Page images
PDF
EPUB

arrangement devait être exécutoire à partir du 1 mars (Voy Documents historiques, part. offic., France).

Des désordres graves eurent lieu à Lubeck, dans le cou rant du mois de juillet. L'impôt militaire y servit de prétexte.

A Hambourg fut conclu (mars), entre le sénat et le gouvernement de Mecklenbourg, un traité relatif à l'établissement d'un chemin de fer. Déjà (1er janvier) le conseil des bourgeois avait adopté la proposition d'un emprunt pour couvrir les frais d'une ligne de fer entre Hambourg et Berlin, sur la rive droite de l'Elbe.

Grâce à la générosité publique, à son courage, à l'activité de ses magistrats, Hambourg réparait ses désastres. Sur l'emplacement des maisons détruites s'élevaient des maisons nouvelles reconstruites sur des plans plus réguliers.

CHAPITRE III.

DANEMARCK. Mariage du prince de Hesse.-Manifestations d'opinion à ce sujet.— Création des États d'Irlande.-Modifications dans l'armée.-Amé lioration de la situation financière.

SUÈDE ET NORWEGE.- Rétablissement du calme dans les esprits.-Abaissement du tarif pour l'exportation des fers.-Changement dans le personnel du ministère.- Maladie du roi.- Fêtes à l'occasion du 25e anniversaire de son avènement au trône.

RUSSIE ET POLOGNE.— Affaires extérieures.- Relations avec la Turquie.→→ La Serbie, la Moldavie et la Valachie, la Prusse, le Danemarck, la France et l'Angleterre.Affaires intérieures. Administration. Voyage de l'empereur.-Renouvellement du cartel d'extradition.-Ukase relatif aux juifs polonais.

DANEMARCK.

Le parti scandinave continuait à s'occuper de l'avenir et à discuter la forme et les ayantages d'une confédération Suédo-Danoise mais deux faits graves vinrent troubler ses espérances et déranger ses calculs. Le premier, c'est l'obstacle mis à la constitution de la société scandinave comme société politique. Le second est plus important, c'est le mariage du prince de Hesse avec une fille de l'empereur de Russie. Le prince de Hesse est par droit de succession l'héritier du trône danois, dans le cas où le prince royal n'aurait pas de postérité. Cette union devait fournir un prétexte à l'intervention russe dans tous les actes qui tendraient à unir la couronne danoise à une autre couronne. Au reste, si cet événement fut agréable aux adversaires du parti scan

dinave, en ce qu'il mit obstacle à une agitation d'idées suivant eux dangereuse, on ne le vit cependant pas s'accomplir, sans concevoir quelque inquiétude pour l'avenir. Le sentiment national s'effraya de l'influence que la Russie pourrait prendre par là sur les affaires du Danemark.

Cependant le gouvernement usait de son pouvoir absolu pour introduire quelques améliorations dans l'armée, dans les finances et l'administration. Ce n'étaient pas là, sans doute, les réformes indiquées par les États à la dernière session; mais elles témoignaient de l'activité du gouvernement et étaient encore de nature à être utiles à la nation. La plus importante fut celle qui dota l'Islande d'États provinciaux et la mit ainsi sur le même pied que les autres provinces du royaume (8 mars).

Au reste, le bien-être du pays est en progrès : les travaux d'utilité publique, les voies de communication sont l'objet des soins du gouvernement. Le commerce de transit s'étend et le trésor recueille les fruits de l'abaissement du tarif du Sund (Voy. le texte officiel de ce tarif aux documents historiques). Si les droits sont moins élevés, le nombre des vaisseaux qui passent le détroit s'est considérablement accru et a donné une grande augmentation de revenus.

SUÈDE ET NORWÈGE.

