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du feu dans votre vide, et que vous observassiez si la fumée ira en haut ou en bas, et de quelle figure sera la flamme. On peut faire cette expérience, en faisant pendre un peu de soufre ou de camphre au bout d'un filet dans le vide, et en y mettant le feu au travers du verre avec un miroir ou verre brûlant. Je ne puis faire cela ici, parce que le soleil n'est pas assez chaud, et je n'ai pu encore avoir le tuyau ajusté avec la bouteille. Je m'étonne de ce que vous avez gardé quatre ans cette expérience, ainsi que le dit M. Pascal (1),

compara à d'autres faites en des lieux éloignés aux mêmes moments, etc. Bref, il parle et il agit comme Descartes l'indique dans notre lettre et les lettres suivantes récemment retrouvées.

On sait qu'à la mort de Mersenne (1er septembre 1648), Roberval, ami de Pascal, fit main basse sur les lettres de Descartes à Mersenne qui se trouvaient dans la cellule de ce religieux.

Notre lettre sur le baromètre paraît avoir été depuis passée à un autre, car M. Tannery a, ce nous semble, démontré qu'elle n'a pas été recensée par Lahire, qui était venu en possession de celles que Roberval laissa en 1675, année de sa mort.

Bref, nous sommes tenté de croire que Pascal, en ceci encore, a profité de Descartes.

(1) Au début de son imprimé, Pascal dit : « Il y a environ quatre ans qu'en Italie on éprouva qu'un tuyau de verre... Cette expérience ayant été mandée de Rome au R. P. Mersenne, minime à Paris, il la divulgua en France en l'année 1644, non sans l'admiration de tous les savants et curieux. » Dans la lettre à M. de Ribeyre, Pascal dit qu'on écrivit d'Italie à Mersenne en cette année (1644).

Cette omission de Mersenne, ordinairement très communicatif, s'explique en partie par l'insuccès des tentatives qu'il fit pour renouveler l'expérience de Torricelli. Voici là-dessus ce que dit Pascal à M. de Ribeyre :

«Le P. Mersenne essaya de la répéter à Paris et, n'y ayant pas entièrement réussi, il la quitta et n'y pensa plus. Depuis, ayant été à Rome pour d'autres affaires et s'étant exactement informé des moyens

sans que vous ne m'en ayez jamais rien mandé, ni que vous ayez commencé à la faire avant cet été (1); car sitôt que vous m'en parlâtes, je jugeai qu'elle étoit de conséquence, et qu'elle pourroit grandement servir à vérifier ce que j'ai écrit de physique.

Je suis, etc.

D'Egmond, 13 décembre 1647. Liasse 10° (2).

Telle est cette lettre «perdue» de Descartes, si intéressante pour l'histoire de la science et où se révèle si hien son caractère, son état d'âme vis-à-vis de Pascal, son désir d'être tenu au courant des nouveautés scienti

de l'exécuter, il en revint pleinement instruit. Ces nouvelles nous ayant été, en l'année 1646, portées à Rouen, où j'étais alors, nous y fimes cette expérience d'Italie sur les Mémoires du P. Mersenne, etc. »

Ces deux récits de Pascal ne concordent pas entièrement et aucun des deux n'exprime l'exacte vérité.

Mersenne, revenu d'Italie en juillet 1645, tenta à nouveau l'expérience avec M. Chanut, et tous deux essayèrent de reproduire le phénomème, mais derechef sans succès. Mersenne s'adressa à Petit en septembre 1646; cette fois il réussit (voir ADAM, Pascal et Descartes). Il est tout de même étonnant que le Minime soit encore resté presque un an sans faire part à Descartes de la grande nouvelle scientifique arrivée d'Italie.

(1) Mersenne aurait-li positivement celé à Descartes son expérience de 1646?

(2) A la fin du XVIIIe siècle ou au commencement du XIX, le bénédictin Dom Poirier avait fait un nouveau classement des autographes de Descartes, où les lettres manuscrites étaient réparties en autant de liasses que d'années, ou peu s'en faut. On a l'énumération de ces liasses, et effectivement on y voit que notre lettre devait appartenir à la dixième.

fiques, et, ce qui est plus remarquable, sa crainte d'annoncer a priori des choses que démentirait ensuite l'expérience ou, si l'expérience les confirmait, de passer pour les avoir prédites après en avoir au préalable eu la preuve expérimentale.

Si l'autographe est perdu irrémédiablement (en 1898 il n'était pas encore retrouvé, et nous ne sachions pas qu'il l'ait été depuis), nous devrons de la reconnaissance à l'abbé Emery qui nous en a conservé le texte et qui a rendu ainsi moins nuisible le vol de Libri.

Ajoutons, pour finir, qu'Emery a connu, apprécié et utilisé à maintes reprises, plus de quinze ans avant Cousin, l'exemplaire des lettres de Descartes, enrichi de notes manuscrites, reposant à la bibliothèque de l'Institut.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 3 août 1899.

M. J. ROBIE, directeur.

M. le chevalier EDM. MARCHAL, Secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. Cluysenaar, vice-directeur ; Th. Radoux, Peter Benoit, J. Demannez, G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, Al. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Ed. Van Even, Ch. Tardieu, le comte J. de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, C. Meunier, membres; J.-B. Meunier et Ém. Mathieu, correspondants.

M. Bordiau écrit pour motiver son absence.

CORRESPONDANCE.

Mme Jeanne Lynen-Pécher remercie la Classe pour le discours prononcé aux funérailles de son père, M. Jules Pécher, et pour la lettre de condoléance qui lui a été adressée.

1899. LETTRES, ETC.

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M. le Ministre de l'agriculture et des travaux publics envoie une copie du procès-verbal du jury qui a jugé le grand concours d'architecture de cette année.

D'après ce procès-verbal, le premier prix a été décerné, à l'unanimité, à M. Joseph Evrard.

Un second prix a été accordé à M. Jean Van Hoenacker, et une mention honorable à M. Augustin Van Arenbergh.

M. Boncquet, premier prix du grand concours de sculpture de 1897, envoie, conformément à l'article 15 du règlement, son premier rapport semestriel renfermant ses impressions sur la ville de Rome. Renvoi pour appréciation à la Section de sculpture.

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M. Giulio Monteverde, sénateur du royaume d'Italie et associé de la Section de sculpture de la Classe, fait hommage de trois photographies du monument qu'il a exécuté à la mémoire de la duchesse Galliera, et qui vient d'être placé à Gênes devant l'hôpital Saint-André. Remerciements.

M. Tardieu fait hommage à la Classe d'un exemplaire de l'Album des photographies de l'inauguration de la ligne de Matadi au Stanley-Pool. La Classe vote des remerciements à M. Tardieu pour ce don ainsi que pour sa lecture qui figure ci-après.

M. H. Hymans présente, au nom de M. Albert Jacquot, correspondant du Comité des sociétés des beaux

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