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les deux cas, les parois d'amont sont prolongées au-dessus du déversoir par des joues qui guident la nappe et empêchent l'épanouissement des deux faces latérales.

L'emploi d'un déversoir dont le sommet est formé par une plaque échancrée, en bois, en tôle d'acier, ou mieux en bronze, où les trois côtés de l'ouverture qu'elle présente ont été biseautés pour réaliser la mince paroi, est au contraire d'un usage plus commode et aussi plus répandu; il est en outre le moins coûteux;

Fig. 1.

Déversoir à nappe libre, sans contraction latérale, en section courante d'un canal rectangulaire.

la nappe libre s'y forme aisément parce que l'air arrive sous la nappe par les deux côtés de l'ouverture. La figure 3 fournit un exemple d'un tel déversoir. Mais il s'y produit une contraction latérale de la nappe, d'autant plus accentuée que la largeur de l'échancrure est petite par rapport à celle du canal.

Avant d'appliquer ce type de déversoir aux rigoles d'alimentation du canal de la Marne à la Saône, nous avons cherché à nous rendre compte des lois qui régissent l'écoulement qui s'y produit. Divers expérimentateurs en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne et surtout aux États-Unis ont déjà étudié,

au cours de leurs travaux, des nappes à contraction latérale; mais quand ils ont tiré de leur étude une formule d'application, ce qui n'est pas toujours le cas, cette formule ne paraît pas pou

Fig. 2.

- Déversoir à nappe libre, sans contraction latérale, à l'extrémité d'un canal rectangulaire débouchant dans un bassin.

Fig. 3.

--

Déversoir à nappe libre, avec contraction latérale, en section courante d'un canal rectangulaire.

voir être généralisée et utilisée en dehors des cas sur lesquels elle est basée. Seul peut-être, du moins à notre connaissance, M. Freese, professeur à l'Académie technique de Hanovre, a fait une étude complète de la question, en se livrant à un examen critique du résultat des anciennes expériences et en procédant lui-même à de nouvelles observations sur un grand déversoir établi dans une ancienne écluse de navigation, à Herrenhausen, près de Hanovre. Nous donnerons, dans la suite, la formule très compliquée à laquelle il a été conduit et nous montrerons qu'elle n'est pas applicable à tous les cas, surtout à ceux que nous avons spécialement en vue.

Comme on a pu le remarquer au commencement de cet avantpropos, l'approbation de notre projet d'aménagement de la rigole de Moulin-Rouge a précédé de deux mois à peine le commencement de la grande guerre. Il ne nous a donc pas été possible, en 1914, de commencer les quelques recherches que nous nous proposions d'entreprendre, recherches d'ailleurs très simples et qui ne devaient pas exiger beaucoup de temps. Au début de 1915, nous avons fait exécuter les quelques travaux préparatoires dont la rigole avait besoin et nous avons fait l'acquisition des quelques instruments qui nous étaient nécessaires; puis nous avons commencé les observations, sans sacrifier un seul instant les intérêts de notre service du temps de guerre et, en quelque sorte, en nous reposant d'une lourde besogne par une qui nous était familière. Nous les avons continuées dans l'été de 1916, toujours en n'y consacrant que quelques rares instants d'un repos indispensable.

Mais au cours des années 1917 et 1918, ces quelques instants libres nous firent défaut; il a fallu consacrer tout notre temps au service de la navigation par suite de notre collaboration à la Direction de l'Arrière des armées. Enfin, à l'armistice, nous avons été chargé dans les Ardennes d'un important service comportant la réfection des voies de communication, canaux, routes et chemins, voies ferrées d'intérêt local. Il nous a été matériellement impossible de trouver le temps de mettre au point nos expériences et nos calculs; c'est ce qui explique que nous ne

pouvons que maintenant seulement présenter aux lecteurs des Annales notre travail.

