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Il y était dit qu'à l'avenir les ecclésiastiques ne pourraient être conduits en prison que la nuit, ou dans une voiture, et enveloppés d'nn manteau. Si les localités le permettaient, ils devraient être enfermés dans une prison séparée. Défense était faite d'arrêter un coupable dans une église pendant le service divin. En outre, hors du service divin, le curé ou le prieur d'une église, dans laquelle un individu poursuivi par la justice, se serait réfugié, devait être averti de son arrestation. Liberté était donnée à tout évêque d'avoir dans son évêché une chambre de correction où seraient enfermés les ecclésiastiques qu'il jugerait convenable de punir. Dans le cas où un prêtre serait condamné à mort, le gouvernement ne pourrait exiger d'aucun évêque la dégradation, sans lui avoir préalablement communiqué toutes les pièces du procès, et la dégradation ne serait définitivement prononcée que si ces pièces ne prêtaient à aucune observation; sinon, elles seraient soumises à la discussion d'une commission composée de trois évêques, munis de pleins pouvoirs apostoliques, approuvés par le Pape. Sur la demande du gouvernement, elle pourrait se composer d'un nombre de membres double, avec deux assesseurs laïques ayant voix consultative.

Juger en dernier ressort des observations de l'évêque, tel serait le rôle de cette commission; si, après examen, elle les trouvait mal fondées, elle ordonnerait la dégradation sans délai. Dans l'hypothèse contraire, elle enverrait au roi un avis motivé, et recommanderait le condamné à la grâce du souverain. Cette convention ratifiée, par le roi, fut proclamée loi du royaume.

L'attention de la cour était alors occupée par des négociations graves dès le principe, et dont les suites devaient entraîner de nombreuses difficultés.

Il s'agissait d'un traité de commerce avec l'Angleterre. La première base serait l'égalité des deux pavillons;

les principaux articles régleraient le commerce des huiles. Sur ces deux sujets les conclusions eussent été promptes et faciles; mais les exigences de l'Angleterre, relativement à l'abolition du monopole des souffres, soulevèrent de graves questions dont la solution et l'historique appartiennent à l'année qui suivra.

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tendant. – Désunion des généraux de la reine. Etat des armées. -Embarras du trésor. — Position difficile du ministère. — Troubles qui éclatent dans les présides de la côte d'Afrique et sur d'autres points. — Accusation dirigée contre le comte de Toréno. — Prorogation des Cortès.-Mesures adoptées durant cette période de la Session. Reprise des hostilités. Affaires d'Utiel de Lucéna. — Chelva chassé de la Manche. Munagorri. Derniers efforts de ce partisan. Dissolution de la légion étrangère. Statistique des deux armées. Espartero et ses lieutenants. Affaires de Ramalès, de

frontière.

Guardamino, de Belascoin. - Occupation d'Orduna par les troupes constitutionnelles, et rétablissement de la ligne de Pampelune à la · Cabrera et Van-Halen. Inutile tentative de ce dernier sur Ségura. Incendie de cette ville, par le chef carliste. — Llangostera, lieutenant de Cabrera, est repoussé par Ayerbe et Aspiroz.Prise du fort de Taleo, par O'Donnell. Résultat et appréciation de l'ensemble des opérations de la campagne.

La guerre de succession, qui depuis si long-temps déchirait la péninsule, et qui cette fois était d'autant plus sanglante qu'à la différence de la première, elle était uniquement intestine, cette guerre touchait à sa fin. A ne considérer que les événements de l'année précédente, il ne semblait pas que le dénouement fût si voisin. Ce qui le précipita, ce furent moins les coups portés par l'un et l'autre parti, que la faible nature de celui qui prétendait au trône de Castille; les dissentiments qui partageaient ses conseils, alors que sa cause, plus encore que celle de la reine, avait besoin d'union; enfin l'énergie effrayante d'un de ces hommes que la providence tient en réserve pour les desseins qu'elle se propose, et dont seule elle peut apprécier les mobiles. Seule, en effet, elle peut juger avec équité l'homme qui, aujourd'hui encore, est général de don Carlos et demain s'appellera Maroto!

