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N° 5

BIBLIOGRAPHIE

Principes usuels de nomographie avec application à divers problèmes concernant l'artillerie et l'aviation (1). Conférences faites à la Section technique de l'artillerie (février 1919), Par le L-Colonel D'OCAGNE,

Chef de la Section de nomographie, professeur à l'École Polytechnique.

Compte rendu par M. A. CAQUOT,
Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.

M. l'Inspecteur général d'Ocagne vient de résumer, dans une brochure très intéressante, les applications qui ont été faites pendant la guerre des méthodes de calcul graphique mises au point grâce à ses travaux antérieurs.

La présente brochure a une portée beaucoup plus grande que celle qui semble résulter de son titre. Elle montre nettement l'application de la « nomographie » à des problèmes de l'Ingénieur qui sont parmi les plus ardus.

En tant que Directeur de la Section technique de l'Aviation, nous avons eu à nous occuper de beaucoup de problèmes nouveaux ; la solution à peine trouvée devait être appliquée immédiatement par des méthodes qui en permettent l'utilisation par les constructeurs. Dans cette période où le facteur temps était le plus important, les méthodes de calcul graphique mises à la disposition des Ingénieurs par les travaux de M. d'Ocagne ont rendu des services inappréciables. Ces services ne seront pas moindres actuellement si l'on veut tirer de l'intelligence tout ce qu'elle peut produire pour le bien du pays. Nécessité des calculs graphiques pour les Ingénieurs. L'art de l'Ingénieur est essentiellement différent du calculateur. L'Ingénieur doit toujours avoir nettement présente à l'esprit, lors

(1 Librairie Gauthier-Villars, 1 volume in-8° de 67 pages.

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qu'il conçoit un ouvrage, la répercussion d'un changement quelconque apporté dans l'un de ses éléments. Un ouvrage d'art est un problème souvent incomplètement défini et qui comprend un très grand nombre de variables. Pour que cet ouvrage réponde le mieux aux conditions d'emploi pour lequel il est prévu, il faut nécessairement que l'Ingénieur qui le conçoit se rende compte immédiatement de la variation de cette fonction lorsque les variables varient; or, les Ingénieurs constructeurs savent combien ces variations sont complexes et difficiles à saisir a priori, si l'on n'a pas fait au préalable une série de déterminations particulières de cette fonction, équivalant en somme à une étude générale de celle-ci dans un certain domaine.

Cette étude préalable, faite sur des données numériques ou graphiques aussi simples que possible, loin de faire perdre du temps, en fait gagner beaucoup, surtout lorsque l'on a toute une série de problèmes de même nature à se poser. Même dans le cas d'un problème unique, on y trouve le grand avantage de permettre l'établissement pour ainsi dire immédiat des diverses solutions correspondant au champ de variation des diverses variables. De cette façon, l'intelligence de l'Ingénieur ne se trouve pas distraite par le travail d'ordre inférieur qu'entraîne un long calcul; toutes ses facultés sont réservées à la discussion et à l'examen des différentes solutions possibles, et l'obtention de la solution la meilleure se fait avec le moindre effort, dans le minimum de temps.

Ayant à diriger beaucoup d'Ingénieurs, nous avons à lutter chaque jour contre leur tendance à faire immédiatement des calculs numériques sur des bases qui ne sont pas suffisamment solides, et c'est grâce à l'emploi, aujourd'hui presque exclusif, de résultats représentés et conservés sous une forme graphique, que nous pouvons demander d'eux plus de réflexion au départ, lors de la détermination des coefficients à adopter, et plus de réflexion dans le cours de l'étude pour la discussion complète des diverses solutions possibles.

Ayant eu à appliquer le calcul graphique dans les domaines les plus divers, dans le calcul des performances des appareils d'aviation, dans le calcul des éléments des machines et dans la discussion de leur fonctionnement, enfin, dans le calcul des ouvrages d'art, nous sommes arrivés à cette conclusion, que la « nomographie », avec ses procédés de représentation graphique des fonctions, était aussi nécessaire à l'Ingénieur que l'outil à l'ouvrier.

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Les principes usuels de nomographie. Dans la brochure qu'il vient de publier, M. l'Inspecteur général d'Ocagne commence par donner les principes généraux de la « nomographie

afin de per

mettre leur application. Il résume là, d'une façon très claire, les prin

cipes mathématiques qu'il avait dégagés, il y a plus de vingt ans, dans son traité de « nomographie » qui est l'ouvrage fondamental em la matière.

La brochure actuelle en résume les principales théories et est conçue en vue de leur application; elle s'adresse d'une façon absolument directe à tous les Ingénieurs et non pas seulement à ceux qui s'intéressent aux questions de géométrie pure et appliquée.

Cette brochure, qui donne la théorie des échelles fonctionnelles, des abaques cartésiens et des nomogrammes à points alignés, s'étend. surtout sur cette dernière méthode. C'est qu'en effet, le nomogramme à points alignés est, en pratique, le mode de calcul graphique le plus. sûr et le plus précis; il permet, au moyen de réseaux complémen-taires, d'augmenter le nombre des variables, et une lecture directe peut donner la valeur d'une fonction de trois variables indépendantes.

Avec le présent ouvrage, M. l'Inspecteur général d'Ocagne a rendu. un nouveau service aux Ingénieurs en leur permettant d'utiliser pratiquement, sans longues études préalables, les méthodes si puissantes. de calcul graphique que nous lui devons.

Idraulica generale, par Francesco MARZOLO (Cours d'hydraulique générale), 1 vol. in-8°, p. 238. Padoue, 1920.

