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donc naturellement se ranger du côté de leur gouverneur dès qu'il entrait en lutte avec Lorenzo. Ils étaient guidés, en outre, par la crainte qu'inspiraient les noirs, que le sentiment de leur force numérique porterait peut-être à l'insurrection, si l'exemple leur venait des blancs, et si jamais l'ile de Cuba, séparée de la mère-patrie, était réduite à ses propres

ressources.

CHAPITRE X.

PORTUGAL. Discours de la reine à l'ouverture de la session législative. Embarras financiers.

de l'Angleterre.

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- Débats sur l'alliance commerciale du Portugal et Question du commandement en chef de l'armée. Célébration du mariage de la reine avec le prince Ferdinand de Saxe Cobourg-Gotha. Clôture de la session. — Changement de ministère. – Publication d'un décret qui nomme l'époux de la reine maréchal-généra de l'armée. Actes du nouveau ministère. Ouverture d'une sessio extraordinaire. — Opposition des Chambres au ministère. — Mesures d finances. Dissolution de la Chambre des députés. — Elections. Pro rogation de l'ouverture de la nouvelle session. Etat des partis. - Agi tation des miguelistes. Révolution. - Proclamation de la constitutio.

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Actes du nouveau ministère.

de 1822.
reine à la révolution.

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Opposition de l'époux de 1 Protestation de la pairie. Politique de l'An ' Mouvemens du parti contre-révolution

gleterre à l'égard du Portugal.

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naire. Convocation des cortès. — Arrivée de forces navales françaises anglaises dans le Tage. Tentative de contre-révolution, Elle échoue - Décret qui abolit la traite des noirs.

· Actes du ministère.

rections miguelistes.

Insur

La reine dona Maria, en ouvrant le 2 janvier, la session ordinaire des cortès, commença par rappeler, dans son dis cours (voyez l'Appendice), les deux pertes qui l'avaient si cruellement affligée en 1834 et en 1835, celle de son père et celle de son époux, et leur fàcheuse influence sur les tra vaux de la législature, dont ces catastrophes imprévue avaient détourné l'attention des grandes questions qu'elle avait à résoudre pour donner tous les développemens voulu: à la Charte constitutionnelle. Il restait donc, dans la session. actuelle, une immense quantité de travaux législatifs à ter miner pour imprimer à la Charte un mouvement régulier e rapide. Des projets de loi seraient présentés sur cette impor tante matière.

En même temps qu'elle annonçait que les rapports des divers ministres apprendraient aux cortès ce qui avait été

fait dans l'intervalle des deux sessions et les éclaireraient sur Ja situation de l'administration intérieure, la reine proclamait la nécessité de régler cette administration d'une manière plus avantageuse à la nation et moins onéreuse au trésor public; de donner à la religion de l'Etat la protection impérieusement réclamée par le culte de la divinité et par la morale publique, et de dégager la marche de la justice de la confusion dans laquelle l'avaient jetée les circonstances.

Passant aux affaires extérieures, la reine exprimait l'espoir que non seulement les relations des puissances amies et alliées de sa couronne continueraient à devenir de jour en jour plus étroites, mais encore que bientôt la justice et la modération de son gouvernement seraient reconnues par les autres puissances, et surtout par le chef visible de l'église catholique dont elle était fière d'être la fille.

« Les armées portugaises, ajoutait-elle, qui ont si récemment triomphe, dans ce royaume, des fureurs de la guerre civile et des efforts d'une faction usurpatrice et liberticide, contribuent en ce moment à soutenir, dans un royaume voisin, la couronne de mon auguste alliée Isabelle II, contre des efforts aussi hostiles, aussi opposés à la prospérité de l'Espagne, dont l'intérêt se lie aujourd'hui si intimement à celui de mon royaume; et nous avons l'assurance que, par nos efforts combinés et grâce aux rapports intimes établis entre notre royaume et la Grande-Bretagne et la France, la paix sera bientôt solidement assise dans toute la Péninsule. »>

Le ministre des finances, en présentant le budget, proposerait toutes les réductions, toutes les économies qui pourraient tendre au soulagement des contribuables, et toutes les mesures nécessaires pour entretenir le crédit public sur les bases de la bonne foi et de l'accomplissement intégral de tous les engagemens contractés au dedans et au dehors.