Bien que ces recherches nous en aient fait entrevoir d'autres, à entreprendre ultérieurement si cela nous est possible, les résultats acquis forment un ensemble qui nous paraît présenter quelque intérêt; c'est pourquoi nous avons rédigé la présente note que nous soumettons aux ingénieurs, en les priant d'excuser les quelques incorrections ou inexactitudes qui ont pu s'y glisser et que le manque de temps ne nous aura pas permis de faire disparaître.

Nous avons eu l'insigne avantage, au début de notre carrière, d'être chargé par Bazin, alors Ingénieur en Chef du canal de Bourgogne, de la préparation des expériences qu'il faisait entreprendre sur l'écoulement en déversoir; nous avons été ensuite son observateur pendant toute la durée de ces expériences et nous avons pu acquérir ainsi une certaine pratique de l'hydraulique expérimentale. Il nous tardait d'appliquer les méthodes du savant hydraulicien à l'étude d'un cas particulier de l'écoulement de l'eau afin d'apporter une contribution, si faible soit-elle, à une science où le champ à parcourir est encore vaste. Nous voulions aussi faire hommage à notre vénéré maître d'un travail qui nous fût personnel. Malheureusement, la carrière d'ingénieur laisse en général, et surtout dans les services ordinaires, peu de loisirs de loisirs pour des travaux spéciaux, qui exigent du temps, de la réflexion et de la persévérance. Ce n'est donc que bien tardivement que nous avons pu nous mettre à l'œuvre. Nous avons pu, toutefois, quelques semaines avant la mort de M. Bazin, survenue le 14 février 1917, alors qu'il était dans la pleine possession de son intelligence, lui exposer les résultats de nos recherches; il voulut bien les accueillir avec intérêt et nous exprimer toute sa satisfaction.

A la mémoire de l'éminent hydraulicien, qui honora grandement le corps des Ponts et Chaussées, nous dédions notre modeste travail, en témoignage de notre respectueuse affection et de notre vive reconnaissance.

II. RIGOLE D'EXPÉRIENCES DE MOULIN-ROUGE

Comme on le voit sur le plan qui fait l'objet de la figure 4, la rigole de prise d'eau de Moulin-Rouge a son origine dans une partie de la rivière de la Marne formant le bief d'un ancien moulin devenu une scierie. Par un contrat passé avec l'usinier, l'Administration peut disposer à son gré de tout le débit de la rivière, assez faible en été en raison de la proximité de la source, mais que l'on peut augmenter par des prélèvement faits au réservoir de la Liez qui sert à l'alimentation du bief de partage du canal de la Marne à la Saône; on peut donc toujours trouver dans la rivière le volume d'eau nécessaire aux expériences. Un vannage existant à l'entrée de la rigole permet de régler facilement le débit dérivé.

La longueur de la rigole, comptée entre la face aval du vannage de prise et la tête amont de l'aqueduc souterrain qui conduit. les eaux au canal, est de 95 m. 18; elle comprend, à l'origine, une partie courbe de 32 m. 78 de développement, et au-delà une partie droite de 62 m.40, dans laquelle les déversoirs soumis à l'étude peuvent être installés. Cette longueur de 62 m. 10 se décompose ainsi qu'il suit :

Canal d'amenée à un déversoir d'amont établi au p. 48 de la rigole... 15 m. 00, Longueur de rigole entre le déversoir d'amont et un déversoir d'aval établi au p. 93.....

45 m. 00,

2 m. 40.

Espace libre à l'aval du deuxième déversoir.... Rapprochées des longueurs partielles d'autres rigoles d'expériences, celles-ci peuvent paraître un peu faibles. La rigole construite en 1886 par M. Bazin sur la rive droite du bief no 57 du canal de Bourgogne, près de Dijon, a une longueur totale de 215 m. comprenant un canal d'amenée ayant, comme ci-dessus, une longueur de 15m. Les déversoirs soumis à l'étude étaient établis, soit à 200 m. de l'extrémité du canal d'amenée où était placé un déversoir de jauge, soit à 100 m., soit encore à 65 m. du même point. Nous ne disposions que de 45 m; mais nous ne

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