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En effet, le 24 mai, la reine rendit un décret qui convoquait les deux Chambres en cortès pour le 20 août, et portait qu'afin de ne pas retarder la révision du statut royal, les procuradorès seraient élus de la manière indiquée par ce à projet de loi, qui n'avait pas été soumis, faute de temps, la Chambre des procérès, et qu'elle promulgait sous la forme d'un décret royal.

D'après ce décret, toutes les provinces de la Péninsule et les îles adjacentes nommeraient un député par 50,000 âmes de population; dans les provinces où il y aurait un excédant de 25,000 âmes, on nommerait un député de plus; seraient électeurs tous les Espagnols âgés de 25 ans, et compris au nombre des plus forts contribuables, à raison de 200 pour chaque député; seraient également électeurs tous ceux qui paieraient une contribution égale à la plus petite cote nécessaire pour être compris parmi les 200 plus forts contribuables; seraient également électeurs, pourvu qu'ils fussent d'ailleurs âgés de 25 ans, et chefs de famille avec maison ouverte, tous ceux qui exerceraient les professions ou les fonctions libérales que la loi désignait, ainsi que les officiers de l'armée ou des milices provinciales en activité ou en retraite, et ceux de la garde nationale à compter du grade de capitaine; les députations provinciales diviseraient leur provinces respectives en autant de districts électoraux qu'il serait convenable pour la commodité des électeurs; ceux-ci donneraient leur vote en écrivant sur un bulletin autant de noms que la province aurait de députés à nommer; pour être éligible, il faudrait être Espagnol, d'état séculier, avoir 25 ans acccomplis, être chef de famille avec maison ouverte, jouir d'un revenu annuel de 9,000 réaux ou payer une contribution directe de 500 réaux.

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CHAPITRE VIII.

ESPAGNE. État du pays.-Destitutions. Opérations militaires dans le nord,--
Expédition carliste sous les ordres de Gomez. Suite des opérations dans
le nord. Etat de l'insurrection carliste dans l'est. - Nouvelle expédition
carliste. Troubles à Figuières. Actes du ministère. Troubles à
Madrid. — Insurrection à Malaga et proclamation de la constitution de
4812.Propagation du mouvement révolutionnaire dans tout le midi. -
Il éclate à Sarragosse. Mesures du ministère. - Insurrection à Madrid.
Elle est comprimée. — Mise en état de siége de Madrid. — Continuation
du mouvement révolutionnaire dans les provinces. — Révolution de la
Granja. Nouvelle insurrection à Madrid. Décrets de la reine qui
ordonnent de proclamer la constitution de 1842, lèvent l'état de siége de
la capitale, nomment un nouveau ministère,
Quesada. Troubles à Madrid.

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etc.

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Massacre du général

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Ma

- Opposition à la révolution. — Emigration. Actes du nouveau ministère. Convocation des cortès. nifeste de la reine. Décrets qui ordonnent un armement de 50,000 hommes et la mobilisation de la garde nationale. Mesures de finances. Constitution définitive du ministère. Séquestre des biens de diverses classes des personnes. - Rétablissement de l'ordre et de la tranquillité dans Madrid. Elections des cortès. - Le gouvernement cesse de payer la dette étrangère. Politique du gouvernement français à l'égard de l'Espagne. Etat des deux armées dans le nord. Décret de don Carlos pour or donner des prières.-Manifeste de ce prince. Opérations militaires dans Succès des carlistes dans le centre de l'Espagne.

le nord.

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de Gomez. Affaire de Jadraque. Jonction de Gomez et des chefs de bandes de Valence et de l'Aragon. — Affaires de Villa-Robledo. — Gomez arrive en Andalousie. Il entre à Cordoue. — Affaire d'Almaden. - Prise de Cantavieja par les constitutionnels. Opérations militaires dans la Catalogne. Les carlistes mettent le siége devant Bilbao.

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Ceux-là mêmes qui avaient accueilli le nouveau ministère avec sympathie, à titre de ministère de résistance et d'intervention, n'avaient pas dissimulé combien ce changement faisait craindre que la situation déjà si difficile, avec l'insurrection carliste à combattre, avec le trésor à remplir, avec l'armée à renforcer et surtout à mieux diriger, ne se compli quât encore d'un mouvement révolutionnaire dans les pro

vinces où le gouvernement n'avait pas, comme à Madrid, de nombreuses troupes pour comprimer les mécontens. Toutefois, sauf une sanglante émeute à Carthagène, qui dura da 22 au 25 mai, et quelques symptômes d'opposition assez graves à Sarragosse et à Malaga, l'ordre se maintint en Espagne, pour le moment, du moins.

Encouragé par ce résultat, le ministère, qui avait été formé parce que la reine n'avait pas voulu renvoyer trois généraux, affronta ouvertement ses adversaires politiques, en destituant tous les procuradorès fonctionnaires qui avaient voté contre lui, dans la séance du 21 mai, et généralement en épurant le personnel de l'administration suivant ses vues particulières. Malheureusement pour ce système de vigueur, déjà mis inutilement en pratique par M. de Toreno, il n'était pas aussi facile, comme on va le voir, de venir à bout de l'insurrection carliste.

