Vingt objets nouveaux ou perfectionnés d'horlogerie, tels que le cercle astronomique, ont ajouté à la gloire de ce grand artiste, et fixé l'attention générale. On s'empressait surtout auprès de la composition par lui nommée pendule et montre sympathique: c'est une horloge marine, qui règle une montre et la met à l'heure. D'ailleurs il est encore, après M. Breguet, des artistes dont la France peut s'honorer, et sa célébrité n'en affaiblit pas le mérite.

Instrumens de mathématique, d'optique et de physique. C'est en ce genre qu'il est permis aux Anglais de réclamer une priorité incontestable et une supériorité actuelle que nous ne pourrions sans doute pas leur disputer en tout point; mais le mérite de l'habileté et de la difficulté vaincue, doivent être de quelque poids pour nous dans l'examen des progrès de notre industric. L'immense navigation de nos voisins nécessite assuré ment un usage incomparablement plus fréquent des instrumens de mathématiques, et la quantité des demandes sert aux progrès de l'art. L'étendue du marché ne prouve cependant pas toujours supériorité d'industrie. On peut avec une habileté égale, satisfaire à des besoins moins nombreux, et quelquefois même atteindre à un plus haut degré de perfection; genre de succès qui compte beaucoup pour l'honneur et pour l'art en lui-même, s'il ne sert pas autant pour le profit.

Ce qu'il y a de certain, c'est que la fabrication des instrumens pour les sciences a beaucoup acquis en France, sous le triple rapport de la précision, de la perfection du travail, et de la modération des prix.

D'autres instrumens, surtout ceux de musique, offrent les mêmes avantages, et le commerce en a déjà ressenti les effets.

3me Division. Arts chimiques. Teinture, apprêt et blanchiment On a réussi à remplacer, par deux substances différentes, la cochenille, dans la teinture sur laine.

Avec le bleu de Prusse, on a produit sur la soie un bleu plus beau

que tout autre, appelé bleu Raymond, nom de l'habile chimiste auquel on le doit.

Un vert solide a été découvert pour l'impression des toiles de coton.

On fixe sur le fil de lin des couleurs que, jusqu'à présent, on n'avait fixées que sur le coton.

En general, et depuis quelques années, tous les procédés de teinture sont devenus plus faciles, la main d'œuvre a diminué, et on a produit des couleurs plus vives. Ces avantages sont dus à la découverte du moyen d'extraire et de rapprocher les principes colorans du carthame, de la cochenille, du kermes, et des bois de teinture, de manière à pouvoir être employés à l'état de tablettes ou d'extrait.

Acides et sels.

On sait quels pro

grès les arts chimiques ont faits depuis trente ans : les perfectionnemens n'ont pas été moins remarquables depuis 1806. C'est depuis cette époque que la fabrication des acides et celle des sels a pris de grands accroissemens dans toute la France, et qu'il y a eu réduction considérable dans les prix. L'acide sulfurique et la soude, par exemple, se vendent au dixième de l'ancien prix.

Grâce à M. Darcet, à qui l'on doit encore la perfection des fourneaux à réverbère, la soude artificielle (par la décomposition du sel marin) est devenue une industrie courante. On prépare cette soude pour les besoins des arts divers: aussi n'en importet-on plus que fort peu.

Alun de France. - Après des expé riences concluantes, le jury central des arts l'a déclaré égal à l'alun de Rome; mais il faut que la conviction de cette égalité s'établisse, indépendamment de l'infériorité de prix, pour faire cesser l'importation.

Acide acétique ligneux, ou vinai

gre de bois. Industrie nouvelle, dont le succès en grand est postérieur à 1806. C'est à M. Mollerat de Pouilly (Côte-d'Or) qu'on doit la perfection de l'art d'extraire le vainaigre de bois par la carbonisation.

Sucre. De tous les produits alimentaires exposés, nous ne citerons que le sucre de betteraves, parce que cette admirable découverte de la chi

mie moderne, est une des moins appréciées parmi nous, une des plus décriées par nos voisins (1), et une des plus importantes pour la France, où le sucre de betteraves soutient sa concurrence, rivalise avec le sucre de cannes, sans que la distillation des melasses ait nui au commerce des eaux-de-vie, et malgré les efforts qui ont été tentés à diverses époques pour détruire ou faire tomber les fabriques.

