Page images
PDF
EPUB

En minéralogie, l'analyse faite par M. Cordier des fragmens d'une brèche trouvée dans un ravin du Montd'Or, en Auvergne, composition pareille à celle de la pierre de la Tolja, qui donne l'alun de Rome, et dont M. Ramoud croit qu'il est facile de découvrir dans le Mont-d'Or, les couches d'où ces fragmens se sont détachés ;

En chimie, la découverte de deux nouvelles substances, Pune (par M. Berzelius, chimiste suédois) le selenium métallique et acidifiable, plus analogue au soufre qu'à aucune autre matière, l'autre (par son élève M. Arfresdson) à la fois métallique et alcaline.

Enfin les recherches sur l'acide prussique et les expériences pour ramener les alcalis fixes à l'état métallique, ont été continuées par MM. Gay Lussac, Vauquelin et Thenard, avec un succès qui tourne immédiatement au profit des arts industriels, dont nous exposerons les progrès à la fin de cet appendice.

ÉCONOMIE POLITIQUE.

De l'industrie française, par M. le comte Chaptal, ancien ministre de l'intérieur, membre de l'académie royale des sciences, etc. etc. (2 vol. in-8°. Paris, janvier 1819.) Evaluer la source et la somme des richesses nationales, rechercher par quelles causes l'agriculture, l'indus

trie et le commerce de France se sont élevés, et par quels moyens on peut soutenir ou accroître leurs succès, tel était le but des travaux de M. Chaptal, et nul n'était plus en état que lui de l'atteindre. Les fonctions qu'il avait remplies, les immenses matériaux qu'il avait acquis, et le succès de ses nobles spéculations faisaient attendre un bon ouvrage. C'est le résultat de trente ans d'observations, d'étude et d'expériences, et s'il n'est pas exempt d'erreurs, il est rempli de choses utiles.

Dans l'examen que M. Chaptal fait de la richesse nationale de la France en 1789, il évalue à 60 millions l'avantage de la balance commerciale en sa faveur, par la possession de ses

colonies; mais il n'hésite pas à croire que la perfection à laquelle notre in-dustrie est parvenue, nous ouvrira des débouchés plus considérables que ceux que nous avons perdus, assertion incontestable à raison du progrès simultané et de la rivalité des nations dans les arts industriels.

M. Chaptal, commençant par l'agriculture, la statistique de nos ressources, prouve d'une manière évidente les progrès que l'industrie agricole a faits depuis 25 ans en France, par la répartition proportionnelle de l'impôt, par la division des propriétés : et de toutes ces preuves, l'abondance des produits est encore la meilleure.

En partant des données connues d'après les opérations cadastralesˇdéjà faites pour établir la richesse territoriale de la France, M. Chaptal en es→ time l'étendue à 52,000,000 hectares, qu'il distribue ainsi qu'il suit :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[ocr errors]

Enfin M. Chaptal, s'appuyant d'étals authentiques, verifies dans leurs details pour le capital de l'agriculture, en terres, bestiaux, habitations, meubles et instrumens servant à la culture à la somme de 37,522,061,476 f. le produit brut à. 4,678,708,885 les frais d'exploitat. 3,334,005,515 Et le revenu territorial net imposable à 1,334,703,370 ( résultats généraux qui ne s'éloignent pas de ceux donnes antérieurement dans La France et les Français, en 1817, seconde édition, pag. 524-528. )

Arrivé à la partie principale de son ouvrage, c'est-à-dire, à l'état actuel de l'industrie en France, M. Chaptal expose les progrès qu'elle y a faits par l'abolition des réglemens qui l'entravaient, par le perfectionnement des arts mécaniques et chimiques, et en soumettant à une analyse développée chaque branche de l'industrie, il en déduit les résultats suivans: que l'industrie ajoute une valeur de 62 mil lions fr. à celle de la soie, dont le produit brut est de 107,560,000 fṛ. ; que

une

« Les produits de l'industrie manufacturière représentent, dit-il, valeur commerciale de 1,820,102,jog francs.

Cette valeur se compose, 1o, de matières indigènes

pour...

2o. de matières premières

416,000,000

exotiques pour . . . 186,000,000 30. de main d'œuvre pour 844,000,000 4o. de dépenses générales,

[ocr errors][merged small]

telles que usé des outils, chauffage, éclairage, intérêts de la première mise de fonds. 192,000,000 des bénéfices du fabricant...

