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çaise de l'Islendingabók ou « Livre des Islandais » du prêtre Ari le Savant, né en Islande en 1067. Cette traduction est faite sur le texte original, d'après l'édition de W. Golther. Elle est précédée d'une introduction sur la vie et les œuvres d'Ari, dans laquelle l'auteur s'est inspiré principalement des études de Th. Möbius, de W. Golther et de K. Maurer. Il s'attache surtout à montrer que si le livre d'Ari ne constitue pas le premier document écrit en langue islandaise, il n'existait du moins pas d'écrivain en Islande à l'époque où ce livre fut écrit: il considère Ari comme le père de la littérature islandaise, non seulement parce qu'il écrivit le premier des ouvrages suivis, mais aussi parce que ses écrits ont une haute valeur historique et ont donné à la littérature du Nord l'impulsion qui la fit éclore. L'auteur nous montre le caractère fondamental du « Livre des Islandais » qui, dans un cadre restreint, limité à dix courts chapitres, offre le récit de toute l'histoire d'Islande depuis la fin du IX siècle jusqu'au milieu du XIIe siècle. Il nous montre aussi les deux grands traits particuliers qui caractérisent l'œuvre d'Ari et en font un document historique d'une valeur inestimable, à savoir les témoignages des contemporains et la fixation chronologique des événements. Relevant la méthode d'investigation de l'historien islandais, les procédés critiques qu'il met en œuvre et qui sont en plus d'un point conformes aux principes scientifiques de nos jours, M. Wagner proclame avec raison que l'Islendingabók constitue une des œuvres les plus importantes et les plus caractéristiques que nous ait léguées le moyen âge scandinave. La traduction littérale du texte original est accompagnée d'un commentaire qui témoigne de l'érudition de l'auteur dans le domaine auquel il s'est

consacré. Il était inévitable qu'il s'y glissàt quelques erreurs qui ont été relevées dans une revue belge; mais ce serait une prétention outrée que d'exiger d'un débutant une œuvre à l'abri de toute critique.

Après le « Livre des Islandais », M. Wagner a traduit la saga de Gunnlaug. Cette saga est une de celles dont la beauté m'a séduit quand, lors de mon voyage en Islande, je me suis épris de littérature islandaise. Je la connaissais pour en avoir publié les épisodes les plus saillants dans la Revue britannique. Mais en la relisant dans la traduction de M. Wagner, j'y ai trouvé autant de plaisir qui si je l'avais lue pour la première fois. C'est le meilleur éloge que je puisse faire de ce travail. L'interprétation littérale et les notes qui éclairent le texte m'ont fait découvrir dans cette perle de la littérature islandaise des beautés nouvelles que je ne soupçonnais pas. C'est que M. Wagner en a reproduit le texte avec une scrupuleuse fidélité, étant préparé à cette tâche par de solides études. Les travaux du jeune philologue font honneur à notre littérature nationale. JULES LECLERCQ.

COMMUNICATION.

M. Jules Leclercq fait une communication verbale sur le Congrès international de géographie de Berlin, auquel il a assisté en qualité de délégué de l'Académie.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 12 octobre 1899.

M. J. ROBIE, directeur.

M. le chevalier EDM. MARCHAL, Secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. Cluysenaar, vice-directeur ; F.-A. Gevaert, Th. Radoux, Peter Benoit, J. Demannez, G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, Al. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, J. Winders, H. Maquet, Van Ysendyck, C. Meunier, Jos. Dupont, membres; Alb. De Vriendt, Flor. van Duyse, C. Hermans et G. Bordiau, correspondants.

M. Ém. Mathieu écrit pour motiver son absence.

CORRESPONDANCE.

La Classe prend notification de la mort de M. Antoine Bourlard, directeur de l'Académie des beaux-arts de Mons, correspondant de la Section de peinture, décédé à

Mons le 24 août 1899.

Des remerciements sont votés à M. A. Cluysenaar, qui

a bien voulu être l'organe de l'Académie aux funérailles. Son discours paraîtra au Bulletin.

Une lettre de condoléance sera écrite à la famille du défunt.

M. le Ministre de l'Agriculture fait savoir que le jury du concours des cantates destinées au grand concours de composition musicale de cette année a attribué le prix pour le meilleur poème flamand à l'œuvre intitulée Bruiloftsklokken, ayant comme auteur M. R. Verhulst, domicilié à Deurne lez-Anvers, et le prix pour le meilleur poème français à l'œuvre portant pour titre : Hilda, dont l'auteur est M. J. Verstraeten, à Saint-Gilles lez-Bruxelles.

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Le même Ministre annonce que le jury chargé de juger le grand concours de composition musicale de cette année a décerné le premier prix à M. François Rasse, né à Helchin, élève du Conservatoire royal de Bruxelles, qui avait déjà remporté le second prix du grand concours de composition musicale de 1897. Un second prix a été voté à M. Albert Dupuis, de Verviers, et une mention honorable à M. Léon Henry, de Vottem lez-Liége.

Ces résultats seront proclamés dans la prochaine séance publique de la Classe.

Le Bureau de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers remercie la Classe pour la part qu'elle a prise aux fêtes du troisième centenaire de la naissance d'Antoine Van Dyck.

« Nous conserverons toujours, ajoute le Bureau, un souvenir ému et reconnaissant du séjour à Anvers des délégués de la Classe, et de la manière brillante dont ils ont représenté parmi nous la haute institution artistique qui avait bien voulu les désigner.

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M. Éd. Van Even fait hommage d'une brochure portant pour titre : Rubens en de Nederduitsche taal. Remerciements.

Discours prononcé aux funérailles de A.-J. Bourlard; par Alfr. Cluysenaar, membre de l'Académie.

Au nom de la Classe des beaux-arts de l'Académie de Belgique, j'adresse à Bourlard un suprême adieu.

Bien qu'ayant vécu longtemps à l'étranger, Bourlard s'était créé une place distinguée dans l'art belge, par la tendance élevée de ses œuvres et par le sentiment désintéressé qui les caractérise.

Les grands maîtres italiens avaient produit sur lui une sorte de fascination qui, sans détruire sa note personnelle, le transportait dans les hautes régions où sa vive imagination se complaisait.

Vivant à Rome parmi les chefs-d'œuvre accumulés par tant de siècles, dans un milieu fermé aux fluctuations de la vie moderne, il devait courir, étant d'un esprit cultivé, le risque de faire prédominer dans ses travaux la pensée sur l'exécution; aussi peut-on se féliciter pour lui et pour son art que la ville de Mons ait songé à utiliser son talent, en l'appelant à la direction de son Académie, l'arrachant ainsi du séjour de la ville éternelle, qu'il semblait ne plus devoir quitter.

Revenu dans sa patrie, son talent s'y est affermi au contact de la nature de son pays, en ranimant ses qualités natives, ce qui contribua à donner une expression plus vivante et plus vraie à ses œuvres, sans en atténuer la hauteur de conception.

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