III LES OISEAUX, PAR LEURS CHANTS DU MATIN ET DU SOIR, NOUS APPRENNENT A PRIER. Le savant professeur vient de nous parler de la nouvelle poésie des champs que la doctrine chrétienne avait inaugurée à la place des froides inventions de la mythologie. Nous en avons un exemple dans le fragment suivant, que l'on croirait facilement emprunté à ces poétiques conférences de l'Hexaéméron, oû saint Ambroise expliquait avec tant de charme aux fidèles de Milan le symbolisme de la création. Nonne videmus et minutissimas aves, cum illucescentem diem aurora producit, in quibusdam nidorum cubiculis varia dulcedine personare, et id studiose agere priusquam procedant, ut creatorem suum, quia loquela non possunt, suavitate demulceant; et quemadmodum unaquæque earum, quoniam confessione nequit, modulis prodat obsequium, ita ut videatur sibi devotius gratias agere, quæ dulcius personavit, hoc etiam peracto diei cursu similiter facere? Quid ergo sibi vult ista certis temporibus disposita cantilena et jugis intentio, nisi gratiarum quædam sit immoderata confessio? Pastori enim suo avis innoxia, quia sermone non potest, suavitate blanditur; habent enim et aves pastorem suum, sicut ait Dominus: Respicite volatilia coli, quoniam non serunt, neque metunt, et Pater vester qui in cœlis est pascit illa (Matth., VI, 26). At quibus tandem cibis pascuntur aves? vilissimis scilicet et terrenis. Aves ergo propter viles escas gratias agunt; tu pretiosissimis epulis pasceris, et ingra tus es! Quis igitur non erubescat, sensum hominis habens, sine psalmorum celebritate diem claudere, cum ipsæ aves ad gratificandum psalterii suavitate persultent, et ejus gloriam non ver III LES OISEAUX, PAR LEURS CHANTS DU Ne voyons-nous pas les petits oiseaux eux-mêmes, dès que l'aurore fait poindre les premières lueurs du jour, entonner, sur la petite couchette de leurs nids, des concerts variés? C'est avec intention qu'avant de prendre leur essor, ils en agissent ainsi : ils semblent vouloir charmer leur créateur, au défaut du langage qui leur manque, au moins par l'harmonie. Chacun d'eux le loue par ses roulades, ne le pouvant par des paroles; et pour lui rendre avec plus de dévotion ces actions de grâces, ces doux chants, il les répète encore quand le jour achève sa course. Que signifient donc ces chansons arrivant à des heures fixées avec une si régulière constance, si elles ne sont pas l'expression d'une action de grâces qui ne peut se contenir? Oui, l'oiseau, dans son innocence, ne pouvant charmer son nourricier par ses paroles, le fait par ses chansons; car les oiseaux aussi ont leur nourricier, comme dit le Seigneur: Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, mais votre Père, qui est dans les cieux, les nourrit. Et pourtant, quels sont ces aliments dont les oiseaux sont nourris? ils sont vils et terrestres. Les oiseaux donc, pour un vil aliment, rendent grâces; et vous qui ne vous nourrissez que des mets les plus exquis, vous êtes ingrat! Ah! qui donc, pour peu qu'il conserve un cœur d'homme, ne rougirait de terminer le jour sans le célébrer par des psaumes, quand il voit les oiseaux eux-mêmes exprimer leur reconnaissance par de douces psalmodies? qui ne rougirait de ne pas employer à chanter la gloire de suum dulcedine personare, cujus laudem volucres modulata Cantilena pronunciant? Imitare ergo, frater, minutissimas aves mane et vespere Creatori gratias referendo; et si es devotior, imitare lusciniam, cui quoniam ad dicendas laudes dies sola non sufficit, nocturna spatia pervigili cantilena decurrit; et tu igitur, laudibus