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pour la première fois, ses chefs demandèrent pour lui la croix de la Légion d'honneur; il fut nommé chevalier le 11 juillet 1891.

L'année suivante, Mengin-Lecreulx, devenu inspecteur général, appuyait la proposition pour le grade d'ingénieur en chef faite en sa faveur par cette appréciation qui résume l'impression que lui avait laissée une collaboration étroite de plus de sept

années :

Sujet hors ligne, d'une aptitude administrative tout à fait exceptionnelle, M. Cadart est le meilleur ingénieur que nous ayons rencontré.

Un pareil éloge, émanant d'un chef aussi autorisé, désignait Gaston Cadart au choix de l'Administration pour un poste important d'ingénieur en chef.

Le 25 octobre 1894, il était chargé, à la résidence de Pau, des services ordinaire, hydraulique et vicinal du département des Basses-Pyrénées, d'études et de travaux de chemins de fer d'intérêt général, d'études et de travaux relatifs au régime général du bassin de l'Adour et du Contrôle des chemins de fer d'intérêt local et des tramways.

Dans ce nouveau poste, Gaston Cadart ne cessa de faire preuve d'un grand esprit d'initiative et de mettre à profit l'expérience qu'il avait acquise comme administrateur et comme technicien. Il étudia et fit concéder un réseau de tramways départementaux de plus de 200 kilomètres ainsi que le réseau des tramways de la ville de Pau. Des travaux considérables de construction et de rectification de routes nationales, de nombreux ouvrages d'art, dont six grands ponts sur le gave d'Oloron, le gave de Mauléon et sur la Nivelle, furent exécutés sous sa direction. Son service de chemin de fer comprenait l'étude des lignes devant desservir les Pyrénées centrales, celle de la ligne de Bedous à la frontière d'Espagne, dont il fit dresser un avant-projet complet montant à 34 millions, ainsi que les études et travaux de la ligne d'Oloron à Bedous pour lesquels il avait comme collaborateur M. Delure, aujourd'hui directeur des travaux publics du Maroc. Le 3 janvier 1900, le ministre leur adressait un témoignage de satisfaction

" pour le soin et le véritable talent dont ils avaient fait preuve <«< dans l'étude et la rédaction du projet de tracé et de terrasse<<ments de cette ligne ».

Promu à la 1re classe du grade d'ingénieur en chef le 1er avril 1903, puis, à la fin de la même année, au grade d'officier de la Légion d'honneur, sur la proposition du ministre de la guerre, Gaston Cadart s'était fait, dans le département des Basses-Pyrénées, une grande situation.

D'une vive intelligence, d'un jugement droit, d'un caractère à la fois ferme et conciliant, il était très apprécié par les autorités et les assemblées locales, et il était considéré, à juste titre, comme l'un des ingénieurs en chef les plus distingués de la région.

Aussi, lorsqu'elle eut, en 1906, à pourvoir au poste de directeur du contrôle des chemins de fer du Midi, l'Administration jugea-t-elle que Gaston Cadart réunissait toutes les qualités nécessaires pour remplir avec succès ces importantes et délicates fonctions.

La Compagnie entreprenait alors, sur tout son réseau, de grands travaux de transformation et d'amélioration agrandissement de gares, doublement de voies, installation du block automatique, armement de lignes en vue de la traction électrique, construction d'usines hydro-électriques destinées à la production de l'énergie. Gaston Cadart s'est particulièrement occupé de la création de ces usines, notamment de l'usine d'Eget, et, dans ces derniers temps, de leur utilisation pour la défense nationale.

Il est aussi intervenu de la manière la plus active, tant comme directeur du contrôle que comme membre d'une commission interministérielle, pour aplanir les graves difficultés auxquelles donna lieu, dans le voisinage des lignes de chemins de fer électrifiées, la protection, contre les courants à haute tension, des lignes télégraphiques et téléphoniques de l'État.