183,102,409

« Comme dans l'évaluation des produits du sol, ajoute M. Chaptal, j'ai estimé la valeur de presque tous les objets que l'agriculture fournit à l'industrie manufacturière, je dois faire observer qu'il y aurait double emploi résultat général de l'industrie agrien composant la richesse nationale du cole et de l'industrie manufacturière; ainsi en retranchant du produit total de cette dernière, 416 millions qu'elle emprunte à l'agriculture en matières premières, il restera 1,404,102,409 fr. qui représentent les frais de fabrication de tout genre, la main d'œuvre, la valeur des matières importées et le bénéfice des manufacturiers.»

Les évaluations de M. Chaptal ont trouvé, dans une nation rivale, des contradicteurs, surtout en ce qui con, cerne les produits comparés de l'Angleterre et de la France (1),

(1) Voici l'état comparatif que l'Edimburgh Review, lui oppose, d'après un ouvrage

Ils en ont pris occasion de réclamer pour leur patrie la supériorité des arts industriels. Nous répondrons bientôt à leurs critiques.

Nouveaux principes d'économie politique, ou de la Richesse dans ses rapports avec la population; par J.-C.-L. Simonde de Sismondi, 2 vol. in-8°. (Mars 1819.)

La plupart des économistes modernes n'ont considéré les hommes que comme des machines à produire ou à consommer; ils n'ont vu la prospérité d'un peuple que dans le développement de ses forces physiques ou industrielles; mais M. Šimonde de Sismondi veut que l'économie politique s'élevant au-dessus d'un intérêt isolé ou exclusif, ait surtout en vue l'amélioration du sort et le perfectionnement de l'espèce humaine. C'est à ce titre que son nouvel ouvrage est digne des plus sérieuses meditations, quoiqu'il puisse être combattu dans quelques développemens de son sys

tème.

Il n'est pas inutile, à son examen, d'observer que dans un traité de la Richesse commerciale, publié il y a quinze ans, M. de Sismondi avait fait à la fois preuve d'une connaissance parfaite de la doctrine d'Adam Smith, et d'une foi scrupuleuse à la théorie de ce maitre. Chargé récemment de rédiger pour l'Encyclopédie d'Edimbourg l'article Economie politique, il s'est trouvé conduit par ses reflexions à distinguer dans la théorie de Smith deux parties d'un mérite bien different, l'analyse des procédés à l'aide desquels se forment, s'accroissent et se répartissent les riches ses physiques et l'application de cette analyse à l'ordre social. La première partie (l'analyse de la Richesse), n'ą pas cessé de lui apparaitre comme la

découverte d'un génie profond et lumineux; mais la seconde partie (l'application de cette analyse à la société), a perdu à l'examen le crédit qu'elle il est arrivé à croire que les phénoavait d'abord obtenu dans son esprit; par le professeur écossais, conduimènes économiques, si bien observés saient à des conséquences tout autres que celles qu'en a tirées ce philonouvelles, déduites après de mûres sophe, et ce sont ces conséquences réflexions, de l'analyse de Smith, que M. de Sismondi a indiquées dans l'Encyclopédie d'Edimbourg, et dévelop pées dans le Traité français dont nous nous occupons.

fonds analystes, mais par une noble A l'exemple des anciens, moins pro inspiration, plus près de la vérité que nous, M. de Sismondi commence par professer, comme principe de ses recherches, que la richesse et la population ne sont des avantages nationaux qu'autant qu'il en résulte du bonheur pour tous.

A ses yeux, la jouissance est le seul but de l'accumulation des richesses, nationale que quand il y a aussi acet il n'y a accroissement de la richesse croissement des jouissances nationales, c'est-à-dire, lorsque la legislation tend constamment à la répartition proportionnelle des bienfaits de la richesse. Le gouvernement dont Smith repousse l'intervention, est, suivant M. de Sismondi, le protecteur naturel du faible contre le fort, le représentant de l'intérêt permanent, mais calme de tous, contre l'intérêt temporaire mais passionné de chacun. Un développement prodigieux dans les pouvoirs de l'industrie est souvent accompagné d'une offroyable souffrance pour la multitude, phénomène attesté par l'état actuel de l'Angleterre,

M. de Sismondi résume toute la

récent; (les sommes évaluées en liv, sterl. sont ici réduites en francs.)

