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ner une idée de leur vaste travail. Ils verront, aux améliorations qu'il nous a fournies, que nous en avons soigneusement médité les détails. C'est la manière dont nous nous plaisons à reconnaître un désintéressement dont la littérature offre trop peu d'exemples.

Dans l'impossibilité de suivre tout l'ensemble d'un plan qui nous eût fait sortir de la forme historique, particulière à cet ouvrage, nous avons adopté des divisions qui, en y facilitant les recherches, en rendront la lecture plus agréable, et admettront successivement tous les perfectionnemens et les matériaux qu'il pourra réunir.

L'Appendice, que le lecteur ne confondra pas longtemps avec ces recueils qui ne sont faits que pour grossir les volumes, a été partagé en plusieurs sections dont il n'est pas inutile de rappeler l'objet.

La première et la seconde offrent les documens qu'on a jugés nécessaires à l'intelligence de l'histoire française ou étrangère. Plusieurs de ceux qu'on donne sont inconnus en France. On a préféré ce titre ce titre parce qu'il s'y trouve des pièces qui, sans être officielles, n'en sont pas moins importantes, tels que les tableaux statistiques, à la rédaction desquels nous apporterons le plus grand soin.

Nous avons donné plus d'étendue à la Chronique (ou 3o section), partie si piquante par les anecdotes, les procès, et mille particularités que l'histoire ne pouvait admettre, et qui sont pourtant indispensables pour avoir une connaissance vraie des affaires, des opinions et des mœurs du temps.

On y trouvera ensuite une section nouvelle (4) où entreront, sous le titre général de mélanges, des extraits des meilleurs voyages modernes, des rapports des sociétés savantes, des articles particuliers, des notices nécrologiques, et ce que les Anglais appellent characters; mais seulement en ce qui concerne l'histoire contemporaine. A cet égard, nous regrettons que l'abondance des matières politiques nous ait forcés de renoncer pour cette année à l'insertion de quelques articles intéressans qui nous avaient été fournis.

Enfin, au titre nouveau que nous donnons à la 5e section, sciences, lettres et arts, on remarquera que nous voulons borner cette partie à ce qu'elle offre d'essentiel à connaître. Les découvertes importantes dans les sciences, les productions remarquables dans les lettres et dans les arts, les perfectionnemens réels dans l'industrie générale, y seront indiqués de façon à présenter avec fidélité la situation des états sous tous les rapports, qui constituent la civilisation ou les élémens de la prospérité publique.

Quant à la partie narrative, l'année 1819 n'est pas moins féconde en grands événemens que la précédente. La France et l'Allemagne, l'Angleterre et l'Espagne, offrent une lutte d'intérêts et d'opinions plus difficile à exposer que des événemens. Nous ne nous sommes point dissimulés, en entreprenant cet ouvrage, l'étendue de la charge et des devoirs qu'il nous impose. Nous savons que l'exposition impartiale des discours ou des faits ne suffira point à tous nos lecteurs. Ce livre, composé dans l'intérêt de la vérité

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pour être lu ou consulté dans le silence du cabinet, n'est point destiné à exercer d'influence, ni à caresser des passions de partis. Il est dans l'heureuse impuissance de les servir. Ils s'en plaindront peut-être également; ils peuvent y trouver tour à tour des armes l'un contre l'autre la faute n'en est pas à nous; nous ne faisons que préparer pour eux le jugement de l'histoire, heureux s'il nous était permis d'espérer qu'ils verront dans le récit fidèle des événemens et des causes qui les ont amenés, la nécessité de fonder sur l'oubli sincère des injures, sur des sacrifices mutuels, la paix, premier besoin des sociétés humaines, et la stabilité des institutions politiques, sans laquelle il n'y a ni ordre, ni sécurité, ni droits particuliers, ni liberté publique.

ERRATA.

Page 241, ligne to, au lieu de ces leçons, lisez ces troubles.

Page 247, ligne 28, au lieu de au mois de mai, lisez : aux mois d'avril et de juin.

Page 250, ligne 26, avant ou depuis la révolution, lisez : avant la révolution ou depuis la restauration.

Page 260, dans quelques exemplaires, au lieu de observaient, lisez : affirmaient.

