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rendre capables d'enseigner à d'autres les éléments de bonne élocution et de rédaction française; étant donnée l'infériorité d'expression littéraire inhérente à la race, comment, sans trop dépayser ces élèves, sans les décourager et, en quelque sorte, les abattre sous l'avalanche des notions et des règles, leur apprendre les secrets d'un métier ingrat?

Peut-être les voies les plus planes étaient-elles, en somme, les meilleures. Peut-être convenait-il d'être clair avant tout et simple et précis, de renoncer à inventer une méthode, de se contenter d'une sorte d'auto-didactisme, où l'auteur se raconterait lui-même, ferait loyalement la part du feu, tâcherait d'éliminer le plus possible de réminiscences impersonnellement érudites, mais aussi saurait mêler agréablement exemples et préceptes, tout en conservant une ordonnance irréprochable, condition première d'un manuel d'enseignement.

Sans doute, procéder ainsi, c'était s'interdire certaines innovations ambitieuses, pour s'attacher à de plus discrètement anonymes; c'était ne rien révolutionner tout en corrigeant beaucoup; c'était sacrifier l'éclat à la sincérité discrète et à l'adaptation vraie. Félicitons Me Rose de ne pas s'être départie d'une telle règle, d'avoir cherché surtout à renouer son humble tâche à de plus générales, au grand devoir humain du travail, à l'observation de la nature, à la contemplation de l'ordre harmonieux dont celle-ci nous enseigne le secret.

Dans les pages liminaires de ce Cours, qui est avant tout un cours de style et de rédaction, gît, à notre avis, sa meilleure originalité. Les chapitres relatifs à la rhétorique se ressentent davantage de l'enseignement tradi

tionnel; encore ont-ils leur nouveauté. Celle-ci consiste particulièrement dans le choix des exemples, choix plus libre et parfois d'une hardiesse qui rafraîchit. Elle consiste aussi dans le groupement des figures; l'auteur les a rangées sous deux grandes rubriques, ce qui nous a paru une application de la doctrine de certains psychologues contemporains, élèves sans le vouloir, et peut-être même sans le savoir, de l'immortel Vico. Le livre III est intitulé: «< Préparation à l'art d'écrire ». La disposition en est louable. L'auteur, pour chacune des grandes subdivisions littéraires, débute par un morceau de prix et groupe ensuite les remarques auxquelles il donne lieu, mais en prêtant à ces remarques une portée plus générale qu'il n'est d'usage de le faire dans les analyses littéraires. Le quatrième livre est un memento très alerte et très substantiel de l'histoire des lettres françaises. Le XVIII et le XIXe siècle y tiennent une place honorable à côté du XVIIe siècle; on n'ignore plus ni Voltaire ni Victor Hugo et on signale même ce quatrième pouvoir dans l'État, la presse. Le cinquième livre est consacré à la lecture à haute voix, art français par essence et trop négligé dans notre enseignement. On note encore ici des finesses très bienvenues d'observation et un réel bonheur dans les modèles choisis. Que la part du lion soit faite aux préoccupations d'école dans cette partie et dans la plupart des autres, c'est ce qui n'étonnera ni n'offensera aucun pédagogue. Mlle Rose rêvait de faire un bon manuel, rien de plus, rien de moins.

En résumé, et en conséquence de son examen, le jury a l'honneur de proposer, à l'unanimité, à la Classe des lettres, d'attribuer un prix de mille francs à Me Du Caju,

auteur du Livre et de l'Arithmétique de l'Epargne et de la Prévoyance, un prix de mille francs à M. De Guchtenaere, pour son Nijverheids- en Handelsrekenen, etc., et la même récompense à Mile M. Rose, pour son Cours de langue française.

M. le Secrétaire perpétuel proclame de la manière suivante le résultat des concours et des élections :

CONCOURS ANNUEL (1899).

Un mémoire, portant pour devise: Droit oblige (F. LIEBER), a été reçu en réponse à la troisième question du programme:

Déterminer, d'après la doctrine et les traités, le régime en temps de paix et en temps de guerre, de l'Etat neutre à titre permanent. Les conséquences de la violation du territoire neutre seront l'objet d'une attention particulière. Les concurrents appuieront leurs déductions d'exemples empruntés à l'histoire des États neutres et étudieront également les antécédents de la neutralité belge.

Un mémoire, portant la devise: μŋôèv žyzv, a été reçu en réponse à la sixième question:

Faire, d'après les sources, l'histoire et la description du sanctuaire d'Esculape, à Epidaure, en insistant spécialement sur le théâtre de Polyclète.

La Classe n'a pas décerné les prix proposés pour la solution de chacune de ces deux questions.

Deux mémoires ont été reçus en réponse à la huitième question :

Exposer les théories de la colonisation au XIXe siècle et étudier le rôle de l'État dans le développement des colonies.

Devises des mémoires : Quid deceat, quid non (HORACE) et Lucent in tenebris.

La Classe, adoptant les conclusions du rapport de ses commissaires, a décerné sa médaille d'or, d'une valeur de huit cents francs, aux auteurs du mémoire Quid deceat, quid non, MM. R. Pety de Thozée, capitaine-commandant au régiment des grenadiers, et Ch. Pety de Thozée, docteur en droit et docteur en sciences politiques et administratives, à Charleroi.

PRIX PERPETUELS.

PRIX DE STASSART.

NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE.

(Huitième période: 1893-1898.)

La Classe avait prorogé jusqu'au 1er février 1899 le délai pour la remise des manuscrits en réponse à la huitième période de ce concours, offrant un prix de six cents francs à l'auteur de la meilleure notice, écrite en

français, en flamand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux de Nicolas Cleynaerts, dit Clenardus, grammairien, orientaliste et voyageur, né à Diest en 1495, mort à Grenade en 1542.

Une Étude a été reçue en réponse à cette question; elle porte pour devise les mots : Viribus unitis.

La Classe a voté sa médaille d'or d'une valeur de six cents francs aux auteurs de ce mémoire: MM. Victor Chauvin, professeur à l'Université de Liége, et Alphonse Roersch, chargé de cours à l'Université de Gand.

PRIX JOSEPH DE KEYN.

(Xe concours, première période: 1897-1898.)

Enseignement primaire.

Sur la proposition du jury, la Classe a décerné un prix de mille francs :

1o A Mile Marie Du Caju, régente d'école normale à Gand, auteur du Livre et de l'Arithmétique de l'Épargne et de la Prévoyance;

2o A M. De Guchtenaere, professeur à l'École industrielle, à Gand, pour son manuscrit intitulé : Nijverheidsen Handelsrekenen, etc.;

3o A Mile Rose, régente d'école normale à Tournai, pour son livre intitulé: Cours de langue française.

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