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Hæc hora cunctis utilis, Qua quisque, quod studet, geMiles, togatus, navita, [rat: Opifex, arator, institor. Illum forensis gloria, Hunc triste raptat classicum: Mercator hinc ac rusticus Avara suspirant lucra.

At nos lucelli ac fenoris Fandique prorsus nescii, Nec arte fortes bellica, Te, Christe, solum novimus. Te mente pura et simplici, Te voce, te cantu pio Rogare, curvato genu, Flendo et canendo discimus. His nos lucramur quæstibus, Hac arte tantum vivimus: Hæc inchoamus munera, Cum sol resurgens emicat.

Intende nostris sensibus, Vitamque totam dispice: Sunt multa fucis illita,

:

Cette heure est utile à tous, et chacun s'y livre à ses devoirs soldat, magistrat, navigateur, ouvrier, laboureur ou marchand.

Celui-ci est emporté par la gloire du forum; celui-là par les funestes accents de la trompette. Ici c'est le commerçant, là c'est le paysan que l'avarice fait soupirer après le lucre.

Mais nous, qui n'entendons rien aux trafics, à l'usure, à l'éloquence; nous, qui ignorons l'art audacieux de la guerre, c'est vous seul, ô Christ, que nous connaissons.

C'est vous que d'un cœur pur et simple, c'est vous qu'avec nos voix et nos chants pieux, nous apprenons à prier, en fléchissant nos genoux, en mêlant nos larmes à nos cantiques.

Tels sont nos travaux et nos gains, telle est notre vie et notre art; tel est l'office que nous commençons à remplir, dès que resplendit le soleil levant.

Ah! veillez sur nos sens, embrassez de vos regards toute notre vie, et ces

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déguisements, si nombreux en notre âme, faites-les disparaître à votre lumière.

Faites que nous conservions cette blancheur dont vous nous fites briller, lorsque nous fùmes lavés de nos taches dans les eaux du Jourdain.

Tous les épais nuages que la nuit du monde a depuis jetés sur nous, dissipez-les, ô roi, par les regards sereins de l'astre oriental".

O Dieu saint, qui donnez à la poix la plus noire la blancheur du lait, qui changez l'ébène en cristal, effacez la noirceur de nos péchés.

Sous les voiles azurés de la nuit, Jacob, luttant audacieusement contre un ange jusqu'au lever du jour, soutint péniblement un combat inégal.

Mais dès que le soleil brilla, le fléchissement de son jarret le rendit boiteux, la défaite affaiblit sa cuisse, et il perdit sa coupable vigueur.

Cette image nous apprend que l'homme plongé dans les ténèbres,

1 Comparez ces vers d'Ovide (Ep. de Ponto, 1. III, ep. 3, v. 97):

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s'il vient à résister à Dieu, perdra ses forces rebelles....

Ah! loin de nous enfin cet aveuglement, qui, à travers tant de précipices, tant de fatales chutes, entraîna nos pas dans le chemin de l'erreur !

Que cette lumière nous apporte la sérénité; qu'elle nous rende purs comme elle! Loin de nous les paroles trompeuses, loin de nous les sombres pensées !

Qu'ainsi s'écoule le jour entier : que notre langue évite le mensonge, que nos mains et nos yeux ne se laissent point aller au péché : qu'aucune faute ne souille notre corps.

Là-haut réside un témoin qui cha que jour observe nos actions, depuis l'aurore jusqu'au soir1.

1

Deus ex Deo perennis, Deus ex utroque missus. Fluxit labor diei, Redit et quietis hora: Blandus sopor vicissim Fessos relaxat artus.

Il est témoin, il est juge; il voit tout ce qui est, tout ce que conçoit l'esprit de l'homme, et ce juge, personne ne le trompe.

II

HYMNE AVANT LE SOMMEIL.

Venez à nous, Père suprême que nul n'a jamais vu, et vous, ô Christ! parole du Père, et vous, Esprit de bonté.

O de cette Trinité force unique, lu... mière unique! ô Dieu de Dieu éternellement! ô Dieu procédant du Père et du Fils!

Le travail du jour est fini, l'heure du repos revient, un doux sommeil va reposer maintenant nos membres fatigués.

Loin de nous cette nuit dont nos âmes couvertes
Dans le chemin du crime ont erré si longtemps.

Imitons la lumière pure

De l'astre étincelant qui commence son cours,
Ennemis du mensonge et de la fraude obscure;
Et que la vérité brille en tous nos discours.

Que ce jour se passe sans crime,

Que nos langues, nos mains, nos yeux soient innocents;
Que tout soit chaste en nous, et qn'un frein légitime
Aux lois de la raison asservisse les sens.

Du haut de sa sainte demeure

Un Dieu toujours veillant nous regarde marcher;

Il nous voit, nous entend, nous observe à toute heure ;
Et la plus sombre nuit ne saurait nous cacher, (J. RACINE).

Mens æstuans procellis,
Curisque sauciata,
Totis bibit medullis
Obliviale poclum.