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

«nopole, en permettant l'appropria«tion des terres; elle l'a jugé utile à a la société, et l'a pris sous sa protec tion; mais partout où le monopole « existe, le législateur doit interposer « son autorité pour que ceux qui en

α

science du gouvernement dans ses rapports avec le bien-être physique des sujets sous six divisions principa les; 10. formation et progres de la richesse; 2o. richesse territoriale; 3°. richesse commerciale; 4°. numéraire ; 50. impôt; 6o. population. L'applica-jouissent n'en abusent pas. Sans la tion des principes de l'économie politique à la richesse territoriale et à la population avait été négligée par Smith.

C'est de là que M. de Sismondi tire des résultats importans et nouveaux.

Dans son idée fondamentale relativement à la richesse territoriale, ce n'est pas sur un principe de justice, mais sur un principe d'utilité publique qu'est fondée la garantie donnée par la société à la propriété de la terre, ou à la possession du premier occupant. Il appuie cette idée sur les faits. Plusieurs peuples en effet, tels que les Arabes, les Tartares, les Juifs, les Péruviens n'ont point reconnu que la propriété du sol fut une conséquence necessaire de la propriété des fruits récoltés ou cultivés. Il est cependant certain que la conversion de la possession momentanée en propriété stable, c'est-à-dire, que le monopole consacré des premiers possesseurs contre tous autres prétendans, est avantageux à la société entière. Mais de la concession qu'elle fait pour l'utilité commune, l'auteur infère son droit à grever cette concession de conditions réclamées par le même motif. L'évidence de ce droit est constatée par l'impôt.

«Engénéral, dit M. de Sismondi, dés qu'il n'y a plus de terres vacantes, les maîtres du sol exercent une sorte de monopole contre le reste a de la nation: la loi autorise ce mo

a

permission de la classe, comparative«ment peu nombreuse des proprié« taires de terre, aucun homme dans << la nation ne pourrait, ni travailler « lui-même, ni rendre la terre fertile, < ni obtenir de nourriture. Les économistes en ont conclu que les propriétaires étaient seuls souverains, « et qu'ils pourraient renvoyer la nation de chez eux quand il leur plairait (1). Un privilége aussi prodi« gieux n'a pu être accordé que dans « l'intérêt de la société, et que c'est à « la société à le régler. Elle aurait pu << tout aussi-bien accorder la propriété « des eaux, et aucun homme n'aurait «pu boire sans le consentement des propriétaires des rivières et de leurs « fermiers; elle ne l'a pas fait uniquement, parce qu'il n'en serait résulté « aucun avantage social (2); elle a ac<cordé la propriété de la terre; mais

en le faisant, elle doit garantir aussi « l'avantage social qu'elle en a attendu; « elle doit veiller aux intérêts de ceux • qui demandent à la terre ou de la « nourriture ou du travail. »

En examinant successivement les effets des divers systèmes d'exploitation de la propriété territoriale, M. de Sismondi essaie de prouver les abus de tout système de culture tendant à exclure le plus grand nombre des cultivateurs de la propriété du sol.

C'est par un bon système d'exploi tation à moitié fruits, ou par "metayers, qu'ont prospéré, selon lui,

(1) C'est ce que dit M. D. Ricardo, dans un ouvrage publié à Londres, en 1818, et intitulé: Des Principes de l'économie politique et de l'impôt. Ce livre a été fort vanté en Angleterre on y remarque, en effet, l'habileté d'un capitaliste initié aux calculs de finance; mais l'auteur y a complétement négligé les rapports nécessaires de la science avec celle de l'harmonie et du bonheur des sociétés humaines. Les hommes ne sont à ses yeux que des chiffres. Il n'a pas d'autre but que le plus grand accroissement possible des richesses. (2) Il y a pour la propriété d'un fonds de terre une raison qui n'existe point en genéral pour la possession des eaux. C'est le travail, ce sont les avances du premier occupant qui constituent son droit à récolter. « Un sol sans travail n'est rien, a dit un économiste homme d'état ; c'est le travail qui approprie le sol, et c'est de lui qu'il recoi le caractère de la propriété.... La propriété du sol ne fut donc pas la première dans l'ordre de l'antériorité, mais elle est par son éminence et ses résultats, la première dans l'ordre social. » (Elémens d'économie politique, 1 vol. in-8°. Paris, Fantin, 1817.)