L'harmonie ne régnait pas davantage dans les armées de la reine. En temps de guerre civile, les hommes placés d'abord sur le premier plan s'effacent souvent ou disparaissent devant d'autres plus habiles ou plus heureux. Les géle néraux christinos se persécutaient les uns les autres; vainqueur de Gomez, le pacificateur de la Manche, Narvaez, était contraint de se réfugier à Gibraltar, d'où, à son tour, il accusait Espartero. Un autre général qui, lui aussi, avait rendu des services à la cause constitutionnelle, Cordova, d'abord retiré à Ossuna, fut obligé de chercher un asile en Portugal. Ces deux commandants d'armée, dont on avait dès l'année précédente incriminé la conduite à la suite des troubles de Séville (voir l'Annuaire de 1838) étaient, de l'autorisation même des Cortès, renvoyés devant la juridiction militaire; et quant à Espartero, son influence, toujours grandissante, tenait sans doute à l'avantage qu'il avait de combattre, en quelque sorte, l'insurrection dans son foyer.

Cependant, la situation était critique; les troupes souffraient, l'armée du nord surtout, et en particulier, la garnison de Saint-Sébastien. Ailleurs, on n'était pas plus heureux. En vain le ministre des finances, M. Pita Pizarro, fit-il les plus louables efforts; la pénurie du trésor était telle, les dernières opérations stratégiques avaient eu si peu de succès, et les allures de l'administration inspiraient si peu de confiance, que ce fut à grand'peine qu'on parvint à réaliser à cette époque de l'année, 24 millions de réaux applicables aux besoins des armées. Aussi, dans une circulaire récente, l'administration recommandait-elle, plus particulièrement que jamais, aux intendants des provinces, de donner aux deniers perçus cette destination urgente.

Il était d'ailleurs difficile au ministère de mener à fin les actes qu'il méditait. Les attaques, dont il était l'objet, devenaient chaque jour plus incessantes; les agitations, les trou

bles suscités par les exaltés, à Malaga, Valence et quelques villes de l'Aragon, et par les carlistes à Melilla, Alhucemas et Ceuta, situées sur la côte d'Afrique rendaient surtout sa position pénible. Et cependant, ces troubles, qui appelèrent des mesures exceptionnelles, telles que la mise en état, de siége, n'avaient rien qui fût plus inquiétant que les épisodes ordinaires des guerres civiles. En ce qui touchait les villes d'Afrique, en particulier, M. Martinez de la Rosa fit remarquer avec raison, lorsque ce sujet occupa les députés, que les scènes dont elles avaient été le théâtre, devaient d'autant moins inspirer de crainte, que ces places ne servaient que de présides; que d'ailleurs, protégées par une alliée de la reine, par l'Angleterre, il serait bien difficile à un parti quel qu'il fût, de s'en emparer. Le ministère avait à détourner d'autres orages : le général Seoane avait dirigé contre le comte de Toreno, une accusation de malversation basée surtout sur la prorogation du privilége des mines d'Almaden. La proposition fut prise en considération et renvoyée à l'examen des bureaux. C'était, en un mot, l'éternelle lutte entre les exaltés et les modérés.

Dans ces circonstances, le Cabinet, dont M. Perez de Castro, naguère ambassadeur en Portugal, devenait le chef, dut prendre un parti; il le fit en prorogeant les cortès (8 février) en attendant qu'il pût, sans trop de secousses, les dissoudre. On ne voilait point les causes de cette grave détermination: on ne pouvait, disait le ministère, répondre en même temps aux interpellations des députés, suffire aux soins de l'administration et pourvoir aux besoins incessants d'armées en souffrance. Remarquons, toutefois, que la prorogation des cortès, coïncidait avec la dissolution des Chambres françaises (ministère Molé). Peut-être attendait on la réunion du nouveau parlement chez une des puissances signataiAnn. hist. pour 1839.

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