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une valeur de 3,754, 835 yens (9,387,087 fr.); la part des envois de notre pays a été de 1,908,934 yens (4.772,235 fr.). Mais dans un récent rapport, M. Dejean, secrétaire de la Légation de France à Tokio, dit à ce propos : «Bien qu'ayant en cet article une importation supérieure à celle de l'an passé, il est certain que nous n'atteindrons plus jamais les chiffres d'il y a cinq ou six ans, le Japon fabriquant lui-même la mousseline de laine ». Quelles conséquences tirer de ce fait? Que l'industrie dont il s'agit et d'autres établies en Europe auront, en partie, à s'organiser autrement, peut-être même à se transformer tout à fait.

Mais c'est là un point qui, semble-t-il, doit être admis d'avance. Sans doute nous ne vendrons pas constamment au Nippon les mêmes articles. Mais probablement nous serons toujours à même de lui envoyer des produits de notre fabrication qui pourront être de plus en plus nombreux et variés à mesure que la richesse se développera dans le pays.

En fait, jusqu'à présent, la concurrence des industries qui commencent à s'établir en Extrême-Orient ne s'est guère fair sentir que sur les marchés locaux, c'est-à-dire en Chine même, et comme on vient de le voir, surtout au Japon. La condition des fabriques européennes, prises dans leur ensemble, n'en a pas été sérieusement affectée.

Tout d'abord, il y a lieu de noter que l'Empire du Milieu n'est pas encore exportateur de produits manufacturés, exception faite des articles traditionnels tels que la porcelaine, les tissus de soie, les tissus nankin, les tresses de paille et quelques autres. C'est ce qui ressort de la statistique ci-après dont les éléments ont été extraits des Returns of Trade et publiés annuellement par les Douanes impériales chinoises.

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(1) Un picul égale 60 kilog. 453.

(2) Un Hkn taël valait en 1892, 5 fr. 45; en 1902, 3 fr. 28.

223.894

806.479

488.745 2.808.828

>> 349.765

)) 831.631

Cette statistique ne relève aucun symptôme de nature à justifier les inquiétudes manifestées touchant les dangers que pourrait faire courir à l'industrie européenne, la concurrence des usines établies en Chine. Rien ne fait prévoir que cet état de choses doive se modifier d'ici longtemps.

En ce qui concerne le Japon, la situation n'est pas tout à fait la même. L'industrie de ce pays commence à expédier sur les marchés extérieurs certaines marchandises pouvant être considérées comme sensiblement similaires à celles qui sont fabriquées en Europe.

Dans un rapport publié en 1898 (Misc. Series, n° 440), M. Brenam, ministre d'Angleterre à Tokio, signale particulièrement le développement pris par l'exportation des allumettes du Japon:

Il fut un temps où le Japon importait des allumettes. Maintenant, non seulement il suffit à la demande intérieure, mais encore il a un fort surplus pour l'exportation.

En 1884, l'exportation n'était que de 9.000 grosses de boîtes; pendant les cinq dernières années, elle a suivi une progression ascendante comme il est indiqué ci-après en millions de grosses:

1892, 9 millions; 1893, 13 millions; 1894, 14 millions; 1895, 17 millions; 1896, 18 millions; 1899, 19 mil. 6; 1900, 19 mil. 3; 1901, 25 millions.

A la fin, il y a eu ici de la surproduction et l'Union des fabricants d'allumettes a convenu de limiter son rendement afin de maintenir les prix à un niveau susceptible de laisser un profit. Les prix des allumettes japonaises se sont élevés graduellement. Le prix moyen par caisse de 7.200 boites durant les cinq dernières années a monté de 12 1/2 à 16 yens 1/2, taux du cours actuel. Ceci doit en partie être attribué à l'accroissement du tarif des salaires. Le directeur m'a fait connaître que dans cette industrie, les salaires, depuis la guerre, avaient augmenté de 30 0/0. Même au prix actuel, avec un simple penny (10 centimes) anglais, on peut se procurer 17 boîtes de 70 allumettes. A cet égard, il est intéressant de se rendre compte de l'effet que la concurrence japonaise a eu sur l'industrie des allumettes en Norvège. Voici un extrait d'un rapport consulaire sur le commerce de Christiania :

«La concurrence japonaise signifie (mot à mot s'énonce spells) banqueroute. Environ 50.000 boîtes de 50 grosses d'allumettes ont été exportées, dont les neuf dixièmes, consistant en allumettes à phosphore, furent expédiés aux Indes britanniques, La concurrence japonaise qui, autrefois, était exclusivement limitée aux allumettes de sûreté, est maintenant devenue supérieure également en ce qui concerne l'article à phosphore (phosphoric article). Le Japon, maintenant, en exporte des quantités importantes dans l'Inde entière. Sur les cinq manufactures d'allumettes travaillant pour l'exportation, une a été obligée de réunir en un seul ses deux établissements, une autre a fait de très mauvaises affaires, la troisième ne fabrique plus désormais d'allumettes de sûreté, la quatrième a diminué son rendement, et la cinquième a fait banqueroute. »

