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comme correspondant. Et elle lui aurait certainement conféré déjà le titre de membre titulaire, si un impérieux devoir ne l'avait obligée récemment à élire d'abord un chef d'école, dont la renommée à l'étranger s'est étendue dans de telles proportions, qu'il aurait été malaisé de méconnaître plus longtemps encore cette consécration magistrale d'un talent que les Académies de Berlin, de Dresde, de Vienne, entre autres, avaient déjà si hautement glorifié. La Classe des beaux-arts ne considérait donc que momentanément remise l'élection de M. Pécher en qualité de membre titulaire. Ce n'était que l'ajournement d'un ardent désir et d'un vœu qui existait dans tous les cœurs. Malheureusement, la mort vient brusquement mettre fin aujourd'hui à ces intentions et il ne reste plus à la Classe qu'à pleurer, avec le monde des arts, la perte de l'un de ces artistes que les Académies sont fières de compter dans leurs rangs.

Pécher cultivait l'art pour l'art. Il l'aimait profondément, passionnément. Il fut de ceux qui purent s'y consacrer tout entiers. Toute œuvre qu'il entreprenait ne sortait de ses mains qu'après avoir été sincèrement étudiée.

Il mania d'abord tout aussi habilement le pinceau qu'il mania ensuite l'ébauchoir et le marteau du statuaire. Il fut un coloriste remarquable et plus d'une église d'Anvers possède de ses productions qui avaient figuré dans les salons triennaux. Bruxelles put admirer, en 1854, son Christ portant la croix; en 1857, le Martyre de saint Sébastien; en 1860, la Vierge des Naufragés, et en 1863, l'Enfance de saint Jean-Baptiste Toutes ces œuvres ont été exécutées sous l'impression d'une véritable inspiration chrétienne.

Aussi sobre que Simonis dans ses travaux, comme cet éminent artiste, il ne laissait sortir de son atelier que ce qu'il jugeait pouvoir être livré à la critique; aussi ses productions sont empreintes d'une science et d'un talent réels. Et c'est Anvers qui a la gloire de les posséder toutes, à l'exception de sa belle statue de l'illustre architecte-sculpteur anversois, Corneille Floris-De Vriendt, qui se trouve au square du Petit-Sablon, à Bruxelles. Son buste monumental de Rubens, au Musée d'Anvers, par lequel il débuta dans la sculpture et qui lui fut commandé à l'occasion des fêtes du troisième centenaire de l'illustre peintre, sa grandiose statue de Jordaens, le si caractéristique monument Loos élevé en commémoration de l'agrandissement de la ville, le tombeau de Henri Lenaerts, les belles figures décoratives, le Jour et la Nuit, de la Banque nationale d'Anvers, ainsi qu'un certain nombre de statues allégoriques ornant les façades de grands hôtels, et quelques beaux bustes, notamment ceux de Charles Verlat, de Nicaise De Keyzer, de Henri Leys, etc., restent pour témoigner la part prise par Jules Pécher dans le mouvement de la statuaire depuis près d'un demi-siècle.

Comme sculpteur, il dérivait de cette belle école créée par Canova et Thorwaldsen, en sacrifiant parfois à l'art nouveau qu'inspira Carrier-Belleuse.

Jules Pécher, tu as noblement utilisé les dons que la nature avait mis en toi. Ta belle carrière artistique ajoute à l'histoire de la ville d'Anvers une page digne de tes illustres prédécesseurs, non seulement de tes contemporains à compter de la renaissance sculpturale anversoise, à la tête de laquelle se sont trouvés les Geefs, mais aussi de cette pléiade d'artistes qui ont établi à partir du XVIIe siècle, sous l'influence du prince de la peinture

flamande, la gloire de la vieille métropole des arts en Belgique.

Adieu, Pécher, tes confrères de la Classe des beauxarts conserveront de toi le souvenir d'une nature d'élite, pour qui l'amour de l'art fut un réel sacerdoce.

Adieu, Pécher, les hommes comme toi ne meurent jamais tout entiers. Il reste toujours de leur gloire une auréole sur leurs villes natales qui s'enorgueillissent à bon droit d'avoir pu les compter parmi leurs citoyens.

ÉLECTIONS.

La Classe procède, conformément à l'article 5 de l'arrêté royal organique du 5 mars 1849, à l'élection de trois membres de sa Section de musique qui constitueront la section permanente du jury pour le grand concours de composition musicale de cette année. Sont élus à l'unanimité MM. Gevaert, Radoux et Benoit.

RAPPORTS.

MM. Winders, Janlet et Maquet donnent lecture de leurs appréciations du deuxième rapport semestriel de M. Auguste Cols, lauréat du grand concours d'architecture de 1896.

Renvoi à M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics.

CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES.

Conformément à l'article 13 de l'arrêté royal du 10 janvier 1849, prescrivant l'insertion au Moniteur et dans l'Annuaire de l'exposé annuel des opérations de la Caisse, M. le Secrétaire perpétuel donne lecture, en remplacement de M. H. Hymans, secrétaire du Comité directeur, de la situation pendant l'année 1898 et, en son nom personnel, du bilan de la même année, qu'il a dressé comme trésorier.

Il donne en même temps connaissance des résultats suivants des opérations pour les cinquante années qui se sont écoulées depuis la création de la Caisse par arrêté royal du 10 janvier 1849 :

1. Avoir de la caisse au 1er janvier 1899. 2. Rente annuelle.

. fr. 443,701 46

19,939 50

73,976 50

3. Produit des cotisations des membres.
(Nombre moyen annuel des membres: 100; cotisa-

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5. Pensions payées (nombre total : 31; dont 10 éteintes

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M. le Secrétaire annonce en même temps que le Comité directeur, voulant exprimer à M. Henri Van Cutsem toute la reconnaissance de la Caisse, non seule

ment pour le subside annuel de mille francs dont il l'a gratifiée depuis 1891, mais aussi pour le don manuel qu'il vient de lui faire d'une somme de vingt mille francs, l'a proclamé, à l'unanimité, MEMBRE D'HONNEUR. (Applaudissements.)

OUVRAGES PRESENTES.

Destrée (J.), Kymeulen (A.-J.) et Hannotiau (Alex.). Les Musées royaux du Parc du Cinquantenaire et de la Porte de Hal, à Bruxelles: Armes et armures. Industries d'art, 10° et 11e livraisons. 1899; in-folio.

D'Hoop (Félix-Henri). La Flandre orientale et ses anciennes archives. Manuel de renseignements. Alost, 1886; in-8° (236 p.).

Chomé (Léon). La Conférence de La Haye Désarmer, c'est déchoir. Bruxelles, 1899; in-8" (90 p.).

de Maere d'Aertrycke (Maurice). Aperçu historique sur la cavalerie, 2e édition. Gand, 1899; in-8° (186 p. avec figures). Van Neuss (H.). Boeckrack. S. 1. ni d.; in-8° (12 p.).

Conflits entre l'official de Liége et les tribunaux séculiers du comté de Looz au XVIIIe siècle. S. 1. ni d. ; in-8° (19 p.).

-

Un procès de sorcellerie dans le Limbourg en 1616. S. 1. ni d. in-8° (22 p.).

Analyse du registre aux ordonnances du magistrat de la ville de Hasselt, de 1591 à 1694. S. I. ni d.; in-8° (17 p.).

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