Page images
PDF
EPUB

ple, cédant sans doute aux inspirations de la Rossie, après bien des efforts inutiles pour supprimer l'école d'Athènes, comme il avait supprimé celle de Smyrne et d'autres villes de la Turquie, excommunia Kaïris. Mais cette sévérité ne fit qu'augmenter la popularité du prêtre, et le nombre de ses élèves dépassa bientôt trois cents. Le clergé russe irrité, inspira au gouvernement de faire fermer l'école et de mander Kaïris à Athènes, pour répondre devant le saint synode aux accusations d'athéisme et d'infidélité. A peine l'arrivée et la présence de Kaïris dans le synode, furent-elles connues, que la populace assiégea le palais, réclamant son maître, son père, le sage de la Grèce. Néanmoins, malgré ces démonstrations non équivoques d'une profonde sympathie, le patriarche obtint que Kaï · ris et ses adhérents seraient mis au ban du royaume pour crime d'impiété. Cette affaire produisit dans toute la Grèce une vive sensation.

Ainsi, l'esprit de nationalité exigeait encore quelques concessions; et cependant, il faut le reconnaître, en somme, le peuple était satisfait de l'administration; car le pays avançait sensiblement vers cet avenir qu'il cherche depuis tant d'années et à travers tant de commotions politiques.

CHAPITRE VI.

SUISSE.-Situation de la république helvétique.

[ocr errors]

[blocks in formation]

Scission. Un Conseil est établi pour la révision de la constitution. -Vote des dixains occidentaux. Intervention de la Diète. Une nouvelle constituante est nommée. Les dixains orientaux refusent d'en faire partie. Constitution du 29 août. - Révolution à Zurich. - Actes anti-religieux du gouvernement. Protestation du comité de la foi. Assemblée populaire à Klotten. Chute du gouverne

SusChange

ment. Nouveau gouvernement. - Zurich se retire du concordat de 1832, Révolutiondans le Tessin.- Associations.-Premiers revers du parti libéral.- Dissolution de la compagnie des carabiniers. pension de la liberté de la presse.- Triomphe du peuple. ment de gouvernement. Nouvelles élections. Etat du pays. SARDAIGNE. Progrès de l'industrie et du commerce. système pénitentiaire. Traité de commerce avec la Turquie. pathie du gouvernement pour la cause de don Carlos. - Reprise des relations commerciales avec l'Espagne constitutionnelle. Traité avec les États-Unis.

[ocr errors]

Réforme du

[ocr errors]

Sym

ETATS ROMAINS.-Affaire de l'archevêque de Posen.- Négociation avec la Russie, au sujet des catholiques de Pologne et des évêques latins, convertis à la communion grecque. O Relations avec le Portugal et Naples. Canonnisation. - Amnistie. Frères prêcheurs.

[blocks in formation]

NAPLES. Tunis. gleterre.

[ocr errors][merged small]

Convention avec le Saint-Siége. - Négociation avec l'An

SUISSE.

Les intérêts contraires qui partagent les cantons, la diversité des croyances et des mœurs, et aussi les accidents d'un territoire coupé de torrents et de chaînes de montagnes sont autant d'obstacles qui ont paralysé, jusqu'à ce jour, les efforts si souvent tentés pour la réalisation de l'unité gouvernementale dans la république helvétique. Cette année encore, les mêmes essais de centralisation furent renouvelés, mais avec moins de bonheur que ja

mais.

En effet, le Valais tendait à une scission définitive,

en deux républiques indépendantes qui d'ailleurs existaient déjà de fait par sa division naturelle en haut et bas pays, l'un allemand, l'autre français, subdivisés en dixains orientaux et occidentaux, protestants et catholiques, se suffisant à eux-mêmes dans les affaires d'administration.

A plusieurs reprises, l'année précédente, on avait vainement essayé la révision de la constitution de 1815, imposée par les puissances étrangères, et acceptée avec répugnance par le bas-pays, aussi bien que par les dixains supérieurs, dont cependant elle consacrait les priviléges, mais sans les reconnaître tous. Le désir commun appelait donc une modification à la loi fondamentale, et la diète cantonnale était entrée elle-même dans ces vues. Suivant son vote, le 14 janvier, devait s'assembler la constituante qui aurait mission de lever le différent, et de proclamer les changements nécessités par la situation; mais sur la résolution du Haut-Valais, de refuser sa participation, le Bas-Valais, seul, envoya des députés à la diète cantonnale, et le 30 janvier, fut votée une nouvelle constitution contre laquelle s'élevèrent naturellement de nombreuses protestations.