Un autre exemple se rapporte à un genre de production tout à fait différent au moins quant à la destination de l'objet : l'éventail. Dans l'article qu'il a donné sous ce mot au Dictionnaire du Commerce, M. G. Duvelleroy montre que les fabricants parisiens se préoccupent, dans une certaine mesure, de leurs rivaux du Nippon :

Les évantaillistes n'ont eu longtemps d'autres concurrents que les Chinois et les Japonais. L'éventail chinois toujours fait sur le même

modèle, n'est plus du tout apprécié, mais les Japonais font à des prix excessivement bas, des articles très soignés souvent copiés sur les modèles parisiens.

» ..... En résumé, notre fabrication souffre de la concurrence du Japon, de l'Autriche et de l'Espagne, qui copient ses modèles et les reproduisent à vil prix, ainsi que des droits excessifs mis à l'entrée dans certains pays; mais l'éventail artistique et de haute fantaisie reste toujours un article essentiellement parisien. »

La situation, de ce côté, ne paraît pas bien grave et en tous cas, ici encore, il ne s'agit en somme que d'intérêts secondaires si l'on considère l'ensemble des industries et fabrications de l'Occident.

L'année dernière on a signalé, dans une autre direction, les résultats plus notables de l'intervention commerciale du Japon. Dans son numéro du 27 avril 1903, le London and China Telegraph a reproduit le passage suivant extrait du Daily Telegraph :

« Peut-être a-t-on peine à reconnaître combien formidable devient le Japon comme compétiteur des nations du Continent depuis qu'il fournit quelques-uns des articles qui sont de la demande quotidienne des dames. Il y a maintenant plusieurs années qu'une grande maison du West End a introduit les peignoirs et casaquins ouatés, luxueusement doux et confortables (1).

« Luton dépend de plus en plus du Japon pour les tresses de paille (straw plaits and braids) avec lesquelles se font les toques et chapeaux élégants (smart) et peu chers que l'on voit maintenant aux vitrines des modistes; cette année, un grand pas en avant a été fait par suite de l'expédition de ce qui est connu techniquement comme cheap fancies >>, article qui, jusqu'à présent, a été fourni à peu près exclusivement par l'Italie. Et maintenant, il y a encore à noter ici une nouvelle branche d'entreprise, concernant les pièces les plus élégantes de notre lingerie de table; le Japon est en mesure de nous donner une nappe de lunch et un assortiment pour le thé d'après-midi, serviettes et le reste, avec une ornementation << ultra fashionable » en dessins tissés (drawn thread work) et présentant la variété la plus charmante. Pour 15 schellings (18 fr. 95) et même moins, dans une maison de détail, il est possible d'acheter une nappe à thé ou une pièce de milieu (centre slip) avec une ornementation de cette sorte, délicieuse et même très travaillée, aux extrémités ou aux coins, et une longue bordure au crochet, ouvrage à jour en façon de treillis. >>

A coup sûr, il conviendra de suivre avec attention le développement que ces essais pourront prendre par la suite.

En fin de compte, l'accroissement de la production en Chine et au Japon paraît devoir tourner tout à l'avantage des consommateurs, c'està-dire, de la masse du public, en Europe.

Quant aux producteurs, on ne saurait affirmer qu'ils n'auront pas à subir quelques crises partielles et passagères. Mais il y a tout lieu de croire qu'ils sortiront à leur honneur et à leur avantage des moments difficiles qu'ils pourront avoir à traverser. Pour certaines fabriques, des réorganisations et même des transformations complètes deviendront peut-être nécessaires. Autant qu'on peut en juger d'après les faits actuels, ces cas

(1) Il s'agit sans doute de l'article connu sous le nom de « kimonos >>.

extrêmes resteront sans doute assez rares. Au total, il paraît difficile d'admettre que les Occidentaux n'arriveront pas à se maintenir et à se développer en présence de leurs rivaux de la race jaune. Adopter l'hypothèse contraire, c'est, semble-t-il, ne pas faire un fond suffisant sur les aptitudes et l'énergie des chefs d'entreprises, ainsi que sur les qualités professionnelles que l'on doit, en définitive, reconnaître au personnel ouvrier, en Europe.

Ed. CLAVERY,
Consul de France en mission.

CORÉE

8 février. Chemulpo. - Communication adressée à l'amiral Uriu, commandant les forces japonaises, par les commandants des croiseurs anglais, français et italien, stationnés dans le port de Tchemulpo.

