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représentations avaient été adressées à Londres sur d'autres faits moins importants dans lesquels les intérêts des citoyens américains avaient été lésés, et que déjà il avait été fait droit à une partie des réclamations pécuniaires qui devaient être la réparation des dommages causés,

Le président parlait ensuite de l'état satisfaisant des relations diplomatiques du pays avec la France, l'Autriche et la Russie. Il faisait des voeux pour que l'Espagne pût se relever bientôt des calamités qui l'avaient frappée dans les derniers temps, et pour qu'elle adoptât un système plus libéral de politique commerciale.

Quant à l'Allemagne prussienne, M. Tyler en faisait l'objet d'un paragraphe spécial, exposant avec complaisance ce qu'elle avait déjà fait pour le commerce des États-Unis, l'état des négociations entreprises et l'espoir d'arriver prochainement à la conclusion d'un traité de commerce avec le Zollverein.

Voici ses paroles elles-mêmes :

« L'union de douanes allemandes compte actuellement plus de vingt-deux États et embrasse une population de 27 millions d'àmes, unie pour le commerce intérieur et extérieur; et celle population offre à l'étranger des échanges sur une base plus libérale que les autres États européens dont le système est plus fiscal. Les États-Unis n'ont jamais perdu de vue l'importance de l'union de douanes allemandes. Nous avons toujours apprécié comme il fallait, l'industrie, la moralité et les autres qualités estimables qui distinguent la nation allemande. Vous verrez, par le rapport du secrétaire d'État, qu'après avoir admis nos colons sans payer de droits, et diminué les droits sur le riz, ce qui a augmenté considérablement la consommation, l'union de douanes allemandes est disposée en ce moment à réduire les droits sur le tabac sous certaines conditions. C'est le premier exemple d'une concession faite sur ce point par une puissance européenne; c'est pourquoi je la considère comme devant écarter le seul obstacle qui a empêché jusqu'à ce jour des rapports commerciaux plus larges de s'établir entre l'Union et nous. Notre ministre à Berlin a reçu, en conséquence, des instructions qui lui enjoignent d'entamer des négociations pour arriver à la conclusion d'un traité de commerce qui, je l'espère, ouvrira de nouveaux débouchés aux produits agricoles de l'Union, et donnera un nouvel élan au commerce sans blesser aucun des intérêts de l'Union américaine. »

Venait alors le paragraphe relatif aux affaires du Mexique et du Texas.

Le président regardait comme une démarche extraordinaire que le gouvernement mexicain eût menacé les ÉtatsUnis d'une déclaration de guerre, dans le cas où il serait délibéré dans le congrès sur l'annexation du Texas, et il affirmait qu'une pareille menace n'entraverait en aucune façon les délibérations d'un peuple brave et belliqueux. M. Tyler cherchait ensuite à montrer les raisons qui donnaient droit aux États-Unis d'intervenir dans la querelle du Mexique et du Texas. Deux choses lui paraissaient surtout déterminantes, les préjudices portés au commerce des ÉtatsUnis par la continuation de la Guerre, et la crainte d'une intervention de nations plus puissantes « qui, n'ayant en vue que leurs intérêts pécuniaires, pourraient dicter aux deux parties des conditions aussi désavantageuses à la nation qui les subirait qu'aux États-Unis ; » et M. Tyler terminait sur cette matière par cette déclaration significative: que, tout en reconnaissant que la rupture des relations amicales entre les deux pays causerait au pouvoir exécutif un grand déplaisir, le gouvernement fédéral ne souffrirait point que le Cabinet de Mexico controlat sa politique quelle qu'elle fût à l'égard du Texas, et qu'en ce qui concernait la reconnaissance de l'indépendance du Texas, il agirait sans consulter le gouvernement mexicain. « Les devoirs politiques, ajoutait-il, pourront contraindre les autorités des États-Unis à adopter une politique déterminée par l'obstination du gouvernement mexicain. Dans ce cas, le pouvoir exécutif fera un appel au patriotisme du peuple pour qu'il soutienne le gouvernement. »>

Un autre grief moins important était rappelé par le président; l'interdiction du commerce de détail pour les étrangers sur tout le territoire du Mexique. Il annonçait, du reste, que les arrérages réglés par la dernière convention avaient été régulièrement payés, et qu'en ce moment

le ministre réclamait l'organisation d'une nouvelle commission pour liquider la réclamation non encore réglée.