Serpit per omne corpus
Lethæa vis, nec ullum'
Miseris doloris ægri
Patitur manere sensum.
Lex hæc data est caducis,
Deo jubente, membris,
Ut temperet labremo
Medicabilis voluptas.

Sed, dum pererrat omnes
Quies amica venas,
Pectusque feriatum
Placat rigante somno :
Liber vagat per auras
Rapido vigore sensus,
Variasque per figuras,
Quæ sunt operta, cernit.
Quia mens soluta curis,
Cui est origo cœlum,
Purusque fons ab æthra
Iners jacere nescit.

Imitata multiformes
Facies sibi ipsa fingit,
Per quas repente currens
Tenui fruatur actu.

Sed sensa somniantum Dispar fatigat horror : Nunc splendor intererrat, Qui dat futura nosse. Plerumque dissipatis Mendax imago veris, Animos pavore mœstos Ambage fallit atra.

Quem rara culpa morum
Non polluit frequenter,
Hunclux serena vibrans
Res edocet latentes.

At, qui coinquinatum
Vitiis cor impiavit,
Lusus pavore multo
Species videt tremendas.
Hoc Patriarcha noster
Sub carceris catena
Geminis simul ministris
Interpres approbavit.

Quorum regressus unus,
Dat poculum tyranno :
Ast alterum rapaces
Fixum vorant volucres.

Ipsum deinde regem, Perplexa somniantem, Monuit famem futuram Clausis cavere acervis.

L'àme, agitée par les tempêtes et rongée par les soucis, boit à pleine coupe le breuvage de l'oubli.

Par tout le corps se glisse une vertu assoupissante: elle empêche les malheureux de ressentir encore l'aiguillon de la douleur.

C'est Dieu qui l'a voulu. Il a soumis à cette loi nos membres débiles, afin de tempérer nos labeurs par un agréable remède.

Mais tandis qu'un repos ami coule dans nos veines, tandis que le sommeil, s'infiltrant dans notre cœur, lui donne le calme et l'apaisement;

L'âme, libre dans l'espace, erre avec une vive agilité, et dans les diverses figures elle aperçoit ce qui est caché.

Car, délivrée des soins du corps, l'àme, dont l'origine est céleste, dont la source pure est au plus haut de l'éther, ne peut pas rester gisante et inerte.

Composant les fantômes les plus variés, elle se les représente, et, passant de l'un à l'autre, elle jouit encore d'une vague activité.

Mais pendant ces rêves, que de pres tiges divers fatiguent nos sens! tantôt c'est une splendeur qui nous apparaît et nous permet de connaître l'avenir.

Le plus souvent la vérité s'évanouit; une menteuse image trompe par de noires visions les âmes saisies d'effroi.

Celui dont les mœurs ne sont pas corrompues par des fautes fréquentes, voit scintiller une lumière sereine qui lui fait connaître les choses cachées.

Mais celui qui souille son cœur par le vice et l'impiété, jouet de nombreuses terreurs, voit des formes horribles.

Le patriarche de nos saints livres, dans les chaînes de sa prison, interpréta les songes des deux ministres.

L'un, retournant à la cour, présente de nouveau la coupe au roi; l'autre, attaché au poteau, est dévoré par les oiseaux de proie.

Joseph ensuite avertit le roi lui-même, fatigué par des songes obscurs, d'amasser dans ses greniers des provisions contre la famine prochaine.

Mox præsul ac tetrarches, Regnum per omne jussus Sociam tenere virgam, Dominæ resedit aulæ.

O quam profunda justis Arcana per soporem Aperit tuenda Christus, Quam clara, quam tacenda! Evangelista summi Fidissimus magistri, Signata quæ latebant, Nebulis videt remotis. Ipsum Tonantis agnum De cæde purpurantem, Qui conscium futuri Librum resignat unus. Hujus manum potentem Gladius perarmat anceps, Et fulgurans utrinque Duplicem minatur ictum. Quæsitor ille solus Animæque corporisque, Ensisque bis timendus Prima ac secunda mors est. Idem tamen benignus Ultor retundit iram, Paucosque non piorum Patitur perire in ævum.

Huic inclytus perenne
Tribuit Pater tribunal :
Hunc obtinere jussit

Nomen supra omne nomen.
Hic præpotens cruenti
Extinctor Antichristi :
Qui de furente monstro
Pulchrum refert tropæum.
Quam bestiam capacem,
Populosque devorantem,
Quam sanguinis Charybdim,
Joannes execratur.

Hæc nempe, quæ sacratum
Præferre nomen ausa,
Imam petit gehennam,
Christo perempta vero.
Tali sopore justus
Mentem relaxat heros,
Ut spiritu sagaci
Coelum peragret omne.

Nos nil meremur horum, Quos creber implet error, Concreta quos malarum Vitiat cupido rerum.

Sat est, quiete dulci Fessum fovere corpus : Sat, si nihil sinistrum Vanæ minentur umbræ.

