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expérience l'exposé des conditions de la formation d'un bon corps de fonctionnaires, l'étude comparative des systèmes anglais, néerlandais, allemand, français, est, au plus haut degré, instructive.

Il paraît inutile de poursuivre cette analyse et de relever toutes les améliorations de détail, toutes les rectifications que l'auteur a apportées à son œuvre primitive et que je me suis appliqué à vérifier. Mes savants collègues apprécieront au surplus les chapitres consacrés aux travaux de la Conférence de Berlin et à l'État Indépendant du Congo : nul ne les jugera avec plus de compétence. Après avoir moi-même constaté, dans une aussi large mesure que je l'ai fait, les efforts de l'auteur pour perfectionner un ouvrage dont la Commission tout entière avait reconnu les mérites, je n'hésite plus à proposer à la Classe de distinguer ce mémoire. »

MM. le chev. Descamps et J. Leclercq déclarent se rallier à ces conclusions qui sont adoptées par la Classe. Le prix proposé est décerné aux auteurs du mémoire Quid deceat, quid non, MM. B. et Ch. Pety de Thozée.

PRIX PERPÉTUELS.

PRIX DE STASSART

POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE.

(Huitième période: 1893-1898.)

La Classe avait proposé comme sujet pour cette huitième période la Notice de Nicolas Cleynaerts, dit Clenardus, grammairien, orientaliste et voyageur, né à Diest en 1495,

1899. LETTRES, ETC.

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mort à Grenade en 1542. Le délai pour la remise des manuscrits expirait le 1er novembre 1897.

Un seul travail fut soumis à la Classe; il portait pour devise les mots : Viribus unitis.

En présence de la divergence des conclusions des rapports des commissaires, MM. Lamy, A. Willems et Thomas, le concours a été prorogé jusqu'au 1er février 1899.

Il a donné lieu à une réponse portant la même devise que celle du travail précédent.

Rapport de M. G. Kurth, premier commissaire.

<< Le rapport si complet et si autorisé que Me Lamy a fait sur ce mémoire lorsqu'il nous a été soumis pour la première fois, l'an dernier, a rendu ma tâche des plus faciles (1).

J'adhère pleinement aux conclusions de mon savant confrère. Je vois dans l'étude sur Clénard un travail sérieux et approfondi, fait par un auteur parfaitement au courant des multiples aspects du sujet, qui exigeait que l'on fût, comme les grands philologues du XVI° siècle, également versé dans la connaissance de l'hébreu et de l'arabe, et dans celle du grec et du latin, et, de plus, armé de connaissances bibliographiques peu ordinaires. Il ne s'agit pas ici d'une simple compilation. Les pages consacrées à l'œuvre grammaticale de Clénard, et particulièrement les chapitres qui nous font apprécier la valeur de Clénard comme orientaliste, sont un travail personnel, original, plein d'intérêt, qui augmente notre connais

(1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXXV, 1898, p. 610.

sance d'un des côtés les moins connus de la Renaissance. Au surplus, toutes les parties du sujet ont été également fouillées, et si l'auteur n'a pu être partout également neuf, on peut dire qu'il ne nous laisse rien ignorer de ce qui peut être connu. L'Académie demandait un portrait en pied de Clénard: le voici. Un confrère a cru qu'il ne méritait qu'un buste, et a reproché à l'auteur de s'être fait illusion sur l'importance de son héros. Sans vouloir entrer dans l'examen de cette question, je pense plutôt que le reproche s'adresse à la Classe des lettres qui a choisi Clénard pour sujet d'une étude de concours. Et je me sens une grande indulgence pour l'enthousiasme que le sujet a inspiré à l'auteur. C'est le péché mignon des biographes de s'exagérer les proportions de leur héros, et dans l'espèce, le héros est des plus sympathiques; on sent battre un cœur d'homme sous cette enveloppe d'érudit et de grammairien.

