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conçut qu'il fallait y porter remède; en conséquence, au mois d'octobre, une commission spéciale présidée par monsignor Pacca, gouverneur de Rome, fut chargée de faire des recherches sur la situation financière de l'église, et sur les abus qui s'y étaient glissés; et monsignor Gaspari fut provisoirement mis à la tête des finances.

Au milieu de ces embarras, l'affaire essentielle de la cour de Rome était celle des concordats et l'extension de son autorité. Elle encourageait les progrès de l'ordre de la Société de Jésus qui comp tait en Italie seulement quinze à seize maisons de profès, noviciats et colléges richement dotés, et trois cents jésuites. Dans son administration intérieure, le gouvernement pontifical se montrait plus tolérant qu'au dehors. A cet égard, on ne doit point passer sous silence une circulaire apostolique, écrite, en date du 18 septembre, aux évêques d'Irlande, au sujet des écoles bibliques. Le saint père leur enjoint expressément d'interdire aux enfans de leurs diocèses la fréquentation de ces écoles, et la lecture des traductions de la Bible, etc., « qu'un zèle mal entendu, ditil, multiplie sur tout le globe. »

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Nous ne parlerons ici ni de la mort de la reine-mère d'Espagne, arrivée à Rome le 2 janvier, ni de celle du roi Charles IV, son époux, qui la suivit vingt jours après au tombeau : ces événemens appartiennent à l'histoire d'Espagne.

Le roi des Deux-Siciles était à Rome lorsque la nouvelle de la maladie de son auguste frère (Charles IV) le fit retourner à Naples; mais ayant appris sa mort à Portici, il s'y arrêta pour y recevoir les complimens de condoléance des ambassadeurs étrangers et des grands de son royaume. Sa Majesté relevait elle-même d'une maladie grave, dont elle ne fut entièrement rétablie que plusieurs mois après.

L'année 1819 est une époque pour le royaume de Naples par l'éruption du Vésuve, qui dura, presque sans interruption, du mois de mai jusqu'au mois de décembre; elle doit aussi marquer

dans ses fastes par les changemens introduits dans son admi

nistration.

On se souvient que le conseil d'état des Deux-Siciles était occupé de donner aux deux peuples un code qui embrassât toutes les parties de la législation; il a terminé cette année ses travaux : le code civil adopté rappelle la plupart des dispositions du code français. Le nouveau code criminel a conservé la forme qui partage chaque jugement en deux parties distinctes: le jugement sur le fait et le jugement sur le coupable, et l'application de la peine; mais l'institution du jury n'a pas été adoptée : on n'avait pas cru le peuple susceptible de cette institution, même sous le gouvernement de Murat. Plusieurs délits mineurs qui étaient poursuivis de la part de l'autorité, ne le seront plus que d'après une plainte de la partie civile lésée.

Ces deux codes furent accueillis dans le royaume de Naples comme un bienfait du gouvernement; il n'en a pas été de même en Sicile. Les réformes introduites l'année dernière dans ce pays y avaient eu des effets salutaires : 800 millions de biens jadis tenus en fideicommis, et récemment vendus, allaient être rendus à une bonne culture. Au commencement de cette année, un décret royal enjoignit aux tribunaux de Sicile de terminer, avant le 16 mai, tous les procès criminels en instance; et, en vertu de ce décret, environ douze cents prisonniers détenus, quelques-uns depuis dix ou douze ans, la plupart depuis cinq ou six, reçurent leur liberté

leur condamnation juridique; mais les Carbonari, qui s'y trouvaient au nombre de vingt-sept, n'y furent point compris, soit qu'on voulût les retenir en prison, soit qu'on voulût lier leur procédure à celle des individus détenus en d'autres endroits pour la même cause.

Personne ne pouvait nier l'avantage qu'il y avait de soumettre les deux divisions du royaume aux mêmes lois; cependant, le renversement de la constitution sicilienne (faite sous l'influence et l'occupation anglaise) y avait excité des mécontentemens, que l'établissement des impôts et de la conscription fit dégénérer en séditions partielles, surtout du côté de Syracuse, où des milliers

de malheureux se mariaient pour se soustraire à la conscription. Le roi, voulant apaiser les mécontentemens par les voies de la douceur, avait résolu d'envoyer en Sicile le prince royal, duc de Calabre, dont le départ fut différé jusqu'au 7 août. En attendant, on y fit passer plusieurs régimens dont la présence contint les babitans dans le devoir. Sous cette protection, les impôts se perçurent sans difficulté, la conscription s'opéra dans toute l'île avec tranquillité; d'ailleurs, on y joignit des mesures pour favoriser l'exportation des grains, et le pays était pacifié lorsque le duc de Calabre vint y prendre les rênes du gouvernement.

Le budget des Deux-Siciles, chargé pour 1819 d'une dépense extraordinaire de 4 millions, destinée à l'acquittement du reste de la contribution payable à l'Autriche et de la dot des princesses, etc., présentait un déficit de 90,000 ducats. Le gouvernement a fixé la somme nécessaire pour l'administration, l'armée et la liste civile, au minimum de 20 millions à lever chaque année; le reste sera voté par les états, et le roi a décidé que l'on publierait un compte rendu, chaque année, des dépenses. Une ordonnance du 18 septembre fixe à 6,150,000 ducats l'impôt foncier pour les provinces en deçà du détroit, où Naples entre pour 970,000.