tuis diem vincens, operi tuo adde nocturna currentia curricula, et nsomnem suscepti laboris industriam psalterii serie consolare. Hom. 89. De non timendis hostibus carnalibus et de gratiis post cibum agendis. Dieu, l'harmonie de la poésie, quand, Dour dire ses louanges, ces chantres ilés trouvent de si douces mélodies? Imitez done, mon frère, les petits iseaux, en rendant gràces matin et oir au Créateur. Si même vous en vez la dévotion, imitez le rossignol, qui, pour chanter ses hymnes ne trou vant pas le jour suffisant, emploie les heures de la nuit à ses infatigables chansons. Eh bien! vous aussi, débordant le jour par vos louanges, faitesvous de la nuit une nouvelle carrière à l'élan de votre zèle, et charmez par les versets du psautier l'assujettissement de votre règle et les fatigues de l'insonmie. FIN DU DEUXIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME. V. VI. VII. VIII. IX. X. XI. XII. XIII. XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. RUFIN. I. II. PRUDENCE Hymne avant le sommeil. Hymne de l'Epiphanie Hymne en l'honneur de saint Laurent Hymne en l'honneur de sainte Eulalie Hymne en l'honneur des dix-huit martyrs de Saragosse. Les Catacombes et les Basiliques de Rome. Tous les peuples croient l'existence d'un Être suprême Divinité de Jésus-Christ. Origine et suite du péché. Image du crime dans la conscience Les fins dernières . Combat de la débauche et de la tempérance. C'est l'habitude qui perpétuait l'idolâtrie à Rome Précis de la théologie chrétienne. Les vestales et les jeux de l'amphithéâtre. Destruction du sanctuaire de Sérapis à Alexandrie 1 7 12 III. La courtisane convertie. IV. Contre la traduction de la Bible, par saint Jérôme S. JEROME. 104 Rufin, au sujet de la promesse faite en songe de ne plus lire 118 120 122 A saint Paulin pour l'exciter à l'étude de la Sainte-Écriture 151 XIV. XV. S. Augustin se défend d'avoir voulu attaquer S. Jérôme. 157 153 XVI. Deuxième réponse de S. Jérôme à S. Augustin. 155 XVII. Sur les inimitiés. 159 XVIII. Marcelle dans Rome prise par les Goths 162 XIX. Consolation à une mère. 164 XX. XXI. XXII. XXIII. Mort et funérailles de sainte Paule XXIV. XXV. Lamentations sur la mort de Népotien. Les derniers moments de Népotien. Ruines de l'Empire et vanité de la vie humaine. Le culte des saints est-il idolâtrique?. 181 184 S. AUGUSTIN. I. II. III. IV. V. VI. Regrets d'Augustin à la mort d'un ami. S. Augustin est baptisé avec son fils Adéodat. 190 195 199 204 206 -- 209 VII. Un incident de la deuxième conférence de l'ordre 212 215 Divinité de la religion prouvée par le miracle de son établis- XIII. La sagesse créatrice se révèle à nous par l'harmonie de ses XV. œuvres. Caractère littéraire des écrivains sacrés. De la clarté dans l'enseignement public. L'amour des hommes est le grand secret de l'éloquence. 241 244 246 A ceux qui s'autorisaient contre lui des désordres de la jeunesse 248 La mort et la résurrection XXII. Dieu est le bon idéal. 252 256 260 264 --- Desseins de Dieu en donnant l'Empire aux Romains. Quel est le prince vraiment heureux? De la mort dans la vie. A un poète pour le ramener à Dieu. La suite de la religion. Des chrétiens parfaits seraient de parfaits citoyens. XXX. Au comte Boniface révolté Les temps anciens et les temps nouveaux Le temple de Janus fermé pour la deuxième fois. Réponse aux objections contre le dogme de la Providence. Invocation Absurdité des croyances païennes La naissance de Notre-Seigneur. 293 302 306 306 309 310 312 311 319 319 319 321 399 201 321 328 330 332 340 342 343 345 |