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produire dans le fonctionnement du canon à ciment. La maison Ingersoll-Rand fait à ce sujet diverses recommandations que nous donnons ci-après.

Le mélange de sable et de ciment doit être intimement fait avant d'être versé dans l'appareil. Pour éviter que des engorgements ne se produisent, il convient de cribler le mélange au moment seulement de l'emploi, en utilisant pour cela un tamis à mailles de 5 /8 mm. au maximum, ainsi on évite le passage de cailloux trop gros, de clous et de boules de ciment qui peuvent se trouver dans le mélange.

Des obstructions sont souvent dues au fait que le sable est trop humide; pour éviter cet inconvénient, il faut toujours conserver le sable à l'abri de la pluie sous un hangar ou en le couvrant avec des bâches et en le laissant déposer son eau pendant quelques jours.

Dans beaucoup de cas, lorsque le sable est un peu humide, on obtient un bon résultat en préparant le mélange la veille; le ciment ne trouve pas dans le sable une quantité d'eau suffisante pour s'hydrater, mais enrobe parfaitement les grains de sable et le «< cement gun » fonctionne alors normalement.

Cette précaution évite également beaucoup un rejet de sable trop grand.

Si le jet de mortier est irrégulier, ce fait peut être dû à plusieurs causes :

1o La pression d'air comprimé est irrégulière, ce qui est l'indice de l'emploi d'un compresseur trop faible; le manomètre monté sur le « cement gun » doit toujours indiquer une pression d'au moins 2 kilos;

2o Le mélange peut être alimenté irrégulièrement, c'est-à-dire de trop grandes quantités de sable et de ciment mises à la fois dans la trémie inférieure ;

3o Le moteur tourne trop vite et alimente ainsi plus de mélange que ne peut en transporter l'air comprimé avec une faible pression;

4o Le mélange est humide et s'agglomère partiellement dans les tuyaux;

5o La tuyère de projection s'obstrue avec du ciment dans la garniture de caoutchouc ; c'est qu'alors la pression d'eau est insuffisante ou les trous de la bague d'injection bouchés. Il faut veiller à ce que l'eau arrive avec une pression toujours régulière et à ce que les trous de la bague d'injection soient toujours débouchés. L'insuffisance de pression d'air provoque cet inconvénient, lorsque l'eau est envoyée par un réservoir sur lequel agit la pression d'air comprimé. Dans ce cas, l'inconvénient signalé au 1o se confond avec le manque de pression d'eau.

Si le compresseur donne un débit un peu insuffisant, on peut souvent obtenir un bon résultat en mettant au lieu de la tuyère du plus fort diamètre (25 mm.) celle du plus petit diamètre (20 mm.).

Lorsque le flexible est bouché, c'est généralement tout près de la sortie du « cement gun » ; on arrête l'envoi d'air comprimé ; on enlève la pression des sas; puis on fait fonctionner le petit robinet d'envoi d'air de façon à dégager le mélange qui peut se trouver dans le cône en caoutchouc formant obturateur, puis on chasse de l'air au moyen du gros robinet.

Si tout de suite le tube ne se débouche pas, on démonte le flexible et, après l'avoir frappé de quelques coups avec un morceau de bois, on le monte sur le raccord spécial fixé sur la tuyauterie de distribution d'air du « cement gun » et qui sert à souffler dans les tubes pour les déboucher.

N° 15

LES TRAVAUX D'ADDUCTION D'EAU

DANS LE SANTERRE (Somme).

Par M. R. BUISSON,

Ingénieur des Ponts et Chaussées, à Amiens.

CHAPITRE PREMIER

VUE GÉNÉRALE DU PROBLÈME.

Le Santerre (1) occupe le milieu d'un vaste plateau de forme quadrangulaire de 600 kilomètres carrés environ, limité au nord et à l'est par la Somme, au sud et à l'ouest par l'Avre.

Des villes importantes marquent les quatre sommets : Amiens, Péronne, Nesle et Montdidier.

Au centre, sont situées Rosières-en-Santerre et Lihons-enSanterre.

L'altitude moyenne est de (+ 100).

Cette altitude et la situation géographique du plateau en font un bastion où se retranchèrent maintes fois les armées françaises et étrangères. Cela lui valut chaque fois d'être ruiné. Cependant, le Santerre est une des régions agricoles les plus riches de France, toute sa superficie est cultivable. Le sous-sol crayeux ne se rencontre qu'à 4 ou 5 mètres de profondeur moyenne. Il est surmonté d'une couche d'argile rouge sableuse, laquelle supporte le terrain cultivable de 40 à 60 centimètres d'épaisseur.