Le récent ouvrage du professeur italien est le bienvenu; il nousarrive de la terre classique où parut, en l'an 98 après Jésus-Christ, le premier traité d'hydraulique. En dehors des ouvrages très élémentaires, ceux consacrés à l'enseignement de l'hydraulique ne sont nombreux dans aucun pays, pas même en Italie. Cette rareté tient sans doute à la nature du sujet. La partie de la mécanique qui a trait au mouvement des liquides n'a pas dépassé encore la période héroïque; elle reste un peu une science de recettes. Les problèmes les plus simples en apparence, qui viennent se poser dans la pratique, l'écoulement en déversoir par exemple, ne sont pas solubles rigoureusement par le calcul. La loi de dissipation de l'énergie dans les mouvements qui s'observent le plus habituellement, n'est pas connue. L'objet de M. Marzolo n'a pas été de signaler ces lacunes, encoremoins de les combler. L'auteur s'est borné à faire connaitre ce que l'on sait, et il l'a fait d'une manière claire, sobre et élégante; son livre est up to date. Dans un très petit nombre de pages se trouvent condensées toutes les formules et les notions essentielles de la méca-nique des liquides.

L'ouvrage est à peu près complet, quoique l'auteur n'ait vraiment

abordé, ni l'hydraulique mathématique, ni l'hydraulique physique, ces deux sœurs qui s'ignorent. Après avoir consacré deux chapitres aux questions fondamentales, l'auteur passe sommairement en revue les questions courantes relatives aux différents modes d'écoulement : écoulement dans les conduites forcées, les canaux découverts, les cours d'eau naturels, les lacs, par filtration, enfin par les orifices et sur les déversoirs (phoronomie).

Un chapitre est aussi consacré à la résistance des liquides, et un autre chapitre aux mesures et aux opérations de jaugeage (1).

Il y a, en résumé, dans le petit livre de M. Marzolo, beaucoup de choses sous un petit volume. Son ouvrage peut être choisi comme introduction aux traités plus développés de Flamant en France, de Gibson en Angleterre, de Merrimann en Amérique, de Forchheimer en Allemagne, pour ne citer que les plus récents.

MOURET.

Handbuch der Hydrologie (Manuel d'Hydrologie), par E. PRINZ, Ingénieur civil à Berlin (Julius Springer, éditeur), 1919.

Un ingénieur et hydrogéologue éminent, M. E. Prinz, élève du célèbre hydrologue A. Thiem (ami lui-même des Belgrand, des Dupuit et des Bazin), a profité des loisirs que lui a laissés la guerre pour écrire un ouvrage remarquable et des plus pratiques sur les eaux souterraines, les moyens de les reconnaître et de les capter: j'en conseille vivement la lecture à tous les Ingénieurs à qui incombe la tâche, parfois difficile, d'alimenter une localité ou une usine avec les eaux du sous-sol.

Par exemple, on n'y trouvera pas le secret de la baguette divinatoire, car M. Prinz n'en parle même pas. Pour lui, comme pour moi, l'hydrogéologie est fille de la géologie, et c'est de la constitution et de la situation des couches de terrain que nous cherchons à déduire l'existence et la puissance des nappes aquifères souterraines. C'est donc une science de détail qui, dans chaque cas particulier, demande une étude locale approfondie. Il n'y en a pas moins certaines lois générales, certains gites habituels du minerai d'hydrogène, et c'est ainsi que M. Prinz fait connaître les principales nappes aquifères de l'Europe centrale (Allemagne et AutricheHongrie), de la France et de la Belgique, de l'Angleterre et des

(1) M. RABUT est le premier, croyons-nous, qui ait fait un exposé d'ensemble des appareils, instruments, procédés et méthodes de l'Hydromé

trie.

États-Unis : nous trouvons notamment une bonne étude des grandes vallées de l'époque glaciaire sillonnant la vaste plaine de l'Allemagne du Nord, vallées où coulent encore aujourd'hui de larges fleuves souterrains.

Une seconde division de l'ouvrage est consacrée aux procédés de jaugeage et d'évaluation des eaux souterraines, une suivante à l'appréciation de leur qualité (physique, chimique et bactériologique). Les procédés de Thiem (le procédé dite notamment, qui a servi pour les avant-projets d'alimentation de Leipzig, Prague, Magdebourg, Charlottenbourg, München-Gladbach, Dusseldorf, Brême et diverses localités du Wurtemberg), de Slichter, de Lummert et autres sont décrits en détail et aussi clairement que possible c'est toujours sur la loi de Darcy que la plupart sont fondés. L'existence des cavernes et cours d'eau souterrains dans certaines formations géologiques (calcaires et grés) est aussi bien mise en évidence.

Enfin le dernier tiers du livre est consacré aux procédés de captage des eaux souterraines. L'auteur est passé maître en la matière, car il a fait exécuter de nombreux projets dans les villes allemandes et autres (il faut citer Wasa, en Finlande, où on était dans des conditions particulièrement difficiles, et Prague, en Bohême, où il

pas été fait moins de 614 puits captants pour obtenir 110.000 m3 par jour). Tous les systèmes de puits et de galeries sont passés en revue; les types de corbeilles filtrantes qu'on place au fond des puits pour retenir les sables fins sont bien décrits; enfin parmi les systèmes spéciaux pour sables boulants, on trouve en belle place celui de l'excellent hydrologue français Ch. Cuau, ainsi que quelques imitations visiblement inspirées de son principe (fenêtres obliques entre lesquelles le sable prend son talus naturel d'équilibre).

Une bibliographie soignée termine le livre. M. Prinz nous fait espérer qu'il donnera bientôt une suite à cet ouvrage, en étudiant tout spécialement les sources. Ed. IMBEAUX.

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