«Etant donné que le port de Tchemulpo est un port neutre, nous considérons que, d'après les règles reconnues de droit international, aucun pays n'a le droit d'attaquer les vaisseaux d'une autre puissance se trouvant dans le port; la puissance qui violerait ces règles, serait seule responsable de toute perte d'hommes et de tout dommages encourus dans ce port. En conséquence, nous protestons énergiquement contre une telle violation de la neutralité, et nous serions heureux de connaître votre décision à ce sujet. >>

LEWIS BAYLY, capitaine de Talbot; BOREA, capitaine de l'Elba; SÉNÈS, capitaine du Pascal.

(Times, 8 avril 1904).

FRANCE

Débats parlementaires.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS

(Séance du 21 mars 1904)

Discussion du projet de loi relatif à la suppression de l'enseignement

M. LE PRÉSIDENT.

congréganiste.

Nous reprenons la discussion du projet de loi relatif à la suppression de l'enseignement congréganiste.

La parole est à M. Leygues, pour développer la disposition additionnelle qu'il présente et dont je rappelle les termes :

« Ajouter au 1° paragraphe de l'article 2, la disposition suivante: «...à l'exception de ceux qui sont destinés à former le personnel des écoles françaises à l'étranger, dans les colonies et les pays de protectorat. Le nombre des noviciats et le nombre des novices dans chaque noviciat seront limités aux besoins des établissements visés au présent paragraphe. >>

M. GEORGES LEYGUES. Messieurs, à la suite des observations que j'avais eu l'honneur de présenter au cours de la discussion générale du

projet de loi qui nous occupe, M. le président du conseil voulut bien demander à la commission de l'enseignement de rétablir dans le paragraphe Ir de l'article I les mots : « en France. »

Ce paragraphe a été voté et il est rédigé comme suit:

«L'enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux congrégations. >>

Cela signifie qu'en dehors de France, l'enseignement n'est pas interdit aux congrégations.

Mais le premier paragraphe de l'article 2 n'a pas été modifié, et voici quel est son texte:

« A partir de la promulgation de la présente loi, les congrégations exclusivement enseignantes ne pourront plus recruter de nouveaux membres et leurs noviciats seront dissous de plein droit. »

Il y a entre les premiers paragraphes de ces deux articles, une contracdiction qui tombe sous le sens. L'amendement que j'ai eu l'honneur de déposer sur le bureau de la Chambre et que je viens défendre a pour but de faire cesser cette contradiction et de coordonner ces deux articles.

Il ajoute au premier paragraphe de l'article 2, après les mots : « leurs noviciats seront dissous de plein droit », la disposition suivante:

...à l'exception de ceux qui sont destinés à former le personnel des écoles françaises à l'étranger, dans les colonies et les pays de protectorat. Le nombre des noviciats et le nombre des novices dans chaque noviciat seront limités aux besoins des établissements visés au présent paragraphe. >>

Il est évident qu'on ne peut à la fois inscrire dans l'article 1o de la loi que l'enseignement ne sera pas interdit aux congrégations hors de France et inscrire, dans l'article 2, que ces mêmes congrégations ne pourront pas recruter leur personnel.

Donner et retenir ne vaut. Je ne peux pas croire que le Gouvernement ait eu l'intention de nous proposer une disposition inapplicable. On ne peut dire tel navire est autorisé à naviguer, mais il lui est interdit de recruter son équipage.

Je demande simplement au Gouvernement de revenir à ce qui avait été sa première pensée, car dans le projet dont M. le président du conseil avait saisi la Chambre, l'interdiction d'enseigner était limitée à la France. Nulle part, dans ce projet, il n'était question de la suppression des noviciats.

M. FÉRON.

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Il n'est pas nécessaire qu'ils soient en France!

M. GEORGES LEYGUES. J'avais eu de bonnes raisons de croire un instant que l'accord s'était établi entre nous; cet accord ne s'est pas maintenu. Il faut donc que la Chambre juge.

L'enseignement congréganiste est supprimé en France; mais il n'est supprimé qu'en France. Pourquoi nous a-t-on fait cette concession, dont l'importance n'échappe à personne? Parce qu'on sent que nous ne devons pas prolonger hors de nos frontières l'écho de nos discordes politiques et que nous avons dans le monde, de graves intérêts à sauvegarder qui seraient compromis si nous rompions l'immense réseau d'écoles, d'orphelinats, d'œuvres de tout genre que les missions françaises ont fondées.

Jamais le lutte n'a été plus vive entre les nations. Elles se disputent toutes les terres libres sur le globe, iles et continents, plaines ou montagnes. C'est à qui s'emparera des grandes routes commerciales, à qui

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