Un reproche plus fondé avait été adressé au mémoire: on y avait relevé des incorrections et par endroits des trivialités qui trahissaient une certaine précipitation de rédaction; ces taches ont disparu, du moins la plupart. L'auteur augmentera singulièrement l'attrait de la lecture s'il se décide à traduire les passages assez nombreux dans lesquels il reproduit le texte des écrivains qu'il cite; on ne tolère plus de nos jours ces exercices de lecture bilingue auxquels nous soumettaient les philologues des siècles passés. Dans le même ordre d'idées, je ferai remarquer que rien ne fatigue comme de rencontrer dans le texte de l'ouvrage de longues indications bibliographiques qui interrompent à chaque instant la lecture: toutes ces indications doivent figurer dans les notes. Sans d'ailleurs insister plus qu'il ne faut sur ces obser

vations de pur détail, je conclus en proposant à la Classe de donner le prix à ce mémoire, qui en est digne de tous points.

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Rapport de M. A. Willems, deuxième commissaire.

« Je regrette que la Classe des lettres ait persisté, malgré mes objections, à me continuer les fonctions de second commissaire dans le concours sur Clénard. Le mémoire écarté l'an dernier nous a été renvoyé sans modifications essentielles. On s'est borné à y retoucher quelques endroits au point de vue du style, et alors qu'il me semblait pécher par l'abus du détail et des citations, on nous le rend, pour nous exprimer comme le titre : « augmenté de quelques additions ». Mais le fond étant resté le même, ainsi qu'il fallait s'y attendre, comment veut-on que je change ma première appréciation?

Il faut bien que je le répète, puisqu'enfin c'est le point du débat, Clénard, à mes yeux du moins, n'est pas un homme de génie, ni même un grand homme. C'est assurément «un Belge célèbre » et qui, à ce titre, mérite l'honneur d'une biographie. Mais la Belgique serait trop bien partagée si tous ses hommes célèbres étaient nécessairement des grands hommes. Clénard fut en son temps un écrivain de talent et un habile pédagogue, au sens sérieux du mot. Car il a simplifié beaucoup l'enseignement du grec, et peut-être de l'hébreu (sur ce dernier article, je suis sans compétence), et il nous a laissé une série de lettres piquantes, qui se lisent encore aujourd'hui avec plaisir. J'admets de plus, et très volontiers, que chez lui le caractère répond au savoir et que sous l'enveloppe de l'érudit on sent battre un cœur d'homme. Tous ces

mérites pouvaient être mis en lumière et même amplifiés, car il est très vrai qu'un biographe est porté à s'exagérer la valeur de son héros. Mais il me parait moins exact de prétendre qu'en mettant au concours une « Notice sur Clénard », l'Académie devait s'attendre, non pas même à un éloge, mais à un panégyrique tel, qu'aucun savant de la Renaissance n'en a jamais provoqué de pareil.

Malgré mon vif désir de m'accorder avec le premier commissaire, mon éminent confrère voudra donc bien reconnaître qu'il m'est impossible de revenir sur mon premier jugement. Je m'empresse d'ajouter qu'une fois le point de vue de l'auteur admis, je n'ai qu'à m'associer aux éloges qui ont été faits du mémoire. Il y a là une somme d'études et de recherches dont il y a lieu évidemment de tenir compte. »>

Rapport de M. P, Thomas, troisième commissaire.

«Les observations critiques que j'ai présentées dans mon premier rapport portaient principalement sur la forme du mémoire. J'avais été choqué de la négligence et de l'incorrection du style, ainsi que de certaines réflexions puériles ou triviales. La plupart de ces fautes ont été corrigées. Je ne dirai point pour cela que le travail sur Clénard soit un chef-d'œuvre littéraire, mais comme il témoigne de longues recherches et de beaucoup d'érudition, je me rallie à l'avis du premier commissaire. >>

En conséquence, le prix proposé est décerné aux auteurs du mémoire, MM. V. Chauvin et Alph. Roersch.

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