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catalogue de la vente des œuvres d'art Pallavicino-Grimaldi qui aura lieu à Gênes, du 29 novembre au 2 décembre.

Il présente ensuite :

1o Au nom de MM. Jacques et François Deruyts, appartenant tous les deux à la Classe des sciences, un exemplaire des partitions intitulées : A. Messe en sol à quatre voix avec chœurs; B. Te Deum pour grand orchestre; œuvres posthumes de Jean-Jacques Deruyts. Remercie

ments.

2o Le livret que M. Eugène van Overloop, conservateur en chef des musées royaux des arts décoratifs et industriels, vient de publier sous le titre de Musées royaux des arts décoratifs et industriels. Section de la peinture décorative. Copies-photographies. Octobre 1899. - Remerciements.

M. Th. Vinçotte fait savoir qu'il rédigera pour l'Annuaire de l'Académie la notice nécrologique d'Antoine Bourlard, ancien correspondant de la Section de peinture.

M. Gevaert, président de la Commission pour la publication des œuvres des anciens musiciens du pays, annonce que la Commission a fait choix de M. Huberti, conformément à l'article 2 du règlement, pour remplacer M. Samuel, décédé. Pris pour notification.

CONCOURS ANNUEL 1899.

La Classe procède au jugement de son concours d'art appliqué pour 1899.

M. Cluysenaar donne lecture d'un rapport résumant les considérations de la section de peinture sur les deux projets de vitraux et concluant à accorder le prix proposé de 1,000 francs au projet portant un trèfle peint comme marque distinctive.

La Classe consultée pour savoir s'il y a lieu de décerner le prix, décide d'accorder une mention honorable avec une prime de 500 francs.

L'auteur est prié de faire connaitre s'il accepte cette distinction.

RAPPORTS.

HUGUES VAN DER GOES. Un artiste flamand du XVe siècle; par le R. P. Dom Fourier Bonnard, chanoine régulier de l'abbaye de Beauchêne (France).

Rapport de M. Éd. Fétis, premier commissaire,

« L'auteur du travail sur Hugues Van der Goes soumis à la Classe des beaux-arts n'a pas la prétention d'être un découvreur de documents et de dates; il ne se pose pas comme un des maîtres de la science moderne, laquelle consiste souvent à prouver longuement que tel artiste

est né ou plus tôt ou plus tard que la date généralement admise, à contester des attributions jusqu'alors tenues pour authentiques, et à proposer de nouvelles attributions faites plus ou moins arbitrairement. Un de nos vieux maîtres l'a attiré par son génie, par le caractère de ses œuvres, par l'étrangeté de plusieurs particularités de sa vie, en même temps que par une conformité de vues fondés sur le détachement des sentiments humains : l'artiste a été moine de Rouge-Cloitre; son biographe est chanoine régulier de l'abbaye de Beauchêne, tous deux étant de l'ordre de Saint-Augustin.

L'auteur du mémoire semble regretter que la fausseté de la trop fameuse liste des peintres gantois ait été dévoilée. S'il admet qu'elle est fausse, cette liste, c'est à l'exception des faits qu'il invoque pour établir l'état civil de Van der Goes. On remarque, dès ses premières pages, le tableau animé qu'il trace de la situation florissante de la commune gantoise au XVe siècle, du rôle des corporations et de leur influence sur tout ce qui tenait à la vie sociale, aux mœurs, au mouvement des idées comme à celui des manifestations de l'art. Des idées ingénieuses sont exposées sur les progrès de la technique picturale qui résultèrent de l'emploi des nouveaux matériaux de la peinture et de l'application des procédés qui étaient la conséquence de l'heureuse découverte de Van Eyck. C'est surtout, naturellement, de Van der Goes qu'il s'occupe; mais il ne manque pas de mentionner les peintres qui, sortis de la même école, de celle de Van der Weyden, brillèrent à des degrés divers, mais par des mérites semblables, et ces mérites, il les caractérise avec conviction. et souvent avec justesse.

Un chapitre est consacré à la description de Bruges et

au tableau des fêtes somptueuses qui furent données à l'occasion du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York et mentionne les œuvres d'art qui furent commandées, en cette circonstance, aux artistes parmi lesquels était Hugues Van der Goes. Le P. Dom Fourier Bonnard se complaît dans les récits où il peut déployer tout le luxe d'un style fortement imagé, soit qu'il nous promène à travers les vieilles villes flamandes si pittoresques où n'avait pas encore pénétré le prosaïsme des moyens mécaniques de circulation rapide, soit qu'il mette en action des fêtes splendides, soit qu'en décrivant des compositions picturales, il s'attache à faire ressortir tous les sentiments qu'a voulu exprimer l'artiste, ou toutes les ingénieuses intentions qu'il se plaît à lui supposer. Il semble que, parlant d'un peintre et de ses œuvres, il ait voulu prouver qu'on peut aussi faire du coloris avec la plume.

Après avoir rappelé quelles furent les relations de Van der Goes avec Thomas Portinari, relations qui sont un des épisodes marquants de sa carrière d'artiste, puisqu'elles ont été l'occasion de la conception et de l'exécution d'un de ses chefs-d'œuvre, l'auteur du mémoire arrive à la légende charmante dont on a voulu faire l'origine de la résolution prise par l'élève de Van der Weyden de chercher dans la vie monastique un refuge contre les vicissitudes humaines. Van der Goes a été chargé par un riche bourgeois de Gand de peindre un tableau pour décorer sa riche demeure; ayant le choix du sujet, il met en scène l'épisode biblique de l'entrevue de David avec Abigail; il s'est représenté lui-même sous les traits de David et a fait une Abigail à la ressemblance de la fille du même Gantois pour lequel il a exécuté le tableau. Il va

sans dire qu'il était amoureux de la belle personne qui avait consenti à lui servir de modèle. L'auteur ne s'arrête pas à la tradition romanesque du mariage de Van der Goes avec la charmante inspiratrice de l'œuvre dans laquelle il avait mis toute son âme avec tout son talent, ni à la mort de l'épouse aimée, événement qui lui aurait fait prendre, par désespoir, la résolution de se réfugier dans le calme, sinon consolant, du moins apaisant, de la vie monastique. Il ne nie pas cette tradition, mais il ne voit pas de raison pour l'adopter, pour la raison qu'elle ne s'appuie sur aucune preuve certaine. Ce qu'il aime à constater, c'est que le malheur n'est pas, comme il le dit, la seule voie qui aboutit aux monastères. Sous les arceaux du cloître, ajoute-t-il dans un langage pittoresque, ceux qui sont heureux coudoient ceux qui furent un jour désabusés. « Et ces désabusés de naguère, dit-il encore, loin de vivre de souvenirs et de regrets, ignorant ces désespoirs qu'enfante l'égoïsme, mais ayant vu plus clairement que les autres la fragilité des félicités du monde, dirigent avec d'autant plus d'ardeur leurs élans vers les espérances immortelles. » L'auteur représente donc Van der Goes abordant à Rouge-Cloître comme au port du salut. Il annonce qu'il va y suivre l'artiste-moine et, dans ce vallon solitaire, contempler désormais les années les mieux connues et les plus dramatiques de son existence.

Des pages intéressantes du mémoire sont consacrées à la description poétique de Rouge-Cloître. L'auteur parle de l'origine du monastère, retrace son histoire et le dépeint dans son état actuel. Au début du chapitre où il passe en revue les œuvres de Van der Goes, il déclare s'attacher uniquement à celles qui ne sont point contestées.

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