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arts des départements de France, à Nancy, une brochure portant pour titre : Charles Eisen, graveur, Valenciennes 1720-Bruxelles 1778.- La Classe vote des remerciements à l'auteur, ainsi qu'à M. Hymans, pour sa note ci-après.

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

CHARLES EISEN; par Alb. Jacquot. Paris, 1899,
1 brochure in-8°.

L'aimable et fécond artiste dont il est question dans l'opuscule que je dépose sur le bureau de l'Académie de la part de son auteur, sans être Belge de naissance, comme l'avancent pas mal de répertoires, vint finir à Bruxelles une existence passablement agitée, chose d'ailleurs connue.

La circonstance qui fait l'objet du travail de M. Jacquot met en relief, et de manière peu honorable, un Bruxellois, Clause, quincailler, rue au Beurre, chez qui Eisen était domicilié au moment de sa mort, arrivée le 4 janvier 1778.

Créancier de la succession, très obérée, de son locataire, Clause trouva le moyen de s'approprier, à vil prix, le meilleur de son avoir; il se vanta de n'avoir eu pour toute concurrence que celle des fripiers et d'être arrivé ainsi à se faire adjuger, pour 17 florins, la Séduction, dessin valant au bas mot 600 florins.

Bientôt il fut de notoriété publique qu'il y avait eu maldonne; l'indélicat commerçant eut beau invoquer à sa décharge que la vente avait été régulière, annoncée par le belleman, dans toute la paroisse de Saint-Nicolas, on sut qu'il avait éloigné les amateurs, notamment le duc d'Ursel, en les trompant sur la date de la liquidation. L'autorité, saisie de la chose par une ordonnance, annula les enchères et prescrivit une vente nouvelle, régulièrement annoncée cette fois, par voie d'affiches et d'avis dans les journaux. Sur cette seconde opération et ses résultats, nous ne sommes pas renseignés. Je signale, en passant, une belle série de gouaches d'Eisen, puisées peut-être à cette source, faisant partie de la collection d'Arenberg.

HENRI HYMANS.

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M. G. Huberti donne lecture du rapport suivant, qu'il a écrit à la demande de la Classe sur le recueil récemment publié par M. Florimond van Duyse, d'anciennes mélodies néerlandaises spirituelles, avec accompagnement de piano (Dit is een suyverlyck Boecxken, inhoudende oude nederlandsche liederen, met klavierbegeleiding).

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DIT IS EEN SUYVERLYCK BOECXKEN, inhoudende oude nederlandsche liederen, met klavierbegeleiding; door Fl. van Duyse. (Recueil d'anciennes mélodies néerlandaises spirituelles, avec accompagnement de piano; par Fl. van Duyse.)

Rapport de M, G. Huberti, membre de l'Académie,

« Il est extrêmement intéressant, à notre époque de chromatisme à outrance, de voir comment ont chanté nos ancêtres; avec quelle simplicité, avec quel naturel ils s'exprimaient, et combien leur musique, dans sa naïveté, est en rapport avec le caractère des paroles.

Le recueil de M. van Duyse ne contient que des mélodies religieuses des Noëls, des «< Marialiederen », etc.

On ne saurait trop louer la persévérance avec laquelle M. van Duyse cherche à faire connaître au public les perles de la folklore nationale. Il a déjà prouvé sa connaissance approfondie du sujet dans plusieurs ouvrages précédents Souterliedekens, publié par la Société des Bibliophiles flamands; Het eenstemmig fransch en nederlandsch wereldlijk lied, mémoire couronné par l'Académie, etc.

Plusieurs recueils de mélodies néerlandaises existaient déjà avant que M. van Duyse eût commencé ses recherches. Citons, entre autres, Willems: Oude Vlaamsche Liederen

Coussemaker, Les chants populaires des Flamands de France, etc., etc.

Mais si ces auteurs étaient érudits, ils n'étaient que peu musiciens, à en juger d'après leur notation des anciennes chansons.

Je prendrai comme exemple la superbe mélodie:

Het daghet in den Oosten

Het lichtet overal.

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La prosodie exige : « Het daghet », « Het lichtet »>. Willems met le temps fort musical sur « Het daghet», <<<< Het lichtet ».

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Ces erreurs de rythme musical dénaturent complètement la mélodie et lui donnent une allure guindée.

Le peuple n'est musicien que par instinct, et n'a pu chanter de la façon notée par Willems. Le musicien d'instinct accorde surtout de l'importance au rythme, et beaucoup moins à la mesure telle que l'entendent les techniciens de la musique.

M. van Duyse, le premier, s'est aperçu de ces erreurs et, le premier, il s'est appliqué à respecter surtout le rythme de la poésie, en faisant alterner les rythmes binaires et les rythmes ternaires suivant les exigences de la prosodie musicale.

Lors de la publication des Souterliedekens, je fus frappé de ce mélange constant de mesures en deux et trois temps. J'en fis la remarque à M. van Duyse, lui disant que cela avait quelque chose de désagréable pour l'œil. Il me donna des raisons qui justifièrent pleinement sa

notation, et je dois avouer que ce qui m'avait d'abord désagréablement frappé l'œil, ne me faisait nullement la même impression à l'audition. L'argument était décisif, et j'ajouterai que j'obéissais probablement alors à un préjugé de «< musicien », que j'ai complètement abandonné depuis.

Nous remarquons que le changement du rythme binaire en rythme ternaire vient presque toujours à la cadence de la mélodie, ou à la mesure qui prépare cette cadence. Cet allongement du rythme est en parfaite concordance avec le choral, dans lequel la fin de la période mélodique s'indique par un point d'orgue.

Le choral est certainement postérieur à la chanson populaire, mais il confirme cette tendance de repos sur la cadence. Le sentiment musical populaire ayant une tendance à donner un certain poids à la cadence mélodique, rien n'est plus naturel que de supposer que cette tendance se soit étendue au choral chanté par la communauté.

Je fais ces quelques digressions pour faire ressortir la logique de la notation inaugurée et adoptée par M. van Duyse; cette notation se justifie musicalement et historiquement. Si même, comme musicien, j'en étais encore désagréablement impressionné, ce qui heureusement n'est point le cas, je n'hésiterais plus à reconnaître mon erreur. Je deviendrai même plus radical que M. van Duyse luimême! Il me semble qu'il faut « non seulement >> que le rythme musical corresponde à la prosodie du texte, mais encore que l'accent tonique du vers (il n'y en a jamais qu'un par vers) corresponde avec l'accent tonique de la mélodie (il n'y en a également qu'un par phrase).

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