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250 ORGANISATION DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE bien, disait-il, et laissons dire le mal (1). » Sa modération, comme son embarras, éclataient dans ces paroles.

Une ordonnance du roi (2) donna aux recteurs la nomination des professeurs et maîtres d'études des colléges royaux et des régents des colléges communaux ; immense extension du pouvoir local, dont le but était de rendre les emplois plus stables et d'attacher chacun au pays où il avait des fonctions à remplir; pensée utile, qui a reparu depuis sous d'autres formes, par exemple, lorsqu'on a décidé l'avancement sur place, par l'élévation des traitements (3).

Cette indépendance administrative, dont nous regrettions tout à l'heure l'absence, fut enfin constituée. Le grand-maître échangea son titre contre celui de ministre des affaires ecclésiastiques et de l'instruction publique (4). L'alliance qu'il avait appelée et poursuivie se revêtait de cette apparence, en attendant une désirable réalité.

(1) Circulaire du 14 avril 1824.

(2) Du 8 avril 1824.

-

(3) Règlem. d'administ. publique du 29 juillet 1850. Décret du 16 avril 1853.

(4) Ordonn. du roi du 26 août 1824, une des dernières du roi Louis XVIII.

LIVRE XII

DE CHARLES X A NAPOLÉON III

PERFECTIONNEMENT DE L'ÉDUCATION NATIONALE

Sommaire

Loi sur l'instruction primaire.

Défaveur de l'Université sous Charles X.-Salles d'asile. L'éducation sous Louis-Philippe. M. Guizot.MM. Villemain, Cousin et de Salvandy. d'Athènes. L'éducation sous la seconde république. - Loi du

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- Ecole

15 mars 1850.

L'éducation sous Napoléon III.

de MM. Fortoul et Rouland.

Ministères

Un nouveau règne ne changea rien à la situation, mais il rendit plus difficile la mutuelle confiance qui eût été si heureuse pour la religion et pour l'Etat. Charles X, dont l'attachement aux anciennes traditions de la monarchie était connu, fut toujours suspect à ceux qui avaient foi dans les principes de 1789 et dans les institutions nou

velles. Le roi, de son côté, se défia de son temps, et l'Université, impériale par son origine, libérale par l'esprit de son enseignement, lui apparut comme une force à surveiller et à contenir.

La conséquence de cet antagonisme fut de paralyser l'influence aux mains loyales de l'évêque d'Hermopolis. Pendant quatre ans qu'il fut encore au pouvoir, la vérité et l'équité obligent à dire que, s'il ne lui fut donné de faire que peu de bien, sa présence seule conseilla la prudence, et enchaîna plus d'une fois l'hostilité.

De 1824 à 1828, aucun fait d'importance majeure ne marquerait l'histoire de l'éducation nationale, si nous n'avions à signaler l'admirable institution des salles d'asile, fondée en France, dans l'année 1826, par une association de dames charitables, sous l'impulsion d'un homme de bien et de cœur, M. Cochin. Essayé d'abord par Mme de Pastoret, en 1800, importé chez les Anglais, sous le titre d'infant's schools, en 1816, l'asile retournait à son berceau. Rien de plus touchant, rien aussi de plus habilement organisé que cette maison modeste, où la première éducation religieuse, intellectuelle et physique, est donnée aux petits enfants; où la mère est suppléée avec une tendresse ingénieuse; où il n'y a ni lacune, ni fati

gue, ni place pour un instant d'ennui. Il devait arriver un jour (1) où le gouvernement adopterait cette œuvre d'une si haute portée sociale, et un autre jour (2) où l'asile, abrité par le trône, compterait pour première dame patronesse une impératrice des Français.

La discipline des Facultés prit une forme plus complète et plus stable dans un statut du 9 avril 1825.

Les écoles préparatoires (anciennes écoles normales partielles) se traînèrent quelque temps, et, de l'aveu même du ministre, dans une affligeante nullité. On fut obligé de convenir qu'une expé ́rience de plusieurs années avait prouvé que ces écoles laissaient beaucoup à désirer, et que, dans leur état primitif, elles ne pouvaient offrir à l'instruction publique les ressources nécessaires (3).» La logique conduisait à les supprimer. On aima mieux en restreindre le nombre, en augmenter les prérogatives (4), en fonder une spécialement au collége de Louis-le-Grand. Celle-ci fut l'ombre de

(1) En 1837.

(2) Décret impérial du 16 mai 1854.

Circulaire du 18 avril 1826.

(4) Ordonn. du 9 mars et règlement du 5 septembre 1826.

la grande école normale disparue. La seconde tentative resta aussi stérile que la première. Il n'y avait qu'une institution centrale qui pût réunir un ensemble de maîtres supérieurs, capables de former des professeurs pour la France entière. La force des choses ramena plus tard, sans secousse, l'institution fondamentale, à ce point nécessaire, et la maintint en dehors et au-dessus des partis.

La comptabilité universitaire était confuse, et contenait même des dispositions contradictoires. Un règlement (1) de près de cinq cents articles effaça les désuétudes et fit le jour dans ce chaos (2).

L'année 1828 apporta des changements à la politique générale, et l'instruction, liée de si près aux plus grands intérêts nationaux, dut s'en ressentir. Charles X, ému des griefs d'une opposition ardente, et désireux de prouver à tous qu'il n'avait pas ou qu'il n'avait plus d'arrière-pensée, changea son ministère (3). Les affaires ecclésiastiques furent séparées de l'instruction publique, et cette espèce de divorce, qui donnait lieu à des in

(1) Du 11 novembre 1826.

(2) V. M. Ch. Jourdain, le Budget de l'instruction publique, p. 80 el passim.

(5) Le 4 janvier 1828.

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