les plus belles parties de l'Italie, et surtout la Toscane. Mais des vices introduits dans ce mode de culture, Pobligation d'avancer l'impôt, le défaut de grandes villes, de lumières et de communication; la concurrence funeste excitée entre les métayers; l'avidité des propriétaires ont réduit à la misère les paysans des rivières de Gènes, de la république de Lucques, de plusieurs provinces du royaume de Naples et de toute la campagne de Roine. On y a restreint la culture pour augmenter le pacage, et au centre de la civilisation on a vu renaitre les steppes de la Tartarie.

L'exploitation par corvées, c'est-àdire, la cession d'une portion de terre et d'une chaumière, à la condition de fournir des journées de travail, a lieu en Hongrie, en Allemagne, en Pologne, en Russie, détestable mode de culture quand les journées de travail sont laissées à l'arbitraire du maitre, moins mauvais, mais toujours désastreux quand les journées sont fixées, puisque le colon donnant son temps et ses sueurs au lieu des fruits, est intéressé à travailler le moins qu'il peut pour son maitre.

C'est parce que le gouvernement autrichien, neutralisant dans les provinces allemandes de sa monarchie les vices de ce système, a su rendre heureuse la grande masse de sa population, composée presque uniquement de paysans propriétaires vivant dans l'aisance, qu'il est chéri de ses sujets, et que tous les projets de conquete et de révolution contre cet empire ont échoué. Le contrat entre le seigneur et son paysan a été déclaré irrévocable par la loi. La plupart des corvées ont été changées en redevances fixes d'argent ou de fruits qui ont été déclarées perpétuelles. Un gentilhomme n'y peut acheter de terre roturière, ou s'il l'achète, il est obligé de la rendre aux mêmes conditions, à quel que autre famille de paysans. Ainsi, le cultivateur est propriétaire assuré de sa maison et de son champ, sous la seule condition de quelques redevances et services invariablement fixés; et une masse de sujets qui sent son bonheur se refuse à tout changement. Nous ne parlons pas de l'obroc ou capitation russe, c'est moins un mode

de culture qu'un droit exercé un par maitre sur son esclave.

De tous les systèmes d'exploitation, M. de Sismondi prefere, après celui de l'exploitation patriarcale, c'est-àdire, par le propriétaire, celui des baux à fermes, quand les petites fermes sont multipliées comme en France, que le fermier dirige luimême et exécute son travail, qu'il peut espérer de devenir propriétaire. Et voici la substance des raisons qu'il en donne: plus le système des grandes fermes se consolide, plus elles tendent à dévorer les petites fermes et les petites propriétés. Luttant à la fois pour augmenter ses bénéfices avec les consommateurs, avec les proprietaires de terre et avec les journaliers, le grand fermier accroit ses profits 1o. en vendant plus cher ses denrées; 2o. en payant moins de fermages; 3o. en réduisant le salaire des journaliers. Les gros capitaux dont il dispose lui facilitent chacune de ces opérations.

Nous regrettons de ne pouvoir suivre M. de Sismondi dans le développement de ses idées, que semble contredire l'état de l'agriculture en Angleterre, et dontil tire pourtant des inductions favorables à son système, qui ne sont pas sans probabilités, puisqu'en Angleterre mème on vient de mettre sérieusement en délibération s'il n'était pas avantageux d'établir de petites colonies agricoles au sein des grandes propriétés.

La seconde des idées-mères du livre de M. de Sismondi est que la multiplication indéfinie des productions sans certitude préalable d'un débit avantageux, loin d'être une cause de richesse, en était une réelle de décadence et de misère.

1o. La consommation, en effet, n'est pas illimitée; elle est, au contraire, bornée par l'étendue des besoins, et surtout par la quotité du revenu consommable : cela n'a pas besoin de preuves.

2o. Comme l'accumulation des capitaux provenant de la richesse territoriale, dans les mains du propriétaire ou du fermier, tend sans cesse à l'expropriation du grand nombre, de même l'accumulation dans les mains du fabricant, secondée par la division

« PreviousContinue »