Après la prise de Plencia, de Balmaceda, de Mercadillo, on aurait pu croire que les généraux de la reine, suffisamment avertis, ne laisseraient plus tomber aucune place au pouvoir de l'ennemi, sans la secourir ; et cependant les carlistes s'emparèrent encore le 12 avril, de Lequeytio, petite ville de la côte de la Biscaye, avec un bon port à huit lieues de Bilbao. Moins heureux à Unza, près d'Orduna, les carlistes essayèrent en vain d'entamer le général Espartero èt d'empêcher le mouvement qu'il exécutait pour renforcer le corps d'Espeleta, posté à Balmaceda. A l'extrémité opposée de leur ligne circulaire, à Zubiri, et à Larrasoana, 'au dessus de Pampelune, les carlistes firent deux fois d'énergiques mais infructueux efforts pour forcer la ligne des vallées du nord-est. La légion d'Alger, qui occupait ces positions, les repoussa constamment. Ils échouèrent également dans une tentative pour traverser l'Arga, rivière qui fermait la ligne de blocus à l'est.

Attaqués à leur tour par les Anglais et les Espagnols réunis à Saint-Sébastien sous les ordres du général Evans,

les

carlistes furent refoulés, avec une grande perte, loin des abords de cette place. Depuis plusieurs mois ils la tenaient étroitement bloquée par terre ; ils avaient construit, à l'entour, des retranchemens, et d'autres ouvrages de circonvallation. Les moyens dont ils pouvaient disposer ne leur permettant pas d'entreprendre le siége effectif d'une ville aussi forte, ils formaient le projet de la brûler, et déjà ils avaient réuni dans ce but une quantité de matériaux incendiaires. Le danger de Saint-Sébastien était imminent. On fit donc partir la légion anglaise, que les Portugais remplacèrent à Vittoria; cette légion, qui s'était embarquée à Santander, vint débarquer le 21 avril à Saint Sébastien. Le général Evans ne perdit pas de temps. Le 5 mai, dès le point du jour, il attaqua vigoureusement les redoutes de l'ennemi. L'affaire était bien combinée et fut menée avec résolution; la bravoure personnelle du général Evans contribua puissamment au succès de la journée; toutefois, si les forces navales de l'Angleterre, sous les ordres de lord John Hay, n'avaient pas pris part à l'action, il est douteux que la légion anglaise eût emporté les positions des carlistes. Ils avaient résisté avec une extrême opiniatreté, et leur général, Segastibelza, avait été tué dans les retranchemens qu'il défendait. Les Anglais avaient aussi éprouvé des pertes considérables; le général Evans, dans son bulletin, n'évalua pas le chiffre des blessés et des tués à moins de 60 à 70 pour les officiers, et de 6 à 700 pour les soldats. De part et d'autre, il n'y avait pas eu de quartier, et par conséquent on n'avait fait aucun prisonnier.

C'était là, au reste, le seul terrain que les carlistes eussent perdu; mais les mouvemens opérés par eux démontraient la gêne que leur causait le blocus. On les voyait se heurter inutilement contre divers points du cercle pour essayer de le forcer. Cent dix mille hommes, y compris les garnisons, formaient cette ligne, depuis la vallée de Roncevaux, sur la frontière d'Aragon, jusqu'à celle de Ména, sur la frontière

de Castille. Cinquante mille hommes, au moins, et choisis parmi les meilleures troupes de cette armée, pouvaient pénétrer dans les repaires de l'insurrection, l'attaquer au cœur par quatre côtés avec une vigueur décisive et simultanée, et lui porter un coup terrible, sinon encore le coup mortel. C'est dans cet état de choses, complétement favorable aux affaires de la reine, que s'ouvrait la campagne d'été ; mais les espérances qu'il inspirait ne se réalisèrent pas.

On eût pu croire que pendant les combats livrés par les Anglais autour de Saint-Sébastien, le reste de l'armée aurait agi vigoureusement, soit de Pampelune contre la Borunda, soit de la ligne de l'Arga contre Estella, soit de Vittoria contre la chaîne d'Arlaban ou vers Durango; il n'en fut rien. De même, quand le général Bernelle, tenant avec la légion d'Alger, les vallées du nord-est de Pampelune et les passages de l'Aragon, eut à lutter à trois reprises différentes contre des forces considérables, aucune diversion ne fut opérée, ni de Saint-Sébastien, ni de l'Arga, ni de Vittoria.

Mais pendant que le général Evans était réduit à l'inaction dans Saint-Sébastien, par la concentration des carlistes sur Ernani, le général Cordova, sorti de Vittoria le 21 mai, s'achemina sans obstacle, et encore par un long détour, vers les crêtes de l'Arlaban. C'est la chaîne qui s'étend à trois lieues au nord de Vittoria et qui ferme de ce côté la vallée d'Onate et de Mondragon, point central du territoire insurgé. Cordova prit les montagnes à revers, sans avoir grande peine à s'en emparer et à combler les retranchemens de l'ennemi; car il n'y trouva que des détachemens avec lesquels on tirailla par forme de bataille. Il s'ensuivit un bulletin où l'on disait sérieusement aux soldats de la reine, que leur gloire s'était élevée plus haut que les sommets d'Arlaban; et le général Cordova partit pour Madrid, accompagné de son état-major.

L'armée était d'ailleurs travaillée par un mal des plus funestes; l'union n'existait pas entre les généraux. Il entrait Ann. hist. pour 1836.

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