Bientôt, chef et tétrarque, il reçoit l'ordre d'étendre sur tout le royaume son sceptre ami, et il siége dans la cour souveraine.

Oh! que de secrets profonds, le Christ découvre aux justes pendant le sommeil que de mystères glorieux et ineffables!

L'évangéliste bien-aimé du divin Maître, aperçoit les prodiges cachés dans les nuages de l'avenir.

Il voit l'Agneau de Dieu lui-même, empourpré de son sang, pouvant seul ouvrir le livre où les secrets de l'avenir sont contenus.

Sa main puissante est armée d'un glaive à deux tranchants, et, jetant des éclairs de deux côtés, elle menace de frapper un double coup.

Il est le seul juge de l'âme et du corps, et son épée, deux fois redoutable, donne la première et la seconde mort.

Le même Agneau, cependant, vengeur miséricordieux, apaise son courroux; et, parmi les impies, il n'en

condamne qu'un petit nombre à la mort éternelle.

Son glorieux Père lui fait présider l'éternel tribunal: il a voulu qu'il eût un' nom au-dessus de tout nom.

Il est le tout-puissant exterminateur du sanglant Antechrist. Oh! quel magnifique trophée il remporte sur ce monstre furieux !

Cette hête dévorante qui engloutit les peuples, cette Charybde sanguinaire, saint Jean la maudit.

Elle a osé usurper un nom sacré : elle tombe au fond des enfers sous les coups du véritable Christ.

Tel est le sommeil qui repose l'àme des saints et des héros, et, d'un esprit subtil, leur fait parcourir tout le ciel.

Nous ne méritons pas de tels songes, nous qui sommes remplis de tant d'erreurs et souillés par la passion invétérée du mal.

Il nous suffit de ranimer dans un doux repos notre corps fatigué ; il nous suffit qu'aucune ombre sinistre ou vaine ne vienne nous menacer.

Cultor Dei, memento Te fontis et lavacri Rorem subisse sanctum, Te chrismate innotatum. Fac, quum vocante somno Castum petis cubile, Frontem, locumque cordis Crucis figura signet.

Crux pellit omne crimen, Fugiunt crucem tenebræ ; Tali dicata signo Mens fluctuare nescit. Procul, o procul vagantum Portenta somniorum,

III

Procul esto pervicaci
Præstigiator actu.

O tortuose serpens,
Qui mille per maandros,
Fraudesque flexuosas,
Agitas quieta corda:

Discede, Christus hic est: Hic Christus est, liquesce: Signum, quod ipse nosti, Damnat tuam catervam. Corpus licet fatiscens Jaceat recline paulum, Christum tamen sub ipso Meditabimur sopore.

HYMNE DE L'ÉPIPHANIE.

Quicunque Christum quæri- | 'Oculos in altum tollite: [tis, Illic licebit visere Signum perennis gloriæ. Hæc stella, quæ solis rotam Vincit decore ac lumine, Venisse terris nunciat Cum carne terrestri Deum.

Non illa servit noctibus, Secuta lunam menstruam:

Serviteur de Dieu, souviens-toi que les flots du baptême ont fait couler sur toi leur sainte rosée et que tu as été marqué par l'onction.

Lorsque le sommeil t'appelle et que tu gagnes ta chaste couche, imprime le signe de la croix sur ton front et sur ton

cœur.

La croix chasse tout crime, les ténèbres fuient la croix: consacrée par un tel signe, l'âme ne peut chanceler.

Loin, ô loin de nous les vagues terreurs des songes, loin de nous le tentateur et ses prestiges.

O serpent tortueux qui te glisses par mille méandres, par mille fraudes entortillées, pour agiter les cœurs tranquilles !

Retire-toi, le Christ est ici: le Christ est ici, disparais: le signe que tu connais dissipe ta cohorte.

Quoique ce corps fatigué repose un peu sur sa couche, cependant, dans le sommeil même, nous penserons à Jésus-Christ.

Ibid., hymn. 7.

Sed sola cœlum possidens,
Cursum dierum temperat.
Arctoa quamvis sidera
In se retortis motibus
Obire nolint, attamen
Plerumque sub nimbis latent.

Hoc sidus æternum manet, Hæc stella nunquam mergitur, Nec, nubis occursu abdita, Obumbrat obductam facem.

III.

HYMNE DE L'ÉPIPHANIE.

Vous tous qui cherchez le Christ, levez les yeux en haut: là vous pourrez voir le signe de son éternelle gloire!

Cette étoile, qui surpasse en beauté et en lumière le disque du soleil, annonce que Dieu est venu sur la terre avec une chair terrestre.

Cet astre n'est point asservi au mouvement des nuits ni à la révolution mensuelle de la lune, mais seul il possède le ciel et règle le cours des jours.

Quoique les étoiles des deux Qurses, dont les courbes rentrent sur ellesmêmes, ne se couchent jamais, cependant elles sont souvent cachées par les nuages.

Cet astre brille éternellement, cette étoile ne se couche jamais : jamais la rencontre d'un nuage ne couvre d'ombre son brillant flambeau.

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