(1) L'étymologie du nom du Santerre se retrouve dans les anciens noms de localités. Lihons-en-Santerre, par exemple, s'appelait autrefois : Lehunum in Sangine terso. Sangine vient de Sangus, nom d'un dieu local, et terso signifie ruine. On peut donc interpréter Santerre ainsi : pays ruiné du Dieu Sangus. La ruine actuelle du Santerre n'est qu'une réédition de ses misères passées.

Les habitations de cette région étaient, avant la guerre, construites pour la plupart en pans de bois et en pisé. Quelques maisons seulement étaient en briques hourdées au mortier d'argile.

Les seules ressources en eau potable provenaient des rares puits communaux ou particuliers d'une profondeur de 30 à 80 mètres.

Pour les bestiaux, la seule boisson était l'eau boueuse des mares, alimentées seulement en temps d'orage par le produit du lavage des chaussées.

Comment la guerre a-t-elle laissé cette région ? Le sol, bouleversé par les obus et les travaux de sapes, présentait en 1919 l'aspect d'un maquis impénétrable. Les bois, les villages avaient disparu.

Est-ce la peine d'ajouter, si ce n'était notre sujet, que les puits étaient comblés ou contaminés par les cadavres, que les mares bouleversées par les obus ne retenaient plus l'eau, que les citernes étaient démolies et que, d'ailleurs, il n'existait plus de toits pour recueillir et y envoyer l'eau du ciel.

Il est aisé de concevoir combien, dans ces conditions, une adduction d'eau potable sur ce plateau s'imposait pour y ramener la vie eau nécessaire à l'habitant et aux animaux pour vivre, aux entrepreneurs pour reconstruire.

Cette adduction d'eau fut imaginée par l'Ingénieur en chef du Département, appelé provisoirement au poste de Directeur technique départemental, et confiée pour exécution à l'Ingénieur de l'arrondissement d'Amiens.

Grâce aux installations faites ou projetées, 43 communes ont de l'eau à l'heure actuelle, 24 vont l'avoir au 1er juillet 1923 (1). Plusieurs projets destinés à assurer l'alimentation de 22 autres communes sont à l'étude ou approuvés, ce qui porte à 89 le nombre des communes qui, vraisemblablement, seront desservies en 1923.

Pour réaliser ce programme, il a fallu deux choses essentielles :

(1) Cette mise en service a eu lieu effectivement à la date prévue. Ann. des P. et Ch., MEMOIRES, 1923-III.

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des ressources hydrauliques et des ressources financières de l'eau et de l'argent.

L'eau devait être trouvée dans le sous-sol.

L'argent, au début, grâce à la loi du 17 avril 1919, et ensuite grâce aux fonds du Pari mutuel.

A. Étude géologique et hydraulique du Santerre.

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Le plateau du Santerre, région extrêmement fertile du département de la Somme, présente au point de vue géologique, un faciès très constant.

Les terres arables du plateau sont constituées par des limons qui dominent l'argile à silex à la base de l'Eocène ; la couche d'argile à silex sensiblement horizontale, bien que relativement peu épaisse, existe partout sauf dans les ravins. Elle recouvre la grande masse de craie à micraster coranguinum qui constitue l'embase du plateau.

Les vallées mouillées de la Luce, de l'Avre et de la Somme ainsi que les vallées sèches qui constituent le ravinement secondaire, sont généralement abruptes et les flancs qu'elles découpent dans le plateau sont arides, décelant partout où elle affleure la craie à micraster.

Signalons dans la région de Lihons la présence d'une légère émergence des sables de Bracheux, formant un monticule très délimité dans lequel se trouve une faible nappe d'eau peu alimentée et tout à fait superficielle.

Sur toute l'étendue du plateau et de la craie à micraster, il existe une nappe bien annentée. Ce qui caractérise cette nappe c'est que si l'on cherche à l'atteindre par des puits creusés de la partie supérieure du plateau, on ne la rencontre qu'à une grande profondeur, de 40 à 60 ou 80 et même à 100 mètres selon les localités.

De tels puits traversent une craie toujours compacte dans laquelle l'eau circule mal et recueillent ce que les paysans appellent de façon imagée des « pleurs », qui sont des suintements de parois, lesquels viennent s'accumuler dans le puits.

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