte à des volées non interrompues de tous les projectiles usités en pareille circonstance. Vainement il essaya de faire tête à l'orage; sa voix fut constamment couverte par le tumulte, et lorsqu'il fut descendu des hustings, il fallut qu'un corps nombreux de constables protégeât, sa retraite au milieu de la multitude qui ne cessait de le huer, de le siffler et de l'assaillir de tous les débris qu'elle ramassait sur son passage. Mais ces désordres n'étaient rien au prix de ceux qui éclatèrent à Halifax, et en Écosse à Jedburgh et à Hawick. A Halifax plusieurs édifices publics et particuliers furent attaqués, les vitres brisées, les fenêtres démolies. Quelques maisons furent même envahies et en partie saccagées. A Jedburgh et à Hawick les partisans du candidat ministériel eurent à essuyer tous les outrages de la part de la populace, et ne purent voter qu'en courant de graves dangers. Le shériff fut deux fois obligé de lire la loi sur les émeutes, et l'on dut faire venir des troupes pour empêcher les troubles de se renouveler.

En résultat, les élections donnèrent un puissant renfort au parti tory, dans la Chambre des communes. A la vérité, il avait complétement échoué dans la métropole, où les seize membres nommés étaient tous whigs ou radicaux; mais, dans le reste de l'Angleterre, il avait obtenu la prépondérance. L'intérêt agricole dans les comtés n'y avait pas peu contribué; tous les électeurs qui représentaient cet intérêt avaient voté pour les tories avec la même fureur qu'ils avaient mise, trois ans auparavant, à voter pour leurs adversaires. Les corporations municipales, menacées par l'ancien ministère d'une réforme dont tous les esprits impartiaux reconnaissaient la justice et la nécessité, avaient Ann. hist. pour 1835.

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