La partie du discours de M. Tyler qui avait trait aux relations de l'Union avec les républiques du midi, la Nouvelle Grenade, le Chili, le Pérou, Buenos-Ayres, n'avait que peu d'intérêt; il terminait en annonçant l'envoi d'un ministre en Chine.

Après quelques paroles sur l'État toujours remuant des populations indiennes vaincues, M. Tyler abordait la situation intérieure. Il résulte de l'exposé de la question financière que, malgré la cessation presque générale des travaux d'utilité publique, le budget de l'année se fermait en déficit, et que l'élévation du tarif, au lieu de produire une augmentation des revenus, ne donnait lieu qu'à une diminution.

Une question très grave, celle du système financier, préoccupait toujours à un très haut degré l'attention du président, et il rappelait au congrès, en le formulant avec plus de netteté encore que précédemment, le plan qu'il avait conçu :

«En vue de l'état de désordre du système monétaire à cette époque, et du taux élevé des charges entre les diverses parties du pays, j'ai cru de mon devoir d'appeler l'attention de mes prédécesseurs sur une proposition en harmonie avec la constitution ou avec les droits des Étals, et sanctionnée, sinon en détail, du moins en principe, par quelques hommes éminents, mes prédécesseurs au pouvoir exécutif.

» Cette proposition avait pour but d'établir que l'émission de bons du trésor, n'étant pas de moins de 5 ni de plus de 100 dollars, serait employée à payer les obligations du gouvernement, au lieu d'or et d'argent, au choix des créanciers publics, et pour une somme n'excédant pas 15 millions de dollars. On proposait que ces bons fussent reçus partout, et qu'il fût établi sur divers points des dépôts d'or et d'argent pour le rachat de ces bons, de manière à assurer leur conversibilité en espèces. Sans doute ces bons eussent maintenu une valeur égale à l'or et à l'argent, fournissant ainsi un papier monétaire d'une égale valeur dans toute l'Union, et satisfaisant à la fois au You du peuple et au devoir d'un bon gouvernement.

. Une telle combinaison, dont le Congrès eût réglé les accessoires et les délails, aurait eu, selon moi, les plus heureux résultats, et tout le système

monétaire se serait ainsi trouvé placé sous le contrôle immédiat du Congrès, suivant le vœu de la constitution.

D

» L'action du gouvernement aurait été indépendante de toute corporation. Cette combinaison eût offert des avantages plus réels et surtout plus expéditifs que ceux résultant de la banque. Si l'on juge par le passé des secours que pourrait donner la banque, on peut évaluer qu'il faudrait quinze ans pour que l'émission de 15 millions de dollars en billets de la banque des États-Unis pût produire de l'effet, tandis qu'une année aurait suffi, en vertu de la combinaison nouvelle, pour[que l'émission de 15 millions de dollars en bons du trésor produisît le même résultat.

L'économie pour le gouvernement eût égalé tout l'intérêt qu'il a eu à payer sur les bons du trésor en émission, tant antérieurs que postérieurs, et le gouvernement et le peuple y eussent gagné. Sous la responsabilité qui s'attache à mon poste, et pour tenir la promesse faite au dernier Congrès, à la clôture de la première session, j'ai, dans deux sessions consécutives, appelé l'attention du Congrès sur cette combinaison, La recommandation n'a pas eu de succès. Tout en reconnaissant que les besoins du temps se sont modifiés, et que la position s'est améliorée, et qu'il y a eu lieu d'espérer voir le pays sortir des difficultés sans bornes qui l'assiégeaient en 1841, je ne puis m'empêcher de penser que son retour à une condition saine et heureuse serait bien facilité par l'adoption de cet expédient modifié.