Dans le long intervalle qui sépare les diètes, il est difficile que l'opinion publique ne perde pas de sa force, que la lutte des idées et des intérêts ne se ralentisse pas, quels que soient les besoins du pays. C'est ce qui explique le calme et l'assoupissement des esprits en Suède, après une session aussi agitée que le fut celle de 1840-41. Aucun fait important ne se produisit cette année. Ce n'est pas à dire que le pays ait oublié les griefs qu'il fit valoir avec tant d'énergie à la dernière diète; mais le débat des grandes questions est ajourné. Les seuls faits qui soient à signaler sont l'abaissement des

droits sur l'exportation des fers; des changements de personnes et non de système dans le ministère ; une maladie du roi, peu grave en elle-même, mais dont les symptômes révélaient un affaiblissement irréparable dans la santé "du doyen des monarques européens; enfin, des fêtes assez animées qui saluèrent le vingt-cinquième anniversaire de son avénement au trône.

RUSSIE ET POLOGNE.

Sans rien perdre de son activité et de son intelligence, la diplomatie russe fut cette année moins heureuse que de coutume; le rapprochement de la France et de l'Angleterre dans les questions de politique européenne, et particulièrement dans celles qui touchent immédiatement la Russie, opposa de nombreux obstacles aux projets du cabinet de St-Pétersbourg. Si l'influence russe prévalut et se consolida en Valachie, elle fut aussi plus vivement combattue par la susceptibilité des populations; si elle put, en Serbie, annuler une élection à laquelle elle n'avait point eu part et faire éloigner du pays deux ministres suspects de patriotisme, cependant elle ne put empêcher l'établissement d'une nouvelle dynastie ni arrêter le développement des sentiments nationaux. De son côté, le gouvernement Turc ne laissa pas que de montrer quelque fermeté et quelque indépendance dans les occasions où il fut aux prises avec les suggestions ou les exigences de la Russie, et le soin qu'il mit, d'ailleurs, à améliorer certaines parties de l'administration, ne put être avantageux à la puissance qui est le plus directement intéressée à la décadence du pouvoir en Turquie. Mais c'est en Grèce surtout que les combinaisons de la diplomatie moscovite furent trompées et mises au grand jour. Mêlée par des agents subalternes à une émeute qui devait, suivant toutes prévisions, affaiblir, déconsidérer la personne royale et qui, au contraire, prit bientôt le ca

ractère d'uue révolution sérieuse, légitime, nationale. acceptée par le souverain lui-même, la diplomatie russe se trouva tout d'abord dans une certaine perplexité. Elle s'efforça de cacher son désappointement et de donner le change à l'Europe. Elle censura hautement les auteurs de la révolution, proclama l'indignation que lui causait la violence. faite au roi Othon, feignit de vouloir retirer son ambassadeur et refusa de concourir avec la France et l'Angleterre à l'établissement de la nouvelle constitution. L'échec était certain, et le cabinet russe ne chercha pas autre chose que de l'amoindrir et de l'exploiter à son profit autant qu'il pouvait l'être.

Ajoutons à ces difficultés la continuation de la guerre du Caucase, qui prit cette fois un caractère plus sérieux et ne laissa pas que de coûter beaucoup de sang; la persistance bien qu'affaiblie de la cour de Rome dans les opinions de sa protestation de l'année 1840, et l'effet produit par cette conduite dans la catholicité en Pologne; enfin le progrès religieux du propagandisme polonais mis au service des Lazaristes français parmi la population slave de la Turquie. Voici, au reste, quelques compensations importantes à ces défaites de la diplomatie russe : elle obtint de l'Angleterre un traité de navigation et de libre établissement, qui devait avoir pour résultat d'attirer en Russie les capitaux anglais; elle maria une fille de l'empereur au prince de Hesse, qui est destiné sans doute au trône de Danemarck. Le czar lui-même, dans un voyage en Prusse, reconquit sur l'esprit du souverain allemand une influence solidement établie, mais qui l'année précédente avait semblé s'affaiblir. Le cartel d'extradition fut renouvelé.

Toutefois le voyage de l'empereur en Prusse fut troublé par un accident qui se rattachait peut-être à la disposition des esprits à l'intérieur, en Pologne. Un coup de feu fut tiré sur l'escorte impériale, au moinent où elle traversait un faubourg de Posén. Était-ce le fait isolé de quelque émigré ?

« PreviousContinue »