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LE RIO MENDOZA

Le Rio Mendoza (Argentine).

Résumé d'une brochure de M. Soldano,

Professeur d'Hydraulique agricole à l'Université de La Plata,
Présenté par M. IMBEAUX,

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.

Après le Rio Negro, le Nil argentin (1), M. Soldano publie une étude sur le Rio Mendoza, qui est situé plus au nord et dans le bassin duquel se développe le tracé du chemin de fer transandin.

Ce fleuve recueille le produit des torrents qui descendent du versant oriental des Andes sur une longueur d'environ 75 km., entre les grands massifs neigeux de l'Aconcagua au nord et du Tupungato au sud le bassin montagneux se termine à Cacheuta et compte environ 4.600 km2. Il est moins pluvieux que le haut bassin du Rio Negro, car, en moyenne, de 1909 à 1918 inclus, il n'est tombé que 0 m 280 d'eau (toute sous forme de neige) à Puente del Inca (2) (2.701 m. d'altitude), 0 m. 228 à Cacheuta (1.225 m.) et 0 m. 205 à Mendoza (719 m.) par an; certaines années comme 1909 et 1910, il n'est même pas tombé d'eau du tout à Puente del Inca, et dans la montagne c'est d'avril à septembre que tombe presque toute la pluie. La plaine à l'est de Cacheuta est de plus en plus aride : c'est un immense cône de déjection formé des apports des torrents andins.

Dans ces conditions, le régime du Rio Mendoza, étudié à Cacheuta, est plus nettement glaciaire encore que celui du Rio Negro. Les débits moyens mensuels la période 1909-1918 ont été les suipour

vants :

Janvier, 146 m3 25 par seconde ; février, 120 m3 53; mars, 73 m3 68; avril, 42 m3 87; mai, 31 m3 28; juin, 26 m3 88; juillet, 22 m3 01; août, 20 m3 46; septembre, 23 m3 83; octobre, 31 m3 56; novembre, 40 m3 61, et décembre, 82 m3 98. Moyenne annuelle: 53 m3 97 (module).

La période de hautes eaux ne règne que de novembre à mars, par suite de la fonte des neiges, tandis que l'étiage règne tout l'hiver, de mai à octobre, alors que les pluies tombées restent sous forme solide dans la montagne. Le maximum a été de 487 m3 86 lors de

(1) Voir Annales des Ponts et Chaussées, janvier-février 1920.

(2) C'est le fameux pont naturel de 20 m, de hauteur et 16 m. de largeur, sous lequel passe le rio de las Cuevas : la roche a 3 m. d'épaisseur à la voûte.

la crue du 20 janvier 1915, et le minimum de 14 m3 67 (qui a duré du 1er au 9 août 1911).

A l'est de Cacheuta, la rivière est saignée par de nombreux canaux d'irrigation, dont le principal est le canal Zanjon (40 km. de long sur 30 mètres de largeur moyenne; débit normal: 45 m3 par seconde mais tombant souvent à 24 m3 et en dessous, permettant d'irriguer 30.000 hectares) qui passe à Mendoza, Ce canal passe à tort pour avoir été creusé par le cacique Guaimallen, mais il n'est qu'un ancien lit naturel du Rio, lit, qu'à une crue de mars 1920 il a cherché à reprendre (il a fallu le travail acharné de jour et de nuit de 500 hommes pour empêcher la rupture de la digue qui défend l'entrée du canal).

Une vingtaine d'autres canaux, représentant une longueur d'ensemble de 140 km., permettent d'irriguer, en outre, environ 25.000 hectares de la plaine située entre Mendoza et Palmira. Le canal Zanjon à gauche et le canal Flores à droite prennent naissance à une grande digue dite de Lujan, construite en 1889 par Cipolletti (et déjà emportée en partie par une crue de 1900) : elle a 281 m. de longueur (en maçonnerie), avec les deux prises des canaux de 23 m. de largeur à chaque extrémité.

A Palmira, le cours du fleuve (ou plutôt de ce qu'il en reste après les prélèvements pour irrigations) se retourne franchement vers le Nord et aboutit, après un trajet de 115 km. environ, aux lagunes salées dites lacs Huanacache, Rivero et Seca: c'est là qu'aboutit aussi ce qui reste des eaux du San Juan (celles des rios plus au Nord, le Vermejo, le Jachal, etc., n'y arrivent plus jamais). Un faible émissaire, presque à sec une partie de l'année, dit le Desaguadero, sort de ces marais et descend au S.-E. : un de ses bras se réunit à l'émissaire du lac Bebedero (boit-tout) pour se perdre avec lui dans les Pampas Grande et de Bravo, tandis que l'autre continuant vers le Sud sous le nom de Rio Salado reçoit les eaux des rios Tunuyan, Diamante et Atuel (1) descendant des Andes, lutte contre l'ensablement par les dunes mouvantes de la grande plaine déserte, et finit par se perdre dans le vaste champ d'évaporation de l'Urre-Lafquen. On voit encore sur 70 à 80 km. de long, l'ancien lit appelé Cura-có par lequel autrefois l'Urre-Lafquen se déversait

(1) Ces rios ont exactement le même régime glaciaire que celui de Mendoza: leur débit d'étiage (hiver) est d'une vingtaine de m3 par seconde pour chacun. Leurs eaux sont très utilisées pour les irrigations : ce qui en reste dans leurs cours inférieurs lutte aussi contre les dunes de sable et change souvent de lit. La grande ile triangulaire entre le Diamante, l'Atue et le Salado est bien connue des géographes.

dans le rio Colorado et à la mer : aujourd'hui le Colorado donne l'exemple très curieux d'un fleuve qui s'est séparé de toute la partie Nord de son bassin, cette partie s'étant en quelque sorte déchiquetée en bassins fermés.