» Les opérations du trésor reposent maintenant sur l'acte de 1789 et la résolution de 1816, et ces lois ont été administrées de manière à produire le plus de bien possible au pays. Si quelque opinion distincte avait cherché à démontrer que le sentiment public repousse le plan, soit sous la forme recommandée déjà au congrès, ou sous une forme modifiée, tandis que mon opinion sur ce plan fût restée invariable, je ne l'aurais pas présenté de nouveau à votre considération. Le gouvernement est né des États et du peuple, pour leur bien-être et leur avantage; il serait donc contraire aux principes fondamentaux de tout l'édifice politique qu'ils ont élevé de persévérer dans une mesure que dans leur jugement ils auraient répudiée ou condamnée. Le vœu de nos constituantes, clairement exprimé, doit être regardé comme la lumière qui guidera nos pas. La véritable différence qui existe entre un gouvernement monarchique ou aristocratique et un républicain, c'est que dans le premier la volonté de quelques uns prévaut sur la volonté de tous, tandis que dans le second la volonté de tous doit seule être consultée. »

La fin de ce discours n'offrait plus d'intérêt (voy, le texte à l'Appendice.)

A la fin de cette année, la situation du pays avait donc

peu changé. C'était toujours le même bonheur dans ses relations avec l'étranger, dans sa lutte avec l'Angleterre. C'était toujours à l'intérieur les mêmes embarras financiers, les mêmes difficultés d'administration. Les élections pour les législatures locales et pour le Congrès venaient d'avoir lieu; elles ne paraissaient pas devoir apporter d'amélioration à l'état de choses, elles paraissaient plutôt favorables au parti libéral. L'opinion publique qui avait si violemment abandonné M. Van Buren en 1841 revenait sensiblement à la politique de l'ancien président, et les chances, qui jusqu'à lors avaient paru être pour les wighs dans la lutte pour la présidence, inclinaient actuellement pour les locofocos. Au reste, dans ce pays l'opinion publique à si peu de constance, ses changements sont si fréquents et si brusques, qu'il n'est pas impossible que dès les commencements de l'année qui va suivre les chances ne se déplacent soudainement et ne passent du parti libéral au parti wigh. L'événement seul fera foi.

Note sur la situation financière des États-Unis.

On sait que le gouvernement fédéral n'a pas de dette : il y a déjà dix ans qu'il a achevé de payer celle qu'il avait contractée pendant la guèrrë. Mais les États en particulier sont généralement obérés, leurs emprunts sont en souffrance, plus de 500 millions de francs étaient dus au commencement de l'année à des créanciers européens, en France, en Hollande, en Allemagne, mais surtout en Angleterre, et la totalité des dettes s'élevait à 215 millions de dollars (1 milliard 147 millions). L'obligation d'une faible partie de celte dette, environ 25 millions, à même été déniée en 1842 par un ancien gouverneur de l'État du Mississipi, et le parti qui l'a appuyé ayant triomphé aux élections, et ayant négligé de pourvoir au service de l'intérêt des bons de l'État, a semblé approuver le système déshonorant de répudiation mis en avant par M. Mac-Nutt. A la même époque, un autre État, un des nouveaux, le Michigan avail formellement refusé de pourvoir au paiement des intérêts de ses bons, montant environ à 25 millions. Quelques autres États nouveaux avaient suivi cet exemple, Indiana et Illinois, et aussi quelques uns des anciens, tels que Pensylvanie et Maryland, Ohio, Alabama, Virginie, New-York, Massachussets, Kentucky, Tennessee et Louisiane, malgré des dettes beaucoup plus fortes, avaient honorablement rempli leurs engagements. Quoi qu'il en soit, et malgré les différences entre les dispositions

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