Page 485, ligné 16, au lieu de 2 au 10 février, lisez : 2 au 10 décembre. Page 531, cours des effets publics, troisième ligne du tableau, au lieu de 22 septembre 1819, lisez : 22 septembre 1818.

Page 585, ire colonne, ligne 4, au lieu de décembre 1818, lisez : 25 septembre 1819.

Page 676, 1re colonne, ouverture du théâtre de l'Odéon, au lieu de : on a fait aujourd'hui, lisez : on a fait hier.

Page 739, 1re colonne, lignes 46-48, à retrancher, dans quelques exemplaires.

HISTORIQUE UNIVERSEL,

POUR 1819.

PREMIÈRE PARTIE

HISTOIRE DE FRANCE.

CHAPITRE PREMIER.

OUVERTURE de la session de 1818-1819.- Discours du Roi. —Nomination du président des députés et des secrétaires des deux chambres.- Adresses au Roi. - Adoption de la loi des six douzièmes provisoires. — Récompense nationale décernée à M. de Richelieu. - Digression sur les majorats. — Projet de loi sur la fixation de l'année financière adopté par la chambre des députés.

OUVERTURE de la session. (10 décembre 1818.) La France venait d'être délivrée du fardeau de l'occupation étrangère. Elle avait acquitté ou du moins réglé le prix de sa rançon : elle semblait n'avoir plus qu'à jouir de la paix qui n'avait encore été qu'un armistice; et cependant aux inquiétudes sourdes, aux agitations, à la défiance, au malaise qui se faisaient sentir dans toutes les parties de ce grand corps, on aurait cru que le joug de l'étranger n'était pas le plus dangereux de ses maux.

La charte constitutionnelle semblait avoir terminé un grand procès; elle avait garanti les intérêts matériels de la révolution, et jeté les bases du système représentatif; mais elle offrait des principes à développer et des lacunes à remplir, et chaque parti s'était flatté de le faire à son gré : source de difficultés et de disAnnuaire hist. pour 1819.

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cordes, dont la discussion de la loi des élections et du recrutement mirent la profondeur à découvert. L'une de ces lois avait distribué la part de l'industrie et de la propriété dans la représentation nationale; l'autre avait assigné le prix des services et du courage dans l'organisation de l'armée : toutes deux avaient garanti les droits reconnus par la charte; mais faites pour assurer l'harmonie du corps politique, elles montrèrent tout d'abord l'opposition des intérêts et la chaleur des opinions qui le divisent.

Toute l'Europe a vu avec étonnement qu'un ministère auquel la France était redevable de deux lois populaires et de la libération de son territoire eût sitôt perdu la popularité qu'il semblait avoir bien acquise. Sa retraite fut sans doute un malheur pour la France et un fâcheux préjugé de nos dispositions aux yeux de l'étranger. Nous en avons dit la cause. (Voyez l'Annuaire pour 1818, p. 394 et suiv.) Il voulait arrêter les progrès d'une opinion toujours croissante de sa nature; il inspira de la méfiance; c'était moins l'effet d'un mécontentement réel de l'ordre de choses établi que la crainte d'un changement. Quoi qu'il en soit, cette méfiance, aidée de quelques manœuvres, éclata dans le choix de plusieurs députés, et elle passa des colléges électoraux dans le sein des deux chambres: on se crut à la veille d'une révolution au moment où l'étranger nous donnait par sa retraite un motif de concorde et de sécurité.

de

Ainsi le retard inusité de l'ouverture de la session, prétexté sur la prolongation des conférences d'Aix-la-Chapelle, était bien inoins l'ouvrage de l'influence étrangère que des agitations, des inquiétudes de l'intérieur. Elles ne cessèrent point avec l'ouverture de la session qui eut lieu, le 10 décembre, avec le cérémonial usité. Le discours du trône, attendu comme la révélation d'un nouveau système de gouvernement, ne remplit qu'incomplétement cette attente.

Le Roi y témoignait d'abord la joie qu'il éprouvait d'avoir vu la libération du territoire de la patrie. Il se plaisait à regarder la déclaration des cinq puissances comme la garantie d'une longue paix et d'une union salutaire, dictée par la justice et consolidée

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