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est une situation privilégiée, non pour l'inertie, mais pour l'action, et qu'elle fournit à l'État jouissant de ce privilège les meilleures conditions possibles de développement.

Pour le surplus, je me réfère aux critiques de mon savant confrère. >>

Rapport de M. de Paepe, troisième commissaire.

« Je partage l'opinion des deux autres commissaires, M. le chevalier Descamps et M. Prins.

Le mémoire soumis à l'appréciation de l'Académie est, l'auteur le dit lui-même, en somme, une compilation. Son travail n'est pas dépourvu de tout mérite, mais il est loin d'être complet; il n'est pas fait non plus avec le soin voulu. Aussi, avec toute la bienveillance permise, il faut reconnaître que son travail ne mérite pas d'obtenir une distinction de l'Académie. »>

Conformément aux conclusions de ces trois rapports, le prix n'est pas décerné.

SIXIÈME QUESTION.

Faire, d'après les sources, l'histoire et la description du sanctuaire d'Esculape, à Epidaure, en insistant spécialement sur le théâtre de Polyclète.

Rapport de M. A. Willems, premier commissaire.

« Le mémoire portant la devise: pdv ayav ne répond pas à la question mise au concours par l'Académie. On demandait aux concurrents de « faire, d'après les sources, l'histoire et la description du sanctuaire d'Esculape, à

Épidaure, en insistant spécialement sur le théâtre de Polyclète ».

Le travail qui nous est soumis n'est qu'une simple analyse de la stèle découverte en 1885 par M. Cawadias, laquelle contient le compte des dépenses faites pour la construction du sanctuaire. Publiée pour la première fois dans l'Éphéméris, reproduite avec beaucoup de soin par M. Prellwitz, commentée par M. Baunack et par d'autres savants, cette inscription a servi en partie de base à MM. Defrasse et Lechat pour leur essai de restitution du temple d'Asclépios.

En s'aidant de ces travaux, l'auteur du mémoire s'est efforcé de déterminer le plus exactement possible le sens précis des termes employés dans l'inscription. A cet effet, il passe en revue les diverses parties de l'édifice. Des considérations générales sur les membres qui entrent dans la composition d'un temple grec lui sont fournies par les manuels d'archéologie. C'est ainsi qu'il s'étend longuement sur le galbe et les proportions de la colonne dorique, sur le rôle de l'abaque, de la colonne d'angle, sur la polychromie, sur la forme pyramidale des portes, etc. Des pages entières sont empruntées au livre de M. Chipiez sur l'histoire des origines des ordres grecs.

Il n'y a absolument que cela dans le mémoire que vous m'avez chargé d'examiner. Quant à Asclépios lui-même, à l'histoire de son sanctuaire, à la manière dont le culte y était pratiqué, on n'a pas jugé à propos, ou peut-être n'a-t-on pas eu le temps de s'en occuper. Du théâtre de Polyclète, il n'est pas même fait mention (1).

(1) Je n'insisterai pas sur certaines méprises, parfois assez singulières. Ainsi, page 30, Hérodote est confondu avec l'auteur de l'Anabase. J'admets que ce ne soient là que de simples inadvertances.

Au résumé, ce mémoire n'est donc qu'une contribution au lexique spécial de l'architecture grecque. Quelque peine qu'il ait coûté, j'estime qu'au point de vue de l'Académie il doit être considéré comme non avenu. »

Rapport de M. le comte Goblet d'Alviella,
deuxième commissaire,

« Je ne puis que partager l'avis de M. le premier Commissaire. Le mémoire qui nous est soumis ne traite qu'un côté de la question; il n'a de valeur que pour l'histoire de l'architecture grecque; il ne répond pas aux intentions de ceux qui ont fourni le sujet; il est donc trop incomplet pour mériter le prix.

Je me permettrai toutefois de faire observer que la question aurait gagné à être rédigée en termes plus explicites. Dans sa rédaction actuelle, elle autorise quelque peu l'auteur du mémoire à n'aborder qu'au point de vue technique la description et l'histoire du sanctuaire d'Épidaure. Mais, même en faisant la part de cette circonstance, il faut observer, comme le rappelle notre savant confrère, que le manuscrit ne tient aucun compte de la demande relative au théâtre de Polyclète. >>

M. P. Thomas, troisième commissaire, déclare se rallier à l'avis de ses savants confrères, lequel est adopté par la Classe.

HUITIEME QUESTION.

Exposer les théories de la colonisation au XIXe siècle et étudier le rôle de l'État dans le développement des colonies.

Rapport de M. Hector Denis, premier commissaire.

I.

<«< La question de la colonisation a été proposée au concours pour 1897. Le seul mémoire qui ait été soumis alors à la Classe, a été l'objet de rapports très développés; les membres de la Commission, le savant et regretté Banning, notre honoré collègue M. Descamps et moi, nous fûmes unanimes à reconnaître les mérites de cette œuvre, d'une étendue considérable, et révélant de vastes connaissances économiques et coloniales, un travail persévérant et une réelle élévation de pensée (1). Cependant, les lacunes qui subsistaient dans l'ouvrage, les vices de méthode, l'imperfection de certaines parties, les inexactitudes de détail et les négligences de forme déterminèrent les commissaires à suspendre une décision favorable. C'est ainsi qu'ils conclurent au maintien de la question au concours pour 1899, en exprimant l'espoir de voir le concurrent profiter de leurs critiques et présenter alors une œuvre, non seulement digne d'être distinguée, mais qui assignât encore à son auteur, dans la littérature natio

(1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 3e sér., t. XXXIII, 1897, pp. 595, 630, 638.

nale, la place due à son incontestable mérite. La Classe se rallia à l'avis de la Commission.

Aujourd'hui, nous nous trouvons en présence de deux mémoires : l'un d'eux, portant la devise: Quid deceat, quid non (HORACE, Art poétique), n'est autre que celui qui a été l'objet de ce premier examen et qui reparaît profondément modifié; le nouveau mémoire a pour devise: Lucent in tenebris; c'est par celui-ci qu'il convient de commencer l'analyse. Comprenant 182 pages in-folio, il est divisé en onze chapitres : le premier, consacré à la colonisation à travers l'histoire; les chapitres II à VI, à l'étude spéciale de la colonisation portugaise, espagnole, anglaise, française, allemande, hollandaise, belge; le chapitre VII, aux colons chinois; le chapitre VIII, aux missions catholiques et protestantes; les chapitres IX et X renferment les idées personnelles de l'auteur, exposées sous ces titres Armée de colonisation et Traités de colonisation; le chapitre XI a pour objet les monopoles.

Il n'est que trop aisé pour la Commission de se convaincre qu'elle est ici devant une œuvre incomplète, même une œuvre inachevée, et qui ne répond que très imparfaitement à l'objet du concours.

Le chapitre préliminaire ne donne qu'une idée insuffisante de l'évolution de la colonisation; en caractérisant ses phases successives par la prépondérance de la force brutale, de la foi et de la science, l'auteur reste attaché aux aspects généraux de la philosophie de l'histoire; pour satisfaire au vou de l'Académie, il est indispensable de pénétrer dans l'étude des théories de la colonisation, proposées ou défendues par les économistes et les hommes d'État, et des systèmes pratiqués par les nations colonisatrices. Il n'est pas même fait mention, LETTRES, ETC.

1899.

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