Pour revenir à la partie haute du rio Mendoza, M. Soldano signale que deux usines hydro-électriques ont été établies, l'une de 1.600 HP résultant d'une chute de 9 m. 60 sur le canal Zanjon près de Lujan, l'autre beaucoup plus importante à Cacheuta utilisant, grâce à un tunnel de 2.200 m., une chute de 43 m. 70 et donnant 4.000 HP. Il serait facile d'établir d'autres usines hydro-électriques tant sur le fleuve lui-même que sur les canaux. La pente entre Cacheuta et la grande digue de Lujan n'est pas de moins de 182 m., ce qui, avec le débit moyen du fleuve, donnerait 98.280 HP; celle, entre la digue et l'origine du canal Naciente, est de 180 m., mais le débit devant être diminué de 36 m3 pour l'alimentation des canaux, il ne reste à capter que 32.400 HP de cette section; enfin dans la deuxième section jusqu'à Palmira, il ne reste plus que 8 m3 de débit qui, pour 225 m. de chute, donneraient seulement 18.000 HP. Le canal Zanjon a une chute totale de 290 m. jusqu'à Mendoza et pourrait fournir 70.000 HP.

E. IMBEACX.

Statique graphique des corps hétérogènes, par POTTERAT (Louis), professeur à l'École polytechnique de Zurich. Un vol. 19 28 de 142 pages avec 49 figures. Lausanne, libr. F. Rouge;

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1920.

Cet ouvrage apporte une importante contribution à l'application de la statique graphique aux problèmes que soulève l'étude des efforts moléculaires qui se produisent dans les poutres droites hétérogènes sollicitées à la flexion simple ou composée. En usant des procédés classiques de l'intégration graphique, complétés sur plusieurs points par des remarques nouvelles, l'auteur arrive à traiter d'une façon simple et rigoureuse tous ces problèmes, quelle que soit la loi admise pour les déformations. On peut dire, en gros, que le chapitre I traite des généralités relatives aux aires matérielles, à leurs moments, au rôle qu'ils jouent dans les questions d'équilibre élastique; le chapitre II, du calcul du béton armé dans l'hypothèse de la loi de Hooke; le chapitre III, de l'étude des phénomènes de la flexion des corps qui ne satisfont pas à la loi de Hooke (c'est-à-dire tous les matériaux de construction, sauf le fer). Toutes les solutions données sont remarquablement simples et élégantes. Divers exemples

tirés de la pratique journalière du béton armé illustrent la théorie générale. L'auteur s'en est tenu strictement aux purs procédés de la statique graphique, particulièrement en honneur dans la grande école où il professe et où l'on sait qu'ils ont vu le jour; mais il fait lui-même observer que nombre des tracés auxquels il aboutit sont susceptibles d'être transformés en nomogrammes, ce qui supprime la nécessité de refaire des épures dans chaque cas particulier.

M. O.

N° 6

COMPTE RENDU DES PÉRIODIQUES

Pério

Périodiques français, par MM. PIGEAUD, Inspecteur général diques étrangers, par M. THERON, Ingénieur en Chef. Électricité appliquée, par M. BLONDEL, Ingénieur en Chef.

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Le Génie Civil (Paris, 1er janvier 1921). J. MAÎTRE La mesure des angles en radians. - Depuis l'établissement du système métrique décimal, la mesure des angles et celle du temps ont jusqu'ici échappé à l'application de ce système.

La division sexagésimale qui partage la circonférence en 360 parties égales ou degrés, en usage depuis un temps immémorial, n'a cessé d'être employée. La Convention voulut soumettre cette mesure au système métrique et divisa le quart de la circonférence en 100 parties égales ou grades; cette division centésimale du quart de cercle subsiste encore en géodésie, et a été appliquée à la carte de l'état-major.

D'un autre côté, dans l'analyse mathématique et dans les sciences. qui s'y rattachent, on a été conduit à exprimer les angles en fonction du rayon, en radians, c'est-à-dire en rapport de la longueur de l'arc décrit du sommet de l'angle compris entre les deux côtés. au rayon qui a servi à le décrire. Autrement dit le radian est l'angle au centre qui intercepte sur la circonférence un arc égal au rayon. La valeur des lignes trigonométriques est donnée par des séries où l'angle est exprimé en radians.

2

Dans ce système, la circonférence de rayon 1 ayant pour longueur 2, ou 6,283..., l'angle droit est représenté par 5, l'angle de 60° par etc. D'autre part, la division matérielle de la circonfé" 3 rence en un certain nombre de parties égales, analogues au degré, ou au grade, ou à leurs multiples et sous-multiples, ne peut se faire rigoureusement avec le radian, puisque le nombre 2 est incommen

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