Cependant, cinq mois passèrent sur cet ordre de choses sans qu'un pouvoir supérieur interposât son autorité. Mais l'ouverture de la diète, qui eut lieu à Zurich le 1er juillet, réveilla les débats, et souleva des luttes nouvelles. En effet, les représentants de la confédération, ne consentirent point à reconnaître les députés envoyés par l'un et l'autre Valais et résolurent de leur fermer l'entrée du Conseil. En même temps, un projet de reconstitution fut mis en discussion et voté immédiatement. Il portait qu'il serait formé one assemblée dans la proportion d'un membre sur mille âmes de population sans autre condition préalable. Sa tâche consisterait à rédiger une constitution

cantonnale à la majorité absolue des membres présents, en maintenant l'unité politique et administrative du canton. La diète sanctionnerait de son approbation la nouvelle loi, si la majorité des citoyens se prononçait régulièrement pour son adoption.

Le 29 juillet, s'assembla la constituante. Les députés des dixains occidentaux étaient seuls présents à Sion, et remplissaient leur mandat, pendant que l'ancien conseild'état protestait à Sierre, au nom des dixains orientaux. Ces obstacles imprévus, tout en retardant les travaux de la constituante, ne les empêchèrent point, et le 3 août, elle adopta, avec quelques modifications, le projet de sa commission, qui fut consacré, le 29, par la grande majorité de la population et proclamé loi fondamentale de l'Etat.

Mais le haut-pays persista dans ses premières déterminations, et déclara, comme il l'avait déjà fait, qu'il ne se soumettrait qu'aux changements votés dans la forme prescrite par la constitution de 1815. Ainsi, en dépit de tous les efforts tentés pour ramener le Valais à l'unité, une nouvelle barrière, l'irritation des esprits, s'élevait de jour en jour entre les deux gouvernements, et rendait provisoirement impossible tout rapprochement. Telle était la situation, quand une révolution, depuis longtemps menaçante, éclata dans Zurich, et attira l'attention de la diète.

Les doctrines hétérodoxes du docteur Strauss, appelé d'Allemagne à l'université de Zurich, avaient suscité contre lui les passions religieuses, et provoqué une répulsion presque universelle. Malgré l'appui que lui prêtait le pouvoir, si vive et si pressante fut l'opposition qui demanda sa destitution, qu'il dut cesser de remplir ses fonctions.

Cependant, le grand Conseil ne dissimula pas qu'il s'agissait pour lui d'une question de principes plus encore Ann. hist. pour 1839.

23

que d'une question de personnes; et bientôt l'on put en juger par les changements qu'il introduisit dans l'enseignement religieux, et par le rejet qu'il prononça contre une proposition tendant à faire participer le conseil ecclésiastique aux élections des professeurs de théologie à l'université. De là, une recrudescence d'opposition et un appel fait au peuple par le comité de la foi qui était le foyer de toutes les sympathies religieuses. Il convoquait les communes pour délibérer, disait-il, sur des pétitions à soumettre au grand conseil. Par une proclamation du 23 août, ce dernier contesta au comité le droit de former de pareilles assemblées.

Toutefois, après plusieurs circulaires publiées successivement par chacun des partis, un meetting populaire eut lieu à Klotten, le 2 septembre; la délibération suivante y fat adoptée une députation composée de vingt-deux membres se rendrait au conseil-d'état et exigerait de lui: 1o qu'il retirât l'ordonnance du 23 août; 2o qu'il abandonnât l'accusation portée contre quelques membres du comité central; 5o que le procureur du gouvernement, fût mis en accusation, pour s'être permis plusieurs actes inconstitutionnels. Mais la réponse du gouvernement ne satisfit point les communes. D'ailleurs des troupes avaient été appelées à Zurich, et le nombre en augmentait à chaque instant. C'était-là, aux yeux du peuple et de ses délégués, un outrage et une menace. Quelques jours s'écoulèrent sans aucun événement décisif; mais dans la nuit du 5 au 6, de nombreuses troupes de paysans, se concentrèrent sous les murs de la ville, demandant: 1o que le canton de Zurich se retirât du concordat de 1832; 2°. que le conseil exécutif s'engageât à ne réclamer en aucun cas, l'assistance fédérale. Dans l'enthousiasme de ces protestations, une de ces bandes entra dans la ville, et s'étant rencontrée avec un corps de milice, elle engagea l'action et fut re

« PreviousContinue »