Depuis l'époque de la restauration, le gouvernement a fait des sacrifices et des efforts pour enrichir le pays plusieurs grandes routes ont été construites; les fouilles de Pompeï ont été reprises avec succès; des statues grecques ont été trouvées auprès de Minturnes; on a repris, avec quelques changemens dans la direction des travaux, le défrichement des Tavoliere di Paglia, d'après le plan conçu par d'anciens ingénieurs du cabinet du roi, dont Joachim Murat avait commencé les travaux.

En exécution de l'une des clauses du concordat, une ordonnance royale, du 9 août, a pourvu à la dotation de trente-six monastères ou maisons religieuses, qui jouiront de tous les avantages que la loi accorde aux autres corporations légitimes. D'un autre côté, quatre lycées nouveaux, plusieurs écoles d'enseignement mutuel à la Lancaster ont été établis (1).

(1) D'après un rapport fait à Sa Majesté par le président de la commis

Un édit royal antérieur avait créé l'ordre de Saint-Georges, pour remplacer celui des Deux-Siciles, institué par Murat. Un grand nombre de décorations en ont été distribuées le 27 novembre, ou comme échange, ou comme faveurs nouvelles.

Les relations diplomatiques du cabinet de Naples avec l'Autriche ont été l'occasion de plusieurs conjectures, trop hasardées pour que nous nous y arrêtions; mais celles du même cabinet, avec la cour de Rio-Janeiro, ont amené des stipulations nouvelles dans les fastes de la diplomatie. D'après le traité qui les a suivies, le roi de Naples a livré à celui de Portugal deux mille galériens, qui seront envoyés sur des bâtimens de guerre napolitains à Lisbonne, d'où le roi de Portugal les fera transporter au Brésil, mais non sur des bâtimens négriers. Ils doivent être pris parmi les forçats condamnés à la chaîne pour plus de quinze ans. Arrivés au Brésil, on leur distribuera des terres pour les cultiver, et ceux dont la peine n'est pas perpétuelle pourront retourner en Europe quand ils auront fini leur temps. Ainsi, le gouvernement napolitain se débarrasse avec avantage d'une partie du fardeau qui lui · pesait; car on n'y comptait pas moins de sept mille forçats, dont un grand nombre peut être rendu à la société dans un autre hémisphère la colonie de Botany-Bay en offre un bel exemple. A ce titre, le traité dont nous parlons est digne de figurer entre les plus remarquables des temps modernes.

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sion d'instruction publique, le nombre des élèves dans les colléges et lycées qui s'élevait en 1815 à peine à 664, en 1818 à 1,240, était en 1819 de 1,462, et celui des élèves des écoles primaires, qui était en 1815 de 48,913, a été reconnu en 1818 de 74,515.

CHAPITRE V.

ESPAGNE ET COLONIES ESPAGNOLES.

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Mont de Charles IV et de Louise-Marie-Thérèse, ci-devant roi et reine d'Espagne. Conspiration de Valence. - Etat des finances de l'armée et de la marine. Edit contre les étrangers au service des insurgés.-Changement dans le ministère. Difficultés sur la ratification du traité de la cession des Florides. - Complot du camp de la Victoire. Nouveaux troubles à Valence. Arrestations à Grenade, à Madrid, etc. - Peste apportée en Espagne. Mariage du roi d'Espagne avec la princesse de Saxe. Nouvelle révolution dans le ministère. - Faux ordres donnés aux milices. Cessation de la peste. Reprise des préparatifs de l'expédition.-COLONIES ESPAGNOLES. Etat des Florides, de Cuba et du MexiMarche

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que. - Congrès de Venezuela. - Ouverture de la campagne.

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de Morillo sur l'Apure. Actions avec Paëz et Bolivar. Retraite de Morillo. Marche de Bolivar dans les Cordillières. Sa jonction avec Santander. Invasion de la Nouvelle Grenade. Bataille de la Boyaca. Entrée de Bolivar à Santa-Fé. Réunion de la Nouvelle Grenade à l'état de Venezuela. - Retour de Bolivar à Angostura. - Préparatifs pour la nouvelle campagne. - CHILI ET BUENOS-AYRES. Expédition de lord Cochrane contre Lima. Factions de Buenos-Ayres. — Session du congrès. Nouvelle constitution. Armistice avec Artigas. Préparatifs de défense. Reprise des hostilités avec Artigas. - BRÉSIL ET PORTUGAL. Traités conclus par le gouvernement. Intelligence avec Buenos-Ayres.

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Conspiration découverte à Monte-Video. - Situation du Portugal.

On aurait pu placer au chapitre précédent la mort des deux chefs de la famille d'Espagne, descendus de ce trône le 19 mars 1808 par une abdication diversement caractérisée; mais ces événemens tiennent plus particulièrement à l'histoire de l'Espagne. -Charles IV et son épouse, Louise - Marie-Thérèse de Parme, étaient allés s'établir, en sortant de Marseille, en 1811, à Rome, où ils vivaient d'une pension réglée à 3 millions par leur fils le roi Ferdinand. Pendant un voyage que Charles IV avait fait à Naples, Louise-Marie-Thérèse fut frappée d'apoplexie, le 2 jan

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