Enfin, après avoir annoncé aux cortès son union avec le prince Ferdinand Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, union qui devait assurer son bonheur particulier, donner au pays un solide appui, et resserrer encore les noeuds qui l'unissaient à quelques uns des plus anciens alliés de sa couronne, la reine terminait par ces paroles :

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Messieurs, le complet rétablissement de la tranquillité et de la sécurité intérieure, la protection et les encouragemens à l'agriculture, aux manufactures et au commerce, sources de prospérité que nos calamités passées avaient presque taries, trouveront sans nul doute leur place parmi les nombreux sujets de vos délibérations, ainsi qu'ils provoqueront la sollicitude constante de mon gouvernement. Je suis sûre que vous aiderez, autant qu'il sera en vous, votre reine à accomplir la noble tâche, si glorieusement commencée, de la régénération du pays. Les sacrifices indispensables seront faits avec un empressement unanime; la généreuse nation que nous avons l'honneur de représenter, est capable de tout pour assurer le bonheur du pays. »

la.

En résumé, des promesses vagues de réductions et d'économies, des exhortations à réformer et à améliorer les diverses branches de l'administration et à encourager l'industrie, beaucoup d'espérances pour l'avenir, telle était la substance de ce discours dont il était aisé de conclure que la situation actuelle du Portugal ne se présentait pas sous un aspect satisfaisant. Si d'ailleurs, le ministère avait essayé de faire naître quelqu'illusion à cet égard, elle aurait été bientôt détruite par les différens projets de loi qu'il apporta aux Chambres. Ces projets dont la plupart concernaient des emprunts, des ventes de propriétés nationales, des émissions de bons du trésor, prouvaient en effet que le gouvernement en était aussi réduit aux expédiens financiers. Le ministère actuel, ainsi que le ministre des finances ne tarda pas à le déclarer devant la Chambre des députés, non seulement n'avait pas trouvé, à son entrée en fonctions, de fonds disponibles pour couvrir les dépenses courantes, mais encore il avait découvert qu'on avait anticipé sur les ressources destinées aux services de l'année suivante. D'autres projets, tels que ceux qui tendaient à un recrutement extraordinaire de 8 à 9,000 hommes, à ouvrir ou à restaurer des routes entre les principales villes du royaume, à construire des ponts, à établir des diligences, indiquaient également de fâcheuses nécessités ou l'absence des premiers élémens de la prospérité matérielle d'une nation. Ces projets n'eurent presque toujours pour résultat que d'exciter des débats orageux et désordonnés qui montrèrent souvent la représentation nationale et le

ministère en dissidence complète, et rendirent la position de celui-ci de plus en plus difficile.

Ce fut surtout la discussion des nouveaux tarifs de douanes qui dégénéra en une lutte pleine d'acrimonie et de colère, en même temps qu'elle attesta l'existence d'un vif sentiment d'hostilité contre l'Angleterre, que la Chambre des députés accusa d'avoir, par son alliance politique et commerciale, paralysé toute l'énergie de la nation portugaise. L'opinion s'était prononcée d'une manière si décidée contre la continuation de cette alliance aux conditions sur lesquelles elle avait jusqu'alors reposé, qu'au mois de juillet dernier le duc de Palmella avait notifié à l'ambassadeur anglais à Lisbonne, que le gouvernement portugais, usant de la faculté qu'il s'était réservée dans le traité de 1810, était déterminé à le déclarer expiré à partir du 1 janvier 1836. Entre autres motifs de cette détermination, le duc de Palmella avait allégué que déjà l'Angleterre avait annulé les stipulations du traité en retirant l'avantage dont les vins de Portugal avaient joui dans les ports anglais, quant au paiement des droits, depuis le traité de Methuen conclu en 1703; que l'opinion nanime des Chambres législatives et des marchands portu ́gais était que les traités de commerce doivent toujours être temporaires, puisque les intérêts commerciaux sont de leur nature variables, et se modifient ou changent selon les circonstances, et que c'est précisément ce qui était arrivé pour le Portugal par la séparation du Brésil. Cependant le gouver nement portugais avait exprimé le désir d'en venir aussi promptement que possible, avec sa majesté britanique, à la conclusion d'un nouveau traité de commerce ayant la réciprocité pour base, et plaçant les deux pays, en ce qui touchait l'admission de leurs produits respectifs et le paiement de toute espèce de droits, sur le pied de l'égalité avec la nation la plus favorisée. Cet arrangement n'ayant pas eu lieu, le ministère avait pris sur lui de prolonger la durée du traité de 1810 jusqu'au 30 avril prochain, et cette concession faite

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