Poteries. Les poteries ont reçu, depuis 1806, des améliorations remarquables; la qualité, les formes des poteries communes se sont perfectionnées, en même temps que les prix se sont rapprochés des plus modiques fortunes; mais il y a encore beaucoup à faire pour populariser chez nous, comme en Angleterre, l'usage des poteries élégantes et bien fabriquées. On se plaint de ce que nos couvertes ne sont pas encore salubres, et de l'emploi encore subsistant du plomb, du cuivre et de l'antimoine pour les émail-` ler, tandis que MM. Chaptal et Fourmy ont indiqué plusieurs couvertes bygio-cerames.

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Porcelaines. D'après les nouveaux procédés employés dans la préparation des couleurs et pour le perfectionnement des denrées, la fabrication des porcelaines s'est étendue dans les départemens. L'abondance de leurs produits et la baisse des prix, répondent assez aux étrangers, qui nous reprochaient d'être encore réduits à la manufacture royale de Sèvres.

Verrerie, cristallerie.

Glaces. - L'exposition a fait connaitre une découverte précieuse, due à M. Lefèvre, miroitier à Paris. C'est

Cristallerie. D'après le rapport du jury central, la qualité, le prix de nos cristaux ne redoutent plus de concurrence, et la France, qui tirait ces produits de l'étranger, en fabrique aujourd'hui au delà de ses besoins.

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Strass. - L'imitation des pierres précieuses a atteint le plus baut degré de perfection.

Une partie des objets cités avec honneur dans le rapport du jury central sortaient des établissemens de bienfaisance formés dans les maisons de détention ou de correction; d'autres, des écoles d'Angers, et surtout de Chalons-sur-Marne, dont les élèves, instruits dans la pratique des arts mécaniques, sont en même temps initiés à l'étude des sciences, dont ces arts dépendent, et à celle du dessin; il est important de le remarquer, car ces établissemens, formés depuis que l'industrie française a pris son essor, sont de puissans véhicules pour en développer les ressources et en soutenir l'honneur.

De l'esquisse très-rapide et trèsimparfaite de notre dernière exposition, on peut tirer une conclusion satisfaisante; c'est que presque aucun de nos arts industriets n'est resté stationnaire, que presque tous ont fait depuis quatorze ans des progres plus ou moins sensibles, que ce mouvement progressif doit continuer, et amener de nouvelles améliorations dans quelques arts où nous sommes encore arriérés, tels que la quincaillerie, la coutellerie et les poteries communes, l'horlogerie ordinaire, quant à la partie du finissage.

Si les obstacles qui s'opposent encore à l'extension de notre marché, obstacles qu'il ne dépend pas de nous de surmonter tous, nous interdisent la rivalité avec l'Angleterre, au moins pour la quantité des produits, nous n'avons pas moins à nous féliciter de l'essor de notre industrie, de ses découvertes et de ses efforts de plus en plus heureux pour nous donner tout

ce que nos besoins exigent, tout ce que nous pouvons produire pour perfectionner ce que nous avions déjà et nous mettre à mème d'offrir aux autres peuples quantité, qualité, et bon marché d'un grand nombre d'objets fabriqués par nous, à mesure que des circonstances plus favorables nous ouvriront des débouchés. Les progrès des sciences exactes depuis trente ans, fruits heureux de l'impulsion donnée par l'académie des sciences; les nombreuses découvertes faites parmi nous en chimie, en physique, en mécanique; l'application toujours plus fréquente et plus habile des theories savantes aux arts usuels; cette application popularisée par le grand nombre d'élèves tous instruits, qu'a formés l'école polytechnique, l'émulation excitée par la société d'encouragement, l'influence bienfaisante d'une législation favorable au développement de l'industrie, et d'une administration éclairée; telles sont les causes dont la

réunion a favorisé des perfectionnemens progressifs, et qui doivent en amener de nouveaux, si quelque évenement fatal ne vient pas arrêter notre essor et paralyser notre activité.

On a indiqué dans une autre partie de cet ouvrage (p. 248), les ordonnances royales rendues pour assurer la périodicité des expositions, et le mode des concours. S. M. voulant honorer l'industrie nationale, dont elle avait elle-même examiné les produits, a daigné distribuer de sa main, aux artistes et fabricans, 397 médailles d'or, d'argent et de bronze. Quelquesuns ont même obtenu la croix de la légion d'honneur.

Nous terminerons cette notice par la liste des médailles d'or où le lecteur verra d'un coup d'œil quelles sont les branches dans lesquelles l'industrie française a fait des progrès, et le nom des artistes qui s'y sont le plus distingués.

A. D. V.