Indépendamment du service du contrôle proprement dit, Gaston Cadart était chargé de l'inspection des lignes nouvelles du réseau du Midi qui sont construites par l'Etat. Ce service de

construction avait pris, depuis 1906, un développement considérable. Vingt-quatre lignes, d'une longueur totale de plus de 650 kilomètres, ont été exécutées ou sont en cours d'exécution. Gaston Cadart surveillait personnellement les études et travaux de ces lignes, aussi bien dans les bureaux des ingénieurs que sur le terrain. Il n'en est pas une dont il n'ait plusieurs fois parcouru le tracé dans toute sa longueur, tant avant l'approbation des projets que pendant leur exécution.

Par leur étendue et par leur nature, les attributions qui lui avaient été confiées étaient celles d'un inspecteur général. Ce grade lui fut conféré par un décret du 1er février 1912.

Depuis sa nomination à la direction du contrôle du Midi, Gaston Cadart siégeait au Conseil général des Ponts et Chaussées.

Vous avez pu apprécier, mes chers camarades, avec quel soin minutieux il étudiait les affaires, les examinant dans tous les détails, ne laissant dans l'ombre aucune des questions qui s'y rattachaient. Il formulait les conclusions de ses rapports avec une netteté parfaite et il soutenait, avec une courtoisie qui n'excluait pas une grande fermeté, celles qui touchaient aux intérêts qu'il avait mission de défendre.

Il prenait d'ailleurs une part active à nos délibérations, et les observations qu'il présentait étaient toujours très écoutées. Tous, nous avions pour cet excellent camarade la plus profonde estime.

Pendant près d'un an, Gaston Cadart est resté éloigné du Conseil, remplissant, avec tout le dévouement dont il était capable, les fonctions de commandant du génie d'un des secteurs du camp retranché de Lyon, qui lui avaient été assignées lors de la mobilisation.

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Revenu parmi nous, sur la demande du ministre des travaux publics, il pouvait espérer franchir à bref délai, relativement jeune encore, le dernier échelon de la hiérarchie du Corps des Ponts et Chaussées.

Tout récemment, il avait eu la satisfaction de marier l'aîné de ses deux fils, qui, tous deux, depuis le début de la guerre, font leur devoir sur le front avec vaillance et avec honneur.

La fin de sa carrière se présentait sous les plus heureux auspices, quand s'est déclarée la cruelle maladie qui, en quelques jours, a brisé cette belle intelligence, capable de rendre encore de si utiles services au pays, cette existence si chère à sa famille et à ses amis.

Je suis certain de répondre aux sentiments unanimes du Conseil en disant que nous conserverons de notre camarade un fidèle et sympathique souvenir et en priant sa digne compagne, Mme Gaston Cadart, d'agréer l'hommage de nos bien vives et respectueuses condoléances.

N° 7

MESURE DES DÉBITS

LE JAUGEUR VENTURI (*)

PAR

C. CAMICHEL

Directeur de l'Institut électrotechnique de Toulouse

D. EYDOUX

Ingénieur des Ponts et Chaussées,

Ingénieur principal de la voie aux chemins de fer du Midi

ET

J. LHÉRIAUD

Ingénieur de la traction aux chemins de fer du Midi.

Les appareils de jaugeage généralement employés jusqu'à ce jour dans les usines hydrauliques ne présentent pas tous les caractères de commodité et d'exactitude que l'on pourrait désirer. Il nous suffira de rappeler l'emploi de la méthode chimique, du procédé du rideau, des appareils mesureurs de vitesse en des points déterminés de la masse liquide, tels que le tube de Pitot, ou le moulinet de Woltmann, ou même du déversoir soigneusement taré ou construit suivant le type même préconisé par M. Bazin pour reconnaître que, si ces procédés sont, en général, assez bons et donnent une approximation suffisante entre des mains exercées, leur usage est assez compliqué, et, par conséquent, ne peut être aussi fréquent qu'on pourrait le désirer. D'autre part, ce qui peut surtout intéresser les ingénieurs

(*) Nota. Ce rapport avait été rédigé pour être présenté au deuxième Congrès de la Houille Blanche qui, devant se tenir à Lyon ên 1914, n'a pu avoir lieu à cause de la guerre. Il est extrait de la publication des rapports dont la Chambre syndicale des Forces Hydrauliques organisatrice du Congrès a pris l'initiative.

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